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04/05/2011

La muse Phobie est une mauvaise muse

Un dessin de Willem qui se veut profond mais n'est qu'un symptôme :


 

Pas trop tard pour mentionner le grand dessin de Willem, dans Libération d'hier. Willem a un génie noir, excellent dans l'ellipse. Mais la mort de ben Laden réveille en lui la phobie antireligieuse, qui n'est pas bonne inspiratrice. On voit sur ce dessin une forêt de poings levés et une pancarte à l'effigie d'Ousâma, nimbé d'une auréole, avec le slogan Santo subito ! Tout le monde sait que Santo subito était le cri en l'honneur de Jean-Paul II lors de ses funérailles place Saint-Pierre, en 2005. Quel rapport avec ben Laden ? Exactement aucun : Jean-Paul II a condamné les guerres américaines (Irak 1, Afghanistan, Irak 2), il fut le pionnier (envers et contre tout) du dialogue avec des musulmans, et les juifs se souviennent encore avec émotion de sa venue en Israël. C'était l'homme de la paix. Ben Laden, à l'inverse, était un homme de sang. Donc le dessin de Willem, avec son parallèle Jean-Paul II – ben Laden, ne correspond à rien.

Sinon à la phobie qui l'a dicté.

Plus précisément qu'une phobie antireligieuse, c'est une phobie anticatholique, puisqu'on ne peut pas reprocher aux catholiques en 2011 ce qu'on peut reprocher objectivement à des musulmans...

La phobie repose sur l'idée que les religions, toutes les religions, toujours et partout, sont facteur de guerre et de mort. C'est un fantasme stupide : les tueries du XXe siècle, qui furent (de très loin) les pires de l'histoire, ont été conçues et commises par deux idéologies qui rejetaient les religions en général et le christianisme en particulier : l'idéologie marxiste (culte du Progrès) et l'idéologie nazie (culte de l'Identité) [*] ; deux cultes à prétention scientifique, plus proches du matérialisme actuel qu'on ne le croirait.

Quelles religions aujourd'hui seraient coupables de tueries de masse ? Même l'islamo-fascisme, qui a d'ailleurs tué beaucoup plus de musulmans que de chrétiens, ne saurait aligner un tableau de chasse comparable à celui de Hitler et Staline. Les meurtres au nom d'Allah ne rivalisent pas avec les abattoirs qui fonctionnèrent au nom des Lumières (Staline) ou de l'Homme Occidental (Hitler).

Quant à la religion de Karol Wojtyla, j'aimerais que Willem me montre ses milices et ses kamikazes.


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[*] Même si certains de nos contemporains sont persuadés (contre les faits) que « Hitler fut catholique toute sa vie », comme je le lisais la semaine dernière sur un honorable fil de discussion.

 

Commentaires

CAVANAUGH

> Sur le mythe des guerres des religions lire:Eucharistie-Mondialisation de William Cavanaugh Ad Solem

JM


[ De PP à JM - En effet, excellent développement de Cavanaugh. J'illustre d'ailleurs son analyse par des exemples assez ahurissants dans (pardon) mon propre livre sur le Mont Saint-Michel, qui s'est trouvé en plein dans les guerres ligueurs-huguenots, impulsées et prolongées par les grands seigneurs des deux camps. ]

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Écrit par : jean-michel / | 04/05/2011

JAMAIS AUTANT

> N'importe qui d'honnête et qui cherche un peu découvre vite que les guerres de religions n'ont jamais existé en tant que telles. Ce furent des prétextes pour des guerres dynastiques (France 16e), des révoltes de l'aristocratie contre le pouvoir central (guerre de trente ans), des luttes contre un occupant (Irlande), etc. On n'a jamais autant massacré qu'au nom d'un paradis qui serait bâti sur Terre par l'Homme et pour l'Homme (nazisme, communisme).
Il faudra que je lise Cavanaugh.
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Écrit par : vf / | 04/05/2011

@ P.P.

> Je suis resté sur ma faim. Il y a quelques années, vous nous promettiez de développer sur votre blog, une analyse détaillée du "Mythe de la violence religieuse", de William Cavanaugh.

