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24/11/2011

Le libéralisme réel est pervers

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    donc incompatible avec le christianisme :



...dans la mesure où il justifie l'injustifiable à l'aide de sophismes, souligne le philosophe Jean-Pierre Dupuy [1] :

 

<< La grande pensée libérale d'inspiration économique, celle qui va d'Adam Smith à Friedrich von Hayek [photo], n'a pas hésité à interpréter les maux commis par le marché comme des sacrifices qu'il faut savoir accepter au nom d'un intérêt supérieur. Dans le marché selon Hayek, par exemple, on souffre beaucoup : les gens ne trouvent pas de travail ou perdent leur emploi, les entreprises font faillite, les fournisseurs sont abandonnés par leurs clients de longue date, les spéculateurs jouent gros et perdent tout, les produits nouveaux font un bide, les chercheurs, malgré de longs et pénibles efforts, ne trouvent rien, etc. Ces sanctions tombent comme des coups du sort, injustifiées, imprévisibles, incompréhensibles. La sagesse, cependant, est de « s'abandonner aux forces obscures du processus social ». Celui-ci, en effet, est mû par une spontanéité bienfaisante et doté d'un savoir inaccessible à tout sujet individuel. Tenter de s'opposer à sa dynamique au nom de la justice sociale ou de la réparation des ravages qu'il produit en chemin, c'est lâcher l'ombre providentielle pour une proie insaisissable parce qu'illusoire. Objecterez-vous à un hayékien que le capitalisme a fabriqué la misère en généralisant une forme de pauvreté inconcevable dans les sociétés traditionnelles, puisqu'elle conjoint la pauvreté matérielle et l'abandon à son propre sort – paradoxe inouï que Marx lui-même n'aura pas réussi à démêler - ?  il vous sera répondu que si le capitalisme, en effet, a multiplié les pauvres, c'est qu'il a permis à un plus grand nombre d'entre eux de vivre, c'est-à-dire de survivre. Tout se passe, écrit Hayek, comme si l'évolution procédait un véritable « calcul vital » : elle sait sacrifier certaines vies ici et maintenant si cela la conduit à accroître le flux vital dans son ensemble. [...]

Il y a donc, je le répète, beaucoup de cohérence dans ces représentations que la modernité se donne d'elle-même, et la pensée économique les inspire de part en part. La question intéressante est : cette cohérence recouvre-t-elle l'ensemble de nos exigences normatives ? La réponse est évidemment négative. Peu de responsables seraient prêts à invoquer aujourd'hui une entité supérieure qui justifierait que l'on se déleste en chemin des plus faibles, ou ^voir dans les exclus de la société industrielle des victimes sacrificielles, c'est-à-dire un mal nécessaire. Quand le mal servait le bien, il était par là même justifié. Quand le mal se trouve privé de sens, il devient intolérable. [2] L'affaiblissement des schèmes de justification sacrificiels renvoie désormais au non-sens bien des maux qui accompagnent la croissance de l'activité économique... >>

 

<< L'air du temps [la sous-culture libérale] voudrait qu'il n'y ait de réflexion éthique digne de ce nom que dans l'arrachement à l'emprise du religieux. Pour être moral, il faudrait être athée. L'indigence de cette position se passe de commentaire [3]... En vérité, il n'y a pas d'action qui exprime plus hautement la liberté de l'homme que de fixer des limites à sa capacité individuelle d'agir, sous forme d'impératifs, de normes et de règles à validité universelle, et de s'y tenir. C'est par cette auto-limitation que les individus deviennent des personnes autonomes entrant en communication les unes avec les autres. >>

 


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 [1] Pour un catastrophisme éclairé, Seuil 2002, pp. 46-47 et 95-96.

 [2] D'où l'explosion actuelle des « indignations » : cris de colère devant le non-sens de l'iniquité sociale. Leur spontanéité, postérieure à l'effacement de tous les grands systèmes de sens par la sous-culture libérale, explique leur absence de références idéologiques. À l'exception bien sûr des chrétiens indignés ; mais la foi chrétienne est autre chose qu'une idéologie.

