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25/04/2011

Libération : "Le catholicisme est-il en train de ressusciter ?"

Une enquête sur les catholiques aujourd'hui. Témoignages positifs, et analyse du P. Antoine Guggenheim (pôle de recherche du Collège des Bernardins à Paris) :


...qui dit notamment :

 

<< Le fait d'être minoritaires nous a libérés du complexe d'avoir été trop puissants, liberticides. Aujourd'hui, le catholicisme n'est plus perçu comme une religion dangereuse. On est dans un autre temps, dans un monde où les croyants qui se reconnaissent croyants et les incroyants qui se reconnaissent comme incroyants peuvent débattre du fond. Il y a chez les chrétiens la prise de conscience que l'on peut dialoguer sans perdre son âme avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord sur l'essentiel.  En même temps, notre civilisation est face à des enjeux de société inédits, et si les catholiques sont capables de parler un langage, pas seulement de témoignage, mais d'humanisme et de raison, ils peuvent être entendus sur des questions graves comme le sort de la planète, l'Europe et le monde...

 

[Les catholiques] ont envie de laisser leurs convictions sortir de la sacristie. On adopte peu à peu une position où l'on est à la fois enracinés et ouverts. Les deux ne sont pas contradictoires. Cela nous donne de la liberté pour agir et rencontrer le monde comme il est. En même temps, cela nous donne une responsabilité. Nous ne sommes plus dans une phase d'évangélisation de masse, mais d'inculturation. Notre comportement doit être en cohérence avec la foi que nous proclamons... Aujourd'hui, les parcours sont individuels. Le risque est un renforcement des identités ou des comportements identitaires alors que l'identité de chacun est plurielle... >>

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Commentaires

LE RISQUE DES "COMPORTEMENTS IDENTITAIRES"

> Merci au P. Guggenheim de le dire. C'est vrai : c'est LE risque, du point de vue catholique. Apparaître comme un micromilieu (une "communauté"), s'est mettre sous le boisseau le message universel. Mais on a du mal à faire comprendre ça à nos propres parents et amis, tellement le réflexe de milieu est incrusté depuis des générations.
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Écrit par : agata / | 25/04/2011

ETONNANT ECHO DES MEDIAS

> Le catholicisme ressuscite en tout cas dans les médias cette semaine. Le dossier de L'Express, favorable, et celui de Libération, favorable. Et ce matin le reportage de France-Culture sur KTO. Et hier, sur FR2, le reportage amical dans un couvent de bénédictines ! Meilleur moment : l'indignation de ces intelligentes nonnes devant la vidéo des signes de croix de Sarkozy au Vatican. Avec l'explication des religieuses : "Quand on voit ce qui se passe vraiment en France, les injustices, les inégalités, le chômage etc, voir Sarkozy faire ça pour le public, non !". Merci mes soeurs.
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Écrit par : christine / | 25/04/2011

LE COMMENTAIRE DU P. ROBERT CULAT (PRÊTRE DU DIOCESE D'AVIGNON)

> Très belle réflexion en effet. Être enracinés et ouverts n'est pas contradictoire! Et c'est là l'un des messages phares du dernier Concile. Ma crainte que le courant intégriste et un certain traditionalisme (leur mentalité et leurs agissements de style pétitionnaire et lobbyisme avec procès sans fin et condamnations répétées du "Mal") en France ne suscite un ras-le-bol envers tous les catholiques en général, a suscité en moi la réflexion suivante sur les nouveaux zélotes mise en ligne sur ma page facebook:

