04/11/2010
Elections américaines
Quelle leçon pour le reste
du monde ?
< L'ultralibéral Rand Paul. Une prime à l'aveuglement.
Les Etats-Unis n'étant plus "la Superpuissance globale", ce qui se passe chez eux n'est pas d'un intérêt décisif. La montée d'un mouvement inédit au Brésil (Marina Silva) est beaucoup plus significative que les claudications de la postdémocratie US, enfermée dans ses mirages et ses obsessions.
La pire impression d'irréalité a été donnée par Rand Paul, star du Tea Party, chaque fois qu'il a martelé son leit-motiv : "le marché doit être dérégulé". Ce que confirmait un autre tenant de la pensée zéro (sur sa chaîne institutionnelle, Fox News) : "Les Américains savent que l'effondrement économique de la fin du règne de G. W. Bush n'était pas de sa faute". Ne RIEN comprendre à ce degré-là, VOULOIR ne rien comprendre, ériger le refus de comprendre en American pride, ça dépasse l'imagination.
Des sites nous apprennent avec complaisance que cette fois les catholiques américains "ont voté républicain en majorité". Si c'est exact, alors les catholiques américains n'ont pas lu Caritas in Veritate plus que les catholiques français. Certes, il y a le problème du pro-life et du pro-choice ; mais si toute vie politique se réduisait à cette dichotomie, Benoît XVI - pardon de me répéter - n'aurait justement pas écrit Caritas in Veritate, qui ouvre pour l'avenir d'autres pistes que le vote libéral, et qui ajoute d'autres critères de discernement au critère du droit à la vie.
Commentant les déclarations dérégulatrices de M. Paul, un journaliste de France 24 le qualifiait tout à l'heure de "conservateur". M. Paul étant partisan du système économique et financier qui détruit les sociétés humaines, j'aimerais qu'on m'explique de quoi ce système est "conservateur" - sinon des intérêts spéculatifs : par exemple ceux des Paul père et fils, ou ceux de Mme Palin.
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00:00 Publié dans Idées, Planète chrétienne, Société | Lien permanent | Commentaires (23)
Commentaires
CHOISIR ?
> S'il me faut choisir entre un politicien plus respectueux de la vie et un autre plus respectueux de l'écologie , ma conscience me dicte de choisir le premier.
BK
( De PP à BK - Au lieu de raisonner comme il y a vingt ans, pensez nouveau : pensez à Marina Silva qui vient renverser les schémas. Personne n'est plus qu'elle respectueuse de la vie et respectueuse de l'écologie, les deux à la fois. Il est vrai qu'elle n'est pas du tout de droite. )
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Écrit par : BrunoK / | 04/11/2010
NI LES UNS NI LES AUTRES
> Un catholique ne peut pas voter en conscience pour un candidat qui soutient un acte gravement et intrinsèquement mauvais comme l'avortement. Donc il ne peut pas voter pour la plupart des Démocrates. Mais il ne peut pas non plus voter pour la plupart des Républicains qui soutiennent d'autres actes gravement et intrinsèquement mauvais comme des guerres injustes à travers le monde ou l'usage de la torture dans ces guerres injustes (et dont l'opposition à l'avortement n'est souvent qu'un slogan qui ne se traduit pas en acte : par exemple, des Présidents Républicains Reagan et Bush Sr ont nommé à la Cour Suprême les juges O'Connor, Kennedy et Souter qui se sont révélés tous les trois pro-avortement).
Là bas, comme ici, le meilleur choix reste encore de refuser de choisir entre Charybde et Scylla : abstention, vote blanc ou vote pour un petit candidat qui n'est en contradiction flagrante avec aucun aspect du message évangélique (pour ce qui concerne non seulement la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle et la famille mais aussi les droits des immigrés et le respect de la Création).
T.
