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02/12/2010

"La famille", "la vie", etc ? Oui : mais ce n'est pas si simple

Témoignage d'une amie de notre blog :


« Il me semble, à moi qui n'y connais rien en théologie, que Benoît XVI remet en perspective la loi par rapport à sa finalité: le service de la vie. Il se trouve que beaucoup de catholiques fidèles l'ont été en se raidissant sur la lettre, pour ne pas "tomber" dans le péché, avec un scrupule stérilisant parfois leurs inclinations naturelles, que ce soit le désir amoureux, la pitié, le bon sens, présupposés pourtant je crois dans l'approche traditionnelle de la morale chrétienne, mais on n'en parlait même pas tellement c'est évident. Sauf que cela ne l'était plus du tout. Moi qui vis à titre personnel un échec familial, l'évangile de ce jour de la maison bâtie sur le roc me travaille ô combien depuis quelque temps déjà. Je vois dans le petit monde des catholiques "fidèles" nombre de familles imploser, et pourtant tout, dans les formes, avait été respecté, très scrupuleusement. Où est ce roc sur lequel tout le monde désire bâtir sa vie? En tous les cas pas dans un Christ désincarné et intellectualisé, rationalisé grand juge universel (ce qui a "fabriqué" des milliers de chrétiens à l'attitude infantile, attendant tout des décisions d'une Eglise tutélaire et de ses représentants parfois auto-proclamés, qui aille jusqu'à leur dire quel film regarder le soir à la télé...). Peut-être est-ce la conséquence de cette dérive que Tocqueville voyait dans la démocratie, qui se serait répandue dans l'Eglise ? Servir la vie signifie aussi permettre à chacun de prendre très concrètement sa vie en main, en adulte, avec au coeur cette certitude, non que nous ne nous trompions guère (cela c'est l'idéal orgueilleux de Descartes, évacuer l'erreur), mais que le Christ, au travers de son Eglise, nous fait confiance. »

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Commentaires

MERCI

> Merci de ce témoignage, très proche de ce que j'ai vécu. La religion est un mensonge quand c'est un "surmoi" freudien, un système auquel se raccrocher pour se défendre contre soi-même.
La foi n'est pas un système. Ce n'est pas une idée. C'est Quelqu'un qui me dit de Le suivre. Si je suis venue vers Lui seulement pour lui demander de me protéger contre moi-même, ça ne durera pas longtemps, et, le temps que ça durera ce sera un mensonge. Beaucoup sont dans cette attitude. J'en connais.
Face à leur drame, il y a deux attitudes aussi. Celle des pharisiens (qui sont comme eux mais sans être "tombés") : "Nous sommes le camp des purs, donc puisque vous n'êtes pas pur vous étiez infiltrés chez nous, donc disparaissez."
L'autre attitude est l'humilité de tous : comprendre que le comportement moral n'est qu'un effet de ce qu'il y a au plus profond de l'âme. Si l'âme n'est pas convertie au Christ, le surmoi religieux se disloque tout ou tard et tout ce qu'on avait fabriqué sous son égide se disloque avec, famille comprise. Surtout qu'à fabriquer des choses ainsi on les a souvent fabriquées de façon antiévangélique sans le savoir.
Donc CONVERSION. Le XXIe siècle sera pour les chrétiens le siècle des églises de convertis : ceux qui sont là pour le Christ seul, pas pour justifier leurs a priori ou fuir leurs démons secrets qui un jour fatalement ne sont plus secrets.
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Écrit par : Françoise / | 02/12/2010