" HELLFEST, PISS CHRIST... Ces dernières années nous assistons de plus en plus en France à l'émergence d'un courant religieux marginal et extrême se prétendant à l'intérieur du catholicisme. Ce courant, hyper minoritaire, allant de l'intégrisme pur et dur au traditionalisme modéré, a pour but d'en finir avec le catholicisme fidèle aux orientations du Concile Vatican II et du magistère de Jean-Paul II. Pour se faire remarquer, pour exister, ces catholiques ont décidé de passer à l'action. Leur militantisme, censé défendre les droits de Dieu et la religion catholique, a pour outil principal de diffusion Internet (instrument ô combien peu traditionnel...) et la blogosphère "tradi" qui se caractérise par son intransigeance et son fanatisme à l'égard des catholiques tièdes et "mous", des évêques français manquant de courage et par un rejet virulent de la notion de dialogue entre la foi catholique et notre monde tel qu'il est, c'est-à-dire sorti de la chrétienté depuis belle lurette. Ce "tradiland" pour exister condamne "le mal", le débusque partout, s'oppose à lui dans un manichéisme sans complexe. L'œuvre des œuvres c'est la pétition, la manifestation, la condamnation et éventuellement le passage à la violence pour défendre, bien sûr, la foi des faibles et des petits. L'indignation de ces catholiques est inexistante dans les domaines de la justice sociale, économique et dans les questions actuelles de préservation de l'environnement. De la doctrine sociale de l'Église on ne retient qu'un dixième: le respect de la vie traduit sous la forme de la lutte contre l'avortement. On s'indignera donc bien volontiers d'un festival de musique satanique ou d'une œuvre blasphématoire (sic) mais ce n'est pas important si aujourd'hui en France le nombre de pauvres augmente, si l'écart entre les très riches et ceux qui manquent du nécessaire pour vivre est de plus en plus grand, si une certaine forme de capitalisme sans frein a depuis longtemps remplacé le culte de Dieu par le culte de l'Argent (idolâtrie). Ce n'est pas important non plus si dans l'Église la crise de la pédophilie (qui a commencé bien avant Vatican II et qui a été très forte dans des pays au catholicisme très traditionnel comme l'Irlande) a ébranlé la confiance de bien des fidèles dans cette institution... Le fait d'avoir caché ce scandale pour "le bien et la réputation de l'Église" ( très mauvais calcul évidemment!) est bien moins grave qu'un crucifix trempé dans de l'urine.
Alors il est à craindre une chose et c'est la suivante. De même qu'en France l'Islam est devenu l'objet d'une méfiance voire d'une haine de beaucoup de français à cause d'une minorité d'intégristes, de même, à ce rythme-là, le catholicisme risque bien d'être rejeté comme une force obscurantiste et rétrograde, assimilée aux excités à l'extrême droite du Père, nostalgiques d'un retour à la monarchie de droit divin et à la bonne vieille inquisition. La charité de Benoît XVI à l'égard de cette marge du catholicisme français (libéralisation de la messe de saint Pie V, levée des excommunications) risque bien de se retourner contre la grande Église et son effort de nouvelle évangélisation. Si les partisans de Mgr. Lefebvre ne sont plus schismatiques et peuvent être considérés comme une incarnation légitime de la foi catholique alors les frontières sont brouillées. Et les personnes de bonne volonté risquent bien de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Aussi est-il urgent qu'une autre voie / voix se fasse entendre! Celle de nos évêques qui au lieu d'embrayer parfois le pas à ces mouvements rétrogrades (c'est une tentation pour eux tant la pression est grande) peuvent proposer la foi dans la société actuelle d'une manière claire, sereine, et non agressive, dans la ligne de la lettre qu'ils ont adressée aux catholiques de France. Il serait dangereux de laisser à cette marge du catholicisme français tout l'espace du débat public. La grande Église, celle qui est en véritable communion avec le pape et la Tradition (qui commence avec l'Église des apôtres et pas avec le syllabus de saint Pie X), peut faire entendre une autre voix / voie et il est grand temps qu'elle se désolidarise avec ce qu'il convient d'appeler les nouveaux zélotes. Ce qui est en jeu en ce moment c'est la possibilité pour l'Église de France de mettre en œuvre la nouvelle évangélisation demandée par Jean-Paul II. Si notre Église est perçue comme une forteresse assiégée, un club de personnes aigries, politisées et agressives, nourrissant le ressentiment et le refus de toute critique, toujours sur la défensive, toujours en train d'attaquer un ennemi pour défendre la vraie foi, je crains bien que nos efforts d'évangélisation soient annihilés... à cause de quelques zélotes mal recadrés!
Car faut-il le redire à la suite de Paul VI... et de saint Paul lui-même (Actes 17), il n'y aura pas de nouvelle évangélisation sans un climat amical et franc de dialogue constant entre croyants et non-croyants, entre chrétiens et membres des autres confessions présentes dans notre pays. Notre siècle a "davantage besoin de témoins que de professeurs" (Paul VI). Mère Teresa et Jean-Paul II font partie de ces grands témoins de la foi et l'Église nous les donne en exemple. "
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Écrit par : Culat Robert / | 25/04/2011