B.

[ De Pp à B. - C'est vrai, je n'ai pas tenu parole ! J'en suis confus. ]

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Écrit par : Blaise / | 04/05/2011

QUE LE NOM

> Certains journaux prennent des raccourcis excessifs pour justifier leur haine envers les religions et particulièrement envers le christianisme comme Willem qui fait une similitude entre notre Bienheureux et regretté Jean-Paul II et ce fanatique sanguinaire de Ben Laden. De plus j'appuie l'argument de Vf pour dire que les guerres de religions du passé n'ont de religieux que le nom.
ALB


[ De PP à ALB - Ne serait-ce que l'épouvantable guerre de Trente Ans, princes protestants contre Habsbourg catholiques : guerre pendant laquelle le camp protestant était soutenu par le très catholique-et-royal cardinal de Richelieu... ]

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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 04/05/2011

PLUS FACILEMENT

> Un croyant peut témoigner avoir rencontré le Christ ou Allah plus facilement qu'on ne saurait nous prouver aujourd'hui l'existence de ben Laden.
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Écrit par : Patrick | 05/05/2011

LA FAUSSE BARRIÈRE

> Effectivement le livre de Cavanaugh est passionnant.
Ce que vous dites sur les massacres du XXème siècle est très vrai mais difficile à faire passer. Lorsqu'on parle à un athée, les massacres hitlérien ou stalinien sont des massacres politiques, sans lien avec l'athéïsme et l'anticléricalisme de leurs auteurs, tandis que le moindre acte criminel commis par un croyant est un acte religieux. Le mérite du livre de Cavanaugh est justement d'abattre cette fausse barrière, qui permet d'avoir un "compteur de violence" à deux vitesses si je puis dire.
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Écrit par : Gilles Texier / | 05/05/2011

Pour PP :

> Malheureux ! Permettez à l'historien (de formation) donc au serviteur de la muse Clio, de vous rappeler que Phobos est une fille d'Arès le dieu de la guerre et personnifie la terreur (qu'Arès/ Mars lance ds les rangs ennemis) alors qu'une muse est une des 9 filles de Zeus / Jupiter qui personnifient les arts de la poésie, de l'histoire, du bien parler !

