13/10/2010
Les chrétiens d'Orient ne sont pas seulement devant l'islam
...ils sont aussi dans la broyeuse du matérialisme mercantile occidental :
« Dans nos sociétés, l'influence de la modernisation, de la globalisation et du laïcisme ont leur répercussion sur nos chrétiens », a affirmé S. B. Antonios Naguib, patriarche d'Alexandrie des Coptes d'Egypte et rapporteur général du synode. « Toutes nos sociétés sont envahies par la modernité, surtout par les chaînes mondiales de télévision et l'Internet », a-t-il affirmé au cours de la première congrégation générale, le 11 octobre. Cette « réalité ambiguë » constitue « un risque » pour les chrétiens et « apporte la menace du matérialisme, de l'athéisme pratique, du relativisme et de l'indifférentisme, menaçant nos familles, nos sociétés, et nos Églises ». Il nous faut « rappeler la place de Dieu dans la vie personnelle, familiale, ecclésiale et civile, et prier davantage », a souligné le patriarche.
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00:43 Publié dans Eglises, Planète chrétienne, Religions, Société, Témoignage évangélique, Terre Sainte | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christianisme, terre sainte, proche-orient, synode, palestine, israël, irak, liban
Commentaires
CONSTAT !
"- S. Exc. Mgr Basile Georges CASMOUSSA, Archevêque de Mossoul des Syriens (IRAQ)
Dans nos pays du Moyen-Orient, nous sommes des minorités infimes, ravagées déjà considérablement par les facteurs suivants:
1. L'émigration galopante, ou les Chrétiens perdent de plus en plus confiance dans leurs propres pays historiques.
2. Les vagues de terrorisme, inspiré par des idéologies religieuses, qu’elles soient islamiques ou totalitaires, déniant le principe même de la parité, au profit d'un négationnisme fondamental qui écrase les minorités, dont les Chrétiens, maillon le plus vulnérable.
3. La baisse alarmante des naissances chez les Chrétiens, face à une natalité toujours prospère chez les Musulmans.
4. L'accusation injuste contre les Chrétiens d'être des troupes louées ou menées par et pour l'Occident soi-disant "chrétien", et ainsi considérés comme un corps parasite à la Nation. Présents et actifs ici, bien avant l'Islam, ils se sentent indésirables dans leur propre terre, qui devient de plus en plus une "Dar el-Islam" réservée. L'Occident lui-même n'est pas plus tendre: le terme "chrétien" n'évoque guère pour lui que la dimension religieuse. Quasiment jamais l'aspect social de groupe humain lésé dans ses droits fondamentaux, dans son identité culturelle, dans ses biens, dans son existence même, à cause de sa religion. Voilà le Chrétien oriental en pays d'Islam condamné soit à la disparition, soit à l'exil. Ce qui se passe en Iraq aujourd'hui, nous fait penser à ce qui s'est passé en Turquie durant la Première Guerre Mondiale. C'est alarmant!
5. L'état fractionnaire des Communautés chrétiennes du Moyen-Orient: divisions institutionnelles ecclésiales et identitaires d'églises locales farouches de leurs autonomies, autrefois à base doctrinale et territoriale ou linguistique, érigées artificiellement en nationalisme éthno-politique (l'Iraq aujourd'hui en est un exemple), pourtant se référant à la même sève patristique et linguistique, ayant subi le même sort historique de "dhimitude", l'avenir étant ombragé, pour tous, des mêmes symptômes de désagrégement, aussi bien par les facteurs externes qu'internes.
Voilà les vrais défis, terribles en conséquences, qu’affrontent les Chrétiens du Moyen-Orient!"
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 13/10/2010
ET L'ISLAM ?
> J'imagine que la télé et internet entrent aussi dans les foyers musulmans. L'Islam est-il aussi vulnérable à cette imprégnation ? Y a-t-il une sécularisation ? Si quelqu'un a une idée sur le sujet...
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 13/10/2010
LE PAPE TIRE EN RAFALE !
> Lu sur le site de FC :
Dans une méditation improvisée lors de l’ouverture des travaux du Synode pour le Moyen-Orient, lundi 11 octobre 2010 au Vatican, Benoît XVI a particulièrement mis en garde contre les « fausses divinités que sont le pouvoir des idéologies terroristes » au nom de Dieu, les « capitaux anonymes qui mettent l’homme en esclavage » ou la drogue. Le pape a aussi fustigé « le mode de vie » pour lequel « le mariage ne compte plus » et « la chasteté n’est plus une vertu ».