EN PIRE

> Certes, mais le monde moderne reproduit bien des travers "anciens" de l'Eglise:
- l'inquisition, quand on voit le lobby gay censurer frénétiquement livres, cours, discours, médias en y débusquant tout ce qui manifesterait la moindre "déviance" par rapport à ses thèses;
- le surmoi, quand on voit "l'interdit" moral mis sur le syndrome post-avortement: il est interdit de souffrir d'un avortement, il est interdit même de dire que l'on peut souffrir d'un avortement;
- le pharisaïsme qui traite toute parole ou attitude contraire à ses thèses de "dérapage" pour la disqualifier sans qu'il soit besoin même de l'entendre; pharisaïsme encore qui qualifie de réalité "d'un autre âge" tout ce qui va contre ses évidences;
- le manque d'humanité et de réalisme, quand on voit les campagnes sur le "tout préservatif"... alors qu'on sait bien, par exemple, qu'il faut aider les jeunes (et les autres) à humaniser leurs désirs et leurs émotions(un jeune ivre ou drogué lors d'une soirée pense-t-il au préservatif... ou l'enfile-t-il correctement ?).
Le "monde moderne" s'est voulu le remède à l'âge de ténèbres qu'est pour lui la chrétienté, mais force est de constater que la maladie (si elle était vraiment ce qu'on dit) est en train de revenir par le remède, et probablement en pire !
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Écrit par : B.H./ | 02/12/2010

TEMOIGNAGE

> Bâtir sur le roc… Je rejoins les témoignages précédents pour témoigner brièvement de ceci. Mon père, mon papa, Pierre, que j’aime, au bout d’une belle réussite professionnelle, n’a pourtant bâti que sur du sable et il en souffre dans le grand âge et la maladie, même en creusant les sillons oscillants de la mémoire. Je peux accepter qu’il se présente devant Notre Seigneur les mains vides, et aussi nu et démuni qu’il l’était à sa naissance. Mais je crains un cœur insuffisamment pacifié en raison des blessures d’une vie tourmentée ! Merci de prier pour lui, merci de prier pour ses enfants, qui tardent à se convertir, ou brinquebalent sur les chemins du Seigneur.
Mais il faut rendre grâce à Dieu, précisément, pour toutes les beautés et les promesses des vies fidèles dans le Christ. Je pense en particulier à cette amie proche de la soixantaine, quittée par son époux il y a douze ans, et qui protège comme un trésor les promesses échangées dans le sacrement de mariage, avec plus de ferveur encore en cette année 2010 où l’époux envolé a finalement décidé de demander le divorce ; cette amie très engagée dans le combat spirituel peut rendre grâce à Dieu tous les jours de voir ses cinq enfants et onze petits enfants grandir sur le roc qu’est Jésus-Christ. Oui, écoutons ce que nous dit le Christ et mettons le en pratique, prenons notre croix et, à l’instar de ce que vit cette amie, nos familles traverseront victorieusement les tempêtes.
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Écrit par : Denis / | 02/12/2010

LES PERSPECTIVES ET LES CHEMINS

> Pour ma part, je remercie Benoît XVI de ces paroles :
« Les perspectives [de l'encyclique Humanae Vitae] continuent à être toujours valables, mais une autre chose est de trouver des chemins humains praticables. [...] Nous sommes des pécheurs. Mais nous ne devrions pas assumer ce fait comme une instance contre la vérité, quand cette prescription morale n’est pas vécue. Nous devrions chercher à faire tout le bien possible, et nous appuyer et nous supporter mutuellement… ».

Convaincus de la vérité des exigences évangéliques, nous ne nous sentons pas moins souvent dépourvus devant nos proches qui "tombent" parfois très douloureusement. Que leur dire qui soit à la fois charité et vérité ? Comment rester pour eux témoins de l'espérance sans se sentir terriblement à côté de la plaque ?
Le rappel par Benoît XVI - les paroles sur le préservatif - qu'il y a la loi et qu'il y a les vies concrètes avec ce dont elles sont en pratique capables, est en ce sens une lumière venue nous éclairer.
On ne peut pas exiger tout, tout de suite. Pour certains, le chemin sera très long. Nous devons nous accompagner mutuellement, peut-être demain c'est moi qui tomberai...
Merci à "une amie de ce blog" de nous avoir partagé son témoignage.
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Écrit par : Pema / | 02/12/2010