( De PP à T. - D'accord avec vous. )
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Écrit par : Thibaud / | 04/11/2010
CHESTERTON
> Mais si ! M. Paul est conservateur, au sens où l'entend Chesterton dans son célèbre apophtegme : « Le monde s'est divisé entre Conservateurs et Progressistes. L'affaire des Progressistes est de continuer à commettre des erreurs. L'affaire des Conservateurs est d'éviter que les erreurs ne soient corrigées. »
JG
( De PP à JG - A ceci près que la crise économique n'a pas été déclenchée par les erreurs des démocrates, mais par l'idéologie et le système servis par les républicains. )
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Écrit par : JG / | 04/11/2010
BON SENS
> Je trouve du bon sens à l'édito de Joffrin ce matin :
" Il y a une injustice cruelle dans le vote des Américains. Pour avoir hérité d'une situation cataclysmique, Barack Obama doit concéder une défaite cinglante face à ceux qui ont créé le cataclysme. La politique dogmatique des républicains, dictée par Wall Street, a déclenché une crise économique qui a failli égaler celle de 1929. Parce qu'il a tenté de sauver les meubles, parce qu'il a pris les mesures d'urgence qui s'imposaient, et parce que ces mesures n'ont pas eu le temps de produire leurs effets, Barack Obama est sanctionné.
On dira qu'il n'a pas su mobiliser ses électeurs, qu'il s'est englué dans des compromis washingtoniens, qu'il a perdu sa force d'entraînement. Certes. Mais on débouche sur cet amer paradoxe : ceux qui lui reprochent de n'avoir pas gouverné assez à gauche ont assuré, en s'abstenant, la victoire de la droite la plus extrême.
...L'Etat fédéral a évité le pire en intervenant vigoureusement pour prévenir une dépression économique : il a prêté du même coup le flanc à la méfiance antiétatique qui profondément ancrée dans la conscience du peuple américain. L'Etat se porte au secours des individus. Mais les individus n'aiment pas leur sauveur. La leçon vaut bien au delà des Etats-Unis. "
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Écrit par : Luça / | 04/11/2010
à Etcetera
> Il faudrait retrouver la citation dont vous parlez. Le sujet est trop brûlant pour ne faire qu'une allusion.
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Écrit par : PP à Et cetera / | 04/11/2010
PAS TOUJOURS ?
> On ne peut pas toujours voter blanc. Tous les pays n'ont pas des candidat(e)s comme Marina Silva . Il faut donc parfois choisir celui qui en conscience paraît ( où est la certitude ?)être le moins éloigné des valeurs chrétiennes.
BK
( De PP à BK - Sur certains points, un cathophobe comme Mélenchon est parfois plus proche de "valeurs chrétiennes" qu'un droitier caricatural comme Copé. Donc rien n'est simple. D'autre part, pourquoi dites-vous qu'on "ne peut pas toujours voter blanc" ? si notre conscience nous le dicte chaque fois jusqu'à nouvel ordre ? )
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Écrit par : BrunoK / | 04/11/2010
@ Thibaud
> Tout à fait d'accord.
Ne pouvons-nous aussi admettre qu'il n'y a de toutes manières aucune différence fondamentale entre un Bush et un Obama si ce n'est une question d'emballage ?
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Écrit par : Scrameustache / | 04/11/2010
LIBERTARIENS
> Ron Paul le père de Rand Paul n'est pas conservateur mais libertarien ( http://www.quebecoislibre.org/appaul.htm ); son fils Rand Paul est également libertarien( http://www.liberation.fr/monde/01012300283-rand-paul-l-heritage-libertarien )Et les libertariens ne sont pas des conservateurs ( http://www.quebecoislibre.org/philo1.htm
ND
( De PP à ND - Question de vocabulaire. Aux USA, on appelle "conservateurs" les partisans du bulldozer ultralibéral ! C'est ce chaos mental qui déteint sur les commentateurs français. D'autant que les "conservateurs" français estiment eux aussi que le règne de l'argent n'est pas un problème. )
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Écrit par : ND / | 04/11/2010
LES USA ET LES MILIEUX FRANCAIS
1. Les libertariens sont ultra-individualistes, voire quasi-anarchistes : c'est la "branche économique" des libertaires façon 68. Ils sont bien souvent très isolationnistes, refusent les interventions militaires US car elles coûtent cher et militent pour une réduction drastique du budget de la défense. Il me semble que R.Paul-père milite pour le retrait des USA de l'Otan, de l'Onu etc. C'est en effet très différent des "néocons" façon Bush & Co. Un ami m'a dit hier que Le Tea Party est un mouvement avant tout anti-fiscaliste, héritier de ceux qui se sont révoltés contre les taxes sur le thé imposées par le anglais, ce qui a provoqué en partie la guerre d'indépendance soutenue par la France (et qui nous a coûté très cher !).
