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25/02/2011

"Le grand problème de l'Occident"

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Dans L'Osservatore Romano, le cardinal québécois Marc Ouellet (Congrégation pour les évêques) commente à son tour  - voir ici la note du 14/02 -  l'institution d'un Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation :


« Le grand problème de l'Occident est l'oubli de Dieu : c'est un oubli qui s'étend... Le défi fondamental de la nouvelle évangélisation est celui d'annoncer Dieu de manière crédible et appropriée... »

« La nouvelle évangélisation doit annoncer la nouveauté anthropologique du christianisme qui émane du mystère trinitaire...  La quête du bonheur qui obsède le cœur de l'homme, ses exigences affectives et surtout, son aspiration à la liberté, restent en effet incompréhensibles en absence de l'horizon de Dieu qui est Amour et qui, par amour et à travers l'amour, a créé l'homme à son image et à sa ressemblance. »

« L'anthropologie trinitaire, qui tenait une place centrale chez les Pères de l'Eglise ,jouait encore un rôle important chez saint Thomas d'Aquin, fut éclipsée à l'époque moderne par le déisme... Celui-ci a fini dans l'athéisme, laissant l'homme désorienté, à la dérive dans le cosmos et livré à l'hypertrophie de sa propre autonomie. »

« Les sociétés occidentales sont en déclin, privée de l'enracinement dans l'humus de leur tradition chrétienne... Elles reprendront vigueur et redeviendront fécondes dans la mesure où des individus, au contact de l'Evangile, voudront devenir des personnes en communion profonde avec Dieu dans le Christ. L'annonce d'une anthropologie trinitaire pourrait alors raviver l'espérance, exaltant le don de soi à Dieu et aux autres comme chemin de bonheur.»

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Commentaires

FONDAMENTAL

> "Le défi fondamental de la nouvelle évangélisation est celui d'annoncer Dieu de manière crédible et appropriée..." Ces deux qualificatifs sont cruciaux. Ils doivent servir de norme. Ce qui n'est pas crédible est ridicule. Ce qui est inapproprié est inefficient. Crédible et approprié par rapport à quoi ? A la psychologie réelle des gens d'aujourd'hui. Sinon on n'évangélise pas !
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Écrit par : Méloir/ | 25/02/2011

TOUT CA

> Je pense que ce n'est pas seulement la baisse de l'idée trinitaire. Je pense que c'est le basculement d'une société à forte connotation rurale à une autre de type industriel dans les années cinquante, avec la perte de l'esprit communautaire et donc du sens des valeurs. Certains politiques, même ceux qui se disaient chrétiens ont pesé de tous leur poids dans l'instauration du laxisme généralisé. La génération post-soixante-huitarde ayant semé ses graines de destructions, les nouvelles générations manquent d'éducation et d'instruction et ça donne tout ça.
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Écrit par : bernard/ | 26/02/2011

INELUCTABLE

> Et si le déclic historique favorable à cette nouvelle évangélisation, à cette mutation anthropologique vers le renoncement et le don de soi, se profilait à court terme, par l’horizon inéluctable en occident de l’affaiblissement politique et de l’appauvrissement matériel ?
Anticipons le. Réjouissons-nous en, voyons y une immense source d’espérance plutôt que de nous en morfondre à y voir une perspective sombre et catastrophique. C’est peut-être au travers de cette brèche, blessés que nous serons par cette soudaine dépossession de nos lustres et de notre opulence, que nous redécouvrirons avec des yeux d’enfants emerveillés l’horizon de Dieu, la joie d’une vie incertaine, réapprenant à s’en remettre dans la confiance à l’Inconnu providentiel.
Prenons nous à rêver d’une France tombant si bas, se dépouillant les uns après les autres de ses mythes et légendes de grandeur et de prestige national, et affirmant au monde un jour béni de son histoire : La France renonce définitivement à l’arme nucléaire au nom de la paix entre les nations. Ce jour-là, la grandeur nationale ne sera plus un vain mot.
On est grand et fort que pauvre et désarmé.
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Écrit par : serge lellouche/ | 26/02/2011

QUELQUE CHOSE

> "Prenons nous à rêver d’une France tombant si bas, se dépouillant les uns après les autres de ses mythes et légendes de grandeur et de prestige national, et affirmant au monde un jour béni de son histoire : La France renonce définitivement à l’arme nucléaire au nom de la paix entre les nations. Ce jour-là, la grandeur nationale ne sera plus un vain mot.
On est grand et fort que pauvre et désarmé."
OK. Mais cette France-là risquera fort de ressembler plus au monde de Mad Max qu'à la Comté de Bilbo le Hobbit. La paix civile ne peut être garantie que par un Etat fort ; je ne suis pas certain que l'anarchie et la barbarie soient le meilleur terreau, pour un relèvement spirituel de notre pays. Par parenthèse, la dissuasion nucléaire est un des derniers éléments qui font que nous sommes encore (un peu) quelque chose plutôt que rien. J'aurais tendance à penser qu'il faut la maintenir, A N'IMPORTE QUEL PRIX.
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Écrit par : Feld | 26/02/2011

