14/02/2012
OGM : pression de la FNSEA sur le gouvernement
Les pro-OGM quittent le Comité économique,
éthique et social du Haut Conseil
des biotechnologies :
La FNSEA1, le CNJA, l'ANIA (Association nationale des industries agro-alimentaires) et le GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences) – autrement dit toute l'aile agro-industrielle du transgénique en France – viennent de quitter de façon ostentatoire le CEES, comité éthique du Haut Conseil des biotechnologies (HCB), en claquant la porte et en convoquant les médias.
Ils donnent brutalement la raison de leur départ : c'est « l'absence de consensus au sein du CEES sur la volonté même de parvenir à mettre en place des règles permettant une véritable coexistence des cultures OGM et non-OGM en France » (Le Monde, 14/02). La dangerosité de cette coexistence étant justement le problème à débattre, l'attitude de la FNSEA et de ses alliés revient à refuser la confrontation. Ils en conviennent en déclarant inacceptable la présence au CEES des anti-OGM, et cela de façon insultante : « Le CEES n'assure pas le rôle que la loi lui a conféré, celui de rendre les avis les plus éclairés possibles », déclare l'homme de la FNSEA. Ces avis ne seraient « éclairés » que s'ils allaient dans le sens voulu ; s'ils n'y vont pas, c'est qu'il y a des anti-OGM au CEES ; autrement dit les anti-OGM sont des obscurantistes. (Ou de sinistres abrutis, diraient Pascal Bruckner et Claude Allègre).
Comme le constate l'UFC-Que Choisir, la FNSEA et ses pareils « ne sont pas habitués à la prise de décision commune, et c'est insupportable pour eux de négocier » : depuis un demi-siècle, les décisions se prenaient à huis-clos entre eux et le ministère de l'Agriculture, et cette habitude leur est restée. L'actuel ministre n'y verrait d'ailleurs aucune objection.
Mais un puissant rejet des OGM se manifeste dans l'opinion publique française. Et de nombreux généticiens2 protestent contre le lâchage d'OGM à travers les campagnes, en démontrant le danger que cela représente pour la biodiversité...
Pourquoi la FNSEA et ses alliés attaquent-ils avec cette violence ? Parce que nous sommes en campagne électorale, que le sarkozysme risque de ne pas survivre au printemps, et que le lobby productiviste veut marquer des points avant cette échéance. Comme le lobby du gaz de schiste3.
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1. organisatrice et inspiratrice de la campagne écolophobe (version française), notamment en milieu catholique ces temps-ci.
2. Contrairement à ce que veulent faire croire deux chargées de mission du ministère de l'Agriculture, dans la même page du Monde (14/02).
3. Nos notes des 3 et 7 / 02.
Annexes : mises au point des anti-OGM
<< Après l'une des représentantes des salariés des biotechnologies (CFDT), les représentants des syndicats agricoles défenseurs des OGM (FNSEA et JA), puis de l'industrie semencière (GNIS) et agroalimentaire (ANIA) ont annoncé à leur tour leur démission du Comité Économique, Éthique et Social du Haut Conseil des Biotechnologies. Une décision que dénoncent les Amis de la Terre. Après avoir déjà demandé au Premier ministre, il y a deux ans, l'exclusion des représentants actuels des organisations paysannes, biologiques, apicoles et environ-nementales, les démissionnaires considèrent ne pas pouvoir siéger avec des anti-OGM dans cette instance consultative. Pour les Amis de la Terre, la Confédération paysanne, l'UNAF, et la FNAB, ces représentants n'acceptent pas les règles démocratiques. Les anti-OGM rappellent que "ce cartel vient d'obtenir directement du Ministre de l'agriculture un arrêté "coexistence"qui ignore complètement la recommandation du CEES et qui permettra à ses agrimanagers de cultiver du maïs OGM et de contaminer tranquillement le miel, les semences paysannes, les maïs bio et conventionnels et l'environnement". "Il n'a effectivement pas besoin de faire face à la société civile et, pour éviter que ses positions anti-démocratiques soient exposées dans les recommandations du CEES, il tente de le faire supprimer." >>
OGM / démocratie: coexistence impossible ?
<< Après l’une des représentantes des salariés des biotechnologies (CFDT), ce sont les représentants des syndicats agricoles défenseurs des OGM (FNSEA et JA), puis de l’industrie semencière (GNIS) et agroalimentaire (ANIA) qui ont annoncé leur démission du Comité Économique, Éthique et Social du Haut Conseil des Biotechnologies. Selon eux, il est inadmissible que des personnes opposées à un « consensus » conforme à leur propre opinion puissent continuer à siéger dans des instances consultatives officielles. Habitués à ne jamais être contestés par cinquante années de cogestion de la politique agricole entre leurs seules organisations et les pouvoirs publics, ils avaient déjà demandé il y a deux ans au premier Ministre une recomposition du CEES afin d’en exclure les représentants actuels des organisations paysannes, biologiques, apicoles et environnementales.
Selon eux, il serait interdit de s’opposer à la « coexistence » dans une instance de consultation démocratique sur les OGM. La « coexistence » OGM, ce n’est que l’existence des OGM dans les champs et la contamination des productions voisines et des ruches, dont la grande majorité des français ne veulent pas. Il serait donc, selon ces démissionnaires, interdit de défendre le point de vue de la majorité des français dans une instance de consultation officielle : drôle de conception de la démocratie ! Dans sa recommandation sur la coexistence, le CEES a refusé de faire croire à un consensus qui n’existe pas. Il a préféré exposer les points de vue des différentes parties prenantes de la société française qui le composent. Organisme nommé et non élu, il a aussi refusé un vote qui n’aurait fait que refléter les souhaits de ceux qui l’ont nommé et non ceux du scrutin démocratique. En faisant ces choix, il respecte son rôle d’organisme destiné à éclairer les pouvoirs publics et non à se substituer à leur rôle d’arbitre. Est-ce cela que refuse le lobby pro-OGM qui n’accepte de comité consultatif que s’il est entièrement soumis à ses choix ? 4 membres du CEES sur les 19 qui ont participé à la recommandation sur la coexistence, ont exprimé une divergence en affirmant qu’il s’agit d’une position majoritaire : curieuse idée de la démocratie ?
Ce cartel vient d’obtenir directement du Ministre de l’agriculture un arrêté « coexistence »qui ignore complètement la recommandation du CEES et qui permettra à ses agrimanagers de cultiver du maïs OGM et de contaminer tranquillement le miel, les semences paysannes, les maïs bio et conventionnels et l’environnement. Il n’a effectivement pas besoin de faire face à la société civile et, pour éviter que ses positions anti-démocratiques soient exposées dans les recommandations du CEES, il tente de le faire supprimer.
Les Amis de la Terre, la FNAB, la Confédération paysanne et l’UNAF appellent les pouvoirs publics à conserver l’outil original et indispensable que constitue le CEES et à ne pas plier face aux menaces inacceptables de ceux qui veulent imposer les OGM aux français par la force. >>
17:08 Publié dans Ecologie, En 2012 | Lien permanent | Tags : ogm, fnsea