S'Y FAIRE

> Sont arrivés quelques messages d'une violence ordurière à l'égard de ce blog et de ses participants. (Messages trop bêtes pour être blessants). Je ne les mets pas en ligne, question de niveau mental ; mais j'en parle parce qu'ils illustrent le problème : la présence sur la Toile de réseaux qui prétendent "défendre le catholicisme" mais n'aiment visiblement pas le Christ. S'ils l'aimaient, ils supporteraient l'existence de points de vue différents du leur. Réagir à la critique par la rage n'est pas un bon symptôme ! Ceux-là vont devoir s'y faire : ce que le pontificat de Benoît XVI est en train de faire lever, ne ressemblera pas du tout à ce qu'ils auraient voulu.
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Écrit par : PP / | 02/12/2010

PARTAGES

> Merci pour cette discussion, ou plutôt ces témoignages, ces partages qui reconnaissent avec simplicité et humilité nos difficultés, nos pauvretés ,nos faiblesses. Le témoignage de Denis m'a émue particulièrement. Oui, aidons-nous, supportons nous mutuellement, portons les fardeaux les uns des autres. N'éteignons pas la mèche qui fume, ne brisons pas le roseau froissé. Nous sommes tous des roseaux.
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Écrit par : cristiana / | 02/12/2010

'"INTRANSIGEANCE" ?

> En même temps, le Christ, Grand Juge Universel, il l'est. Il n'est donc pas plus juste de faire de Dieu une sorte de papa gâteau qui n'attendrait rien de nous. Dieu est Amour et l'Amour véritable est brûlant et exigeant.
Alors oui, nous sommes (trop) souvent en deçà de ce que nous devrions être. Saint Paul ne cesse d'exhorter à une vie sainte tout en reconnaissant lui-même cette écharde plantée dans sa chair. Mais autant il faut se méfier d'une loi morale étouffante, autant il faut rejeter en bloc un certain égocentrisme psychologique qui nous fait nous pencher sur nos insuffisances comme si on devait les choyer et en être fiers, plutôt que de chercher à y remédier.
Pourquoi donc le Magistère évite de se prononcer sur des cas particuliers ? Parce que l'Homme est ainsi fait que si on lui montre les exceptions plutôt que le but à atteindre, il se dirigera spontanément vers ce qui est moins exigeant. Dieu ne nous appelle pas à vie à demi-sainte, il nous appelle à une vie complètement sainte. Et l'Église a pour devoir de nous rappeler cette sainteté, quitte à dénoncer nos manquements, oui je dis bien dénoncer et non pas flatter.
Pour ma part, avant ma conversion, j'ai vécu en couple avec un autre homme. A aucun moment je n'ai attendu de l'Église autre chose que la vérité, fut-elle contraignante. Et à aucun moment je ne me suis senti le droit de réclamer quelque chose de moins exigeant, voire de pester contre "l'instransigeance" de l'Église. L'Église DOIT être intransigeante avec ce qui est mal, tout en ouvrant ses bras de Mère à ceux qui le commettent. Ainsi, je peux témoigner que c'est parce que l'Église m'a envoyé un message clair sur l'incompatibilité des pratiques homosexuelles avec une authentique vie de sainteté que j'ai pu décrocher. C'est parce que l'Église, dans son enseignement, s'est montrée inflexible sur ce sujet, mais sans jamais que je ne me sente rejeté ou condamné, que j'ai trouvé le courage de renoncer à ces pratiques. Donc je dis merci à l'Église pour son intransigeance, car on ne saurait transiger avec le péché.

X.


[ De PP à X. - Personne ne dit ici que l'Eglise doit transiger avec l'immuable. La question est : comment le faire comprendre ? Car mieux vaut être compris que de ne pas l'être. Et sur ce plan comme sur les autres, je fais confiance à Benoit XVI. Quand il fait un livre pour ouvrir une réflexion, ne nous empressons pas de la refermer. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Xavier / | 02/12/2010

INJUSTE ?

