01/06/2011
La science gémit sous la tyrannie des écologistes
C'est ce qu'affirme Eric Zemmour :
« A droite comme à gauche, on fourmille déjà de propositions de loi qui interdisent toute recherche sur le gaz de schiste. La France rejoue donc l'affaire des OGM : le principe de précaution tourne au refus de la science. Les écologistes ont gagné la bataille idéologique : c'est l'idée même du progrès qui est rejetée. La science ostracisée. On préfère lui couper les ailes avant mêle qu'elle ne prenne son envol. » (Eric Zemmour, RTL, 27 avril).
Eric Zemmour a-t-il étudié le dossier du gaz de schiste ou de celui des OGM, avant de les expédier en deux coups de micro ? Il pourrait aussi lever l'étendard des patrons de laboratoires pharmaceutiques, héros pauvres et sans voix auxquels on vient de couper les ailes, à eux aussi, en ne votant pas l'abolition de la bioéthique.
-
19:16 Publié dans Ecologie, Idées | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : gaz de schiste, ogm
Commentaires
LASSANT
> Ah, Eric Zemmour. Il faut lui reconnaître une grande culture et certaines réflexions intéressantes. Cependant, outre une conception jacobine de la laïcité qui est son droit mais qui est lassante à la longue, il est frappant de constater sa capacité à rejeter la pensée unique pour certains éléments tout en s'y vautrant avec délectation pour d'autres. On peut, ainsi, lui être reconnaissant de ne généralement pas se joindre à la meute lorsque les médias décident d'organiser leur traditionnelle chasse au pape (je me rappelle d'une de ses chroniques sur le célibat des prêtres où il expliquait l'inanité de comparer les rabbins ou pasteurs, simples "guides spirituels" avec les prêtres catholiques qui agissent "in persona Christi" notamment au cours de l'eucharistie, démontrant ainsi une maîtrise des données de base du catholicisme que devrait lui envier ses collègues journalistes parisiens). Mais sur d'autres sujets (comme celui en question), il se contentera de reprendre avec aplomb des slogans simplistes dignes de Claude Allègre.
______
Écrit par : Thibaud / | 01/06/2011
LE MAMMOUTH ET GALILEE
> Eric Zemmour, qui avait déjà comparé Allègre à Gallilée. Allègre, génie incompris, en butte à la persécution de ses confrères... Vous y croyez, vous ?
B.
[ De PP à B. - Il y a un seul point commun entre le Mammouth et Galilée : leur haine à l'encontre de leurs confrères scientifiques. Est-ce ce que Zemmour avait voulu dire ? j'en doute. ]
répon,se au commentaire
Écrit par : Blaise / | 01/06/2011
LE PROGRÈS A BON DOS
Au fait : le « progrès » à bon dos. Ce concept nébuleux aura servi toutes les opérations douteuses : la colonisation, l'instauration de régimes totalitaires, la révolution industrielle (et ses victimes colatérales), les nouvelles moeurs, etc. La vérité, la justice, ou même la simple décence ordinaire sont ainsi mises au rencart. Le progrès est a-moral. Son unique principe transcendant est la croyance dans l'inéluctabilité d'un avenir prédit à l'avance. Bref, il s'agit toujours de justifier une situation déjà acquise, ou un projet encore à réaliser.
Et d'ailleurs la révérence d'Eric Zemmour à l'égard de la science fait sourire : il lui aura suffi de lire une fois "L'imposture climatique" pour déclarer, du haut de sa chaire, que Claude Allègre avait raison contre tous ses autres confrères! Allègre qui n'est même pas climatologue... L'amour de la science, voilà encore une posture tendancieuse, une stratégie de pouvoir. Mais les ficelles sont un peu grosses.
______
Écrit par : Blaise / | 02/06/2011
LE PROBLÈME
> C'est le problème avec ces gens de droite; ils commencent TOUJOURS par se dire "fiers de leurs valeurs" (?) mais terminent TOUJOURS en aboyant contre ce qui contrecarrerait les lobbies industriels et financiers. Certains de ces polémistes de droite sont malins ou ils ont du talent ? alors c'est pire, ça leur enlève l'excuse de la bêtise.