"l'idéologie marxiste (culte du Progrès) et l'idéologie nazie (culte de l'Identité)"
En fait les deux sont des cultes de l'Homme ou plutôt d'une vision de l'Homme, dont les rites progressistes pour l'un, identitaires pour l'autre, aboutissent à des sacrifices humains.
Le libéralisme aboutit souvent aux mêmes conséquences : matérialisme, peuples balayés au nom du "progrès" et ce que j'appelle la zorglhommisation des sociétés, Virgil Georghiu parlait de robotisation de l'Homme.
C'est un point qui me passionne et qui explique le choix de mon pseudo : l'Homme sans Dieu se robotise car il devient sans âme.
Se faisant, il se déshumanise, car plus que le rire, c'est l'âme qui fait l'homme.
Le drame est la perte de conscience, le refus de cette âme.
Cette robotisation peut venir aussi bien par le Socialisme sous ses formes nationale-socialiste qu'internationale-socialiste, que par le Libéralisme ou l'intégrisme religieux où "dieu" est instrumentalisé car fait à l'image de l'Homme.
Culte du prolétaire avec l'Histoire instrumentalisée est considérée comme une sorte d'Evangile et sacrifice des non-prolétaires et peuples refusant ce que le Marxisme propose comme progrès : par exemple les Hmongs, les Mesquitos massacrés au Laos et au Nicaragua, les chrétiens qui ne voient ds le progrès marxiste qu'une régression matérialiste, etc
Culte de "l'Aryen" avec sacrifice des "non aryens" et ethnologie instrumentalisée, on connaît la suite
Aujourd'hui je considère que nous sommes, dans les pays occidentaux essentiellement, dans une phase de développement du culte de l'Homme qui se manifeste par ce que j'appelle "culte vénérien" : omniprésence de la sexualité voire obsession sexuelle, culte du corps, plaisir à tous prix …
Dans tous les cas le péché orginel de ces dérives ets le même : refus de Dieu en tant que Dieu soit en le niant, soit en le faisant à notre image comme le faisaient Robespierre ou Hitler qui parlait de "Dieu" à tous bouts de champs mais ce dieu comme celui de Cromwell se pliait à ses désirs ("Dieu a voulu que je gagne la bataille, je n'ai donc fait aucun prisonnier" a dit Cromwell...). François Furet a montré la filiation entre 1789, 1793 et 1917 donc entre le Libéralisme et la Terreur et que le Nazisme est la nationalisation de l'internationale Socialiste.
Il est intéressant d'avoir en mémoire la phrase de la Gestapo pour expliquer l'arrestation de Marcel Callo "il est TROP catholique". Phrase assez proche de ce qu'on entend ds notre société libérale. On peut être catho mais pourvu que ce ne soit pas "à fond" donc pas vraiment. On peut dire qu'on est catho mais les gens sont surpris s'ils comprennent qu'on va aussi à la messe (alors que ça fait partie de la panoplie : les cathos, ça pratique "c'est même à ça qu'on les reconnaît" )
Vous parlez de "l'Homme Occidental (Hitler)" ; en fait non.
Ce qui fait culturellement "l'occident", ce qui est à la source de sa personnalité, sa substantifique moëlle, c'est justement le Christianisme.
Benoit XVI depuis le début de son pontificat revient régulièrement dessus quand il appelle l'Europe à un sursaut. En étant véritablement culturellement européens, nous nous rapprocherons du christianisme.
La culture occidentale dont nous sommes si fiers, n'est RIEN sans le Christianisme (et donc le Judaïsme)
La philo grecque et le droit romain préexistaient mais leurs éléments majeurs (et qui ont perduré) étaient "catho compatibles". Des théologiens disent que Rome et la Grèce ont, à leur façons, préparé la voie du Seigneur.
Les éléments majeurs précités ont perduré non pas parce que les méchants cathos ont étouffé ce qui leur était contraire (contrairement à ce que dégoisent les adeptes de la Wicca et autre nouvelle-droite) mais parce que ce qui n'était pas catho compatible, le sophisme par exemple, étant des construtions purement intellectuelles, qui ne pouvaient pas tenir sur la durée.
Je pense à la phrase de Jean Paul II "laissez aux erreurs le temps de s'écrouler d'elles-mêmes" pourvu qu'on enseigne la Vérité évidemment (et il ne s'en est pas privé) car l'erreur on l'observe ds l'Histoire, vient toujours combler un vide.
Je note qu'avec la déchristianisation, des comportements typiquement "romains d'avant le christianisme" réapparaissent : plus de loi divine donc on se fie aux sentiments, une "dureté larmoyante" (voyez les prétextes à toutes les dérives eugénistes : on fait appel aux sentiments pour relativiser la valeurs humaine), l'attrait grandissant pour le spectaculaire plutôt que pour le beau, séduction par les mots mais rejet de l'idée de Vérité, la mort choisie vue comme une façon digne d'en finir (suicide politique romain), la télaréalité, les chaines de télé en Russie, USA qui montrent les plus spectaculaires scènes de meutres et d'agression de la semaine filmées par les caméras de surveillance, choses qui font penser aux jeux de l'arène.
Tout ça déshumanise et l'on ne construit rien là dessus. Cela s'écroulera mais fera en attendant bcp de dégâts

En tant que journaliste on peut dire que vous avez Polymnie pour muse car elle est celle de la réthorique, science hélas bien oubliée.

Z.


