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28/02/2011

Le dialogue entre catholicisme et judaïsme

...à Paris, hier soir, au Collège des Bernardins :


 

Pour son 40ème anniversaire, le Comité de liaison catholique-juif international se réunit cette semaine à Paris pour une série de travaux :

http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/communiques-de-presse/le-comite-de-liaison-catholique-juif-international-ilc-fete-ses-quarante-ans-a-paris-11213.html

La séance inaugurale s'est tenue hier soir au Collège des Bernardins, en présence de nombreuses délégations, parmi lesquelles le patriarcat latin de Jérusalem (en la personne du patriarche, Mgr Fouad Twal) et le rabbinat d'Israël. Se sont exprimés notamment : le grand rabbin de France Gilles Bernheim, les cardinaux Kurt Koch et André Vingt-Trois, le rabbin new-yorkais Richard Marker [1], le président du CRIF Richard Prasquier, et le ministre Henri de Raincourt.

Lors de ses rencontres avec les autorités religieuses juives, le pape Benoît XVI a plusieurs fois souligné que l'heure venait de faire avancer le dialogue en abordant les questions de foi. Ce fut le cas hier soir, abstraction faite des interventions de Richard Prasquier (qui n'est pas religieux) et d'Henri de Raincourt (qui relayait le discours de Nicolas Sarkozy sur la politique internationale). Il faut, a dit le cardinal Vingt-Trois, aller « jusqu'aux questions difficiles » afin que les problèmes soient nommés et que le dialogue avance. Ces questions sont aussi celles de la foi... « Les Dix Paroles constituent la base de notre fraternité avec la tradition juive », a indiqué le cardinal. Le grand rabbin Bernheim a souligné, de son point de vue, « l'asymétrie » du dialogue : l'évangile n'existerait pas sans la tradition juive, mais la tradition juive existe sans avoir à prendre en compte l'évangile... Par ailleurs, il a souligné que chacun devait accepter « que l'autre soit sûr de sa foi », et que le dialogue ne pouvait être limité à des interlocuteurs hésitants. Et il a appelé les juifs à reconnaître « que des chrétiens peuvent être exemplaires non en dépit mais à cause de leur foi chrétienne ».

Dialogue doublement difficile : parce qu'il est marqué par l'histoire [2], mais aussi parce qu'il touche à l'essentiel : l'événement Jésus et la lecture qui peut en être faite. La confrontation des points de vue ne saurait déboucher sur « un syncrétisme », a indiqué Richard Prasquier lui-même, mais le débat sur la filiation judéo-chrétienne, enfin institutionnalisé (au bout de vingt siècles), présente un intérêt crucial aujourd'hui.

 

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[1]  Le cardinal Koch et le rabbin Marker co-président le comité de liaison.

[2]   La déclaration conciliaire Nostra Aetate (1965), puis la déclaration des évêques français (1997) et la repentance pour les péchés du millénaire exprimée par Jean-Paul II (2000), ont marqué un tournant dans ce domaine. C'est à partir de là que le dialogue peut s'affronter à la question de foi.

 

Commentaires

LE RABBIN NEUSNER

> Sur ce qui est "crucial" et "d'origine" dans le problème judéo-chrétien, lire le livre du rabbin new-yorkais Neusner : "Un rabbin parle avec Jésus" (Cerf). La ligne de fracture est indiquée nettement et de façon émouvante. Benoît XVI a recommandé la lecture de ce livre.
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Écrit par : Simon Postel / | 28/02/2011

