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29/04/2011

Le bienheureux Jean-Paul II (1990) : "On assiste à la formation d'une conscience écologique qu'il ne faut pas freiner mais favoriser"

En économie, en écologie, ce pape a ouvert des voies incontournables que les catholiques français doivent découvrir (pourquoi les ignoraient-ils ?).  Des voies où ils doivent s'engager, s'ils prennent au sérieux leur Eglise :


 

En 1979, un an et un mois après avoir été élu chef de l'Eglise catholique, le pape Wojtyla donne « un patron auprès de Dieu » à ceux, dit-il, « qui s'occupent d'écologie ». Ce sera saint François d'Assise : le plus radical des écologistes, puisqu'il invitait l'humanité à se sentir la soeur du reste de la Création. François, déclare Jean-Paul II, « est un modèle d'homme qui a vénéré la nature comme un don merveilleux de Dieu à l'humanité... Le message de François appelle à rompre avec la violence et la possessivité, à changer de regard sur la nature, à ressentir avec elle une familiarité vitale, à déchiffrer le monde comme une parole divine ».

Autant dire : une révolution dans l'attitude humaine !

En 1982, Jean-Paul II développe l'idée : « Les créatures et les éléments ne seront protégés de toute violation injuste et nuisible que dans la mesure où, à la lumière de l'enseignement biblique sur la Création et la Rédemption, on les considèrera comme des êtres à l'égard desquels l'homme est lié par des devoirs sur lesquels il ne lui est pas permis d'agir à sa guise ; comme des créatures qui, avec lui, attendent et désirent 'leur libération de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu' (St Paul, Lettre aux Romains). »

L'écologie selon JP II, c'est concret. En 1991, dans l'encyclique sociale Centesimus Annus, il décrit les effets du système économique actuel :

« À côté du problème de la consommation, la question de l'écologie, qui lui est étroitement liée, inspire autant d'inquiétude. L'homme, saisi par le désir d'avoir et de jouir plus que par celui d'être et de croître, consomme d'une manière excessive et désordonnée les ressources de la Terre et sa vie même. À l'origine de la destruction insensée du milieu naturel, il y a une erreur anthropologique, malheureusement répandue à notre époque... L'homme croit pouvoir disposer arbitrairement de la terre comme si elle n'avait pas une forme et une destination antérieures que Dieu lui a données, que l'homme peut développer mais qu'il ne doit pas trahir. Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l'oeuvre de la Création, l'homme se substitue à Dieu, et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. »



Comment appeler le système qui saccage la Terre ? JP II parle ici de « structures de péché ». Il appelle à « démanteler » ces structures et à les « remplacer par des formes authentiques de convivialité ». Démanteler des structures ? Remplacer le profit par la convivialité ? C'est une directive économique et politique !

Dès 1987 et l'encyclique sociale Sollicitudo, Jean-Paul II avait déjà pris l'écologie en charge. Au § 34 (Respecter le cosmos), il formulait trois remarques face à « l'industrialisation désordonnée » :

la biosphère est un ensemble : « On ne peut impunément faire usage des diverses catégories d'êtres, vivants ou inanimés (animaux, plantes, éléments naturels) comme on le veut, en fonction de nos propres besoins économiques. Il faut au contraire tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné, qui est le cosmos » ;

les ressources naturelles sont limitées : « Les utiliser comme si elles étaient inépuisables, avec une domination absolue, met sérieusement en danger leur disponibilité non seulement pour la génération présente mais surtout pour celles de l'avenir » ;

un « certain type de développement » menace la vie : « L'industrialisation a toujours plus fréquemment pour effet, direct ou indirect, la contamination de l'environnement, avec de graves conséquences pour la santé de la population. »



En traitant l'homme comme un instrument de production, disait déjà Jean-Paul II en 1981 dans sa toute première encyclique (Laborem exercens), le capitalisme du XIXe siècle a institué « une inversion de l'ordre établi depuis le commencement par les paroles du livre de la Genèse ». C'est précisément cette inversion d'ordre qui mériterait le nom de « capitalisme », disait le pape : « l'erreur du capitalisme primitif peut se répéter partout où l'homme est […] traité de la même façon que l'ensemble des moyens matériels de production. » La « vérité chrétienne sur le travail » ne peut que s'opposer aux divers courants de la pensée matérialiste et économiciste... L'erreur fondamentale de l'économisme est « de considérer le travail humain exclusivement sous le rapport de sa finalité économique » : ce matérialisme pratique a engendré tous les autres  et le productivisme marxiste ne fut que le rejeton du productivisme capitaliste. On se souvient que Marx affichait sa filiation avec Adam Smith. Jean-Paul II insiste : « avant le système philosophique matérialiste », c'est « l'économisme » qui a eu « une importance décisive » sur « la manière non-humaniste de poser le problème » (§ 13).