[ De PP à Z. - J'invente Phobie au mépris des généalogies de l'Olympe : d'où le fait que ce soit une "mauvaise" muse. ]

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Écrit par : zorglub / | 05/05/2011

L'HOMME ROUGE

> "guerre pendant laquelle le camp protestant était soutenu par le très catholique-et-royal cardinal de Richelieu"
Justement, Richelieu était détesté pour cela par de nombreux écervelés de la cour de France qui eux trouvaient tout à fait normal, tout à fait catholique, de faire la guerre pour des raisons religieuses.
Richelieu a "déreligiosifié" (ouille!) la guerre pour la bonne raison qu'il avait compris avant tout le monde que la Guerre de Trente Ans n'avait rien de religieux mais était une guerre contre les ambitions habsbourgeoises.
Car le gentil empereur catholique avait tout un programme concernant notre pays et l'Europe et savait très bien se servir des consciences.
Je vous rapelle la devise de la Maison d'Autriche à l'époque : A.E.I.O.U,. Austriae Est Imperare Orbi Universo ("il revient à l'Autriche de gouverner le monde"), dernier vestige mais menaçant, de la théorie de l'empire universel depuis que le pape avait contraint l'empereur à renoncer au césaropapisme.
Le drame du 17e siècle est l'instrumentalisation du catholicisme par les Hasbourgs comme au 16e l'avait fait l'Espagne qui jetait de l'huile sur le feu des guerres de religions en France pour se donner le droit d'y intervenir.
Et là non plus il ne manquait pas d'écervelés en France pour ne rien voir et se jeter tête baissée ds les batailles. La Ligue était une ligue d'abrutis et de meurtriers.
Aujourd'hui la nouvelle Guerre de Trente Ans (j'en ai peur) est menée par les USA au nom de la "démocratie". A la diplomatie de la canonnière a succédé le "bombardement démocratique".
Le "droit d'ingérence" justifie le remodelage (et logiquement devrait se retourner un jour contre les USA si l'on applique aux Etats de plus en plus peuplés de Latinos ce qu'ils ont fait au Kosovo...).

Z.


[ De PP à Z. - J'ai toujours été surpris que l'acrostiche AEIOU fonctionne en allemand avec le même sens qu'en latin : "Alles Erdreich ist Österreich untertan." ]

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Écrit par : zorglub / | 05/05/2011

AEIOU

> oui mais comme je ne me souvenais plus que de "Alles" et de "untertan" ça ne faisait pas sérieux !
(latiniste, anglophone hispanophone mais pas germaniste ni breizhonegophone)
avant que j'oublie, puisque vous enviez les sonneurs :
pour apprendre la cornemuse à Paris
Mission Bretonne - Ti ar Vretoned - 22 rue Delambre 75014 PARIS - 01 43 35 26 41

Écrit par : zorglub / | 05/05/2011

ANACHRONISMES

> Je vois encore un autre intérêt à "Eucharistie et Mondialisation", ainsi qu'au "Mythe de la violence religieuse" : William Cavanaugh nous fait prendre conscience de notre tendance à juger les faits passés et les institutions présentes (l'Eglise en tout premier lieu) à travers des catégories et un schéma narratif anachroniques. Ainsi le récit de l'Etat sauveur vs le récit chrétien. De façon plus globale, on pourrait parler d'un "récit de la sécularisation" aujourd'hui dominant.
C'est un point important : Cavanaugh nous invite ainsi à nous réapproprier les termes du débat.
Mais j'ai fait récemment l'expérience de la puissance de ces schémas narratifs séculiers. L'Eglise catholique, me déclarait mon interlocutrice, est contre la science (et accessoirement contre la théorie de l'évolution). Comme preuve : la condamnation de Galilée. J'avais beau lui répondre : l'opposition entre l'Eglise et la science est un récit qui remonte aux Lumières, vous êtes donc dans l'anachronisme; de plus, la condamnation de Galilée prend place dans le cadre d'un débat théologique qui a lieu au sein de la chrétienté. J'aurais pu préciser que la science moderne comprise comme une discipline autonome n'existait pas encore. En fait, elle n'acceptait pas d'écouter jusqu'au bout mon argumentation, et en tirait des éléments déformés qu'elle s'empressait d'insérer dans son propre cadre mental.

B.


