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20/11/2010

D'où vient la "dictature du relativisme"

...que vient à nouveau de constater Benoît XVI ?


 

Lors de la rencontre de prière et d'étude d'hier avec les 150 cardinaux, le pape a notamment évoqué la « dictature » du relativisme qui risque de détruire la liberté religieuse : « le rapport entre vérité et liberté est essentiel, mais on se trouve aujourd'hui face au grand défi du relativisme, qui semble compléter le concept de liberté mais qui risque en réalité de la détruire en se proposant comme une vraie dictature », a-t-il constaté.

Ce relativisme est la marque du monde occidental contemporain.

On peut parler de « dictature » dans la mesure où ce relativisme  est imposé comme une norme absolue. (Bien que ce soit intellectuellement insoutenable, le relatif absolu étant un oxymore).

D'où vient cette norme ? De la société consumériste, dont la logique est de rendre tout admissible pour pouvoir tout commercialiser.

Le consumérisme étant devenu la totalité de notre monde, sa logique est devenue notre code incontournable.

Certains sauteront au plafond et me demanderont si j'oublie le péché des individus, voire le péché originel ; je leur réponds de ne pas opposer ce qui va de pair. Le péché des individus se condense en « structures de péché », qui peuvent atteindre une puissance déterminante sur les foules.

C'est là qu'on en est aujourd'hui avec la dictature du relativisme. Chacun est choqué (apeuré) dès qu'il entend quelque chose qui lui paraît s'écarter du relatif : toute affirmation, conviction, foi en quelque chose, paraît une « intolérance ». Tolérance et relativisme absolu sont devenus synonymes. Comme s'il fallait dissoudre les idées pour les obliger à cohabiter ! [1]

Quand cela a-t-il commencé ? Dans les années 1990, à la chute du Mur, quand l'ultralibéralisme occidental a pris le pouvoir à l'échelon « global ». C'est alors qu'on a commencé à dire que tout « système » intellectuel, tout « grand récit », toute doctrine, toute théologie, était un délit contre la tolérance.

Il y a eu coïncidence chronologique entre la « victoire du capitalisme » et l'instauration de la « dictature du relativisme ». C'est un fait. Les deux  phénomènes n'en font qu'un seul : recto verso.

Le relativisme a toujours existé comme courant d'opinion ; jamais il n'avait été érigé en norme universelle obligatoire. Jamais, jusqu'aux années 1990 !

On ne peut pas déplorer le relativisme et défendre le capitalisme ultralibéral : ce serait déplorer l'effet en approuvant la cause.

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 [1] D'où par exemple l'apparition de cette étrange catégorie professionnelle : les journalistes d'information religieuse détestant les religions. (Des spécialistes convaincus de l'urgence de supprimer l'objet de leur spécialité)...  Ou cette catégorie encore plus étrange : les catholiques remplaçant la religion par le "dialogue inter-religieux", comme si l'on pouvait dialoguer entre interlocuteurs n'ayant plus rien à dire.


Commentaires

BON PLAISIR ?

> Une formule pour définir la dictature du relativisme ? Je propose celle qui fut tant reprochée à nos rois : « Tel est mon bon plaisir » – la vérité obligeant à dire que la formule authentique, moins « capricieuse », disait : « Car tel est notre plaisir » (le « bon » étant une escroquerie).
L’ère du relativisme n’est-elle pas tout simplement celle du caprice érigé en norme absolue ? Il est facile de trouver autour de nous des zélateurs du caprice ou du relativisme – ce luxe. On les trouve par exemple parmi les partisans de la fameuse théorie du genre, lesquels se recruteraient, aux dernières nouvelles, jusque dans le corps enseignant de l’Institut d’études politiques de Paris. Intéressante proposition pour nos futures élites « politiques » : celle de s’affirmer comme des roitelets cultivant leur « bon plaisir ».
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Écrit par : Denis / | 20/11/2010

FICTION

> Je lisais le post suivant:
http://laplumedaliocha.wordpress.com/2010/11/20/philippe-muray-saigneur-de-la-fiction-positive/
Aucun rapport me direz-vous et pourtant ....!
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Écrit par : BrunoK | 21/11/2010

