30/11/2011
En 2001 : le refus d'envisager une crise de la "zone euro"... En 2011 : le refus d'envisager le réchauffement climatique !
Le refus de voir l'avenir
caractérise une panne mentale :
Ce matin sur BFM radio, débat de journalistes économiques sur le cataclysme de la zone euro. Les intervenants rivalisent d'analyses et de prédictions qu'on n'aurait jamais osé exprimer il y a dix ans. Vers 9 h 25, l'animateur dit : « Toutes les questions terribles et anxiogènes que nous ne voulions pas énoncer au micro, aujourd'hui nous les posons à cause de la crise... ». Et ses invités de renchérir : « Oui, l'euro était présenté (par qui ?) comme une route sans sortie, et on croyait que ceux qui n'y étaient pas encore ne rêvaient que d'y entrer. Aujourd'hui une partie de ceux qui y sont s'interrogent... » Etc.
Il y a dix ans, la classe poliitico-médiatique refusait d'envisager ce qui est en train de se passer aujourd'hui. Ce refus d'envisager l'avenir était une panne mentale volontaire. Elle appuyait une idéologie de l'artificiel, qui s'était imposée en Europe (surtout en France) après la chute du Mur et la fin de l'URSS : nos élites avaient proclamé que « l'Occident capitaliste » avait gagné la bataille en raison de son système économique, et que ce système, ayant « vaincu » le totalitarisme politique de l'Est, devait se substituer aussi aux Etats-nations de l'Ouest, car ceux-ci – étant politiques – étaient (forcément) plus ou moins cousins du totalitarisme. Le nouveau but de la construction européenne était donc d'en finir avec eux. L'UE devait se définir exclusivement comme plateforme de libre-échange commercial, et donc s'élargir en permanence. Il était même question d'y faire entrer les républiques musulmanes ex-soviétiques... Si vous ne me croyez pas, relisez les élucubrations publiées à l'époque par les « leaders d'opinion » [1], comme on disait alors. Substituer l'économique – ou plutôt le financier – au politique : c'était l'idéologie ultralibérale. Et c'était une négation de la réalité. On mesure son désastre aujourd'hui.
Mais nier la réalité, donc refuser d'envisager l'avenir, était (est encore) une démarche générale qui s'applique à tous les domaines. Le climat, par exemple : aucun sujet n'est aussi grave puisqu'il engage l'avenir de l'humanité. Si nous négligions les innombrables symptômes du réchauffement [3], nous serions aussi insensés que naguère les utopistes de l'euro-euphorie.
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[1] ...dont beaucoup sont encore là en 2011. Toujours absurdes, ils n'appliquent plus leurs talents à l'Europe : ils se sont délocalisés en Libye.
[3] Ces symptômes ne sont niés que par M. Allègre, le scientifique qui déteste les scientifiques, et par le cardinal australien Pell (un peu trop lié au parti conservateur) dont la compétence laisse à désirer. Ainsi il invoque Björn Lomborg sans savoir que celui-ci s'est rallié depuis septembre 2010 aux constats du GIEC. « Je soutiens Björn Lomborg », a déclaré le cardinal dans un discours niant le facteur anthropique (donc les constats du GIEC). Cette phrase montre qu'il est désinformé, car Lomborg dit au contraire (dans l'ouvrage Smart Solutions to Climate Change, septembre 2010) :
<< Le GIEC est la meilleure source d'informations que nous ayons sur le changement climatique... [Il n'est pas à l'abri d'erreurs], mais le point fondamental est que le GIEC est correct à 90 %. >>
Il dit aussi :
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« Le changement climatique est réel, il découle de l'activité humaine, et c'est un phénomène important... »
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« Si la croissance économique mondiale ne se poursuivait pas, beaucoup des problèmes liés au réchauffement global seraient atténués. »
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« Le défi est de trouver un moyen tel que les nations s'enrichissent tout en n'émettant pas de CO2. »
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« Investir dans l'énergie verte est la solution à long terme du réchauffement global. Si ces énergies sont moins chères que le pétrole et le charbon, tout le monde les adoptera. Il faut investir 100 milliards de dollars par an dans cette recherche. »
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« La taxe sur le carbone est le moyen le plus efficace pour changer le comportement des gens à court terme. Une tonne de carbone produite aujourd'hui causera un dommage climatique d'un coût de 5 euros. Je soutiens une taxe de 5 euros: elle serait encore insuffisante pour changer le comportement des gens, mais permettrait de financer la recherche. »
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« La grande majorité des émissions attendues va se produire dans les pays en développement. Il faut que ces derniers disposent de technologies vertes à bon marché. >>
Le cardinal Pell aurait intérêt à lire des ouvrages scientifiques, et à s'informer ailleurs qu'auprès d'obsolètes négationnistes climatiques américains.