[ De PP à B. - La discussion est difficile avec des interlocuteurs qui répètent ce qu'on leur a mis dans l'esprit, mais qui croient (sincèrement) que ça vient du plus profond d'eux-mêmes, et - par conséquent - ne supportent pas qu'on les contredise même si c'est pour leur exposer des faits.
Si les faits les contredisent, alors les faits ont tort, toute contradiction étant perçue comme une "agression"...
C'est un effet dérivé de la "civilisation du marketing", qui répète au consommateur que toutes ses pulsions sont excellentes et irrésistibles.
Ce dysfonctionnement mental, étant lié au climat de notre société, sévit dans tous les milieux, y compris ceux qui se croient immunisés ! Exemple : le refus, de la part de catholiques, de laisser la pensée de l'Eglise modifier une de leurs opinions ; "chacun son chemin", répondent-ils. C'est l'esprit de la société de consommation. ]

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Écrit par : Blaise / | 05/05/2011

> Il n'y a rien de nouveau dans l'assassinat politique ou l'ingérence dans les affaires d'un Etat. Les exemples historiques abondent. Ce qui fut nouveau était l'idéologie matérialiste et sécularisée du XXe s. De même les idées d'un droit international et d'une justice internationale furent nouvelles. Mais on revient à une situation plus "normale" avec la mort des idéologies (le capitalisme étant en agonie finale). Il y a quand même deux choses nouvelles encore actuelles: le poids énorme de l'opinion et la réaction en temps réel des médias qui la forment (ou la déforment); la bombe atomique qui pèse encore sur les actions ou réactions des Etats et des décideurs. Dans l'affaire ben Laden, il ne faut pas oublier que le Pakistan, gangrené par l'islamisme, est possesseur de la bombe. Cela a pu jouer dans la volonté US de ne pas faire intervenir officiellement le Pakistan dans l'affaire, de peur de le déstabiliser et donc de créer un danger nucléaire dans une région sensible ou deux puissances voisines sont aussi nucléaires.

P.S: cher Zorglub, quoique d'origine corse, j'ai un grand faible pour la cornemuse (j'ai aussi une grand-mère d'origine écossaise) . Or, ayant tenté le piano et ayant abandonné car découragé par une dyspraxie sévère, je me demande depuis un moment si la cornemuse me serait plus accessible. Pourriez-vous me dire s'il est besoin d'une coordination importante des mains, du souffle etc. Ma femme joue du hautbois et ce qu'elle fait me semble impossible pour moi. Or, on m'a affirmé que l'apprentissage de la cornemuse commençait par la bombarde, cousine du haut-bois. Sinon, je me contenterais des cd et des concerts...
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Écrit par : vf / | 05/05/2011

IDEOLOGIE COMMUNE

> Au fait, les Guignols de l'info ont fait la même allusion, ou presque, l'autre jour (mardi je crois). On y voit Oussama sur un nuage, au paradis, affirmant qu'il n'y a qu'un seul paradis (donc toutes les religions se valent) et accueillant JPII en "pote" avant de partir rejoindre ses blondes "vierges" promises. Coïncidence de l'actualité entre une béatification et un assassinat? Idéologie commune aux cadres "humoristes" du monde médiatique? Pompage de l'équipe des Guignols sur Willem? En tout cas, le manque d'imagination est flagrant sans parler de la volonté d'amalgame.
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Écrit par : vf / | 05/05/2011

pour vf :

> si vous ne savez pas tricoter avec les orteils pendant que vous battez des oeufs en neige à la fourchette et jouez de la flûte à bec en même temps, ce n'est pas la peine d'y penser
Trêve de balivernes comme on dit dans Tintin : oui il y a une coordination, vous remplissez régulièrement et à longs souffles votre poche et jouez sur le levriad (ou le "chanteclerc" si vous jouez de la cabrette auvergnate ou berrichonne).
Contrairement à ce qu'on croit, il n'y a pas besoin d'appuyer comme un fou avec l'avant-bras sur la poche.
Je vous conseille de commencer en bouchant les bourdons et de vous acheter un practice à la copbreizh ds le 15e dans la concession bretonne du Mené-Parnaz que les Parisiens appellent Montparnasse (de même qu'ils appellent "sufraine" ce brave prouvençou de Suffren, dont le nom c'est toujours dit "sufrin" ou plutôt suffreign -cogn)
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Écrit par : zorglub / | 05/05/2011