A PEU PRÈS D'ACCORD, MAIS

> Je suis à peu près d'accord avec Robert Culat... A quelques "détails" près tout de même. Il a raison de se scandaliser du nombre de pauvres dans notre société riche, mais il faudrait aussi se scandaliser du nombre d'avortements qui reste à un niveau très élevé et stable en France (aucune baisse contrairement aux "promesses" de la civilisation contraceptive !).
Il se scandalise avec raison de la pédophilie dans l'Eglise, mais il ne mentionne pas la pédophilie en général, comme si elle était moins scandaleuse ailleurs ! Pour son information, je lui signale que le maire adjoint d'Echirolles, vice-président du conseil général de l'Isère, a démissionné il y a dix jours suite à une condamnation pénale pour agression sexuelle sur mineur (cette information a été peu relayée dans les médias, comme par hasard, alors qu'il s'agit d'un des élus locaux les plus importants de l'Isère).
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Écrit par : B.H. / | 25/04/2011

PANNEAU

> B.H., ne tombez pas dans le panneau dans lequel le père Culat évite justement de tomber : il se scandalise du nombre d'avortements, mais PAS QUE de cela. "Pas que" signifie en sous-entendu "aussi", mais... "pas que".
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Écrit par : PMalo / | 25/04/2011

à BH

> On ne peut pas mettre sur le même pied la pédophilie chez des laïcs et la pédophilie chez des prêtres du Christ.
Chez des laïcs, c'est un crime pénal.
Chez des prêtres, c'est un crime pénal ET une monstruosité métaphysique.
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Écrit par : bernard gui / | 25/04/2011

au Père CULAT

> Aujourd'hui les nouveaux catholiques sont fiers de leur foi mais ne se laissent pas enfermer dans des chapelles. Comme le révélaient diverses études ils sont capables de péleriner à Chartres de fréquenter les groupes de prières et même le milieu tradi a beaucoup évolué, je ne suis pas sûr que le père Culat en ait saisi toutes les nuances qui sont très fortes. Il y a longtemps que Maurras ne fait plus recette donc attention aux généralisations hâtives et peu charitables. Que le père Culat n'aime pas le rite extra c'est son droit mais là encore attention à des propos peu charitables qui traduisent une profonde méconnaissance de ceux qui aiment ce rite et qui n'ont que peu à voir avec les portraits caricaturaux voire méchants venant de surcroît d'un prêtre.
Comme souvent les choses sont complexes et ne se laissent pas enfermer dans un manichéisme étroit qui n'est pas d'ailleurs dénué d'arrières pensées tactiques.
J'apprécie le rite extra, je me fous de Maurras, ne suis pas un militant d'extrême droite, donc un peu de charité et de discernement très cher Père ! Même les journaux dits progressistes l'ont reconnu lors de la promulgation du nouveau motu proprio.
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Écrit par : jean-claude / | 25/04/2011

ALLELUIA

> Bizarrement, je crois que les invectives et mauvais traitements des médias depuis quelques années et surtout contre B XVI depuis 2009 ont donné un coup de pied au cul d'une frange de catholiques qui sont de moins en moins disposé à mettre leur foi dans leur poche ... et puis surtout l'Esprit Saint qui fait les conversions. Alleluia !
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Écrit par : Roque / | 25/04/2011