2. En France, la tendance libertarienne n'existe quasiment pas au niveau politique. Une minuscule poignée de députés UMP sont attirés mais sans que cela aille plus loin. Quelques universitaires fiscalistes défendent cette idéologie mais leurs travaux sont peu relayés. En France, un député UMP moyen est dans le fond moins libéral que nombre de démocrates US. L'idéologie libérale en tant que telle a pointé le bout de son nez avec la génération des "quadras" comme Madelin, mais leur influence a été de courte durée. Guaino expliquait il y a quelques temps dans un colloque organisé par Libé que le problème était davantage dans une démission des politiques, une sorte de fatalisme qui présuppose qu'on ne peut pas lutter contre la donne économique mondialisée et qu'il faut faire avec en corrigeant ici et là comme on peut les effets pervers. Ils sont persuadés qu'il n'y a pas d'autre système possible. F.Hollande le disait récemment face à Mélenchon.
Je suis assez optimiste car je ne crois pas que beaucoup de français soient favorables à l'argent-roi, beaucoup croient simplement que c'est inéluctable, il n'y a peut-être que très peu d'adhésion idélogique positive. Nous devons donc démontrer qu'un autre système est possible, ce qui implique de beaucoup travailler car la mise en avant de quelques principes ne suffit pas à démontrer, il faut entrer dans le concret. Et là, peut-être devons-nous admettre qu'il est difficile de passer de la posture de dénonciation (étape nécessaire) à la posture de proposition concrète.
Même s'il y a quelques pistes concrètes, les encycliques sont des boussoles, mais c'est à nous de travailler avec cette boussole en main. Le pape a fait son job, à nous de faire le notre. Nous devons produire des travaux intellectuels de haut niveau, chercher avec ceux qui ont des compétences propres (économie, finance, morale, science politique, écologie etc.), débattre et réfléchir avec d'autres personnes qui croient à un autre système, produire des analyses critiques et prospectives de fond... et ne pas avoir peur même de nous tromper parfois. C'est un gros travail... Cela prend du temps, nous avons un travail, une famille, parfois une multitude d'engagements divers etc.
GP
( De PP à GP - L'antifiscalisme délirant du Tea Party ("God hates taxes") n'est qu'une des facettes de sa haine absolue de l'Etat et de son rejet de la notion - certes trop catholique - de bien commun. Il y a là quelque chose de triséculaire, typiquement américain-puritain. Certes le Tea Party est un conglomérat de tendances diverses, parfois contradictoires ; mais le consensus anti-Etat fait le fond de sauce.
Certains cercles catholiques français ont soutenu bille en tête le Tea Party (comme si on leur demandait quelque chose). Ils confondaient ainsi la haine puritaine envers l'Etat avec le principe catholique de subsidiarité : ce qui montre une belle ignorance, et ce qui les a menés à applaudir un personnage aussi "catho-incompatible" que Rand Paul...
Sous cet angle, les "correspondants particuliers aux USA" de tel hebdo ou de tel site catholiques conservateurs français sont consternants d'incompétence, notamment doctrinale).
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 05/11/2010
L'HOMME ? OUI BIEN SÛR, MAIS...
> Mettre l'homme au centre : de l'économie, de l'écologie, de la politique, des médias. Caritas in Veritate ne rappelle pas autre chose. Le traditionnel clivage droite-gauche ne permet pas de sortir par le haut de notre situation actuelle. Par opposition au "progrès-à-tout-prix" et "au sens de l'histoire", "CONSERVER" ce qui nous est bon et cher est une grande vertu. A quand la création d'un grand mouvement "conservateur", ami du bien commun, qui ne se confonde ni avec le libéralisme sauvage, dénoncé par nos derniers papes, ni avec l'idéologie internationaliste. Un conservatisme enraciné, qui considère la personne humaine dans TOUTES ses dimensions, y compris spirituelles et historique, ce qui est congénitalemlent absent de la pensée socialiste. La doctrine sociale de l'Eglise, en somme, qui n'est ni de gauche ni de droite.