@ Zorglub

> Vous dites : « Ce qui fait culturellement "l'occident", ce qui est à la source de sa personnalité, c'est justement le christianisme. »
1. Je me demande si « ce qui fait culturellement l’occident, ce qui est à la source de sa personnalité » n’est pas plutôt d’abord sa tension vers l’universel, exprimée par la philosophie grecque et l’empire romain : la soif d’une sagesse et d’un savoir universels ; un modèle d’ordre politique, juridique et administratif qui s’exporte par les conquêtes d’un empire servi par son prestige militaire et son rayonnement culturel. Mais ne manquait-il pas à cette Antiquité, pour être totalement universelle, une religion universelle ? Historiquement, pour l’occident, le christianisme n’est-il pas ce troisième pilier qui vient à la fois compléter et couronner l’édifice d’une civilisation ? Considérer que le christianisme s’est contenté de garder de l’Antiquité quelques bons principes pour rejeter quelques mauvais n’est-il pas réducteur ? Si le christianisme, venu d’orient, a si bien épousé la destinée occidentale, n’est-ce pas en raison de cette concordance entre les aspirations de l’Antiquité gréco-romaine et celles du christianisme ? Peut-être l’effondrement de l’empire romain n’a-t-il été qu’une éclipse et non la mort d’une civilisation ? Dès que les barbares furent contenus, l’occident ne semblait-il pas déjà prêt pour la chrétienté ? Une chrétienté à deux poumons, comme il y avait jadis un empire romain d’orient et un empire romain d’occident, et dont la primauté est à Rome. Ce n’est qu’une réflexion incertaine, non une opinion, je ne suis pas historien, loin de là.
2. Fondamentalement, la question de la relation du christianisme avec la civilisation est complexe. Lubac dit que le catholicisme est social par nature, ce qui implique des répercussions naturelles dans l’ordre social. BXVI explique que la recherche de Dieu crée une culture, sans le vouloir expressément. Et dans le même temps, la révolution du Christianisme est d’abord une révolution intérieure pour l’homme, un retournement complet de perspectives, une conversion ; et cette révolution intérieure est compatible avec différents types de cultures et de civilisations. L’identification « christianisme = occident » réduit paradoxalement la perspective universelle qui fut le moteur de ce mariage d’amour.
3. Aujourd’hui, la civilisation occidentale, même moribonde, voire à l’article de la mort, demeure. Et elle garde la même caractéristique : la tension vers l’universel. L’occident, encore et toujours, cherche à exporter son modèle, qu’il soit bon ou mauvais. Quand l’homme occidental construit, par la philosophie, une nouvelle anthropologie qui renverse l’anthropologie chrétienne, il la conçoit comme principe universel.
4. Ce que nous observons, c’est que l’occident semble à la fois être le plus efficace pour construire - un ordre politique, juridique et administratif stable, des routes, des infrastructures, des modèles économiques etc. – et aussi le plus efficace pour détruire (la planète, la dignité de l’homme, la famille etc.).
Encore une fois, l’homme occidental est face à sa destinée. J’ai tendance à penser que son point faible historique est son ego. On n’avait peut-être pas vu un tel ego depuis Pharaon ! « On a construit des ego de la taille des cathédrales » dit le diable dans « L’associé du diable ». L’enjeu, pour l’homme occidental, n’est-il pas de détruire ses "ego-cathédrales" pour construire des cathédrales intérieures ? Et ce nécessaire retour à l’essentiel qu’est Dieu, ce retour à l’humilité et à la simplicité, condamnerait-il pour autant ce qui ressemble à une vocation ou constituerait-t-il au contraire son moteur réformé ?
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 06/05/2011

