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02/02/2011

Vidéo commerciale : un médecin nu fouetté par une panthère pour le forcer à prescrire un médicament

mediatorPour motiver ses visiteurs médicaux, la filiale française d'un labo américain leur a montré... une panthère fouettant un médecin, coupable de ne pas prescrire le médicament dernier-né du labo :


 

En plein scandale du Mediator de chez Servier, une fuite venant d'un autre laboratoire (Lilly France) révèle le genre d'influx nerveux qui sert – dans l'empire du capitalisme tardif – à motiver les commerciaux... On apprend que Lilly a projeté à ses visiteurs médicaux un clip montrant une panthère noire sado-maso en bikini jaune, fouettant un médecin dénudé coupable de ne pas prescrire de Zypadhera (le nouveau médicament du labo).

Est-ce dans cet esprit qu'on booste la vente de médicaments, quitte à déclencher des affaires comme celle du Mediator ? Assiégé par la presse, le DRH de Lilly décline bien entendu la responsabilité de l'entreprise : cet clip serait le dérapage d'un "cadre en début de carrière qui a fait son truc dans son coin".

Le DRH pourrait aller plus loin. Il pourrait décliner aussi la responsabilité de l'air du temps : ce clip n'a évidemment rien à voir avec l'obsession de conquérir des marchés par n'importe quels moyens ; et la conquête des marchés (par n'importe quels moyens) n'a évidemment rien à voir avec le système économique global.

Rappelons que la clé du scandale du Mediator, et d'un certain nombre d'autres médicaments, est la polarisation des laboratoires sur la conquête permanente de nouveaux marchés...

Rappelons aussi que le Zypadhera fait partie des médicaments considérés avec méfiance par l'administration française.

 

11:39 Publié dans La crise, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : mediator

Commentaires

CA EN DIT LONG

"cadre en début de carrière" : cela en dit long sur ce qui est enseigné dans les écoles de commerce. Ces mêmes écoles qui forment les "winners" de nos sociétés pourrissantes où on découvre au détour des programmes des cours d'éthique ! Ethique mais c'est une vaste plaisanterie ! Pour avoir subi la conversation de ces élites - lorsque j'étudiais moi même à la Catho de Lille - ces individus seraient prêts à vendre leurs parents si cela pouvait leur assurer une place au soleil du capitalisme. A l'EDHEC on se donne bonne conscience en récoltant des fonds pour une association caritative à travers la diffusion du "Ch'ti", pour le reste le moule est le même.
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Écrit par : Louis Chaise / | 02/02/2011

En réponse à Louis,

> N'allons pas trop vite dans la caricature. Les écoles de commerce sont des formations, qui certes ont beaucoup de manques, mais ne sont pas plus le lieu d'un bourrage de crâne qu'une autre école supérieure.
Il en va ici de l'éducation et des valeurs que l'on inculque à nos enfants.
Je dis ça pour avoir étudié dans une de ces écoles que vous décriez. On fait souvent l'amalgame entre éducation scolaire et éducation tout court. J'ai beau avoir étudié dans une école de commerce, je ne suis pas du tout dans cette pensée unique de l'utralibéralisme. Le problème est bien plus profond et c'est aller trop vite que de désigner les écoles de commerce. Les personnes qui y étudient ne sont pas des moutons, certains viennent avec les mauvaises idée de notre époque d'autres non, chacun repart avec ses propres convictions.
De même pour les professeurs qui y enseignent, qui ne sont pas tous lobotomisés à la pensée unique.
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Écrit par : Vincent / | 02/02/2011