> Je me permets de reprendre la parole à propos du témoignage que vous citez au début de cette rubrique.
- ce qui est dit des "catholiques fidèles" est injuste; ils ont gardé la maison pendant que les autres, avec la bénédiction des médias et de l'esprit du monde, se faisaient aimer personnellement en faisant détester l'Eglise et sa tradition; c'est vrai que "résister" parfois çà défigure !
- ceux qui disent "oui" ne sont pas à priori "humains" par rapport à ceux qui disent "non" (il suffit de voir l'état psychologique et moral d'un enfant ou d'un jeune à qui on n'a jamais eu le courage de dire "non"; les enfants du "toujours oui à tout" sont souvent profondément déshumanisés);
- c'est vrai que quand j'ai entendu les médias Dimanche soir, il y a dix jours, faire état du livre de Benoît XVI, je ne me suis pas d'abord réjoui... J'ai craint que l'on prenne le chemin de l'Eglise anglicane qui est en train de finir de faire faillite spirituellement ! Et puis la lecture des textes, la réflexion et la prière ont eu raison de mes premières inquiétudes.
BH


[ De PP à BH :

- Je ne suis pas d'accord avec ce mythe des "catholiques fidèles" qui auraient "gardé la maison", seuls purs, tandis que "les autres"; etc. J'ai connu tout ça et je n'ai pas été édifié. (Pour être catholique il vaut mieux être chrétien). Quant à "la maison", c'est à dire l'Eglise, c'est le Saint Esprit qui la garde, non l'abbé Machin ou le colonel Truc.

-Sur le oui, le non, etc, je vous suggère de lire le livre du pape. Personnellement je lui fais confiance.

- Il y a ceux qui font confiance à l'Eglise... et ceux qui n'ont confiance qu'en eux-mêmes et croient que l'Eglise a besoin d'eux. Nous essayons, ici, de faire partie des premiers. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : B.H. / | 02/12/2010

COMPLEMENTAIRE

> Merci pour votre témoignage, dont je partage l’essentiel. Je voudrais exprimer quelque chose de complémentaire, j’espère, pour atténuer un peu le caractère de votre intervention que je trouve assez « vif », et tant mieux :
La loi morale respectueuse de notre identité de personne, est un chemin de vie et vers la vie la plus humaine qui est celle de la communion au Christ, je crois cela, même si je pèche. Et nous avons tout de même besoin d’une instance pour nous le redire, même si cela doit être pris en main de façon adulte.
Lorsque l'on s'écarte de manière essentielle de ce chemin on s'écarte de la vie, et donc on en vient à des situations qui ne sont pas vraiment humaines. Les difficultés liées à notre histoire particulière et notre conscience imparfaitement éclairée, pèsent sur nous. Dans ces situations, le principe de gradualité et poser certains gestes pour (et dans ce sens) empêcher des maux témoigne d'une part d'humanité et de conscience qu'il faut regarder et encourager en tant que telle, sans faire de confusion avec la nature du comportement premier qui reste en soi déshumanisant et même blesse réellement notre identité profonde, nous fait souffrir « objectivement », et dont nous voudrions sortir. Ces situations, il faut tenter de les regarder en face, chacun dans sa vie.
Il ne faut pas oublier aussi que la loi elle-même vraiment est chemin de vie et un choix en sa faveur est toujours possible y compris dans nos circonstances compliquées (Evangelium Vitae), et nous perdrions une force d’espérance grande, si nous versions dans l’adaptibilité de la loi aux circonstances, ou dans l’impossibilité « soit-disant casuistique », de faire mieux. Celle-ci perdrait son caractère de loi de vie. Mais regarder les circonstances est important, cela permet d’aller, d’accompagner vers la loi de vie, car les sujets de la loi sont des personnes et ne peuvent se régler comme des systèmes ou des ordinateurs.
De plus, la confusion de notre esprit peut être grande par ce que l’on voit souvent, le mal s’accompagner étonnamment de sursaut d’humanité (et tant mieux que ces sursauts existent) et le choix du bien, de maux parfois douloureux (je déteste le dolorisme). Je crois qu’il faut rester attentif à ne pas en déduire que le mal pourrait être cause de bien et le bien cause de mal (bien sûr ça n’est jamais formulé clairement comme cela quand « on nous vend cette confusion »). La confusion pourrait entraîner un affaiblissement de notre espérance, car nous sommes faits pour la vie.
Pour finir, j’ai beaucoup aimé la réponse du Pape sur le préservatif et son attention à la personne qui peut « marcher vers la vie », au milieu de se souffrances et des conditionnements et situations qui peuvent peser sur elle. Les pauvres nous devancerons.