X.
( De PP à X. - Vous ne dites que la moitié de la position de l'Eglise. L'homme au centre, oui : mais l'homme RESPONSABLE, devant rendre des comptes à son Créateur ! D'où par exemple l'écologie chrétienne, qui est à la responsabilité "environnementale" ce que le christianisme social est à la responsabilité dans la cité, etc.
Et qu'on arrête de dire que l'écologie chrétienne ne concerne que ce qui est dû à l'homme ! Elle concerne aussi les devoirs de l'homme envers le monde que Dieu lui a confié. Toute esquive dans ce domaine mène à une conception fausse de l'homme dans la nature. Et en certains cas, peut même mener à sortir inconsciemment du christianisme. )
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Écrit par : xav007 / | 05/11/2010
A BK :
> pourquoi dîtes-vous qu'on ne peut pas "toujours" voter blanc ? Si le vote blanc est légitime dans certaines circonstances, alors, tant que ces circonstances ne sont pas modifiées, il est possible de continuer de s'en prévaloir.
Jacques Ellul allait jusqu'à l'abstention, lui donnant, il est vrai, une véritable portée politique et citoyenne. http://www.jacques-ellul.org/les-grands-themes/la-politique
Un autre lien à signaler sur le site de politis, toujours autour de ces questions : l'appel d'objecteurs de croissance chrétiens auprès des mouvements altermondialistes antiproductivistes à leur laisser un véritable espace d'engagement : http://www.politis.fr/Croyants-et-anticapitalistes-t-y,12013.html
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Écrit par : blanche / | 05/11/2010
@ PP
> C'est signé Joseph Ratzinger, en 2004, au sujet des élections américaines :
"Un catholique serait coupable de coopération formelle avec le mal, et serait donc indigne de recevoir la sainte communion, s’il devait délibérément voter pour un candidat précisément en raison de la position permissive du candidat sur l’avortement et/ou l’euthanasie.
Quand un catholique ne partage pas la position d’un candidat en faveur de l’avortement et/ou de l’euthanasie, mais vote pour ce candidat pour d’autres raisons, on considère cet acte comme une coopération matérielle éloignée, permise en vertu de raisons proportionnées."
Ces lignes ont fait couler beaucoup d'encre et suscité des interprétations diverses.
Certains en ont compris qu'un catholique pouvait tout à fait voter pour un programme semblable en tous points à celui de Marina Silva sauf sur la question de l'IVG.
E.
( De PP à E. - Pouvez-vous donner la référence complète de ce document ? )
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Écrit par : Et cetera / | 05/11/2010
LA REFERENCE
> Ce texte est un N.B. à la note sur "Être digne de recevoir la sainte communion. Principes généraux".
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Écrit par : Et cetera / | 05/11/2010
@ PP
> Oui, l'homme debout et responsable de la création dans toutes ses composantes. Mon commentaire ne voulait pas dre autre chose.