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11:23 Publié dans Ecologie, Europe, Idées, La crise | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : la crise, europe, libéralisme, écologie, réchauffement climatique, cardinal pell, jean-paul ii, benoit xvi, cardinal turkson
Commentaires
NI HIER NI DEMAIN
> L'état d'esprit de notre société c'est : on ne sait plus d'où on vient et on ne veut pas savoir où on va. C'est le consommateur.
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Écrit par : Nati / | 30/11/2011
JORION, ATTALI
> L'interview de Paul Jorion sur France Culture était aussi très intéressante, tant d'ailleurs l'attitude des journalistes, révélatrice de leur endoctrinement (dont à la fin il me semble qu'il est moins assuré qu'au départ) que l'analyse du sociologue. Il faut que je prenne le temps de le réécouter posément.
Lire également jacques Attali prédire la "possible" disparition de l'euro d'ici Noël (quel art de retomber sur ses pattes: "pile je gagne, face tu perds!")et vanter le micro-crédit dans "20 minutes", me laisse songeuse...
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Écrit par : Anne Josnin / | 30/11/2011
@ Nati
> Le public français était, semble-t-il plus politiquement intelligent: le référendum de Maastricht, donc l'Euro, est "passé" de justesse, uniquement grâce au oui (intéressé) de l'Alsace et celui, constitutionnel, de 2005 a été rejeté. C'est le système parlementaire qui l'a contourné par le traité de Lisbonne. Le grand public méprisé par cette classe comme consommateur, "beauf" identitaire, chauvin, franchouillard, réactionnaire, nostalgique des deux totalitarismes, sait encore pour une large part d'ou il vient, et sinon ou il va, du moins ou il ne veut pas aller.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/11/2011
ILLUMINATI
> Cette note et son post-scriptum irritent des blogs pour lesquels les opinions politiques personnelles d'un cardinal australien éclipsent tout ce que constatent les scientifiques et (sous son propre éclairage) l'Eglise catholique. Mais ce qui les rend furieux, c'est de découvrir aujourd'hui ce qu'ils auraient pu savoir depuis un an : que Lomborg, grande figure du climatoscepticisme, a fini par reconnaître que le GIEC dit vrai à 90 %. Pour eux, le GIEC est un complot des Illuminati.
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Écrit par : myeye / | 01/12/2011
ORIGINE DE LA PANNE MENTALE
> Il me semble que l'on comprend mieux dans quoi s'enracine politiquement et culturellement cette panne mentale et ce refus de voir le réel en revenant un petit peu en arrière.
Je vous propose cette série d'émissions passionnantes (dans « Là-bas si j'y suis ») consacrée aux années 80, avec Frédéric Lordon, Serge Halimi et François Cusset, auteur de « La décennie : Le grand cauchemar des années 80 ». Ils reviennent à la source de ce séduisant cauchemar duquel nous avons tant de mal aujourd'hui à sortir tant nous nous y sommes profondément enfoncés.
Et pour cause, dans la foudroyante offensive idéologique qui l'a imposé à nos esprits et à nos vies, il nous a été vendu sous ses airs les plus cool : jeunesse, créativité, innovation, esprit d'entreprise, modernité et grands élans humanitaires.
Comment grâce aux paillettes, aux fêtes enivrantes et à la mèche sympa de Bernard Cauchemar euuuuh Kouchner sauveur de boat-people, noyer dans l'euphorie collective, un tournant économique et humain dont nous n'avons pas fini de subir les conséquences désastreuses ?
Comment imposer le culte du veau d'or en le confondant dans la jouissance généralisée ?
La recette des années 80 : véritable immersion dans ce que fut cette époque ; au passage, quelques bons souvenirs musicaux de ces années-là...
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2308
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2309
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2310
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2311
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2312
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2313
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2314
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Écrit par : serge lellouche / | 01/12/2011
VENIN
> Comme par hasard, les groupies du cardinal Pell (qui n'en demandait pas tant) animent aussi la campagne venimeuse contre le cardinal Turkson avec quelques journalistes romains. C'est écoeurant. Milieu de cinglés !