AUSSI

> Il ne faut pas négliger dans le rejet de toute vérité objective la peur des totalitarismes et de leurs pseudo-vérités scientifiques érigées en dogmes, pour détruire l'humain: il y a rupture de confiance envers l'idée de vérité, vue comme incompatible avec l'idée d'amour. Pas si nouveau que cela, quand on relit la Bible: "amour et vérité s'embrassent"...
Sur le fond du problème je partage votre analyse cher PP: cela vient aussi de notre société de consommation, mais je dirais que c'est un choix par dépit, faute de mieux: nos contemporains ne sont pas des relativistes militants, non plus des enthousiastes du modèle capitaliste, juste..."what else?" ici en un sens désabusé...Il faut pour accepter l'idée d'une vérité objective sortir de la logique de propriété: oui je crois que le monde a un sens, et notre vie à chacun, mais non je ne crois pas que quiconque puisse s'approprier ces vérités,(et heureusement!). J'aime prendre l'image du Ciel(monde des Idées chez Platon, monde parfait non soumis aux aléas de notre condition)que l'on peut contempler, découvrir toujours davantage en l'observant, sans pouvoir y planter son petit drapeau(mais avec le drapeau américain sur le sol lunaire, puis les sondes sur Mars, n'est-ce-pas fait, symboles que tout dans notre monde est aujourd'hui marchandable et manipulable?). Cette distinctions sacrée entre supra et sub-lunaire chez les Grecs, il nous faut aujourd'hui l'intérioriser pour ne pas oublier qu'il y a en chaque réalité un mystère à contempler, qu'on ne pourra jamais s'approprier, une vérité à découvrir selon l'esprit de pauvreté, c'est-à-dire à la condition de renoncer à se l'approprier. Ce n'est pas la vérité que nos contemporains rejettent aujourd'hui, mais davantages les logos, estampilles que l'on met dessus: 100%100 pur catho, vraie info indépendante,... bref, l'esprit de propriété qui a gangrené nos facultés et nos paroisses bien avant la chute du Mur. Appropriez-vous la plus belle des Vérités, elle se transformera en pire des mensonges. Accueillez avec l'innocence d'un coeur d'enfant le plus gros des mensonges( comme l'existence du Père Noël) et voilà qu'il nous ouvre à un mystère de vérité(comme l'amour fou d'un Père qui nous fait cadeau de son Fils)...
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/11/2010

@ Denis

> "L’ère du relativisme n’est-elle pas tout simplement celle du caprice érigé en norme absolue ?" C'est une bonne idée mais on peut en dire plus.
C'est surtout celle du relativisme érigé en "dogme" (c'est ainsi qu'Henri Tincq, le journaliste religieux du journal Le Monde définissait la pensée du Grand Orient de France); ou si vous préférez, c'est le le "dogme" qu'il ne faut pas avoir de "dogme". Et ce "dogme" là est plus intolérant de tous, car non fondé en raison.
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Écrit par : ND / | 21/11/2010

ENVIE DE DYNAMITE

> Trois lignes sur la capote, deux sur Pie XII, dans un bouquin, nouveau scandale en perspective ?
J'ai entendu Pierre Berger à ce sujet à la radio, en premier gros titre des infos en revenant de la messe ce soir.
C'est à hurler de bêtise... "le pape a fait un petit pas, c'est une petite progression, mais c'est des centaines de pas comme ça qu'il devrait faire, il se trompe d'époque etc etc..."
Mon Dieu, c'est reparti pour un tour. Après toutes les explications données, ils nous refont le même coup, exactement le même coup, quelques mois plus tard... Je suis suprêmement tenté par la rage et le désespoir, j'allume la radio une ou deux fois par semaine, et c'est pour tomber sur ça.
J'ai des envies de dynamite.
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Écrit par : PMalo / | 21/11/2010

NUANCE ET REPONSE

> Globalement d'accord avec votre analyse, mais permettez moi de nuancer un peu.
Le triomphe du capitalisme est un accélérateur du relativisme, mais il était déjà fortement présent dans nos sociétés démocratiques. A vrai dire c'est une lente évolution depuis la fin du moyen âge, le lieu n'est pas ici de refaire l'histoire, mais il est clair que la démocratie libérale laïque porte le relativisme en elle. D'ailleurs le capitalisme libéral d'aujourd'hui est également fils de ces tendances.