Écrit par : d'Ornant / | 02/12/2010

ECCE HOMO

> Je vous recommande cette super petite BD du Père David Lerouge (sur son blog) : http://davidlerouge.fr/index.php?post%2F2010%2F12%2F02%2Fecce-homo
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Écrit par : Joël Sprung / | 02/12/2010

A d'Ornant,

> oui, il faut rappeler que la loi est chemin de vie, il est infiniment dangereux d'opposer la loi à l'amour. La loi est la béquille de l'amour... Qui peut se vanter de savoir vraiment aimer? La loi nous rappelle le vrai chemin de l'amour.

A Xavier,
merci pour ce rappel à l'essentiel: "Il n'est donc pas (...) juste de faire de Dieu une sorte de papa gâteau qui n'attendrait rien de nous. Dieu est Amour et l'Amour véritable est brûlant et exigeant".

Le Christ est saint. Cela signifie qu'il y a incompatibilité radicale entre le péché et Lui. Le pécheur a été racheté au prix de la croix. Aucune église ne peut donc se permettre de complaisance à l'égard du péché. La Grâce nous est donnée pour que nous ne péchions plus et c'est à cela que nous devons tendre. Et le prix de cette Grâce est tel qu'il rend le péché encore plus détestable...

Cependant, je ne peux souscrire à l'idée que le magistère ne doive pas s'exprimer sur les cas particuliers. Dans la morale concrète, il n'y a que des cas particuliers auxquels s'appliquent des principes universels par la médiation de la conscience. En l'occurrence, le rappel permanent et médiatisé des principes par le magistère a un effet pervers qu'on peut comprendre à travers l'article de La Vie: le grand public n'entend que le rappel à la Loi et ignore la casuistique: cela contribue à discréditer la morale chrétienne en l'assimilant à une sorte d'impératif catégorique kantien étouffant. Cela contribue, comme le dit bien Anne Josnin, à infantiliser le chrétien qui tend de ce fait vers une application mécanique donc aveugle de la Loi par crainte de s'éloigner de l'orthodoxie. Cela tend à couper le chrétien de sa conscience qui est le lieu de la rencontre personnelle avec le Christ et c'est ce qui peut arriver de plus grave à un chrétien. C'est une tendance (une déviance) lourde du catholicisme que nous reprocheraient alors à juste titre nos frères protestants. Il faut donc rappeler que l'obéissance absolue à la conscience fait partie de l'enseignement le plus authentique de la morale catholique.

Il faut au contraire se réjouir qu'enfin un pape ose braver les oukases des légalistes pour dire sa pensée dans toute sa richesse et sa souplesse. Cela évitera de tendre à la "droite" et à la "gauche" des armes contre l'Eglise. La gauche, en dénonçant le caractère inhumain de la morale chrétienne; la droite en opposant les évêques au pape dès que ceux-là font un peu de casuistique. C'est cela qui met si mal à l'aise la droite catho: ils ne peuvent plus dire: le pape est avec nous... Ils ne peuvent plus opposer un magistère central aux médiations épiscopales pour se donner la liberté d'interpréter l'enseignement du Christ en fonction de leurs lunettes idéologiques. Ils s'aperçoivent que le pape est aussi et avant tout un évêque qui a le souci concret de la brebis qui se débat dans les incohérences de son péché et essaie parfois de limiter les dégats...