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 13/10/2010
MEDIAS OCCIDENTAUX ET ISLAM
> à la précédente question de Guillaume :
les médias étatsuniens pénètrent en masse dans les foyers musulmans, avec deux conséquences contradictoires :
- exercer une influence décérébrante, comme dans les foyers non- musulmans;
- susciter la haine en montrant un "modèle impie", et ça c'est la différence avec les foyers chrétiens.
L'effet est donc contradictoire (fascination-haine), et les imams islamistes jouent sur l'effet n° 2 pour mobiliser les jeunes contre le Grand Satan US.
En revanche, l'effet "haine" ne joue pas chez les chrétiens. Ne le regrettons pas, la haine étant non évangélique, mais constatons que les chrétiens sont en position de faiblesse. D'où l'appel à la prise de conscience proféré au synode.
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Écrit par : PP / | 13/10/2010
FRACTURE
> Il est intéressant de lire successivement vos posts sur le nouveau dicastère puis celui-ci. Je ne sais si c'est moi mais j'ai eu le sentiment en les lisant que le Saint Père et Sa Béatitude étaient sur la même longueur d'onde.
Sur un autre sujet. A lire les interventions des membres du synode (je m'efforce de lire la totalité de ce que je publie ce qui n'est pas un mince effort !) je m'aperçois qu'il y a une sorte de fracture géographique entre d'un côté les représentants d'Eglises sous le feu de persécutions violentes et ceux des Eglises se situant dans des zones - qui peuvent même connaître des conflits violents - "pacifiées" (je ne sais pas si je suis très clair ici). Ainsi ici plus haut de Mgr Casmoussa qui dresse un bilan que je perçois comme uniquement négatif alors que, par exemple, Mgr Ramzi GARMOU, archevêque de Téhéran des Chaldéens écrit entre autre qu'à la question : "Quel avenir pour les chrétiens du Moyen-Orient ?" Il répond : "A mon avis cette question, nous lance un appel urgent à une réelle et profonde conversion du cœur à une vie conforme au message de l'Évangile. C'est vrai, l'avenir de l'Église dans nos pays et dans le monde entier est entre les mains de Dieu, qui veille sur tous ses enfants comme un Père plein de tendresse et de miséricorde. Mais il est aussi confié à notre responsabilité de pasteurs, successeurs des Apôtres, qui avons reçu la charge de paître le troupeau de Dieu, non par cupidité, mais par dévouement, en devenant des modèles du troupeau. (lP 5,2-3)"
Ce que je retiens de cette intervention c'est surtout : "C'est vrai, l'avenir de l'Église dans nos pays et dans le monde entier est entre les mains de Dieu, qui veille sur tous ses enfants comme un Père plein de tendresse et de miséricorde.", sorte de bouffée de foi ? de confiance apaisée ?
Je suis peut-être un peu trop impliqué dans mes lectures pour voir très clairement se dessiner les grandes lignes de démarcation entre les uns et les autres. Si quelqu'un ici prend la peine de lire tout ce qui se dit je serai heureux de connaître son opinion sur ce sujet.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 13/10/2010
SOCIÉTÉ DU SPECTACLE...
> Voilà qu'un millier au moins de journalistes s'apprêtent - et, sont en train de, d'ailleurs, au moment où j'écris ces lignes - à couvrir la remontée des 33 mineurs chiliens auxquels les journaux télévisés, les journaux radios, les journaux papier, les hebdomadaires, les journaux en ligne, les blogs... offrent de vastes plages "d'information". Pour dire quoi exactement ? Que le mineur 4 a été remonté au bout de 63 minutes ? Que sa famille et tout particulièrement sa femme et ses enfants sont heureux de le voir en vie ? Que le mineur 5 est dans le conduit le ramenant vers la surface ? Que le mineur 6 suivra ? Que la famille du mineur 5 s'apprête à l'accueillir avec joie ? etc. etc. etc. ad nauseam à grand renfort du enième entretien avec la femme du mineur 2, les enfants du mineur 3, le sauveteur 14... ?