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Écrit par : xav007 / | 05/11/2010
@PP
En effet, les libéraux libertaires voient dans l'Etat un oppresseur par nature. L'Etat s'arroge ce qu'ils appellent le "monopole de la coercition légale". Et le bien commun est pour eux le prétexte sur lequel s'appuie l'oppresseur pour opprimer. Pour eux, seul existe le bien individuel : que chacun s'occupe de son bien propre et tout ira bien. Ils revendiquent la liberté de ne pas s'inscrire dans les cadres collectifs (retraite, protection sociale). C'est peut-être un peu la conséquence du contrat social de Rousseau. A partir du moment où la société n'est qu'un groupe d'individus librement liés par contrat, il est logique que certains individus refusent de s'agréger au contrat. C'est leur liberté. Si on les en empêche, le contrat n'est plus libre. Les adeptes de Rousseau se sont rendus compte que si le contrat n'est pas obligatoire, c'est le bazar. Alors ils l'ont rendu obligatoire : l'homme nouveau naît libre, égal et autonome mais il est nécessairement agrégé au contrat. Dans la pensée renversée par la philosophie libérale de Rousseau, l'homme naît lié par nature : lié à une famille qu'il n'a pas choisi, à une communauté, un pays etc. Et son devoir à l'intérieur de la collectivité qui l'a accueilli, protégé, nourri, éduqué et instruit est de contribuer à son bien et de transmettre ce qu'il a reçu, qui ne lui appartient pas et le dépasse. Cela pose bien sûr la question de la liberté. Puisque l'homme est fait pour la liberté, comment celle-ci s'inscrit-elle dans le cadre social ? Cette question est toujours d'actualité. Et elle se pose au premier chef dans la communauté de base qu'est la famille. Le modèle familial est déstabilisé par le postulat de l'individu librement agrégé à l'ensemble. Cela a mis plus de 200 ans à arriver, mais cela devait nécessairement arriver dans la logique de la philosophie des lumières. Il est logique que l'éducation soit devenue un auxiliaire de l'épanouissement individuel et non plus une transmission. Et par voie de conséquence, le logiciel transmission-réception ayant été enlevé, on n'arrive plus à transmettre un savoir à l'école, des valeurs, une religion etc. Mais le monde ancien a peut-être contribué à sa perte par ses propres excès : en réprimant l'individu (ce qui est bon), on a peut-être réprimé la personne (ce qui est mauvais). J'ai tendance à penser que la nouvelle génération, qui est loin d'être idiote, saura faire du neuf avec de l'ancien, avec un meilleur équilibre bien commun/respect de la personne et liberté/responsabilité.
Écrit par : Guillaume de Prémare | 05/11/2010
@ PP
> En effet, les libéraux libertaires voient dans l'Etat un oppresseur par nature. L'Etat s'arroge ce qu'ils appellent le "monopole de la coercition légale". Et le bien commun est pour eux le prétexte sur lequel s'appuie l'oppresseur pour opprimer. Pour eux, seul existe le bien individuel : que chacun s'occupe de son bien propre et tout ira bien. Ils revendiquent la liberté de ne pas s'inscrire dans les cadres collectifs (retraite, protection sociale). C'est peut-être un peu la conséquence du contrat social de Rousseau. A partir du moment où la société n'est qu'un groupe d'individus librement liés par contrat, il est logique que certains individus refusent de s'agréger au contrat. C'est leur liberté. Si on les en empêche, le contrat n'est plus libre. Les adeptes de Rousseau se sont rendus compte que si le contrat n'est pas obligatoire, c'est le bazar. Alors ils l'ont rendu obligatoire : l'homme nouveau naît libre, égal et autonome mais il est nécessairement agrégé au contrat. Dans la pensée renversée par la philosophie libérale de Rousseau, l'homme naît lié par nature : lié à une famille qu'il n'a pas choisi, à une communauté, un pays etc. Et son devoir à l'intérieur de la collectivité qui l'a accueilli, protégé, nourri, éduqué et instruit est de contribuer à son bien et de transmettre ce qu'il a reçu, qui ne lui appartient pas et le dépasse. Cela pose bien sûr la question de la liberté. Puisque l'homme est fait pour la liberté, comment celle-ci s'inscrit-elle dans le cadre social ? Cette question est toujours d'actualité. Et elle se pose au premier chef dans la communauté de base qu'est la famille. Le modèle familial est déstabilisé par le postulat de l'individu librement agrégé à l'ensemble. Cela a mis plus de 200 ans à arriver, mais cela devait nécessairement arriver dans la logique de la philosophie des lumières. Il est logique que l'éducation soit devenue un auxiliaire de l'épanouissement individuel et non plus une transmission. Et par voie de conséquence, le logiciel transmission-réception ayant été enlevé, on n'arrive plus à transmettre un savoir à l'école, des valeurs, une religion etc. Mais le monde ancien a peut-être contribué à sa perte par ses propres excès : en réprimant l'individu (ce qui est bon), on a peut-être réprimé la personne (ce qui est mauvais). J'ai tendance à penser que la nouvelle génération, qui est loin d'être idiote, saura faire du neuf avec de l'ancien, avec un meilleur équilibre bien commun/respect de la personne et liberté/responsabilité.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 05/11/2010
LE DOCUMENT RATZINGER
> On peut lire le texte intégral ici :
http://www.libertepolitique.com/actualite/49-archives/3662-re-digne-de-recevoir-la-sainte-communion-principes-graux-memorandum-aux-ques-amcains
Dans le point 3, on trouve également un éclairage sur le thème de la peine de mort dont nous avons débattu il y a quelques jours.