Comme je l'écrivais hier sur mon blog, cette question du préservatif peut se résumer en quelques mots: ce n'est pas parce qu'on commet un péché qu'on doit les commettre tous; ce n'est pas parce que quelqu'un est fornicateur ou adultère qu'il est tenu en conscience d'être, en plus, potentiellement homicide.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 02/12/2010

à Patrice de Plunkett,

> Merci pour cette discussion-partage improvisée: cela ma touche beaucoup, et pour le mot "amie", qui m'est si cher! l'amitié:la seule réalité qui me rende l'idée de vertu aujourd'hui acceptable. Jésus n'est pas le Juge, mais l'Ami, et nous sommes appelés, dans notre époque individualiste tellement en soif d'amour,à être les uns pour les autres, l'ami. Alors, pour reprendre le bien-aimé Montaigne, "parce que c'était lui, parce que c'était moi", nous pouvons puiser au coeur de cette amitié l'énergie pour nous hisser au-dessus de nous-mêmes: "tu sais tout Seigneur, tu sais bien que je t'aime!" Le ton de Benoît XVI résonne en moi depuis longtemps déjà comme celui de l'ami, ne le trouvez-vous pas aussi?
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Écrit par : Anne Josnin / | 02/12/2010

JE DIS BRAVO A...

> L'erreur est à mon avis d'opposer les personnes dans des catégories pour déterminer ceux qui ont raison, ceux qui n'ont pas raison.
C'est un peu comme la question : un catholique doit-il être de gauche ou de droite ? Ni l'un ni l'autre en fait.
Un catholique suit le Christ, et sa relation au Christ le fait agir en actes et en vérité. On voit bien qu'on est sur un autre plan.
Alors je dis bravo à ceux qui restent fidèles à l'enseignement de l'Eglise du Christ.
Je dis bravo à ceux qui aident les plus pauvres de ce monde.
Je dis bravo à ceux qui savent accueillir les paumés de la société d'aujourd'hui en vérité (sans démagogie relativiste) et dans l'amour (sans le jugement qui ne nous appartient pas).
Nous voyons bien que ce sont tels ou tels acte qui sont bons. Nous savons en revanche que nous sommes tous pécheurs.
Inutile donc de se rêver dans le camp des purs, que ce soit par fidélité à la "tradition" ou par fierté d'être en phase avec le monde.
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Écrit par : Ludovic / | 03/12/2010

MERCI A ANNE JOSNIN

> Merci beaucoup Anne Josnin pour votre témoignage si plein d’humilité et de justesse. Je dois dire que j’ai lu vos mots au matin de leur publication et qu’ils ont illuminé toute ma journée au travail, lui donnant plus de profondeur et de consistance. Ils m’ont habité et m’ont réjoui !
Vous nous rappelez à l’essentiel de la vie chrétienne : faire de sa vie un chemin de rencontre avec la grâce du Seigneur, qui par-dessus tout travaille en nous dans les failles obscures de nos vulnérabilités, de nos échecs et de nos doutes.
Lorsque nous la reconnaissons pour ce qu’elle est, nos réflexes partisans et polémistes auxquels nous sommes toujours tentés de succomber, moi le premier, nous paraissent dérisoires, en tout cas ramenés à leur juste place.
Le respect fidèle et scrupuleux de la loi et de la morale catholique, les combats menés au nom de la vie et de la famille, sont des formes d’idolâtrie, une subordination de notre foi aux idées et aux mots d’ordre religieux, tant qu’ils ne prennent pas leur sens et leur souffle dans la conscience intime de la présence consolatrice de Jésus-Christ dans les lieux sacrés de notre cœur blessé.
Comme vous, je dis toute ma confiance dans l’Eglise et dans notre pape pour nous aider à cheminer vers cette Rencontre avec celui qui est avant tout, comme vous le dites bien, l’Ami.
Fraternellement
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Écrit par : serge lellouche / | 03/12/2010