L;


[ De PP à L. - Permettez-moi d'insister. Le relativisme était en germe, certes; mais il restait des contrepoids normatifs qu'il n'était pas encore en mesure d'éliminer. Le relativisme n'est devenu obligatoire et irrésistible, qu'à l'heure où le système économique ultralibéral s'est emparé du monde. Un saut qualitatif brusque s'est alors produit. Il faut en prendre conscience, si on ne veut pas tourner en rond dans des demi-constats idéalistes inutiles... ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : ludovic / | 21/11/2010

TERRAS

> Je ne sais pas ce qu'il fume mais il semble que cela a fini par atteindre le peu de neurones dont il avait hérités à la naissance ou : comment je prends mes désirs pour des réalités et m'imagine que le monde a quelque chose à f... de ce que je peux exiger, désirer, ... Le mec s'imagine qu'au Vatican on présente une revue de presse de son torchon au Saint-Père ? Non mais franchement...
"Préservatif: le pape réagit "au discrédit dont il est l'objet" (Golias)
Le pape Benoît XVI "tente de réagir face au discrédit avancé dont il est l'objet" quand il accepte "dans certains cas" l'usage du préservatif pour protéger contre le sida, a jugé dimanche la revue catholique protestataire Golias.
Ce "ralliement à une position plus éclairée et moins scandaleuse sur la question du préservatif" est le signe qu'"il tente de réagir face au discrédit avancé dont il est l'objet", écrit le rédacteur en chef de Golias, Christian Terras, sur le site internet de la revue."
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/101121102250.ehgn8l7b.htm
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Écrit par : Louis Chaise / | 22/11/2010

DISTANCE

> Permettez-moi de prendre un peu de distance, car le sujet le veut, et votre blog est pour moi une référence communicationnelle. Parler de relativité, c'est parler de rapport à un sujet. Voir Blaise Pascal, simplement. L'univers immense ne pense pas, ne sait rien, pas même ses propres lois; l'homme, roseau pensant, connaît l'univers et se connaît. C'est son cerveau, son coeur, son âme qui appréhende ou non une vérité. Dieu même, pas plus que l'univers, ne s'impose à lui. Et Jésus est un sujet qui noue avec l'homme des relations de sujets...
Personnellement, je suis plutôt étonné, attristé, par l'expansion (initiée par le pape) de ce concept de relativisme, qui est une condamnation a priori (grâce au suffixe) de la philosophie. Or, on n'y échappe pas : 1. ce que je sais est relativisé par mes limites intellectuelles; 2. la parole de Dieu même (l'Ecriture) n'existe pourtant que POUR être comprise (et de mieux en mieux au cours des temps, il y a progrès). 3. Pareille conception ne fait pas fi de l'autorité du pape, pasteur suprême : c'est donc le rassembleur des subjectivités, et finalement le garant historique (par Jésus) de la valeur objective aujourd'hui des travaux subjectifs.
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Écrit par : Ephrem / | 22/11/2010

BAUDRUCHE

> Cette affaire de la capote bis fait-elle vraiment du bruit, ou est-ce une baudruche gonflée par les media ? En tout cas, France Info s'acharne : j'ai encore fait la bêtise d'allumer la radio aujourd'hui, pour tomber sur un échange entre un évêque français (dont je tairai le nom) et JL Romero, gay, séropositif et dit catholique.
Nul, nul, nul, archi nul. Romero gagne par KO avec ses petits poings de mensonges et de mauvaise foi, ce pauvre évêque n'a fait que mouliner dans le vide. Non, pas victoire par KO : victoire par forfait.
Je ne veux pas accabler cet évêque, que je ne connaissais pas avant aujourd'hui ; mais qui a décidé que LUI devait parler à la radio ???
Je bouillonne.
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Écrit par : PMalo / | 22/11/2010

Terras dans ses oeuvres :

> Préservatif: «Cette annonce est un tout petit pas, mais elle soulage 90% des catholiques» le reste, si vous avez l'estomac pour ça http://www.liberation.fr/societe/1201372-preversatif-une-avancee-papale :
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Écrit par : Albert du Löwenstein / | 22/11/2010

