Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/07/2010

"Twilight" décrypté (2) : une bluette morbide

Résumé du roman-fleuve :


 

L'IMPACT DE L'IMAGINAIRE



Un petit tour à l'intérieur de la saga ne sera pas inutile :



Tome 1

Bella, jeune fille de 17 ans, déménage de Phoenix (Arizona) pour aller chez son père à Forks, toute petite ville à la lisière d'une réserve d'Indiens ; sa mère, charmante mais irresponsable, et son père, bon mais plutôt ours, sont divorcés. L'histoire est vue à travers Bella car c'est elle la narratrice ; l'identification avec le personnage principal est donc facile. C'est une fille bien d'aujourd'hui, vite mûrie par une situation familiale lourde à porter.

Elle rencontre alors celui qui va bouleverser sa vie. Dans son lycée, voici cinq étranges jeunes gens, trois garçons et deux filles, qui restent ensemble, ne se mêlent pas aux autres, et surtout sont d'une beauté irréelle, époustouflante « jusqu'à l'absurde », dit le texte (mais dans le film on reste sceptique). Très vite, l'un d'eux, Edward, attire irrésistiblement Bella ; mais son attitude est étrange : il la fuit, puis la recherche. Bella comprend assez vite, d'après plusieurs indices, qu'Edward et ses « frères et soeurs » ne sont pas des êtres humains normaux, mais des vampires... Elle n'en est pas effrayée, plutôt excitée. Or tous les deux sont fous amoureux, et voilà l'amour impossible ; car Edward a soif de sang humain, et particulièrement de celui de Bella ; voilà pourquoi il l'a fuie au début. Mais il a réussi à se maîtriser, et Bella apprend qu'il appartient à une famille, ou à un clan, de vampires civilisés, propres, rangés, « végétariens » : ayant horreur de leur condition (car ils étaient des hommes normaux, rendus vampires par la morsure d'un vampire), ils se sont exercés à « faire abstinence », c'est-à-dire à contenter leur soif de sang humain par un ersatz, le sang animal. Ascèse admirable et qui force le respect ; le père adoptif d'Edward, Carlisle, qui a réuni cette fratrie autour de lui, est un médecin qui se dépense sans compter pour sauver des vies humaines.

Voilà donc la réponse à la première question : ce sont des vampires, mais bons.

Ainsi Edward impose des règles à Bella : il n'est pas question d'union sexuelle, pour éviter de la blesser, et il faut être « sages » lors des caresses et des baisers, à cause des dents d'Edward aiguës comme des rasoirs et pleines de venin... On peut se demander comment réagit Bella ; loin d'avoir peur, elle en redemande plutôt, tant son attirance pour Edward est irrépressible ; le moindre contact la met en transes ; ce n'est pas sur elle qu'il faut compter pour maintenir des relations soft. Et l'alternative se pose, qui ne sera résolue qu'au tome 4 : puisque le danger est si grand, qu'Edward « transforme » donc Bella et tout sera réglé... Mais Edward refuse catégoriquement, car il se voit comme un monstre, et veut laisser à Bella sa vie humaine ; celle-ci s'en moque bien et préférerait de beaucoup laisser cette nature humaine sans intérêt pour entrer dans le monde des vampires. On entrevoit là une question de fond... traitée plus loin.

L'« héroïsme » d'Edward est particulièrement mis en valeur à la fin du tome 1, lorsqu'il sauve Bella des griffes d'un méchant vampire qui l'a mordue ; le venin se répandant dans ses vines, elle ne peut être sauvé&e que par l'intervention d'Edward qui a le courage de sucer le venin avec son sang, en se maîtrisant assez pour arrêter à temps d'aspirer ce sang qui lui fait perdre la tête... « Magnifique » acte d'héroïsme dans le sacrifice de soi.



Tome 2

Bella et Edward filent le parfait amour et passent le plus clair de leur temps ensemble. Mais leur amour passe par l'épreuve : Bella est constamment en danger au milieu des vampires, même bons, car il suffit que son sang coule (par une simple entaille) pour que l'un d'eux se jette sur elle. Edward refuse alors de continuer cette relation et quitte Bella ; là encore, c'est de l'héroïsme de sa part, car il se sacrifie pour celle qu'il aime follement... Bella, qui croit qu'il ne l'aime plus, sombre dans une sorte de dépression très profonde, étrange ; pour exprimer cela, l'auteur fait se succéder plusieurs pages vides, sans rien d'autre que le numéro du chapitre. Le message est clair : sans Edward, la vie n'est que néant pour Bella : thème de l'amour fou, universel. « Aimer donne le pouvoir de briser l'autre. »