Je parle des mineurs chiliens mais j'aurai tout aussi bien pu parler du spéléologue français. Combien de temps d'antenne pour ne rien apprendre si ce n'est que les "secouristes espèrent toujours", que "les conditions de l'opération sont difficiles"...
Pendant ce temps là à Rome quelques 180 pères synodaux planchent sur l'avenir de quelques 16 millions de chrétiens au Moyen-Orient. Combien sont-ils de journalistes à couvrir ces 14 jours d'échanges, de débats ? Combien de ceux-là verront leurs articles retoqués par leurs rédacteurs au motif que "cela ne fait pas vendre coco" ?
Suis-je le seul complètement dégoûté par ces procédés.
Bien sûr je compatis aux souffrances des mineurs et de leur famille mais où est passé la hiérarchisation de l'information, la déontologie journalistique, simplement le désir d'informer en vérité ?
Aujourd'hui Philippe Oswald réagit dans Famille Chrétienne. Mais pour suivre avec attention les frémissements des médias sur le synode, je peux vous assurer que LES médias français non catholiques n'ont pas consacré plus de 15 (oui vous avez bien lu pas plus de quinze) articles au Synode et ce depuis le 8 octobre !
Je pense que tous les catholiques, tous les chrétiens devraient faire l'effort pendant ces quinze jours de communiquer autour d'eux, auprès de leurs proches, de leurs collègues de travail, de leurs amis... sur le synode et ses travaux car visiblement si chacun d'entre nous ne le fait, personne d'autre ne le fera.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 13/10/2010
ORIENT
> Comment nous associer à la prière des Pères synodaux réunis à Rome ? Nous pourrions peut-être susciter, jusqu’au 24 octobre, un concours de prières pour eux et pour les communautés qu’ils représentent. Pour ma part, Je fais cette proposition : venons à l’orient de nos églises pour y dire une petite prière en faveur des Pères synodaux et des communautés chrétiennes si menacées du Moyen-Orient. Venons à l’orient de nos églises, sans prosternation (ni superstition) superflue, avec par exemple cette prière : « Seigneur Jésus, nous t’adorons en esprit et en vérité, à l’orient de cette d’église, dans les personnes de nos frères et sœurs chrétiens d’Orient, souvent persécutés, qui désirent demeurer fidèles à la Terre Sainte qui t’a vu naître et où tu es mort. Où tu es ressuscité. Comme nous nous tournons vers ton corps et ton sang eucharistique présent sur nos autels, nous nous tournons, à l’orient de nos églises, vers nos frères et sœurs du Moyen-Orient, qui t'aiment, et témoignent fraternellement, courageusement, de ton œuvre de miséricorde. Accorde-leur la grâce de persévérer au service du message de paix, d’unité et de joie que Tu portes, à travers eux, au cœur de sociétés déchirées ou désemparées. Nous t’en prions, toi qui règnes avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen. »
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Écrit par : Denis / | 13/10/2010
IN EXTENSO
> Je reprends in-extenso la déclaration de S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, (Patriarche de Cilicie des Arméniens, Archeveque de Beyrouth des Arméniens (LIBAN)) parce qu’elle assez symptomatique de ce que je voulais mettre en exergue hier. Ces propos peuvent paraître durs, en particulier lorsqu’il déclare : « D'ailleurs, personne n 'émigre pour rechercher une vie chrétienne meilleure » mais ils sont à replacer dans le contexte du Liban qui aujourd’hui n’est certes pas un modèle de stabilité (comme nous l’entendons en Occident) mais bénéficie d’une paix relative suffisante pour que ce cri du cœur adressé aux Chrétiens libanais qui choisiraient de partir soit compris. Mais ces propos peuvent-ils être entendus par les Chrétiens irakiens enlevés, assassinés, rackettés, discriminés… dans un pays dont je pense qu’il ne fait que commencer à sombrer dans le chaos. En ce qui concerne les Chrétiens irakiens je crois qu’il serait plus que nécessaire que la politique du gouvernement français ne se limite pas à accepter un quota ridiculement bas de réfugiés mais que nous souvenant (puisqu’un certain Président adore se prendre pour le gardien de la foi…) de notre statut (éculé il est vrai) de fille aînée de l’Eglise nous accueillons massivement et de manière prioritaire les Chrétiens persécutés du Moyen-Orient à commencer par les Chrétiens irakiens. Si le gouvernement décidait d’une telle politique de préférence et la mettait réellement en œuvre, je pense que cela aurait bien plus de poids que quelques malheureux signes de croix vaguement esquissés dans la pénombre d’une chapelle mineure de Saint Pierre de Rome. Concrètement cela pourrait se réaliser par un accueil auprès de communautés déjà existante et par la facilitation des contacts des réfugiés avec leur terre d’origine : cours de langue, d’histoire de l’Eglise… avec toujours en mémoire le possible et souhaitable retour des réfugiés dans leur pays de naissance même si cela ne devait intervenir qu’avec la génération suivante. L’Eglise dans son ensemble ne gagne strictement rien à se laisser se dissoudre les identités respectives des Chrétiens d’Orient dans le grand bain de la tradition latine.