Le message fulgurant du 1er janvier 1990



Le 1er janvier 1990, dans son message pour la Journée mondiale de la paix, Jean-Paul II hausse le ton :

« Face à la dégradation générale de l'environnement, l'humanité se rend compte désormais que l'on ne peut continuer à utiliser les biens de la Terre comme par le passé. L'opinion publique et les responsables politiques en sont inquiets ; les savants dans les disciplines les plus diverses en étudient les causes. On assiste ainsi à la formation d'une conscience écologique qu'il ne faut pas freiner mais favoriser, en sorte qu'elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l'expression qui convient ! »


Le pape ajoute :

« La destruction progressive de la couche d'ozone et l'effet de serre qu'elle provoque ont atteint désormais des dimensions critiques par suite du développement constant des industries, des grandes concentrations urbaines et de la consommation d'énergie. Les déchets industriels, les gaz produits par la combustion des carburants fossiles, la déforestation incontrôlée, l'usage de certains types de désherbants, de produits réfrigérants et de combustibles de propulsion, tout cela, on le sait, nuit à l'atmosphère et à l'environnement. Il en, résulte de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les effets vont des atteintes à la santé jusqu'à l'immersion possible, dans l'avenir, des terres basses...

Les intérêts économiques l'emportent sur le bien des personnes, sinon même sur celui de populations entières. Dans ces cas, la pollution ou la destruction de l'environnement sont le résultat d'une vision réductrice et anti-naturelle qui dénote parfois un véritable mépris de l'homme... Il n'est pas juste qu'un petit nombre de privilégiés continuent à accumuler des biens superflus en dilapidant les ressources disponibles, alors que des multitudes de personnes vient dans des conditions de misère... C'est maintenant l'ampleur dramatique du désordre écologique qui nous enseigne à quel point la cupidité et l'égoïsme, individuels et collectifs, sont contraires à l'ordre de la Création, dans lequel est également inscrite l'interdépendance mutuelle. »

 

Conclusion de Jean-Paul II : « la société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie... afin que tous ne soient pas contraints de subir les conséquences négatives de l'incurie d'un petit nombre. » Le pape demande « une conversion authentique dans la façon de penser et le comportement ». Il demande « une éducation à la responsabilité écologique » : « responsabilité à l'égard des autres, responsabilité à l'égard de l'environnement ». Il souligne que les populations des pays riches ont à donner l'exemple : pas d'échappatoire devant « la nécessité absolue de la solidarité nouvelle appelée par la crise écologique »... « Le problème écologique a pris aujourd'hui de telles dimensions qu'il engage la responsabilité de tous. »



Voilà dans ces domaines la pensée de l'Eglise catholique [*], mise au clair par le pape Wojtyla. On ne lui en sera jamais assez reconnaissant.




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[*] Pour nier cette pensée, il faut être ignare... ou avoir intérêt à la nier. Un chroniqueur catho croyait récemment pouvoir qualifier de « grotesque » la notion d'écologie chrétienne : c'était qualifier de « grotesque » la pensée de l'Eglise. Combien de temps des catholiques français (prisonniers de leurs aigreurs) resteront-ils en marge de l'Eglise universelle ?

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Commentaires

TF 1 ET SES PLATITUDES

> Et dans le même temps, TF1 nous donne une caricature inverse de ce que dit JP II : aux infos de 13h de ce jour, la béatification de ce week end est annoncée et tout ce que les journalistes trouvent à en dire, en dehors du fait que bcp de monde est attendu, c'est que de nombreux objets souvenirs vont être vendus pour peu qu'il portent l'image du St Père et la mention Béatification !!!
On atteint vraiment le grotesque. Bientôt on va entendre que cette béatification comme le mariage princier anglais ne sont que des vastes opérations à but commercial !!!
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Écrit par : FL / | 29/04/2011

PUISSANT ET VISIONNAIRE

> Merci de nous donner ces quelques extraits de la parole puissante et visionnaire de Jean-Paul II, grâce à Dieu, sur l’écologie. Et sur cet « économisme » qui dévaste tout, à commencer par le travail humain. Des paroles qui ont très certainement inspiré Benoît XVI dans ses réflexions de « Caritas in veritate » sur l’importance de la gratuité et du don pour féconder une nouvelle économie, plus juste, plus solidaire, plus respectueuse de l’homme – de son développement intégral – et de la Création.
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Écrit par : Denis / | 29/04/2011

OÙ TROUVER LES TEXTES ET LES INFORMATIONS

> Merci pour vos extraits de textes de JP2, où peut-on trouver les textes dans leur entier ?; j'anime l'année prochaine des 1/2 journées sur écologie et spiritualité.

C.


[ De PP à C. - Je vous recommande :
a) le tout récent numéro spécial de la revue 'Kephas' sur l'écologie dans la foi chrétienne et les initiatives catholiques en France dans ce sens : il donne une masse de textes et d'informations que vous ne trouverez pas ailleurs. ('Kephas', 6 rue Vauvert, 49100 Angers, secretariat.kephas@gmail.com) ;
b) mon livre (pardon) 'L'écologie de la Bible à nos jours', éditions de L'Oeuvre, qui vient d'être réédité. ]

réponse au commentaire

Écrit par : corolleur / | 14/05/2012

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