ALLELUIA AUSSI

> Il y a un catholicisme serein que les médias semblent découvrir, alleluia!, il y a aussi un simulacre de catholicisme dont les pathologies psycho-sociologiques développées dans un contexte de guerre froide, vue pour le petit milieu en France comme un prolongement de 1789, se manifestent de plus en plus sous forme d'effondrements violents de familles " très bien", voire de faits divers criminels, parce qu'on ne peut rien construire sur la dictature de l'apparence, la peur obsessionnelle du complot, le syndrome de persécution, la conviction d'être les seuls "justes".
Ces esprits bourgeois (ce qui n'a rien à voir avec une classe sociologique particulière, je parle d'une certaine mentalité qui allie avarice en tout et mépris pour le "peuple") ont trouvé dans un catholicisme labellisé "romain" ou "tradi",une cause à défendre et de là une justification de leurs parodies de privilèges, invisibles pour les non-initiés.
Privilèges? Certains mouvements scouts,certaines paroisses, certaines revues, certaines écoles, les rallyes,...où de facto si on n'en n'est pas on nous le fait comprendre de mille et une manière d'autant plus efficaces qu'elles sont quasi invisibles. La fascination que peut exercer ce petit milieu sur des esprits en quête d'identité forte et valorisante, nourris au lait empoisonné du romantisme du XIXème et à sa version XXème avec les Hussards, aux images idylliques des "grandes tribus" véhiculées par certains catalogues et certaines revues pour d'autres, en a rendu plus d'un "fou".
La réalité étant heureusement plus riche que tout ce qu'on peut en dire, cela n'empêche pas par ailleurs que l'on trouve aussi dans ce "petit milieu", par exemple, des gens exceptionnels et des vocations magnifiques! Mais ce qu'il y avait de faux et de vaniteux est en train de tomber: cela fait mal, parfois cela tourne à la tragédie, mais c'est la vérité qui fait son oeuvre. Et là encore: alleluia !

AJ


[ De PP à AJ - Je n'ai pas d'affection pour les Hussards (un courant vide littérairement et intellectuellement), mais Nimier, dans certains romans, a bien épinglé la bourgeoisie catho des années 1950 "frappée d'angoisse métaphysique par les nationalisations".)
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Écrit par : Anne Josnin / | 25/04/2011

A AJ :

> vous êtes méchante avec le "romantisme du XIXème siècle", qui est une grande et belle entreprise - au moins en Angleterre et en Allemagne - de résistance à la modernité mécanisée et bourgeoise.
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Écrit par : JG / | 26/04/2011

à JG

> Il y a dans le romantisme je crois, le poison et le remède, mais la compréhension qu'on nous en donne, notamment en cours, nous laisse seul face à l'attrait du poison: cette impression d'être né vieux,trop tard, de n'avoir prise ni sur sa vie ni sur la société, ces passions exaltées dans leur dimension maladive, ce refuge dans un culte de soi narcissique: être grand par ses passions à défaut de l'être par ses actes,..., mais à défaut d'agir, quel regard sur son époque, quelle lucidité, oui!
J'ai mis des années à comprendre que la lucidité, hors du regard d'amour de Dieu, c'est aussi la compréhension du monde que nous insinue Lucifer: elle mène à la révolte stérile et au désespoir anihilant.
C'est pourquoi Dieu dans son infinie prévenance nous a en partie caché à nous-même par un vêtement de peau qu'Il a confectionné, quand Adam et Eve, après le péché, se virent nus(néants).
Pour autant toute clairvoyance nouvelle est accompagnée, si nous l'acceptons, d'un surplus de grâce: Lucifer essaie toujours de devancer la grâce pour nous plonger dans le désespoir face à notre nudité, mais cela n'a qu'un temps, et en définitive il ne fait que hâter l'Oeuvre de Révélation de Dieu. C'est pourquoi pas plus les Lumières que le Romantisme ni la Modernité ne sont à rejeter, mais à revêtir du vêtement de la Grâce.
Je suis loin d'être une spécialiste du mouvement romantique!
Je ne vous parle que de ma toute petite expérience, mais je me demande dans quelle mesure le romantisme n'est pas le fils renégat des Lumières dans sa prétention à justement n'être pas dupe, et de cette volonté de lucidité naît le tempérament de l'homme moderne, ce maniaco-dépressif que décrira Freud, alternant exaltation de soi à l'extrême et mépris jusqu'au désespoir, sans plus jamais trouver la sérénité, d'où cette fuite en avant éperdue , enfer ou paradis, qu'importe, pour trouver du nouveau. A défaut d'arriver à vivre en bonne compagnie avec soi, se fuir toujours plus loin.
Le remède à cela il me semble, et c'est ce qu'ont compris Verlaine et Rimbaud, peut-être aussi Balzac qui l'aimait, c'est le silencieux Benoît-Joseph Labre qui l'a trouvé:
apprendre à vivre en bonne compagnie avec soi-même,(lui le tourmenté dont on craint pour la santé mentale, inapte à toute vie communautaire), en mettant toujours davantage, par la "prière des pieds et du ventre", jusqu'à l'épuisement s'il le faut, Jésus dans toutes les fibres de son être. Devenir manteau du Christ.
Nous ne sommes que poussière, nous y retournons: voilà la définition de l'homme pour qui est lucide.
Nous sommes glaise à laquelle Dieu insuffle de son Esprit pour que nous communions à l'Amour trinitaire, pour l'Eternité: voilà ce qui nous est révélé.
Je serais heureuse cher JG d'en apprendre davantage par vous sur le romantisme européen!
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Écrit par : Anne Josnin / | 26/04/2011