NE PAS OPPOSER

> Cessons d'opposer la loi et l'amour par pitié, c'est tout sauf chrétien, dans un sens comme dans l'autre. La loi de Dieu est un don pour nous aider à aimer EN VERITE. Quand on oppose l'amour et la loi, on canonise notre subjectivité sentimentale, et il y a souvent fort à parier que ce soit pour excuser nos propres turpitudes et refuser de se reconnaître pécheurs. Or, c'est en refusant de se reconnaître pécheurs qu'on se coupe le plus sûrement du Christ parce qu'on n'en a alors tout bonnement plus besoin. Le Christ n'est pas un grand frère débonnaire, c'est notre Sauveur mort sur la croix.
Oui, la vie est un chemin avec Dieu et sa Parole, y compris la Loi, est la lumière qui guide nos pas.
De grâce, souvenons-nous que l'amour peut bien des fois être caricaturé et que coupé de la loi de Dieu, il n'est souvent qu'amour de soi...
Et rappelons que les Ecritures ne cessent de rappeler que Dieu est AUSSI juge...
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Écrit par : Hubert Houliez / | 04/12/2010

LE TEMPS DE SA MISERICORDE

> Dieu juge....à la fin du monde
Ce qui signifie que ce temps qui est le nôtre
n'est pas celui de sa Justice, mais celui de sa miséricorde: " je ne suis pas venu pour juger, mais pour que le monde soit sauvé".
Voilà ce que j'en pense et qui n'engage que moi: si le Dieu de l'Ancien Testament est d'abord un Dieu justicier, c'est parce qu'Il lui fallait bien, pour se faire entendre de l'homme, parler sa langue. Or la grande catastrophe du péché originel c'est que l'homme ne se voit plus sous le regard aimant du Créateur, il s'est placé hors du champ de la grâce, et de se fait il se découvre nu, c'est-à-dire tiré du néant qui l'appelle. Il se serait alors aussitôt "auto-anéantit", comme une vieille étoile qui s'effondre sur elle-même pour devenir trou noir, s'il n'avait trouvé cet artifice vital du vêtement végétal,(la réduction de soi à ses fonctions végétatives?). Dieu déjà plein d'une compassion et d'une délicatesse bouleversantes lui fabrique lui-même des vêtements de peau( se protéger de sa mauvaise conscience destructrice en vivant au niveau de l'animalité?). Peut-être est-ce ainsi que c'est constituée notre richesse et complexité psychiques, qui font que, pour notre survie, nous resterions sous certains aspects une énigme à nous-même, ou mieux un mystère dans le coeur de Dieu.
Mais la mauvaise conscience est toujours prompte à refaire surface, et nous essayons tant bien que mal de nous en débarrasser par le phénomène projectif, individuel ou collectif, du bouc-émissaire dont parle si bien René Girard. Là encore Dieu vient nous rejoindre en partant de notre logique, mais pour désamorcer la bombe criminelle que fabrique notre système de défense, en prenant une fois pour toute la place du bouc-émissaire( Oui il est notre Sauveur,crucifié pour notre Salut!). Nous n'avons donc ni à nous juger (ce qu'a fait Judas, et il s'est suicidé), ni à nous soulager de notre mauvaise conscience en accusant les autres; mais à déposer celle-ci contre le coeur miséricordieux du Sauveur, et nos larmes secrètes de repentir aussi, confiants que c'est par son nom, non par nos actes, que nous serons sauvés. Si Dieu s'érige pour nous seul Juge, dont le jugement est retenu jusqu'à la fin des temps, c'est donc pour nous ôter cette tâche destructrice que nous nous étions attribués en voulant "être comme Dieu", pour nous en libérer!. Et cette mission réservée à Dieu seul et que nous ne pouvons, hors de la grâce, cesser de nous octroyer, c'est "L'Accusateur" qui nous l'a soufflée, celui dont il est dit dans le Nouveau Testament:"l"Accusateur de nos frères est rejeté, qui les accusait jour et nuit". Attention donc à ne pas confondre le Juge de la fin du monde ( fin du monde dont même le Christ ignore les détails, c'est dire si nous pouvons faire des pronostiques: qui sera sauvé, qui non,...) avec l'Accusateur-Prince de ce monde.
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Écrit par : Anne Josnin / | 04/12/2010