QUI POURRA

> Malgré plusieurs points de vue des Maîtres d'Israël (le Rachi, etc.) apparemment contradictoires mais en fait complémentaires, refus d'un côté de prendre notamment Esaïe 53 au sérieux concernant la personne du Christ (l’idée même de l’incarnation de Dieu, sans parler de la Trinité, leur est tout simplement insupportable). De l’autre, refus de prendre au sérieux certains passages des Ecritures taxées abusivement d’allégories, alors que pour d’autres et pourtant pas des moindres, il y est vu la personne du Christ (d’un côté donc c’est allégorique, mais pas de l’autre ; comme dirait l’autre « va savoir Charles ! »). Cela est peut-être voulu par la Providence pour que personne ne puisse jouer « les gros bras » en s’imaginant avoir tout compris. Pourtant il est bien prévu d’autres événements historiques faisant suite à celui de l’incarnation du Verbe. Ceux qui pensent que l’histoire d’Abraham, d’Ismaël, d’Esaü, de l’Egypte, de Babylone, Balaam, etc. relève uniquement du passé risquent la surprise du chef. Ce n’est pas parce que le sacerdoce d’Aaron a été remplacé par celui de Melchisedech, que le peuple juif n’est plus dans la course, il l’est peut-être encore plus qu’on ne se l’imagine (notez que les 144 000 dans l’Apocalypse sont tous des juifs ; mais c’est vrai, j’oubliais que c’est allégorique…). Si d’un côté il est vrai que la connaissance n’est pas suffisante («tu crois en un seul Dieu et tu fais bien, les démons le croient aussi et ils tremblent) et que c’est la charité qui fait la différence, le réel qu’expose la connaissance demeure et il est impossible de s’y soustraire.
Nous vivons une époque certes pour le moins troublée et pleine de dangers gravissimes, mais celle-ci est passionnante et nul doute que DIEU maîtrise parfaitement la situation car rien n’est laissé au hasard en matière de gouvernance des hommes, et cela aussi il va nous falloir l’apprendre, tant l’homme ordinaire que l’homme de pouvoir. Apprendre qu’en fait tout repose sur des témoignages, ces derniers étant complémentaires de la démarche scientifique expérimentale qui elle ne peut suffire en aucun cas (et cela on va aussi l’apprendre en se fracassant la tête dans le mur de notre obstination). Et pour apprendre, il faut bien que l’erreur fasse mal. Le peuple juif, cette soixante et onzième nation très particulière – mais c’est vrai, j’oubliais encore que cette histoire des 70 nations est allégorique - reste le peuple élu de DIEU et si l’Eglise a aussi sa position elle ne supprime en aucune manière cette réalité concrète. La sonde Planck envoyée dans l’espace (quand on parle du temps et par contrecoup de l’ancienneté des événements historiques, attention à « l’horloge » consultée, il n’y a pas que celle du début de l’univers comme cela est sous-entendu dans certains passage des Ecritures) et les événements géopolitiques seront des occasions supplémentaires de méditer bien des choses et de s’interroger sur bien des affirmations.
Il est très bon qu’un dialogue soit ouvert et soigneusement entretenu entre les chrétiens et les juifs, les voiles tomberont de part et d’autre le moment venu quand DIEU lui-même l’aura décidé. Donc attention à la méprise sur Israël pour les uns et notamment au sujet de sa réinstallation prophétique de ce peuple en Terre Sainte, et pour les autres à refuser à DIEU la capacité de s’impliquer physiquement dans son œuvre comme cela a été son cas. Comprenne qui pourra.
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Écrit par : jean/ | 01/03/2011

A Jean

> Merci pour votre commentaire très dense, qui appellerait beaucoup de développements.
Ce serait une grave erreur d'envisager le dialogue judéo-chrétien d'abord à travers le prisme des événements de Terre Sainte depuis plus de soixante ans de souffrances partagées.
Ceci posé, je souhaitais néanmoins réagir à votre phrase: "Donc attention à la méprise sur Israël pour les uns et notamment au sujet de sa réinstallation prophétique de ce peuple en Terre Sainte".
Si Dieu est effectivement le Maître de l'histoire et que "tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu", votre expression peut être blessante pour beaucoup de personnes de bonne volonté, à commencer par beaucoup de chrétiens de Terre Sainte qui ont éprouvé dans leur chair, et continuent d'éprouver au quotidien, "la réinstallation prophétique de ce peuple en Terre sainte". Si - comme le prétendent de bonne foi (?) certains chrétiens et hommes d'Eglise engagés - à juste titre - dans un dialogue judéo-chrétien qui s'est trop longtemps fait attendre - "Dieu le veut", il devient très difficile entre autres pour nos prochains chrétiens de Terre sainte de croire en un Dieu de tendresse et d'Amour, proche des petits, des pauvres et des laissés-pour-compte. Gardons nous d'une lecture trop 'spiritualisante' des 'signes des temps', et ne passons pas à côté de la réalité concrète du quotidien de Terre Sainte. C'est cela aussi prendre au sérieux nos frères juifs, et - pourquoi pas aussi ? - écouter ceux d'entre eux qui - sionistes ou antisionistes - se battent quotidiennement - au risque de leur réputation, de leur carrière et de leur intégrité physique - pour le respect de la dignité de l'homme, et de chaque 'fils d'Abraham'.
Je livre à votre réflexion la "déclaration de Jérusalem sur le sionisme chrétien", rédigée en 2006 par Mgr. Michel Sabbah, - à l'époque - patriarche latin de Jérusalem, et plusieurs de ses confrères évêques orthodoxes ou issus de la Réforme en Terre sainte.