à AJ

> Tout à fait d'accord avec JG, de surcroît en général l'aile dure tradie déteste le romantisme comme Maurras détestait Chateaubriand!
Donc là aussi attention aux inexactitudes! Pour le faux et vaniteux, c'est malheureusement une constante de tous les conformismes, catho ou pas. Or justement aujourd'hui un des faits nouveaux dans le catholicisme c'est le phénomène Born again, de gens qui ont été vaguement élévés dans le catholicisme et qui suite à de multiples chemins retrouvent la foi et qui en témoignent ! Ce qui n'est pas toujours du goût des cathos de la "pastorale du passé" (action catholique) et encore moins de ceux qui se croient dépositaires du catholicisme (ceux-là plutôt bourgeois conservateurs)!
Plus d'une fois j'en ai fait l'amère expérience mais bon c'est humain, tristement humain !
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Écrit par : jean-claude / | 26/04/2011

Pour Jean-Claude:

> A vous lire j'ai l'impression que vous ne m'avez pas lu... Alors je vais tenter d'être encore plus clair si c'est possible.
Je suis un converti, je ne suis pas né dans une famille catholique. Je pense que cela oriente aussi ma manière de vivre mon sacerdoce. Je n'ai absolument rien contre la messe de l'ancien rite même si je préfère de loin le rite rénové issu de Vatican II. Là n'est pas l'objet de mon mot. Comme les personnes que vous défendez, je suis aussi à l'aise aux vêpres grégoriennes du monastère traditionaliste du Barroux dans mon diocèse que dans une messe de l'Emmanuel ou dans une retraite de saint Ignace de Loyola. Je sais donc reconnaître ce qui est beau et bon dans la mouvance traditionaliste. Les prêtres que nous sommes (et la plupart en France sont de bonne volonté et ne sont pas d'horribles communistes progressistes) sont souvent confrontés à des personnes issus du milieu tradi ou intégriste. L'argument de la charité, je le connais par cœur. Mais il est certaines expériences (amères) que les curés de paroisse n'oublient pas même s'ils sont prêt à pardonner bien sûr. Alors je vais descendre dans le concret: devant l'aumônerie dont j'avais la charge dans une paroisse j'ai vu d'un seul coup mobylettes et vélos venir stationner. Quelques jours plus tard je vois les lycéens venir rechercher leurs moyens de locomotion passant devant moi sans bonjour ni au-revoir. Sachant que le lycée en face avait un garage pour ces véhicules et qu'aucune autorisation ne m'avait été demandée, j'ai mis un mot demandant aux jeunes de prendre contact avec moi. Un matin une dame m'appelle, maman de l'un de ces grands garçons: Monsieur l'abbé, vous manquez de charité envers mon fils... Je l'interrompt pour lui demander de se présenter, ne la connaissant pas pas plus que son fils. Je lui fais remarquer que ni elle ni son fils ne fréquentent la paroisse et l'aumônerie... Elle me répond: si je veux trouver la foi, je suis bien obligée d'aller la chercher ailleurs (Fraternité Saint Pie X) que chez vous! J'essaie de lui faire comprendre qu'il faut une sacrée dose de culot et un manque de politesse certain pour demander des privilèges pour son fils à un prêtre qu'elle ne veut pas fréquenter tant elle méprise l'Église qu'il représente... Je lui réponds alors que son fils ira garer son vélo, soit comme les autres élèves au lycée, soit à la Fraternité Saint Pie X... Alors je ne sais pas qui manque de charité, qui est rempli de mépris, qui se sent tellement supérieur et sûr de ses droits et privilèges de bon catholique? Je ne vais pas raconter ici toutes les anguilles que mon curé à la liturgie pourtant très classique a dû avaler face aux réclamations de ces paroissiens invisibles qui, lorsqu'ils ont besoin de vous, sortent de leur monastère ou de leur chapelle, pour exiger le mariage en latin de leur fille par un prêtre importé par leurs soins, ou le baptême de leur petit-fils etc.
Après je ne sais pas si vous êtes au courant de toute la belle littérature remplie de charité et de fidélité à l'Église d'aujourd'hui que l'on trouve sur le web dans les domaines intégristes ou tradi...
Je suis tout simplement triste que de jeunes catholiques se laissent embrigader dans un tel fanatisme et obscurantisme.
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Écrit par : Culat Robert / | 26/04/2011