L'ACCOMPLISSEMENT DE LA LOI

> Sur cet accomplissement de la Loi en Jésus-Christ je ne peux que nous inviter à lire et à méditer ces pages admirables de Benoît XVI dans son "Jésus de Nazareth" (voir à partir de la page 121).
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Écrit par : serge lellouche / | 05/12/2010

DISTINGUER

> Je pense qu'il faut soigneusement distinguer accusateur et juge: ce n'est pas la même chose. Satan est l'accusateur, Christ est juge. D'autre part, notre conscience doit juger nos actes,( voire ceux d'autrui, c'est la correction fraternelle), certains catholiques lisent trop peu les Actes des Apôtres et les Epîtres, cela remettrait en question des visions par trop simplistes qui ressemblent plus à des clichés iréniques qu'à de la théologie. En bref nul ne peut faire l'économie de l'examen de conscience. Or juger les actes ne signifie pas juger les personnes. Néanmoins, un acte qui n'est pas subjectivement un péché (en raison d'une conscience partielle ou obscurcie) peut rester un manquement objectif à la loi et causer par la même ses effets désastreux sans pour autant faire de la personne fautive une personne pécheresse... "Du mal caché, Seigneur purifie moi" dit un psaume...

Il n'y a pas, me semble-t-il, un temps pour un Dieu juge et un temps pour un Dieu miséricorde pour la simple et bonne raison que Dieu transcende le temps. Dieu est tout entier juge et tout entier miséricorde. C'est assez consolant, il suffit de comprendre que Dieu est saint: qu'il aime sa créature et abhorre le péché d'un même et seul mouvement.

Et, encore une fois le pécheur n'est pas le péché. Seul le pécheur qui ne se reconnaît pas pécheur par une salutaire mauvaise conscience s'identifie à son péché et se condamne par là-même. Mais, tant pis si la formule fait très luthérien: nous sommes sauvés, à nous d'accepter cette grâce par le repentir et la foi qui nous donne la force de vivre saintement. Nous ne vivons pas saintement pour être sauvés, c'est au-dessus de nos forces et de toute façon inutile: nous sommes déjà sauvés. Nous vivons saintement parce que nous sommes sauvés et que la foi nous éloigne du péché en nous faisant prendre conscience de son horreur. Le péché vient toujours d'un manque de foi: nous ne croyons pas que Dieu nous a donné la force de vivre selon sa volonté. Et pourtant il l'a donnée: sa grâce suffit... Notre volonté y est impuissante sans son secours, elle peut tout avec, y compris déplacer une montagne si telle était la volonté de Dieu. Mais nous péchons malgré tout, alors "Seigneur, je crois, mais fais grandir en moi la foi!"

Quant à la question de la loi, la foi nous en libère,comprenon bien le sens de cette affirmation: si nous avons la foi, vraiment, la loi n'est plus contrainte mais libération et notre exigence va bien plus loin que le respect de la loi, nous sommes en peine si nous ne faisons pas la volonté de Dieu. Souvenons-nous du jeune homme riche: le rappel à la loi précède l'appel à tout laisser: la volonté de Dieu ne peut nous faire sortir de la loi qu'il a lui-même prescrite, elle présuppose cette humble soumission. Aucun chrétien ne peut prétendre faire la volonté de Dieu hors de sa loi.
HH


[ De PP à HH - Mais aucun chrétien ne peut prétendre "appliquer la loi de Dieu" hors de la miséricorde. Sinon ce n'est plus un chrétien. Le sabbat est fait pour l'homme, non l'homme pour le sabbat. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Hubert Houliez/ | 07/12/2010

@ PP

> Oui, cent fois oui. Les commandements qui commandent la loi sont d'aimer Dieu et d'aimer son prochain et dans le sermon sur la Montagne le Christ demande de faire pour autrui ce que nous voudrions qu'il fasse pour nous et il ajoute: voilà la loi et les prophètes. Ce que je récuse, c'est l'opposition entre loi et amour. L'un et l'autre sont les deux faces d'une même et seule vie chrétienne. Merci de me pousser à le préciser!
______

Écrit par : Hubert Houliez/ | 07/12/2010

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