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Écrit par : leoluca / | 01/12/2011
SIDERANT
> Au fait, je ne sais pas pourquoi, j'ai reçu une offre par mail de "chrétiens dans la cité". Je suis allez voir leur site, c'est assez sidérant ce qu'ils y disent du texte du cardinal Turkson. Allez voir, c'est dingue. Et ils se disent catholiques....
P.S: Je ne pense pas avoir le droit de faire un copié/collé de leur texte, donc c'est sur leur site.
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Écrit par : VF / | 01/12/2011
> J'y suis allé voir et j'ai été consterné. Là on sent que c'est la panique chez les cathos de conseil d'administration.
"Pas la moindre autorité", un document officiel de Justice et Paix intervenant dans le domaine dont ce conseil pontifical a la charge ?
Et où voit-on que l'incitation catholique à un gouvernement économique mondial bafoue le principe de subsidiarité ? C'est ni plus ni moins ce que Benoit XVI prône lui-même dans 'Caritas in Veritate'. Mais le mot "mondial" rend certains hystériques, et ils n'hésiteront pas à inculper de déviationnisme le cardinal président du Conseil pontifical ! Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
En revanche, les mêmes encenseront la moindre déclaration incompétente du moindre prélat, du moment que ça va dans le sens des opinions des très très vieux messieurs du conseil d'administration (et des très très vieux abonnés brouf-brouf).
Et qui donc a le culot de prétendre que le document de Justice et Paix a été publié "sans l'accord du pape" ? Un journaleux romain (oui Leoluca a raison), et quelques blogueurs ultralibéraux excités ! C'est tout. Aucune autre source. Rien. Seulement une rumeur, et il faut voir d'où elle vient !
Que ces types commencent par lire les textes du pape. Oui, les textes de Benoit XVI. Et d'abord cette encyclique 'Caritas in veritate' que leur ami l'écriveron américain, the Great US Papist, a traitée "d'erreur socialiste dictée à un vieillard par les progressistes de Justice et Paix".
Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai ce que tu es.
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Écrit par : Jean-Marc Ancelin / | 01/12/2011
UN VERITABLE REFUS
> Je pense que plus qu'une panne mentale c'est un réel refus.
Nous ne voulons pas changer.
http://jonastree.blogspot.com/2011/12/profits-des-uns-profiter-des-autres.html
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Écrit par : jonastree / | 01/12/2011
L'ENVELOPPE ETAIT VIDE
> à VF et JM Ancelin - Cette histoire d'accord du pape est une histoire de cornecul qui sent le rance des officines. Seul le vieux comique qui préside l'IOR a lancé cette rumeur, étant lui-même ultralibéral (quel choix désastreux a fait le Vatican en sa personne). Il a mobilisé un ou deux "vaticanistes", c à d des échotiers romains, pour propager la rumeur. Une rumeur évidemment impossible à prouver, car ce n'est pas Benoît XVI qui va désavouer son ami Turkson.
Les équivalents parisiens des échotiers romains savent-ils qu'aucun document de dicastère n'est jamais contresigné par le pape ? Ni ceux de la congrégation pour la Doctrine de la foi, ni ceux de Justice et paix, ni ceux de la congrégation pour l'éducation catholique, ni ceux du conseil pontifical pour la culture, ni ceux du conseil pour l'unité des chrétiens, etc.
Les équivalents parisiens des échotiers romains font penser à leur ami Me Collard lançant son bidonnage célèbre lors du scandale de Carpentras : "J'ai ici une enveloppe qui contient la preuve irréfutable que...". L'enveloppe était vide.
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Écrit par : brisebleu / | 01/12/2011
"AH LES CONS !"
> En méditant sur l'exemple argentin et l'analogie qu'on pouvait faire entre l'euro fort qui vaut 6.55957 francs parce que c'était le prix du dollar le 1er janvier 1999 et le peso fort aligné sur le dollar, on aurait évité cette bêtise :
une monnaie fixée non en fonction de la puissance de l'économie qu'elle représente mais en fonction de la puissance d'une autre !!
Mais personne ne voulait l'entendre à l'époque.
"ah les cons ! jamais vu des cons pareils, moi" (Belmondo L'as des as)
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Écrit par : zorglub / | 01/12/2011
FAIRE AVANCER LA PRISE DE CONSCIENCE ECOLOGIQUE CHEZ LES CATHOLIQUES
> L’idée écologique progresse lentement chez les catholiques. Comment faire avancer plus vite les choses ?