A Mme Josnin,

> je ne vois, entre le courant littéraire des Hussards (on aime ou on n'aime pas, chacun ses goûts, si Nimier est passé comme une météore, Déon a écrit des romans d'un charme fou, les autres, je ne connais pas), pas de lien entre eux et le romantisme... Les hussards sont nés dans la mouvance de l'Action Française et Maurras rejetait avec force le romantisme... Quant au style, il se rattache à mon sens à un néo-classicisme...
Quant à rejeter l'esprit bourgeois, c'est le fond même du romantisme: une révolte contre le développement de l'esprit bourgeois, porté à son extrême par la figure du dandy. Rejetant idéologiquement les Lumières et esthétiquement le classicisme, le romantisme a un ennemi: le bourgeois... C'est au fond le point commun entre des gens aussi différents que Stendhal, Hugo et Chateaubriand... L'évolution politique d'Hugo, de la droite vers la gauche est caractéristique du double mouvement politique du romantisme.
D'un côté une tendance réactionnaire, nostalgique de l'Ancien-Monde, d'abord restaurationniste puis, voyant le rêve de la Restauration se dissiper, nihiliste, c'est-à-dire fasciste: le chaos plutôt que le monde bourgeois. Pour construire ce chaos: le peuple, "sain" barbare, attaché à son identité (nationale ou raciale) non encore perverti par l'esprit bourgeois... Le retour à l'affrontement des tribus...
De l'autre côté, constatant le mouvement irréversible de l'histoire, les socialismes utopiques ou marxistes veulent s'appuyer sur le peuple pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie...
Les deux pestes, brune et rouge, du vingtième siècle ont un point commun: la haine de la bourgeoisie et l'exaltation du peuple. Un peuple généralement sublimé par des... bourgeois en révolte contre leur milieu...
Pour moi, mais c'est une intuition qui demanderait à être étayée, le dévoiement du capitalisme vient de la prise du pouvoir financier par des hommes issus du peuple et qui n'ont pas été disciplinés justement par l'esprit de prudence (avarice?) mêlé d'audace qui a présidé à l'avénement de la bourgeoisie.
Cette classe sociale, indemne de l'esprit alors devenu orgueilleux de l'aristocratie, a osé investir son argent pour construire un système qui a conduit à l'enrichissement généralisé de l'Occident, tirant le peuple de sa misère séculaire... Avec des dégâts collatéraux mais tout système a ses victimes... Et si, comme je le crois, il nous faut peut-être passer à autre chose, il faut aussi avoir la lucidité de voir qu'un nouveau système ferait d'autres victimes... Le Christ nous en a avertis: il y aura toujours des pauvres parmi vous...
Le bourgeois est devenu celui sur qui tout le monde peut cracher, ce n'est pas une race, chacun peut croire en faire partie ou au contraire être exempt de son esprit, en crachant dessus, on peut penser n'outrager personne...
Brel l'a très bien exprimé: qui chante "les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient c... sinon de jeunes bourgeois?
Alors, moi qui suis fils, petit-fils, arrière petit-fils, arrière-arrière petit-fils de bourgeois avec nombre d'apports prolétariens et paysans, sans une goutte de sang-bleu, je ne rougis pas d'être bourgeois, de ce que mes ancêtres ont fait en donnant du travail à des paysans que le travail de la terre ne pouvait plus nourrir...
Madame Josnin, plutôt que de fustiger un certain milieu (qui tend parfois les verges pour se faire battre), ne devrions-nous pas plutôt exalter la foi vivante en Christ et corriger avec douceur plutôt que de rejeter avec violence et trop de jugements généralisateurs et par là injustes et blessants...
Et surtout, ne pas dire alleluia devant les drames affreux de l'actualité et le drame quotidien de familles divisées pour des raisons souvent très complexes qui n'ont pas forcément grand chose à voir avec l'hypocrisie bourgeoise et beaucoup à voir avec le hiatus entre l'idéal du mariage chrétien et l'anomie actuelle qui exalte l'accomplissement personnel...
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Écrit par : H. A. L. / | 26/04/2011