Feld,

> Je ne vous apprends rien : l’affaiblissement politique et l’appauvrissement matériel de l’occident vient, c’est une certitude. Le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources énergétiques et le poids écrasant de la dette, aboutissements destructeurs inhérents aux systèmes qu’il a développés, en sont les signes annonciateurs les plus visibles. J’en ignore tout des conditions et de l’échéance.
Cette perspective n’est ni un bien ni un mal en soit, de même qu’elle n’est pas en soi synonyme d’anarchie ou de barbarie ; tout dépendra de ce que nous en ferons, des choix collectifs, des orientations morales qui naîtront de ce nouveau cadre historique. Comme disent les objecteurs de croissance, c’est toute la différence entre une décroissance choisie et une décroissance subie.
En l’état actuel de la colonisation de l’imaginaire collectif, l’oligarchie régnante, travaillant jusqu’au bout à la défense de ses intérêts propres (imperturbablement camouflés dans une rhétorique de l’intérêt général), voudrait imprimer dans les esprits que cette perspective est en soit une catastrophe, un recul et que seuls les « pessimistes » s’y résignent. Pour préserver le statu-quo, les idéologues au service de l’oligarchie, le maquillent en ces optimismes de façade que sont le développement durable convivial (auquel même Dominique Bourg, qui en fut un des principaux théoriciens, ne croit plus) et l’innovation technologique providentielle (qui c’est bien connu, va régler le problème climatique avec autant d’efficacité qu’il l’a crée). Fuite en avant, déni du réel, symptôme de notre désespoir collectif… Où est l’espérance ? Où est la résignation ?
Je ne suis pas naïf au point de croire que sous les décombres de notre civilisation émergera une joyeuse société de sobriété où le sens du partage et de la fraternité régneront aux quatre coins de la terre, et que les Etats deviendront soudainement de bienveillantes instances au service du bien commun.
Pourtant, je le crois : aussi bien individuellement que collectivement, c’est au milieu de l’écroulement, de l’appauvrissement et de l’affaiblissement que se révèle le Christ consolateur et rédempteur. C’est quand nous sommes à genoux qu’il vient nous proposer sa main, et c’est en cela que nous pouvons témoigner au monde que dans les douloureuses perspectives historiques qui s’annoncent, si notre cœur s’ouvre, peut se jouer une mutation anthropologique radicale, en ce qu’elle peut être réorientation vers ce mystère de vie. Sans doute faut-il voir dans l'écroulement en cours et à venir un grand signe des temps de l'oeuvre rédemptrice du Seigneur.
Il y a fort à parier qu’un double mouvement s’opèrera. Les deux piliers anthropologiques du moi-triomphant, l’esprit d’avidité et de compétitivité entre les hommes, d’un côté se pervertira plus profondément encore, et de l’autre s’écroulera pour donner naissance à cette anthropologie trinitaire qu’appelle de ses vœux le cardinal Ouellet. Souterrainement, ce double mouvement est d’ores et déjà à l’œuvre.
Sur l’autre point que vous soulevez, relatif aux nations, j’en profite pour remercier Patrice de Plunkett de nous orienter vers la lecture du livre du cardinal Ratzinger, "L'Unité des nations", qui nous conduit, via Origène et saint Augustin, vers la découverte de la véritable patrie du chrétien. Une brève présentation ici :
http://www.hommenouveau.fr/pages/boutique/boutique_produit.php?id_famille=3
Enfin, concernant un autre fil de discussion, je partage vos interrogations et difficultés sur ce que signifie pour un chrétien cette plus ou moins lente « décolonisation » de nos imaginaires, selon l’expression de Serge Latouche. Sur ce plan comme en bien d’autres, les chrétiens ont tellement à apprendre des questions et actes posés par des non-chrétiens, en l’occurrence objecteurs de croissance. En retour, ils ont tellement (pour qui veut entendre) à leur apporter un éclairage quand au prolongement chrétien de ces questions, dans le sens de l’appel évangélique à renoncer à soi-même, à se faire pauvre en esprit (ce qui ne veut pas dire renoncer à sa culture, à sa famille, à ses idées ou à ses goûts, mais aux illusions qui les entourent, que dans le Christ nous laissons brûler sous le feu purificateur de l’Esprit. Petit complément aux propos de Guillaume…)
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Écrit par : serge lellouche/ | 27/02/2011

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