DEBATTRE AVEC NOS PROCHES

> Je me suis réjouie en apprenant que notre Pape osait utiliser ce petit mot "préservatif",montrant ainsi une simplicité qui panse nombre de blessures. En effet nous "cathos bien informés" savions depuis longtemps ce que l'Eglise pense de l'usage du préservatif, rien de révolutionnaire sur le fond donc. Mais, comme pour beaucoup de parents, il est parfois difficile à l'Eglise de parler de la sexualité simplement, sans ce ton moralisateur et ampoulé, désorientant et désespérant leurs enfants ados en attente d'un discours d'adulte expérimenté à jeune adulte, qui rassure et aide à grandir, non qui justifie une révolte prête à sortir, davantage sous l'action de ses propres pulsions qu'on s'empresse de justifier avant qu'elles ne nous agressent, que par peur de sanctions qu'on sait très inoffensives( qui se soucie d'être "bien vu" de l'Eglise, franchement?). Il y a des petits mots libérateurs. Benoît XVI fait montre ici d'une simplicité qui doit être un modèle pour l'ensemble de l'Eglise il me semble.
Ce qu'en pensent les médias, on s'en fiche, on s'y attendait aussi, non? Nous avons autre chose qu'à nous faire une fois de plus du mal en ressassant leur mauvaise foi, bêtise,...la critique, que j'ai longtemps pratiquée!!! et qui pointe si vite son petit nez fouineur, ne produit rien de bon ni pour eux ni pour nous, mais nous fait complices d'un jeu destructeur sans fin.
Benoît XVI il me semble nous invite à ouvrir le débat avec ceux qui nous sont proches et à procéder comme lui, sans avoir peur des mots et des réalités qu'ils signifient, mais avec le soucis de faire grandir et pour cela de commencer par panser les blessures. On a fait tant de mal dans le soucis d'être irréprochables dans nos preuves de fidélité à la morale catholique, s'attachant raidement à la lettre au lieu de pratiquer l'intelligence du coeur de qui a dépassé les terreurs adolescentes face à cette force extraordinaire de vie qu'est notre dimension sexuelle.
Comme le jeune Alexandre,nous sommes d'abord appelés à nous réjouir devant ce cheval fou qui rue, affolé par son ombre; quelle promesse de Vie, de grandes conquêtes, quand nous l'aurons apprivoisé en le libérant de ses propres peurs, au triple galop!, face à la lumière de la Vérité!
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/11/2010

HUMBLE

> D’accord avec Anne Josnin. Je me suis réjoui de la grande humilité du pape qui consent à s’intéresser à l’usage du préservatif tel un jésuite uniquement préoccupé de casuistique. Humilité de l’homme de Dieu, du pontife descendant dans les enfers modernes de la « morale » libérale-libertaire. Une attitude dont son homélie de la messe du Christ Roi, devant les cardinaux, a souligné l’importance : « Cette royauté paradoxale, nous devons en témoigner et l'annoncer comme Lui l'a fait, le Roi, c'est-à-dire en suivant sa vie même et en nous efforçant d'adopter sa même logique, la logique de l'humilité et du service, du grain de blé qui meurt pour porter du fruit. » Je suis convaincu qu’autant que la mâle énergie et la puissance évangélisatrice de Jean-Paul II, la simplicité, la douceur, l’humilité et le courage de Benoît XVI affermissant ses frères font beaucoup pour le salut des âmes. Le pape parlant du préservatif n’ôtera pas plus la gouverne des mains du prince de ce monde que lorsqu’il exalte l’amour agapè, n’en déplaise aux zélotes de toutes espèces. Mais il ravive notre joie d’aimer Jésus-Christ et son vicaire ici-bas, et notre désir de soutenir à leurs côtés le combat spirituel.
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Écrit par : Denis / | 23/11/2010

@ Anne Josnin,

> merci pour vos commentaires apaisants. J'aimerais avoir votre attitude constructive qui réussit l'exploit de dire la vérité sans offenser la charité et d'être charitable sans offenser la vérité.
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Écrit par : PMalo / | 23/11/2010

LE CHOIX

> Je pense que l'intuition de Benoit XVI à ce sujet est bonne, notre société à un problème avec Dieu, la vérité, etc... Mais je trouve que sa réflexion n'est pas encore assez mure donc assez maladroite.
Une société qui permet aux hommes de tout faire et de tout penser est une bonne société; c'est ensuite aux chrétiens faire découvrir Dieu.
Je ne suis pas convaincu par cette critique du libéralisme, dans la mesure où l'on garde toujours le choix du bien dans notre société.

Jean-Baptiste


[ PP à JB - Etes-vous sûr que l'on "garde toujours le choix"? Certains gardent le choix, oui. Mais la masse des gens est prise dans le relativisme : climat de fausses évidences, lourdement installées par l'appareil de la société ambiante... qui est celui de l'ultralibéralisme. Et c'est là tout le problème ! )

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Baptiste / | 01/05/2013

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