au père Robert Culat

> Triste mais tellement logique : proposez à des adolescents une religiosité qui flatte leur besoin de bande et d'attitudes d'auto-affirmation agressive, et vous les recruterez. Même chose si vous leur proposez un évangile réduit au rang de prétexte, à invoquer mais à ne surtout pas prendre au premier degré, un évangile qui autoriserait en fait ce qu'il condamne en paroles (donc un évangile plus "facile" même si vous vous prétendez "rigoureux") ! Ce que font les gens dont vous parlez : lisez dans leurs journaux les articles ricanants contre l'idée de "tendre la joue gauche".
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Écrit par : frédéric laporte / | 26/04/2011

Au Père Culat

> je vous ai bien lu très cher Père et je sais très bien que ces gens existent les ayant moi même rencontrés! Des tristes sires un brin méprisants et qui ne savent pas ce que sourire veut dire!
De surcroit vous parlez d'un institut précis, lui même d'ailleurs qui a pas mal évolué. je dis simplement qu'aujourd'hui on rencontre des gens dans ce milieu qui sont fort éloignés de ce type de personne et qui eux ont appris à sourire. Certes ils ne sont pas majoritaires mais petit à petit les choses changent. par exemple les références politiques dans le milieu tradi (de type ecclesia dei) sont nettement moins présentes et il y a un vrai recentrage spirituel et leur littérature est souvent de bonne qualité. Si l'on compare avec ce qu'était ce milieu il y a 30 ans il y a eu une véritable révolution copernicienne!
Les débats dans le tradiland sont toujours fort animés et des options qui faisaient consensus avant ne le sont plus aujourd'hui.
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Écrit par : jean-claude / | 26/04/2011

à H.A.L

> Pourquoi avancer masqué?
Je ne parlais pas des auteurs romantiques mais de la lecture, très certainement partiale et en tous les cas partielle, de leurs oeuvres.

à Jean-Claude:

> vous avez raison, la vanité et le faux sont de tous les conformismes, mais le christianisme est fondamentalement anti-conformiste, jamais là où on l'attend, toujours à rebrousse-poils,religion du renoncement au modèle et à toute autre identification que celle au Christ, dont on sait juste assez pour pouvoir s'en inspirer spirituellement sans en savoir assez pour en décliner un style, "a way of life". Le christianisme est la religion de l'individuation par l'exercice authentique de la liberté face à toutes les pressions, tribales, communautaristes, sociales(même conjugales!)...C'est pourquoi je me montre dure vis-à vis de tout esprit qui trahit le christianisme en le ramenant à une identité, un modèle,un moule,un rôle, plus encore s'ils sont séduisants.
Encore une fois, excusez-moi si je manque de précision, ce sont des traits de comportement mis en exergue pour la réflexion que je critique, non des personnes, dont la richesse infinie , quelle qu'elles soient,intime à ma raison un silence de vénération.
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Écrit par : Anne Josnin / | 26/04/2011