« La Parole de Dieu qui a été choisie comme thème pour cette Assemblée synodale : “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme” (Ac 4,32) est comme un phare venu éclairer la route que nous devons prendre pour notre vie de foi, de témoignage chrétien, avec nos confrères non pleinement unis avec le Siège de Pierre et avec nos autres frères, bien que différents de nous dans la croyance.
Le retour à la première communauté chrétienne nous montre que les premiers chrétiens n’ont pas eu une vie facile, exempte de difficultés et d’adversités; bien au contraire, ils subirent outrages et persécutions. Mais cela ne les a pas empêchés de proclamer l'enseignement de Jésus intégralement et de pardonner.
Nous trouvons des situations similaires dans notre époque contemporaine. Les chrétiens non éclairés par le Saint-Esprit croient qu'ils devraient être épargnés par les difficultés. Ceci est important à relever, et dans ce sens à ré-évangéliser nos fidèles, en leur proposant la foi vécue aux premiers siècles du christianisme.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter pour rétablir la justice et la paix au Moyen-Orient. Mais il serait erroné de considérer que, sans cette justice et cette paix, le chrétien ne peut pas vivre pleinement sa foi ou devrait émigrer. D'ailleurs, personne n 'émigre pour rechercher une vie chrétienne meilleure.
Le chrétien convaincu qu'il est appelé, de par son baptême, à témoigner de sa foi et qui mène une vie chrétienne en communauté, n'a pas comme première préoccupation la recherche du bien-être matériel ou de la paix, ou bien encore la fuite des problèmes pour sa tranquillité et celle des siens. Au contraire, prenant exemple du témoignage de ses ancêtres du Moyen-Orient, il travaille en groupe avec d'autres chrétiens, pour témoigner par la vie et par l’exemple, pour rendre plus convainquant le message d'amour de Jésus.
Partant de ce principe, le chrétien engagé du Moyen-Orient vivra, sous la conduite de l'évêque et en communion avec d'autres chrétiens, pour faire progresser l'esprit de communion des premiers chrétiens, qui avaient “un seul cœur et une seule âme” (Ac 4,32) et qui mettaient leurs biens en commun, comme le font de nos jours les membres de certaines communautés, comme le Néocatéchuménat, les Focolari et le Renouveau Charismatique, qui sont répandues dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Aux disciples qui vivront selon ces principes, Jésus promet “la joie et l'allégresse ainsi qu'une grande récompense dans les cieux” (Mt 5,12). »
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 14/10/2010
DE JEAN-PAUL II EN 1995, EXHORTATION POST-SYNODALE SUR LE LIBAN
> C'était il y a 15 ans mais ces propos du regretté Saint-Père résonnent comme s'ils venaient de les prononcer et s'adressent non plus seulement aux seuls Libanais bien au monde moderne dans son acception la plus large.