______
Écrit par : alasbar / | 02/06/2011
@ alasbar
> Votre réflexion me fait songer à une intervention plus ancienne publiée ici au sujet d'un article de Marc Fumaroli dénonçant la marchandisation de l'art contemporain. L'article étant paru dans le Figaro, quelqu'un avait réagi en disant: étonnant que ça vienne de là, il va sûrement se faire taper sur les doigts par le reste de la rédaction pour s'en être pris aux valeurs marchandes.
La vérité, c'est que l'article de Fumaroli n'était en rien de nature à surprendre un lecteur du Figaro (mais l'intervenant avait-il jamais lu ce journal?). C'est plutôt le contraire qui eut été étonnant: qu'une dénonciation de l'imposture de l'art contemporain et plus généralement de la "jacklanguisation" de la culture soit publiée dans un quotidien autoproclamé de gauche.
De même, à qui écoute parfois Eric Zemmour, votre commentaire paraîtra absurde. Ce n'est pas faute qu'il s'en prenne régulièrement aux méfaits du libéralisme et qu'il parle bien plus souvent des classes populaires qu'un cacique du PS. A preuve d'ailleurs l'estime que lui portent un Chevènement et même ... un Mélenchon.
Tout ça pour dire que je ne pense pas que le débat gagne quoi que ce soit à s'en tenir à des simplifications aussi manichéennes :) Le Figaro est très loin d'être une référence à mon goût - plus encore depuis l'arrivée de cet ex-gauchiste tourné valet du capitalisme d'Etienne Mougeotte - et les signatures affairistes et cyniques n'y manquent pas. Mais on y trouve aussi des gens de valeur et - du moins parmi les "grands" quotidiens - il n'y a plus guère là que certaines "valeurs" peuvent encore être défendues. Je songe par exemple à l'excellente Natacha Polony, dont on peut regretter le jacobinisme laïc, mais dont les analyses sur l'éducation et sur combien l'air du temps consumériste la pollue, ne feraient pas tache en ces lieux. Force lui fut de constater, après une carrière dans la presse (autoproclamée) de gauche, que son point de vue n'était le bienvenu qu'au Figaro (comme par ailleurs sa dénonciation des excès d'un certain féminisme mainstream).
Quant à Zemmour, il me semble que s'il est "de droite", c'est plutôt par son pessimisme sur la nature humaine. Comme le disait un sociologue belge qui m'est cher, Léo Moulin, une ligne de fracture entre la droite et la gauche, c'est leur rapport au péché originel: les premiers sont trop optimistes sur les ressources morales de l'homme, les seconds trop pessimistes. Dans une perspective catholique, je dirais que ce qui manque clairement à Zemmour, c'est la Croix. Comprendre que c'est par le don de soi, par le sacrifice qui paraît à première vue être une défaite, qu'en fin de compte on triomphe. Seule manière face aux défis, de dépasser l'attitude d'un repli sur soi défensif.
Si Zemmour s'en prend à l'écologie, je crains que ce ne soit aussi et surtout par une méfiance instinctive vis-à-vis de tout ce qui se présente comme "progressiste" et "éclairé". Je peux le comprendre, je partage sur bien des points son sentiment: par sa manie de prétendre avoir le monopole du coeur et de l'intelligence et partant de dédaigner le débat démocratique, lui préférant les chasses aux sorcières ou les entreprises de rééducation, une certaine "gôche" mérite largement le mépris qu'elle inspire et doit d'abord s'en prendre à elle même si ses idées sont rejetées. Dans un monde médiatique très largement acquis à de telles idées, la contradiction apportée par Zemmour, à défaut d'être toujours pertinente, est courageuse et rafraîchissante.
Mais il n'y a rien de plus nuisible à la réflexion que l'esprit de parti. Au sujet de l'écologie, c'est Zemmour qui a tort. Faute, je le crains d'avoir dépassé ses préjugés. Ce qui me semble bien résumer ce que j'avais envie de dire: à ne pas faire la part des choses, on finit par dire des bêtises ...
______
Écrit par : luc2 / | 02/06/2011
ICONE
> L'opinion de Zemmour ne m'étonne guère puisqu'il avait encore récemment déclaré le 28 mai sur i télé que : «Je crois aux progrès techniques, pas au progrès moral.» Puis de s'être déclaré marxiste peu après. A ses yeux une icône productiviste, je suppose.
______
Écrit par : Thomas / | 07/06/2011
Les commentaires sont fermés.