STENDHAL

> Romantisme, bourgeois, vanité, tristes sires...
Extrait de l'ouvrage de René Girard " Mensonge romantique et vérité romanesque", que je me permets de vous recommander:
"Pourquoi les hommes ne sont-ils pas heureux dans le monde moderne? La réponse de Stendhal ne peut pas s'exprimer dans la langue des partis politiques ou des diverses "sciences sociales" . Elle est non-sens pour le bon sens des bourgeois ou pour "l'idéalisme" romantique. Nous ne sommes pas heureux parce que nous sommes vaniteux. (...) La vanité de l'Ancien Régime était gaie, insouciante et frivole; la vanité du XIXe siècle est triste et soupçonneuse; elle craint atrocement le ridicule. (...) Tout est changé, dans un pays, affirme Stendhal, lorsque les sots, élément stable par excellence, ont eux-mêmes changé. Le sot de 1780 se voulait spirituel; faire rire était son unique ambition. Le sot de 1825 se veut grave et compassé. Il tient à paraître profond et il y parvient sans peine, ajoute le romancier, car il est vraiment malheureux. Stendhal ne se lasse pas de décrire les conséquences de la "vanité triste" sur les mœurs et même la psychologie française. Ce sont les aristocrates qui sont le plus durement frappés..." (chapitre V)
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Écrit par : klara / | 27/04/2011

NOUS LAISSER FILIALISER

> Merci, Anne, pour cette superbe réflexion et méditation – à partir du romantisme – sur la nature ‘blessée’ et la grâce, et notre ‘condition d’homme moderne’ « ce maniaco-dépressif que décrira Freud, alternant exaltation de soi à l'extrême et mépris jusqu'au désespoir, sans plus jamais trouver la sérénité, d'où cette fuite en avant éperdue , enfer ou paradis, qu'importe, pour trouver du nouveau. A défaut d'arriver à vivre en bonne compagnie avec soi, se fuir toujours plus loin ».
En particulier la phrase tellement pertinente : « la lucidité, hors du regard d'amour de Dieu, c'est aussi la compréhension du monde que nous insinue Lucifer: elle mène à la révolte stérile et au désespoir annihilant ».
C’est effectivement une tentation permanente, y-compris pour des chrétiens qui s’efforcent de décrypter et démythifier notre monde « tel qu’il est vraiment », devant les abîmes qui s’entrouvrent sous nos pieds, l’ampleur de la tâche – insurmontable à vue humaine -, et les murs d’indifférence ou d’hostilité auxquels nous nous heurtons quotidiennement. Tentation du désespoir, de la dépression ou du cynisme…
Mais quand nous avons pu formuler: « sauve-moi, Seigneur, je n’y arrive pas », cela ouvre ‘un boulevard’ à la grâce et…Tout devient possible, à commencer par un ‘juste amour de soi-même’ en entrant dans le regard que le Christ porte sur nous. « Apprendre à vivre en bonne compagnie avec soi-même » sans quoi il est illusoire de vouloir aimer Dieu et les autres, et encore plus aimer « les c..s ».
A travers cette expérience, nous comprenons que « le Salut » n’est pas seulement une catégorie métaphysique, mais aussi une expérience ‘salvifique’ au quotidien, dans le concret de nos vies.
« Devenir manteau du Christ »…Cela me rappelle une séquence des « Hommes et des Dieux » (de mémoire) quand Michael Lonsdale – à l’issue de leur ‘dernier repas’ se penche comme en surimpression devant le Christ portant la croix, l’effleure et prononce une phrase sur la nécessité de nous laisser « filialiser ».
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Écrit par : J. Warren / | 27/04/2011

RESSUSCITER

> Le catholicisme ne peut que ressusciter en France, les Français sont au creux de la vague, ils en ont soupé des idéologies, des promesses fallacieuses, des lendemains qui chantent... De plus, ils sentent bien que tout ce que la mode et les médias leur ont fait ingurgiter depuis plusieurs décennies les mène à la vacuité totale, ils se rendent compte qu'ils sont devenues des bêtes de pub, obéissant à de vagues gourous médiatiques... Le catholicisme était le fondement millénaire de l'identité française, dans tous les domaines, SEUL il permettait aux Français de se comprendre, quelque soit leur niveau social...
Et puis aussi, peut être, grâce aux musulmans,qui donnent aux Français un exemple de dignité, en silence , simplement en suivant journellement les enseignements de l' islam...
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Écrit par : maudub / | 28/04/2011

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