Bella est tirée de son marasme par son meilleur ami, Jacob, qui lui fait un peu reprendre goût à la vie ; mais le désespoir est toujours latent : elle flirte avec le danger, se grise de vitesse sur sa moto. Un jour, elle retrouve Alice, une des « soeurs » d'Edward ; sa réaction est immédiate : enfin, revoir un vampire ! Elle apprend qu'Edward la croyant morte, va se suicider : il va s'exposer aux représailles des chefs du monde des vampires, les Volturri, en montrant aux simples humains qu'il est un vampire, ce qui est strictement interdit par les lois des vampires ; les Volturri ne manqueront pas de le mettre à mort, et c'est ce qu'il veut puisqu'il croit Bella morte. Il convient de signaler ce qui est dit au passage des moyens envisagés froidement par Edward pour révéler sa vraie nature aux humains : ou montrer sa peau « étincelante » au soleil, ou soulever d'une main une voiture, ou... « chasser » en ville, c'est-à-dire tuer des humains et boire leur sang... Bella se précipite pour le retrouver ; suit une scène très étrange dans une cave du château où les deux amoureux font face aux terribles Volturri, dont la puissance est telle qu'ils peuvent torturer ou tuer par la simple pensée ; Edward et Bella s'en sortent sans trop de mal, mais il n'en est pas de même pour un groupe de malheureux touristes qui croient visiter un château et se font atrocement tuer par les Volturri. Les détails de cette scène ne sont pas explicites, mais l'atmosphère générale en est plombée et inquiétante, au point qu'une jeune lectrice, parmi les plus « fans », avoue qu'elle a eu dans ce chapitre l'impression « d'entrer en enfer » sans savoir expliquer pourquoi.

Bella et Edward, eux, sont dans les bras l'un de l'autre ; Bella supplie Edward de la transformer, et celui-ci accepte, à condition qu'ils se marient d'abord, car il veut tout « faire dans les règles »; Nous verrons pourquoi.



Tome 3

L'intrigue se corse ; car Jacob est lui aussi fou amoureux de Bella et il n'est pas non plus ordinaire : c'est un loup-garou... Or, loups-garous et vampires se livrent une guerre sans merci. On n'a pas de peine à faire le lien entre cette histoire et celle de Juliette coincée entre Capulet et Montaigu. Le suspense tient donc au choix de Bella : Edward ou Jacob ? Voilà qui ne peut que beaucoup faire rêver une fille : être aimée éperdument par deux garçons, plus beaux, séduisants, virils et protecteurs l'un que l'autre, et ennemis jurés ! Bella choisit Edward tout en se désespérant de désespérer Jacob, qu'elle aime aussi... Mais choisit-elle vraiment Edward ? Ce point sera à élucider.



Tome 4

Enfin c'est le mariage « dans les règles » exigé par Edward ; qui a voulu aussi faire sa demande à genoux, passer la bague au doigt de Bella et l'appeler sa « fiancée ». Bella trouve tout cela risible, mais accepte tout pour en arriver à son but, sa « transformation ». Le mariage, le voyage de noces et la nuit de noces sont décrits avec force détails tout à fait passionnants pour un public de filles. [...]

Le bonheur tourne au cauchemar : Bella est enceinte ; mais de quoi ? vampire ? humain ? Quoi qu'il en soit, l'enfant se développe à toute vitesse et semble la « dévorer » de l'intérieur ; un mois de cette étrange grossesse équivaut aux neuf mois normaux ; Bella est hâve, terriblement amaigrie, mourante. Edward est désespéré et veut la faire avorter de cette « chose ». Bella refuse. Pour tenter de la sauver, Carlisle lui fait alors... boire du sang humain à pleine tasse. Vous avez bien lu ! Mais rassurons-nous, il s'agit du sang qu'on trouve dans les réserves d'hôpitaux, puisque Carlisle est médecin... Ce traitement fait beaucoup de bien à Bella, qui plaisante : « c'est mon premier acte vampirique. »

L'accouchement est affreux ; Bella va mourir, déchirée par cet enfant mi-homme, mi-vampire ; alors Edward lui injecte son venin en plein coeur pour la « sauver » d'une mort certaine. Le venin se répand en elle et « brûle » toutes les cellules de son corps pendant des heures. La souffrance est atroce.

Lorsque la « transformation » est achevée, Bella est devenue vampire. Le chapitre s'intitule Renaissance, dans un tome qui, rappelons-le, s'appelle Révélation. Car, comme nous le verrons, être vampire, c'est devenir beau, fort, agile, rapide, sensoriellement sur-développé, immortel. Quelques petits détails gênants : pendant quelque temps Bella a les yeux rouge vif, le temps pour elle de s'habituer à se passer de sang humain... De plus, on l'empêche pendant ce temps d'approcher de son enfant, car elle pourrait le mordre... Enfin elle va chasser : la voici prédatrice, reniflant l'odeur des animaux, bondissant sur sa proie, trouvant instinctivement sa veine jugulaire, la tuant d'un coup de dent, puis buvant son sang... Devenir vampire, serait-ce aussi devenir bestial ?

Après mille péripéties et une horrifique bataille finale entre bons et méchants vampires, tout est bien qui finit bien. L'enfant est une créature hybride extraordinaire, mi-humaine, mi-vampire ; on lui donne donc le nom de sa grand-mère humaine, Renée, et celui de sa grand-mère vampire, Esmée, ce qui donne Renesmée. Elle a des dons surhumains et est merveilleuse. Et Bella et Edward ont devant eux une éternité à vivre dans l'amour ; ce qui était impossible est devenu possible.

[à suivre]

-



00:37 Publié dans Idées | Lien permanent | Tags : christianisme, twilight, vampires