04/02/2011
L'article le plus incisif sur le business des mères porteuses
...est dans le numéro de février de La Décroissance :
...dans la rubrique de psychanalyse-dérision Les Entretiens du professeur Foldingue. Extraits :
<< Bonjour madame.
Mademoiselle, s'il vous plaît !
Pardon. Comme je vois que vous êtes enceinte...
Et alors ? Vous savez : « Ce n'est pas le fait de porter un enfant qui fait d'une femme la mère de cet enfant. » Je vous cite un extrait d'une tribune publiée dans le journal Le Monde, le 13 décembre 2010, en faveur des « mères porteuses ».
Quand même, en tant que psy, j'observe...
Taratata... C'est fini la psy à papa, professeur. Nous sommes à l'époque de Michel Onfray.
Aucun lien affectif n'existe donc entre la mère et le foetus ?
Aucun ! C'est scientifiquement prouvé. Regardez, c'est écrit dans Le Monde, et consigné par nombre de personnalités éclairées : ceux qui s'opposent à une aussi géniale observation sont les mêmes « messagers de l'apocalypse » que ceux qui se sont battus contre l'avortement.
Pourtant d'autres personnalités ont répondu de manière virulente à l'article. J'ai même vu, parmi elles, la signature de Gisèle Halimi. C'est une personnalité emblématique de la lutte pour le droit à l'avortement non ?
Elle se fait vieille. Elle a dû virer papiste réactionnaire. Seuls des « conservatismes », comme c'est très bien écrit dans Le Monde, pour ne pas dire des fascistes, peuvent s'indigner du si magnifique progrès que constitue l'autorisation des « mères porteuses ».
Hum, ces « conservatismes » se disputent pourtant avec vous le titre de meilleur défenseur de la gauche et des progressistes. La philosophe Sylviane Agacinski...
Une ultra-archi-réactionnaire !
...Mme Jospin, vous répond avec d'autres : « La marchandisation du corps féminin est la conséquence concrète et quasi-universelle de cette légalisation. Elle conduit ainsi à une nouvelle exploitation, radicale, des femmes pauvres... Les mères porteuses, loin d'être un progrès, sont une cause régressive et un mauvais combat pour la gauche, le plus récente et peut-être la plus choquante des extensions du domaine contemporain de l'aliénation. »
De la prose de droite extrême ! Nous avons avec nous des personnalités bien plus éclairées et progressistes comme la philosophe préférée des Français et de Nicolas Demorand : Elisabeth Badinter.
La très médiatique copropriétaire du groupe de publicité Publicis ?
En personne ! La pub n'a-t-telle pas tant fait pour que la femme ne soit pas considérée comme une marchandise ? Et puis nous comptons dans nos rangs la célèbre Caroline Fourest, la pasionaria de l'idéologie pro-choice venue du pays qui éclaire le monde : les Etats-Unis ! Vous voulez que je lui demande de s'occuper de votre cas ?
Non, pas elle !!! N'est-ce pas un signe des temps que Le Monde - qualifié de « journal de référence » - lui offre une tribune, comme à Michel Onfray ?
Que voulez-vous dire, professeur ?
Qu'il y a une cohérence entre la ligne du quotidien vespéral des marchés et la chosification du corps humain...
Professeur, il est temps, comme c'est expliqué scientifiquement dans ma tribune, de s'adapter car « la multiplicité et la plasticité des modèles familiaux ne peuvent être ignorées plus longtemps. »
Ne sommes-nous pas là au coeur même de la rhétorique néolibérale ? Histoire de vous provoquer un peu, faut-il « s'adapter », par exemple, à un « modèle » pédophile présent hélas dans la société, comme nous nous adaptons aux lois du marché sans limites morales ?
...Salaud ! Réactionnaire ! Suppôt du Vatican ! Je m'en vais vous dénoncer de ce pas à Caroline Fourest... >>
[ Je rappelle que ce billet est extrait de La Décroissance, journal de la contestation radicale du capitalisme, et que l'on pourrait situer (s'il n'était insituable) très à la gauche de la gauche. Dans le même numéro : un démontage de José Bové, par Paul Ariès ; une remarquable interview des centraliens Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, auteurs de Quel futur pour les métaux, qui appellent à « se passer du superflu » ; un dossier contre l'industrie du ski alpin ; une analyse des catastrophes australiennes par Clive Hamilton (université nationale d'Australie) ; etc. ]
11:20 Publié dans Idées | Lien permanent | Tags : bioéthique