Sur ce blog, beaucoup d’idées sont avancées. Je vois principalement 4 axes :
1. L’axe théologique
L'écologie est le respect de la création confiée à l’homme par Dieu, il est responsable de la préservation du cadre naturel de la vie, de l'économie des ressources (qui sont limitées) etc.
2. L’axe anti-matérialiste
Le « toujours plus de biens matériels » conduit à un matérialisme athée qui cause un processus de décomposition spirituelle chez les personnes et de décomposition de l’ensemble de la société : plus de religion, plus de famille, plus de morale, plus de respect de la création etc.
3. L’axe moral
L’homme a des désirs illimités, or les biens de ce monde sont en nombre limités, donc l’homme pour vivre de manière ordonnée au bien commun doit maîtriser ses passions et s’imposer des limites.
4. L’axe comportemental
Les modes de vie sont destructeurs, on ne respecte pas les rythmes naturels de l’homme et de la nature, il faut aller vers la simplicité, la sobriété etc.
Ensuite, je vois 4 pistes de travail :
- Travailler séparément les 4 axes pour ensuite les articuler
- Identifier les notions idéologiques qui peuvent « brouiller» le discours en le marquant politiquement « de gauche » ou « de droite »
- Identifier les « repoussoirs » : les mots et les concepts qui font que des gens se bouchent les oreilles dès qu’ils les entendent
- Et à partir de là, adopter, dans la mesure du possible, un langage nouveau sur le sujet.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 01/12/2011
à Guillaume,
> Je trouve que vous êtes un cartésien généreux. J'aime ça. Je vous le dis d'autant plus sincèrement que je vous ai trouvé bien dur avec vous-même dans la réponse que vous m'avez faites (sur le fil sur Clovis).
Votre façon de poser le problème de l'écologie sur un plan théorique me plaît. Il est grand temps de faire le ménage et de sortir sur ces questions comme sur tant d'autres des confusions dans lesquels nous sommes englués. Ceux qui persistent à opposer la question de l'écologie à la question sociale, à la question de l'homme et, in fine, à la question de Dieu sont d'ores et déjà hors jeu intellectuellement. L'ami Benoît XVI, en avance sur son temps, a déjà très largement commencé le travail !
De façon plus urgente que jamais, il me semble que dans nos tentatives de décrypter et de penser le réel, nous devrions effectivement avoir toujours en tête ces deux impératifs : séparer les différents niveaux de réalité, les appréhender dans leur autonomie intrinsèque ; puis et pour les comprendre et les vivre dans leur articulation les uns aux autres, dans leurs effets d'influences respectives.
Les questions économiques, sociales, politiques, écologiques, psychologiques, morales, spirituelles contiennent leurs « lois » qui leurs sont propres, mais se réduisent à des catégories mortes si elles ne sont pas comprises dans leurs interactions. Il en va rigoureusement de même dans les sciences « dures » : le grand horizon de la science physique n'est-il pas la tentative grandiose d'unifier la relativité générale et la physique quantique ? A ce niveau de lien, la science est déjà aux portes du mystique...
Par excellence, la science économique est devenue une science morte car totalement sourde aux sources exogènes du fonctionnement de l'économie.
Notre difficulté collective à comprendre le réel et donc à susciter une dynamique d'action vient avant tout de cet écueil fatal qui consiste à dissocier les catégories les unes des autres, sans établir de liens entre elles. Or la réalité vivante, toute réalité suppose à la fois une séparation et un lien. Et apporter sa contribution au discernement du réel suppose d'être intellectuellement guidé par cette conviction. Il en va de la pensée comme il en va de la vie. Toute la réalité est à (re)découvrir dans cette perspective.
Que de fausses oppositions incrustées dans les esprits et se repercutant tragiquement dans les actes!
La pathologie de la pensée moderne c'est cette fixation de catégories de réalité opposées les unes aux autres. Cet égarement de l'intelligence par l'esprit de division ne peut qu'être l'oeuvre du démon dans la conscience humaine. L'impasse de la pensée et de l'action dans laquelle nous étouffons trouve sa source ici. Nous avons opposé la connaissance et la vie, le cœur et le cerveau, le corps et l'esprit, l'homme et la nature, l'homme et la femme, le passé et l'avenir, la tradition et le mouvement, la foi et la raison, la foi et l'engagement politique...
Tant de confusions dans les débats de notre temps sont liés à cette pensée binaire, qui agonise lentement, si lentement sous nos yeux.