à Vincent

> Certes, mais je me permets de vous rappeler le terrible article de feu Sumantra Ghoshal, alors célébrissime gourou du management et professeur de stratégie à la London Business School, qui accusait les grandes écoles de commerce de produire une idéologie "libérant de tout sens de la responsabilité morale", d'où les pratiques scandaleuses révélées un peu partout, notamment aux USA par l'affaire Enron. Dans cet article (Academy of Management Learning and Education, mars 2005), il écrivait que l'origine de cette mentalité étaient les écoles de commerce : "leur enseignement amène les étudiants à penser que l'entreprise doit biaiser ses fournisseurs, ses clients, ses propres salariés et les autorités de contrôle, que c'est ainsi qu'elle réalise ses profits, quelles que soient les conséquences pour la société, et que c'est l'une des tâches les plus importantes pour lesquelles les chefs d'entreprise sont payés".
Ghoshal était bien placé pour le savoir !
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Écrit par : pentito/ | 02/02/2011

@ Vincent

> On aimerait vous suivre, mais... Avez vous lu "j'ai fait HEC et je m'en excuse" évoqué sur ce blog en son temps? Vous devez appartenir, vous et les "professeurs non lobotomisés" que vous évoquez, à une espèce rare et vous avez dû vous sentir bien seul au cours de votre scolarité dans ladite école.
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Écrit par : grzyb / | 02/02/2011

DANS DES DISPOSITIONS ETRANGES

> Je ne suis pas ancien étudiant en école de commerce (Dieu merci, j'ai fait de vraies études - oui, je sais, c'est bêtement polémique, eh, eh... - ), mais je fréquente de près pas mal de gens qui y sont passés. Ce ne sont pas de mauvaises gens, évidemment, et certains arrivent à s'en sortir après une cure de réalisme (chômage de longue durée, par exemple, crise personnelle, etc.) ou s'ils ont une personnalité forte. Mais je constate que des gars sympathiques qui ne savaient simplement pas quoi faire après le bac tout en ayant quelques facilités se retrouvent après un passage dans ces lessiveuses à cerveau dans des dispositions étranges vis-à-vis du monde en général, du travail, des relations sociales... Des dispositions que je me risque à qualifier de moyennement chrétiennes. Mais il est vrai que je ne sonde pas les reins et les coeurs...
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Écrit par : Jérôme / | 02/02/2011

@ Pentito

> Je vous suis totalement sur les perversions de certains enseignements mais comme vous le citez bien le problème se situe au niveau de la morale. Cette idéologie "libérant de tout sens de la responsabilité morale" ne peut s'intégrer à l'esprit que si elle est en accord avec les valeurs que l'on porte donc sa propre morale construite par notre éducation et non par l'enseignement. Pour moi, Goshal ne se trompe pas lorsqu'il dénonce les mauvais enseignements des écoles mais il ne va pas assez loin car il considère ces élèves comme des personnes acceptant tout pour dit. Or ce n'est pas cela, si ces personnes acceptent ce discours souvent servi (mais pas autant qu'on ne veut bien le laisser croire) c'est parce qu'elles sont d'accord avec l'idéologie égocentrique et individualiste d'aujourd'hui.
C'est pourquoi je réponds @ grzyb, en effet je me suis senti bien seul ! Mais n'est-ce pas notre cas à nous tous qui allons à l'encontre de cette idéologie moderne? Nous sommes malheureusement minoritaires et c'est autant le cas en école de commerce qu'ailleurs...
Ces dispositions "moyennement chrétiennes" dont parle Jérôme vont même parfois à totalement à l'encontre de la doctrine sociale de l'Église. Mais les chrétiens engagés sont perles rares aujourd'hui et les chemins de certains sont parfois plus sinueux que ceux des autres. Aussi je pense encore qu'il ne faut pas simplifier le discours sur ce thème dont le mal me semble bien plus profond et bien antérieur à quelques années d'étude auxquelles on attache trop d'importance par rapport à l'influence véritable qu'elles ont sur les personnes sainement constituées (rares je le répète !).
Amicalement.
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Écrit par : Vincent / | 02/02/2011

COHERENT

> J'ai fait Sup de Co, et j'ai travaillé comme déléguée médicale (je sais, je cumule...) et je dois dire que tout cela est très cohérent avec mon expérience du milieu des labos...(à la fin des années 80, il est vrai, mais rien ne semble avoir vraiment changé !)
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Écrit par : cristiana / | 03/02/2011

Les commentaires sont fermés.