 [3] « Pour une analyse profonde et acerbe du sottisier auquel mène cette attitude, je renvoie au livre de Monique Canto-Sperber 'L'Inquiétude morale et la Vie humaine', PUF, 2001. » (Note de JP Dupuy, p. 95).

 

 

Commentaires

LEURS SCHÈMES DE JUSTIFICATION

> Autres schèmes de justification sacrificiels, le riche prenant soin du pauvre, le gros du petit, le lointain du proche ? La sobriété, l’humilité, la proximité pour tous ?
Sans doute des libéraux purs et durs, jusqu’aux WASP bien pensants persuadés de mériter leur richesse, considèrent-ils cela comme une autre sorte d’injustice – puisque « Dieu est à [leurs] côtés » (merci Bob), ou la providence du marché (encore merci).
Le Christ nous l’a dit : « Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous » (Jn 12:8). Mais que signifiait-il exactement : qu’il y aura toujours des pauvres, partout, dans toutes les sociétés humaines ? Ou que les pauvres seront toujours aux bons soins, voire du côté, des serviteurs de Dieu, avec eux ? Et les riches plutôt sur l’autre bord, celui des « possesseurs » de Dieu, ou se voulant « comme des dieux »… Tout cela pour nous rappeler que l’avènement d’un monde juste n’est pas pour demain, sinon à l’heure de la Parousie ! et que nous avons d’ici là qu’un seul devoir, celui de lutter contre toutes les pauvretés qui abîment l’homme et lui retirent sa dignité.
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Écrit par : Denis / | 24/11/2011

ARRACHEMENT LIBERAL

> Le libéralisme,dans sa forme actuelle systématisée, exige "l'arrachement à l'emprise du religieux". Pas seulement du religieux: de tout attachement familial, terrien, esthétique. C'est une caricature de l'ascèse.
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Écrit par : Pierre Huet / | 24/11/2011

APRIORISME ARISTOTELICIEN ?

> La Note du Conseil Pontifical Justice et Paix dit: « Mais qu’est-ce qui a donc poussé le monde dans cette direction aussi problématique, pour la paix également ? Avant tout un libéralisme économique sans règles ni contrôles. Il s’agit d’une idéologie, d’une forme d’« apriorisme économique » qui prétend tirer de la théorie les lois de fonctionnement du marché et celles dites lois du développement capitaliste, en en exaspérant certains aspects. Une idéologie économique qui fixe à priori les lois du fonctionnement du marché et du développement économique sans se confronter à la réalité risque de devenir un instrument subordonné aux intérêts des pays qui jouissent concrètement d’une position avantageuse au plan économique et financier. »
Pour ce qui est du libéralisme classique de type utilitariste, mes professeurs d'économie m'avaient enseigné qu'il s'agit de la vision de l'homme utilitariste appliquée à l'économie. Là où Bentham cherche à maximiser son plaisir Smith cherche à maximiser son profit et les néo-classiques à maximiser leur utilité (donc leur profit). Ils m'ont enseigné qu'il s'agit d 'une « démarche déductive » qui part de principes pour les appliquer à la réalité; principes a priori il s'entend.
Pour ce qui est de la nouvelle économie classique et plus particulièrement de l'école autrichienne, si en vogue, il est aussi question d'apriorisme. Qu'on en juge par soi-même: http://www.wikiberal.org/wiki/Apriorisme
Mais ici les choses sont plus « étranges »; on parle d'apriorisme kantien. Là il n'y a pas de problème, on voit bien ce que c'est.
Mais on parle aussi d'apriorisme « aristotélicien »... Là je ne comprends pas, car, sauf à ce que je n'ai pas lu les bons ouvrages, l'aristotélisme (Jacques Maritain, Éléments de Philosophie. II. L'Ordre des concepts. 1. Petite Logique -Logique formelle, Téqui, 1946 ) procède par induction, « nécessaire mais suffisante ». Tout cela me semble un peu « fumeux». Quelqu'un pourrait-il m'expliquer?
Erratum: j'avais dit dans un post précédent qu'Hayek était kantien mais il serait un tenant de ce fameux « apriorisme aristotélicien ».
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 24/11/2011