LA VRAIE FIN DE L'EMPIRE ROMAIN

> Juste une remarque sur le chute de l'empire romain. Elle fut largement dramatisée à la Renaissance, en opposition au Moyen Age européen jugé sombre et "barbare". C'est l'époque où l'on qualifia de "gothique" les cathédrale car d'inspiration médiévale et non antique. Dès le IVe s, les barbares sont dans l'empire et s'intègrent dans ses structures. Quand le pouvoir central défaille, les chefs locaux s'en emparent mais en cherchant à être "romain". Ce qui fait disparaître l'empire, c'est la fin des empereurs et le passage au service des chefs "barbares" des élites locales car elles ne voient plus de carrière possible au service d'un pouvoir central défaillant.
Il faut ensuite prendre conscience d'une chose: l'empire des IVe et Ve siècles n'a plus grand chose à voir avec celui d'Octave. La notion de citoyen à énormément évolué depuis l'édit de Caracalla et la christianisation de l'empire (du moins de ses populations urbaines). Le sens de l'Etat s'affaiblit au profit de la relation personnelle, la démographie s'effondre, etc. Tout est prêt en occident pour une mutation qui sera celle du haut Moyen Age. Période qui est mal connue par manque de sources et par une démolition en règle depuis le 16e s.
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Écrit par : vf / | 07/05/2011

Pour Guillaume

1/ Vous êtes un grand penseur ( ne rigolez pas, les autres !) Votre réflexion est tout à fait juste. C'est ce que je tentais de dire maladroitement en écrivant que Rome et la Grèce ont à leur façon "préparé le chemin du Seigneur" .
Toute vérité venant du Saint Esprit, ce que Rome et Athènes disaient de juste non seulement a tenu le coup mais a été repris par l'Eglise qui en a donné un sens transcendant ou plutôt qui en a révélé le sens transcendant, l'a purifié, rendu généreux : ce n'est plus pour Rome, soi-même, mais pour le Christ qui est fait pour tous. On ne comprend rien au sermon de Saint Bernard à Vézelay, sermon qui choque bcp nos mentalités contemporaines, si l'on a pas cela à l'esprit.
Le rôle de l'occidental chrétien devient alors non pas de défendre sa domination mais les acquis de sa civilisation pour ce qu'ils sont de conformes à la vérité et donc conformes au Bien Commun.
Cela exige d'avoir une vision claire du Bien Commun donc oblige à une remise en cause continuelle pour ne pas tomber ds le péché d'orgueil de faire Dieu à son image c'est-à-dire : "je suis chrétien donc ce qui est bien pour moi est bon pr tout le monde, doit être défendu et imposé"
Une civilisation chrétienne est tout sauf un système puisqu'elle repose sur le point de foi que l'homme est pécheur et doit donc sans cesse se remettre en cause.( d'où il ressort que dès qu'elle adopte un comportement sectaire, une communauté ecclésiale chrétienne n'est en fait … plus chrétienne !)
Cette capacité à la remise en cause a été évidemment préparée par la philo grecque : la recherche de la sagesse oblige à se poser des questions. Pas pour le plaisir de tuorner en rond comme les sophistes mais au contraire avec la foi ds l'existence de la vérité. En fait le christianisme a révélé la philo grecque et le droit romain à eux-mêmes. Ce que le juriste romain ressentait, concluait après une recherche honnête du juste, le Christianisme l'a (souvent) couronné : "oui tu as raison d'avoir pensé cela et cela tient au fait que Dieu existe et qu'il est la clef de tout, rien ne lui est supérieur"
Comme par hasard, une des conséquences de la déchristianisation est que nous avons qqfois l'impression de "remonter à l'invention de la roue" pour expliquer les raisons de telle ou telle position de l'Eglise par rapport à telle loi.
L'homme occidental moderne réfléchit de moins en moins (ce n'est plus ce qu'on lui demande) et se fie aux apparences, aux sentiments (qui peuvent être aussi beaux que laids), toute nouveauté lui paraît un progrès.
Une telle capacité de remise en cause personnelle n'existe pas ds les civilisations islamisées où l'examen de conscience n'existe pas, où tout est écrit. Ds l'Islam en fait l'Homme n'est pas libre. Pratiquement pas de téhologie dans le monde islamique ni de philo ; le soufisme y est une minorité et une hérésie. Et l'Islam vaut mieux que le Libéralisme… tsoin-tsoin…

