11/11/2010
CAC 40 : des milliards d'aide... et 40 000 emplois détruits
Une réalité que les journaux cathos français devraient dénoncer :
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Instructive enquête de Yann Philippin et Johanna Amselem dans Libération du 10 novembre :
« Ils accumulent les profits, sont choyés par l'Etat et détruisent des emplois e France. La réputation peu flatteuse des géants du CAC 40 est malheureusement exacte. Au premier semestre, ils ont engrangé 41,5 milliards d'euros de bénéfices, en hausse de 87 % sur un an. Mieux encore, ils disposent dans leurs caisses d'un matelas de 146 milliards d'euros de cash... Mais l'économie française n'en profitera pas. Les effectifs dans l'Hexagone des quarante groupes du CAC ont diminué de 39 400 personnes entre la fin 2004 et la fin 2009. Alors que, dans le même temps et malgré la crise de 2009, l'ensemble du secteur privé a créé 200 600 emplois. »
Il ressort de cette enquête que :
- les pires destructeurs d'emplois 2005-2009 sont France Télécom, PSA, Renaut, Carrefour, Michelin et Veolia ;
- ces destructions d'emploi n'ont pas pour but de s'ajuster aux réalités économiques, mais de satisfaire les exigences des actionnaires ;
- les sociétés du CAC mentent quand elles allèguent leur développement dans les pays émergents, parce qu'il n'y a aucun lien entre investissements à l'étranger et destructions d'emplois en France ;
- cette attitude des grands groupes « français » est symétrique à celle des grands groupes américains ;
- les sociétés du CAC parviennent à payer 2,3 fois moins d'impôts sur les bénéfices que les PME ;
- les aides publiques accordées aux grands groupes sont inutiles, ces groupes continuant à détruire les emplois tout en percevant les aides ;
- l'Etat devrait redéployer ses aides en direction des PME, trop petites en France par comparaison avec l'Allemagne. C'est l'avis de Jean-Claude Volot, médiateur de la sous-traitance : « La France doit arrêter de baser sa stratégie sur les grandes entreprises. Elles ne garantissent aucun retour en termes d'emploi sur notre territoire. »
Paul Quinio critique les aides publiques « que dévorent ces mêmes mastodontes, manifestement pas gênés de faire de la dérégulation une condition nécessaire à leur développement, tout en réclamant à l'Etat une indécente générosité fiscale » : « En cette période de rigueur budgétaire et d'Etat ''en faillite'' qui voit Bercy compter et recompter chaque euro public, la question d'une meilleure utilisation de ces milliards d'euros se pose. Elle se pose d'autant plus que, économie mondialisée ou pas, ce sont les PME bien de chez nous qui sont les véritables créatrices d'emplois. Sans bénéficier du même traitement de faveur. »
On aimerait que les groupes de réflexion et les journaux catholiques français, au lieu de répéter en boucle les slogans des grandes entreprises, tiennent compte de ces réalités et changent de discours. S'ils veulent que les gens les prennent un jour au sérieux.
00:00 Publié dans La crise, Société | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : la crise, économie, cac 40
Commentaires
PAS TOUS
> Il ne faut pas mettre tout les journaux catholiques dans le même sac.Certains sont très critiques vis à vis de ce système économiques .C'est la cas de l'Homme Nouveau. Dans leurs dernières publications, on trouve notamment deux livres très intéressants sur le sujet : "Small is toujours beautiful" et "l'utopie des usuriers" de Chesterton.
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Écrit par : pac / | 11/11/2010
18 MILLIONS POUR UN SEUL HOMME EN UN SEUL JOUR
> Pour compléter le tableau : le numéro 2 de LVMH a gagné 18 millions d'euros en une seule journée en levant ses stock-options :
http://www.leparisien.fr/economie/le-fabuleux-jackpot-du-n-2-de-lvmh-07-11-2010-1139415.php
Mais rassurons-nous : l'autorité des marchés financiers a adoubé l'opération, tout est transparent, légal etc.
Le pire est bien là : que de telles choses soient légales. Avec les stock-options, les dirigeants ne peuvent avoir qu'une obsession : les cours de bourse. Tout cela est construit à l'inverse du bien commun. Donc, ça ne peut pas durer. Il y a une justice immanente...
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 11/11/2010
L'IDEOLOGIE DE LA CROISSANCE
> Les "journaux catholiques français" ? C'est quoi ?
Combien de temps encore, par paresse, par habitude, nous ferons nous croire que cela existe encore ?
Les médias chrétiens ? Les idiots utiles d'un système qui continue efficacement de faire croire qu'il est en mesure de s'humaniser, de se moraliser, d' "apporter en son sein une dimension éthique".
Les "journaux catholiques français" ? un lieu où l’on dit « le pape, le pape, le pape » pour mieux faire semblant de ne pas entendre et de ne pas faire part pour ce qu’elles sont, des interventions de plus en plus radicalement anti-capitalistes de Benoît XVI, notre admirable pape.