Ce texte, que je ne connaissais pas, est intéressant. Je trouve qu'il illustre bien ce qu'est la liberté chrétienne : l'articulation loi/conscience/liberté/responsabilité/obéissance etc.De fait, il en ressort une grande liberté et une lourde responsabilité. Merci Et cetera !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 05/11/2010
RAND PAUL CHRISTOPHOBE
> Le plus drôle est de voir des sites "catholiques" franchouillards soutenir le libertarien Rand Paul, alors que toute l'Amérique sait - depuis les polémiques de campagne - qu'il s'illustrait à l'université en organisant des pastiches de cérémonies religieuses pour ridiculiser christianisme ! Ca, les "américanologues" des catholiques ultras ne vous le diront pas. Mais c'est paru un peu partout. Vous me direz : ils ne lisent que leurs propres écrits, donc...
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Écrit par : Rand Paul christophobe / | 05/11/2010
UN NETTOYAGE
> Magnifique résumé du libéralisme et de ses origines, cher Guillaume de Prémare. Vous êtes entièrement dans le vrai. Par contre, je suis moins optimiste que vous sur la capacité de faire du neuf avec l'ancien. Je pense qu'il faut un grand nettoyage. Qu'il arrive par implosion du système et son remplacement par un autre (là on doit jouer un rôle) ou de façon violente, mais il faut un nettoyage. C'est la même chose qu'avec le communisme.
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Écrit par : vf / | 05/11/2010
A Blanche ,
> Un citoyen qui vote en permanence blanc exprime bien évidemment son désaccord . Il me semble cependant qu'en étant réaliste , entre 2 maux il faut choisir le moindre et voter pour le parti et le candidat qu'en conscience l'on trouverait le moins nuisible . Tout dépend du moment et des circonstances , càd de ce qui se trouve dans le pipeline des projets en prévision ....
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Écrit par : BrunoK / | 05/11/2010
@ BrunoK :
> très bien, votre méthode du moins pire ; pour quels résultats, depuis quelques décennies ?
C'est peut-être allé un peu moins vite...
Je préfère construire autrement que par les urnes. L'un n'empêche pas l'autre, certes, mais quand un outil ne marche plus et qu'il n'est pas réparable, on en prend un autre.
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Écrit par : PMalo / | 05/11/2010
LE VOTE BLANC
> Au sujet du vote blanc, je me souviens avoir entendu le journaliste Philippe Meyer expliquer il y a quelques années que des études avaient montrés que si ce vote avait été reconnu en France (i.e. d'une certaine manière, on laisse des sièges vides en proportion du nombre de votes blancs), alors le score du Front National aurait été réduit à peau de chagrin.
Par ailleurs, je trouve que les deux liens ci-dessous donnent un éclairage intéressant sur deux questions: les catholiques américains face au Tea-Party (pas vraiment leur tasse de thé) et la réalité des chiffres dans cette élection (on peut, comme c'est mon cas, trouver Obama sympathique et s'agacer néanmoins de la partialité des médias français à son égard).
http://www.libertepolitique.com/index.php?option=com_content&view=article&id=6338&catid=35&Itemid=14
http://www.libertepolitique.com/index.php?option=com_content&view=article&id=6345&catid=35&Itemid=14
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Écrit par : luc2 / | 06/11/2010
@ Vf
> D'accord avec vous : pour reconstruire, il faudra faire place nette... autant que possible. Mais nous n'arracherons pas sur cette terre toutes les formes de mal qui y existent. Le bon grain poussera avec l'ivraie jusqu'à la moisson finale.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 06/11/2010
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