LIBERALISME ET DIALOGUE INTER-RELIGIEUX

> Le libéralisme est une perversion, sa pratique totalitaire aujourd'hui nous en donnent mille exemples, de sa nocivité et de sa folie, puisqu'elle détruit la société.
L'Eglise a raison de faire appel aux valeurs chrétiennes égalitaires et solidaire chrétiennes pour dénoncer cette aliénation meurtrière.
Reste pourtant un problème : comment l'Eglise peut-elle placer la croyance en Dieu comme une garantie nécessaire pour nouer des liens "oecuméniques" avec une religion archaïque, violente, théocentrique, conquérante et hostile aux valeurs chrétiennes qu'est l'islam ? N'oublions pas que l'islam préconise la ruse dans la stratégie du djihad, la guerre sainte de conquête... Le respect de la parole envers l'adversaire n'y a pas cours.

L.


[ De PP à L.:
- Aucun "oecuménisme" n'est envisageable au delà des confessions chrétiennes. Contrairement à ce que veulent croire les médias, "oecuménisme" est un mot chrétien qui ne s'applique qu'aux Eglises chrétiennes.
- Vis-à-vis de l'islam, les relations ne peuvent s'envisager que sous l'angle des "rencontres inter-religieuses", chose sans rapport avec l'oecuménisme.
- Avec cette complication supplémentaire : l'islam étant une religion sans clergé (sauf les chiites iraniens) et sans organe régulateur, on ne sait jamais à quelle représentativité peuvent prétendre les interlocuteurs musulmans.
- D'autre part, l'expérience des rencontres islamo-chrétiennes montre que l'interlocuteur musulman, évasif, biaise souvent les discussions. Je n'ai pour ma part rencontré (dans des réunions iréniques et vagues) que des imams jouant au prof de lettres, m'expliquant qu'ils avaient lu Voltaire et qu'ils aimaient beaucoup la culture des Lumières ; ce qui était hors sujet. Je n'ai jamais rencontré de musulman acceptant de confronter sa foi et la mienne.
- Habitués apparemment à ne rencontrer que des chrétiens de peu de foi, ils esquivent le débat quand ils constatent que, cette fois, ils ont affaire à quelqu'un qui pense réellement que Jésus de Nazareth est le Fils Eternel, rédempteur de toute l'humanité.
- Il paraît néanmoins que de véritables échanges peuvent avoir lieu dans certaines conditions. Une rencontre entre experts mandatés (du type de celles de Rome et d'Amman, suscitées par la conférence de Ratisbonne) est faite pour aborder les vraies questions. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Laurie Sept / | 27/11/2011

à P. de P.

> Votre réponse me rassure un peu. Généralement, les contempteurs du néolibéralisme ne voient pas que son meilleur allié est l'islam. Meilleur vecteur de régression sociale, meilleur vecteur d'asservissement économique. Néolibéralisme et islam sont la mâchoire de fer dans laquelle sont pris les peuples occidentaux, la civilisation et les valeurs chrétiennes.
Pire : maintes et maintes fois l'actualité nous montre que les instances représentatives chrétiennes accordent plus d'attention et de miséricorde à la foi et aux susceptibilités musulmanes qu'au statut calamiteux, à l'irrespect et aux périls mortels encourus par les chrétiens, partout où l'islam se trouve en contact avec le christianisme. Y compris en terre chrétienne aujourd'hui...
Je serais bien étonnée pour ma part que les rencontres "entre experts mandatés", même suscitées par le discours de Ratisbonne, soient autre chose qu'un nouvel épisode de "Taquiya" (le "saint mensonge" préconisé par la "guerre sainte", le jihad islamique), une nouvelle tentative d'enfummage des Gentils chréti(e)ns pour qu'avance l'islamisation, la soummission des pays chrétiens à la charia, l'archaïque loi islamique.
En pareille circonstance, mieux vaut rester sur nos gardes et ne jamais perdre de vue les faits concrets (qui ne vont guère dans le bon sens hélas).
Cordialement.

Laurie Sept


[ De PP à L. - Etant membre actif d'un organisme d'Eglise chargé de soutenir les chrétiens arabes, je ne vois aucune trace d'illusion ni de complaisance de la part des "instances représentatives " du catholicisme. Laissez ce genre de mauvais procès aux intégristes, dont c'est le fonds de commerce. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Laurie Sept / | 27/11/2011

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