"Sécularisation et monde moderne
15. Le Liban, traditionnellement ouvert à toutes les cultures qui le traversent, est, par le fait même, ouvert aux idées qui se développent dans le monde moderne. L’Eglise est naturellement appelée à être attentive aux cultures d’aujourd’hui afin de distinguer le bon grain de l’ivraie. Cependant, il est important que le pays et la région ne se laissent pas gagner par le phénomène de la sécularisation. Certains pensent cependant que pour l’instant il y a même plutôt un «retour du religieux », face auquel il reste à être vigilant et à exercer un discernement attentif des attitudes religieuses. S’il s’agit de puiser aux sources premières de la foi et de l’espérance, cela peut être l’occasion d’une «nouvelle évangélisation» auprès du peuple et à travers lui (21), sinon, le mouvement risque de demeurer superficiel et ambigu. Il demeure pourtant qu’un style de vie permissif semble progressivement contaminer les moeurs, en particulier par le biais des moyens de communication sociale et par l’intermédiaire de personnes qui, longtemps éloignées de leurs références culturelles, ont pu altérer leur sens moral et spirituel. Beaucoup de personnalités, tant chrétiennes que musulmanes, s’inquiètent d’une telle évolution."
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Écrit par : Pierre-Aelred | 14/10/2010
SANS COMMENTAIRE
"- S. Exc. Mgr Ibrahim Michael IBRAHIM, B.S., Évêque de Saint-Sauveur de Montréal des Grecs-Melkites (CANADA)
En premier lieu je tiens à souligner que si les chrétiens d'Orient ont des difficultés à se maintenir dans plusieurs de leurs pays, les immigrants orientaux de mon éparchie n'en ont pas beaucoup moins, mais leurs difficultés sont différentes. Par exemple, même après trente ans, les immigrants sont souvent tiraillés, et même "crucifiés" entre deux mondes: leur pays d'origine et leur pays d'accueil. L'immigration n'est pas toujours un voyage reposant.
La grande difficulté que vivent les immigrants chrétiens orientaux, c'est que leur vie de foi, leurs traditions, leurs coutumes, leur héritage et leur Histoire sont menacés par un sécularisme agressif et par un athéisme pratique qui sont à l'essence de la nouvelle société dans laquelle ils vivent. À cause de cette menace, certains peuvent expérimenter une deuxième immigration qui peut être "finale", qui peut faire une coupure totale avec les valeurs que j'ai déjà mentionnées.
D'autre part, notre Église vit avec les mêmes pressions que l'Église occidentale qui est confrontée à une attaque préméditée et parfois par des lois qui éliminent des symboles religieux importants. Nous avons beaucoup entendu parler des persécutions en Orient, et je crois qu'une persécution d'un autre genre est déjà commencée et vécue par les chrétiens d'occident. Mais l'Église reste ferme et continue à garder l'Espérance évangélique.
Autre problème vécu par les immigrants chrétiens orientaux, c'est la solution de facilité, due aux grandes distances entre leur résidence et leur lieu de culte. Par conséquent, ils recourent au lieu de culte catholique le plus proche. Nous sommes une petite minorité qui peut être assimilée par la grande majorité.
D'un autre point de vue, les chrétiens du Moyen-Orient qui décident de quitter leurs terres afin d'éviter la coexistence avec les autres religions, ignorent qu'en Occident, la nécessité de coexistence est parfois plus forte. L'occident devient de plus en plus diversifié et se transforme, à cause de l'immigration, en un milieu qui accueille toutes les ethnies, les cultures et les religions.
Par ailleurs, il est vrai qu'il ne faut pas encourager l'immigration des chrétiens d'Orient et qu'il faut plutôt les aider à s'enraciner dans leur pays. Notre présence en Orient n'est pas un hasard, mais plutôt une présence selon la Volonté de Dieu qui l'a choisi et l'a sanctifié par Sa présence. Les chrétiens d'Orient doivent s' attacher à leur terre de toutes leurs forces. et la défendre "becs et ongles".
Mais en même temps, il ne faut pas oublier que l'immigration justifiée est un droit inaliénable selon les principes du respect de la liberté de la personne humaine et de sa dignité : principes que l'Église défend avec persistance. Je crois que nous devons faire tout notre possible pour fortifier la présence des chrétiens en Orient avant de leur dire de ne pas émigrer. Sans rentrer dans les détails, je peux dire que les chrétiens qui ont émigré, sont parfois, une aide essentielle aux chrétiens qui restent. Dans certains cas, l'immigration d'une personne est même nécessaire pour le bien de sa famille et de sa parenté. Khalil Gibran disait avec raison : "La terre est ma patrie et l'humanité ma famille". Bien entendu, c'est un idéal qui n'est pas facile à atteindre."
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Écrit par : Pierre-Aelred | 14/10/2010
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