C’est un lieu où entre deux articles sur la vie des monastères et sur la charité chrétienne au travail, on fait glisser un papier sur le dernier salon de l’automobile et le dernier modèle («plus sûr » et «plus écologique » !) de la voiture électrique, puis un autre papier sur les mesures du gouvernement pour « doper » la croissance économique, et enfin, pour terminer, pourquoi pas un entretien avec Pascal Bruckner. Quel horizon !
C’est un lieu où l’on succombe à tous les conformismes éditoriaux, à tous les lieux communs en vigueur sur le développement durable, la croissance verte, et la moralisation du capitalisme, afin de mieux contourner la question de son alternative radicale, du tournant vital des sociétés humaines de l’abondance vers la sobriété, de la puissance vers la pauvreté évangélique.
Un journal catholique, c'est un lieu, comme un tranquillisant, où l’on apprend sagement à subordonner sa foi aux injonctions du monde…
Les "journaux catholiques" : un signe des temps de la grande apostasie qui vient, l'épreuve ultime que traversera notre Eglise à la fin des temps, où la grande majorité d'entre nous catholiques, l'abandonnerons et avec elle ses vérités exigeantes. Annonciateurs et acteurs d'un christianisme light, poli et convenable, en phase avec les objectifs de l'idéologie du bien-être et de la croissance, avec le tampon "catholiques" sur le front, nous serons devenus les alibis parfaits.
heureusement, au milieu de la la confusion, comme un îlot, une bouffée d'air frais : merci à vous Patrice de Plunkett, pour l'esprit de fidélité qui caractérise votre blog!
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Écrit par : serge lellouche / | 11/11/2010
HYPERTROPHIE
> Ce cas est très intéressant, car autant les entreprises que l'Etat doivent être dénoncés.
Les entreprises de manière évidente, mais l'Etat aussi qui s'arroge un pouvoir de redistribution inutile et dispendieux des deniers publics qui seraient utile à d'autres choses: social ou alléger les impôts, ce qui précisément favorise aussi l'emploi dans les entreprises.
Cela rejoint la dernière encyclique de BXVI, qui explique qu'il y a 3 pôles dans la société: marché/Etat/société civile (Eglise, associations, famille...).
Aujourd'hui il y a une hypertrophie des deux premiers qui pèse sur terriblement sur la société.
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Écrit par : ludovic / | 11/11/2010
@ Serge Lellouche
> Bien vu, hélas!
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/11/2010
CONTRADICTION ?
> Contradiction entre cette note et la suivante, "Au delà des nationalismes" car:
-Le drame est une disparité en grande partie artificielle des taux de change couplée au libre échange , qui serait moins nocif sinon..
-Cette disparité est la différence de potentiel qui alimente les profits des entreprises qui produisent dans les pays bas couts et vendent ici.
-C'est le moteur des délocalisations.
-C'est le moteur de flux migratoires anarchiques.
-Elle renforce aussi la rentabilité des trafics de drogues et de prostitution, et donc en est aussi un moteur..
Il est donc, je pense, du DEVOIR de nos pays de maîtriser nos monnaies et nos frontières, en un mot, de maîtriser et privilègier leurs intérêt nationaux face aux préjugés européistes et mondialistes (c'est pareil).
PH
[ De PP à PH :
- Que le libre-échangisme cesse d'être destructeur à condition de réviser la question des taux de change, on peut en douter ! Le problème est malheureusement d'une autre ampleur. Lorsque Bruxelles décrète l'autorisation des OGM au nom de la liberté du commerce, les taux de change n'ont pas grand'chose à y voir. Ce n'est qu'un exemple.
- Sortir de l'assujettissement dont vous parlez est un problème. Changer le système économique global est un autre problème. Envisager les deux à la fois n'est pas contradictoire. Et toute tentative nationale isolée est vouée à avorter, le système étant infiniment plus fort que les diverses entités étatiques (surtout dans l'état où elles sont désormais). ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/11/2010
A Serge Lellouche
> Cela peut donner l'impression aux observateurs extérieurs que la DSE, c'est le libéralisme plus l'eau bénite (comme certains ont a pu dire que le communisme, c'était les soviets plus l'électricité...)
Feld
[ De PP à F. - L'impression seulement. Si on lit les textes de la DSE, on mesure son exigence et oin constate que cette exigence est incompatible avec la logique libérale. Mais pour ça, il faut se reporter aux textes, au lieu de lire les "économistes" habituels ! ]
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Écrit par : Feld / | 11/11/2010
@ Patrice de Plunkett.
> Toute tentative nationale vouée à avorter ? Pas nécessairement, et si nous nous disons cela, vous n'avez pas fini de manger des OGM en attendant l'autorisation de l'OMC de changer de régime: justement ce qui fait la force du système c'est surtout la faiblesse actuelle des volontés politiques des états nationaux.
PH
[ De PP à PH - D'accord. Disons que toute tentative "exclusivement" nationale est destinée à avorter. Ou alors démontrez-moi que la "France seule" est une hypothèse réaliste en 2010 ! Elle ne l'était déjà plus en 1941 ! (Je ne parle pas dans la perspective d'une fronde française envers Bruxelles, mais dans celle de la crise mondiale du capitalisme tardif).]
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/11/2010
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