La révolution de la pensée sera j'en suis convaincu celle du rétablissement des liens de ce qui a été divisé. Et jusque dans la pensée, le rétablissement du lien, de la relation, ouvre en un certain point vers le mystère de l'amour trinitaire.
C'est peut-être là effectivement que les poètes entrent en scène pour mettre en mot l'indicible. C'est le temps des fêlés, dont l'intelligence est ouverte sur une faille béante. A ce stade, il est bien évident que l'avant-garde de la connaissance n'est pas à trouver chez les plus brillants universitaires, mais bien plus sur les lits des hôpitaux psychiatriques, aux côtés des plus grands psychotiques.
Le démon divise dans le but d'enfermer ce qui a été opposé. Le Christ sépare afin de rendre possible le lien entre ce qui a été séparé.
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Écrit par : serge lellouche / | 02/12/2011
JORION
> Panne mentale, refus de voir l'avenir...l'interview de Paul Jorion dans la matinale de France Culture du 30 Nov (http://dai.ly/vH9jzr) est effectivement très intéressante à ce sujet, ses constats sont clairs et posés, ce qui est loin d’être le cas de son contradicteur chroniqueur...
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Écrit par : Tangui / | 02/12/2011
Serge,
> un immense merci pour votre commentaire ci-dessus, qui résonne au plus profond de mon être !
La découverte de cette gymnastique de distinction-articulation (sorte de vision en 3D, horizontale, verticale et en profondeur, une vision vivante faite d'inter-relations entre les différentes disciplines, chacune avec ses outils et ses méthodes propres) à rebours de la division-opposition (mortellement plate, donc stérile, mortifère, comme vous le montrez si bien), a marqué pour moi une véritable naissance à la vie intérieure, intellectuelle, spirituelle il y a trois ans maintenant.
Quelle révolution ce fut pour moi, un mélange de révolte et d'espérance, qui m'a mis le feu aux fesses : comment continuer à vivre "comme avant", "comme tout le monde" ?! Cela n'était tout simplement plus possible, c'était une nécessité vitale d'exprimer en actes, d'incarner dans la vie quotidienne ce bouleversement intérieur, dans une recherche de cohérence, sous peine de devenir irrémédiablement schizophrène.
Je me souviens très bien (je l'avais écrit par mail à mes parents, qui se faisaient du souci pour moi (et s'en font encore...)), je lisais un gros pavé sur la théologie de la création (par Medard Kehl, "Et Dieu vit que cela était bon") en binant mes patates dans un décor magnifique, et je nageais dans une félicité profonde, une béatitude divine : dans une cohérence ultime, je tenais la réalité par les deux bouts : par le plus haut et le plus bas dans le même mouvement ! La tête au Ciel et les pieds dans la fange !
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Écrit par : PMalo / | 02/12/2011
PMalo,
> vraiment heureux que mes mots aient eu cet écho en vous. A mon tour je vous remercie vraiment vivement pour votre témoignage. Cette intensité bouleversante du retournement intérieur de notre vision du monde, par lequel nous voilà saisis d'un surgissement de vie tel, que parfois l'on se dit "c'est trop pour moi, c'est trop intense, je suis submergé par tant d'amour et je ne sais qu'en faire."
Et puis viennent des moments où cet amour nous est donné de façon plus paisible, et aussi l'acceptation sereine de notre capacité forcément limitiée à répondre à ce don. Cette bienveillance que l'on s'accorde à soi-même dans notre façon imparfaite de répondre à l'appel, est une source de paix.
Je pense comprendre ce qu'expriment vos mots avec une sorte d'évidence fraternelle. Ces moments de grâce que vous décrivez me touchent intimement.
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Écrit par : serge lellouche / | 02/12/2011
A Serge Lellouche et PMalo
> si vous saviez comme je me retrouve dans votre lumineux échange!
Même si pour moi ce ne sont qu'instants fragmentaires, c'est pour toujours gravé et me porte en avant, merci de m'y porter aussi par votre témoignage.
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Écrit par : Anne Josnin / | 03/12/2011
LA PENSEE ET LA VIE
> Je le sais d'autant plus chère Anne que je lis toujours vos interventions sur le blog comme une tentative, toujours réussie, de rétablir le lien entre la pensée et la vie. Et en cela, vous avez beaucoup contribué à ce que je réajuste mes mots dans cette perspective. Et je vous le dis en toute sincérité!
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Écrit par : serge lellouche / | 04/12/2011
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