2 & 3/ Je dirais que comme la Maison d'Autriche au 17e siècle, la France révolutionnaire, les Etats Unis, l'Union Européenne aujourd'hui, récupèrent la vocation de "lutteur pour la Vérité universelle" (lutteur par la plume, la pensée, l'art et le droit avec le droit de les défendre militairement qd c'est approprié) mais pour l'appliquer aux intérêts de "l'homme qui se comporte comme si Dieu était à son image", bref ds idéaux qui n'ont rien d'universel mais qui lui sont personnels.
Cela est dû au fait que cet homme occidental moderne ne croit plus en Dieu mais se croit l'aboutissement de tout ( bref se croit Dieu)
Il est intéressant de noter que les Spartiates qui se disaient "autochtones", c'est à dire "nés seuls de la terre", héritiers de personne, ne devant rien à personne, alors que tous les peuples se disaient descendant de héros, de demi dieux etc, bref ces Spartiates étaient les plus belliqueux des Grecs, également les moins philosophes, ceux qui se posaient le moins de questions (tiens ?)
Aujourd'hui l'Homme occidental moderne rejette sa condition de fils de Dieu, donc plus de fraternité humaine (sinon un mot vague) puisque ds cette conception nous n'avons pas de même père.
D'où l'agressvité, le mépris, l'orgueil qu'entraîne cette vision qui fait l'homme occidental moderne.
Cette vision est héritée de la philosophie libérale :comme l'homme occidental moderne n'a pas de père, il ne peut être éduqué par quiconque, il pense n'avoir rien à recevoir puisqu'il pense "être à la mesure de toute chose"
"Ma volonté est ma liberté" dit-il. Ds le christianisme la liberté fait qu'on peut avoir une volonté propre. On conserve cette liberté en choisissant le Bien. La liberté absolue est connue au paradis du fait de l'absence de péché, c à d de ce qui est mauvais pour l'homme.
Ds le libéralisme c'est l'inverse (d'où l'incompatibilité que les libéraux ont très bien comprise mais malheureusement pas encore trop de cathos) . Le libéralisme : je suis libre tant que je fais ce que je veux. (cf DDHC de 1789 : " la liberté consiste à faire ce qu'on veut…") ; donc si je veux le mal ...
On parle de la politique actuelle des Etats Unis mais voyez la scandaleuse guerre hispano américaine de 1898 où la presse US a "créé la guerre" au moment où les pourparlers entre le deux pays étaient sur le point d'aboutir à un apaisement ce dont les marchés ne voulaient entendre parler. Ça ne date pas d'hier. Voyez aussi la honteuse Guerre de l'Opium.
PS : merci d'écrire "la relation avec " et non cet horrrrrrrrrrrible "le rapport à" qu'on voit partout ;-)

Pour vf :

tout à fait d'accord ; voir d'ailleurs une discussion où avait été abordé le sujet à la suite d'une comparaison entre l'actuelle immigration et la politique de don de territoires aux Vikings par Charles le Simple et aux Barbares par Rome : les Vikings voulaient s'intégrer, venaient d'être battus et étaient peu nombreux face à des gens décidés et pour Rome cela a marché tant que les barbares voulaient s'intégrer c'est à dire tant que Rome avait du prestige, voulait jouer son rôle. Dès que Rome s'est coulée elle même, les Barbares se sont débrouillés seuls et les populations leur ont fait allégeance ; on ne suit pas des perdants.

Tout à fait d'accord pr le fait que l'empire entre Octave et Romulus a complètement changé . D'ailleurs je suis contre" la prononciation restituée" avec laquelle on apprend le latin ; la prononciation restituée de quelle époque ? À quel endroit ? Ds quelle classe sociale ?
Un bon bouquin : "pr en finir avec le Moyen Age" de Régine Pernoud où elle passe en revue toutes les bêtises dite sur cette période (dont elle n'a jamais occulté les défauts)
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Écrit par : zorglub / | 09/05/2011

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