CIT

" « Bénis soient les bâtisseurs de paix ils seront appelés les enfants de Dieu » Mathieu (5:9)

Le sionisme chrétien est un mouvement politique théologique moderne qui adopte les positions idéologiques les plus extrêmes du sionisme, nuisant ainsi à l’établissement d’une paix juste entre la Palestine et Israël. Le programme chrétien sioniste fournit une vue mondiale où l’Évangile est identifié avec l’idéologie de l’empire, du colonialisme et du militarisme. Dans sa forme extrême, il met l’accent sur des évènements apocalyptiques conduisant à la fin de l’histoire plutôt qu’au vécu actuel de l’amour du Christ et de la justice.
Nous rejetons catégoriquement les doctrines chrétiennes sionistes comme des enseignements faux qui corrompent le message biblique de paix, de justice et de réconciliation.
De plus, nous rejetons l’alliance contemporaine des dirigeants chrétiens sionistes et d’organisations qui ont des éléments dans le gouvernements d’Israël et des États-Unis qui imposent actuellement leurs projets de frontières établies de manière préventives et unilatérales et de domination de la Palestine. Ceci conduit inévitablement à des cycles de violence sans fin qui sapent la sécurité des peuples du Moyen-Orient et du reste du monde.
Nous rejetons les enseignements du sionisme chrétien qui facilite et soutient ces politiques comme elles prônent l’exclusivité raciale et la guerre perpétuelle plutôt que l’évangile de l’amour universel, de la rédemption et de la réconciliation enseignée par Jésus-Christ. Plutôt que de condamner le monde au destin d’Armageddon, nous appelons chacun à se libérer de ces idéologies du militarisme, de l’occupation. Au lieu de cela, qu’ils poursuivent le salut des nations !
Nous appelons tous les chrétiens de toutes les Églises sur chaque continent à prier pour les peuples palestinien et israélien, tous deux souffrant comme victimes de l’occupation et du militarisme. Ces actions discriminantes transforment la Palestine en ghettos paupérisés entourés de colonies exclusivement israéliennes. L’établissement des colonies illégales et la construction du mur de séparation sur des terres palestiniennes confisquées réduit la viabilité d’un État palestinien de même que la paix et la sécurité de toute la région.
Nous appelons toutes les Églises qui restent silencieuses, à rompre leur silence et parler de réconciliation avec justice en Terre sainte.
Par conséquent, nous nous engageons à suivre les principes suivants comme voie alternative :
Nous affirmons que toutes les personnes ont été crées à l’image de Dieu. Elles doivent à leur tour honorer la dignité de chaque être humain et respecter ses droits inaliénables.
Nous affirmons que les Israéliens et les Palestiniens peuvent vivre ensemble en paix, justice, et sécurité.
Nous affirmons que les Palestiniens sont un seul peuple, à la fois musulman et chrétien. Nous rejetons toutes les tentatives pour subvertir et fragmenter leur unité.
Nous appelons tous les personnes à rejeter les vues étroites du sionisme chrétien et d’autres idéologies qui privilégient un peuple aux dépends des autres.
Nous nous engageons dans la résistance non-violente comme le moyen le plus efficace de mettre fin à l’occupation illégale pour obtenir une paix juste et durable.
Nous mettons en garde dans l’urgence sur le fait que le sionisme chrétien et ses alliances justifient la colonisation, l’apartheid et la construction d’un empire.
Dieu demande que justice soit faite. Aucune paix durable, sécurité ou réconciliation n’est possible sans une base de justice. Les demandes pour la justice ne vont pas disparaître. Le combat pour la justice doit être poursuivi de manière diligente, et avec persistance, mais de façon non-violente.
« Homme, on t’a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi : rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu « Michée 6:8
C’est là que nous puisons notre position. Nous réclamons la justice. Nous ne pouvons rien faire d’autre. La justice seule garantit la paix qui conduira à la réconciliation avec une vie de sécurité et de prospérité pour tous les peuples de notre terre. En se tenant au côté de la justice, nous nous ouvrons au travail de paix – et travailler pour la paix fait de nous des enfants de Dieu."
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Écrit par : J. Warren/ | 02/03/2011

L'APPEL OECUMENIQUE DES THEOLOGIENS DE TERRE SAINTE, 2010

Un texte théologique catholiques-protestants-orthodoxes, qui rejette notamment l'extrémisme de chrétiens ultra-"sionistes" :

http://plunkett.hautetfort.com/archive/2009/12/18/palestine-un-appel-dramatique-lance-par-des-chretiens-locaux.html
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Écrit par : PP/ | 03/03/2011

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