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20/07/2010

Louisiane : le monde cajun détruit par la marée noire

750px-New_Orleans,_Louisiana_flag.svg.pngUne culture populaire bicentenaire

va disparaître, tuée par l'économie

du capitalisme tardif :


 

« En Louisiane, la montée des mers, les changements du monde extérieur et aujourd'hui la marée noire précipitent la fin du monde cajun, qui vit entre terre et eau, entre français et anglais depuis plus de deux siècles »... Terrible reportage de Corine Lesnes (Le Monde des 18-19 juillet) : depuis la catastrophe déclenchée par BP dans le golfe, la Louisiane du Sud est « l'une des régions du monde les plus menacées de disparition », constate l'écrivain et écologiste Mike Tidwell.

Une vicitme de ce naufrage est Phyllis Melançon, 52 ans : « Elle parle un français où roulent les accents des campagnes et les patois des villages, elle dit nous autres pour les cajuns, le vieux monde pour son mari et les quelques voisins qui parlent encore français. Elle dit tiendre pour tenir, à c't'heure pour maintenant. Et chevrettes pour crevettes, les crustacés qui accompagnent chaque instant de l'existence des Cajuns et dont le delta les avait comblés... » (« Les chevrettes c'est tout ce qu'on a, et c'est gratuit »). Elle dit aussi : « l'argent ne nous manque pas, on n'en a jamais eu. » Pourquoi les Cajuns continuaient-ils à vivre dans cette région difficile, perpétuellement menacée par les ouragans ? Réponse de la sociologue Shirley Laska (université de la Nouvelle-Orléans) : parce que dans leur esprit, « le déplacement géographique est perçu comme un risque plus grand... » Pour les Cajuns, en effet, l'idée de départ « réveille le traumatisme initial, le Grand Dérangement de 1755, l'expulsion de leurs ancêtres de l'Acadie, au Canada, par les Anglais ».

En 2010 la catastrophe (anti-naturelle) du pétrole menace les Cajuns d'un nouveau Grand Dérangement. Elle s'ajoute à la montée de l'océan : dans les années 1920 on cultivait encore le coton dans les bayous ; aujourd'hui l'eau salée est partout. La Nouvelle-Orléans était à 80 kilomètres de la mer ; aujourd'hui, elle est à 40 kilomètres. « la Louisiane rétrécit à une allure effrayante » : l'équivalent d'un terrain de football toutes les 38 minutes, selon le Coastal Recovery Project.

Pourquoi cette disparition des terres ? A cause de l'endiguement du Mississippi pour empêcher les inondations, d'où suppression des alluvions « qui compensaient la disparition des marais sous l'effet des ouragans ». A cause aussi de l'industrie pétrolière : le tiers de la disparition des terres vient de leur défonçage par les compagnies (pipelines et flottilles de ravitaillement des plateformes en eaux profondes) ; la marée noire de BP donne le coup de grâce.

Dans son discours à la nation, le 15 juin, Obama a promis un plan de restauration du golfe du Mexique financé par l'industrie pétrolière. Mais personne n'y croit ; pour preuve : la capitulation de la Maison Blanche devant Wall Street (réforme bidon de la semaine dernière) et sa future capitulation sur le plan énergie. Le productivisme industriel est plus fort que la postdémocratie occidentale. Alors que faire ? Posons la question aux souverainistes libéraux, si attachés en paroles à la francophonie louisianaise et si attachés en actes au système économique qui la tue, elle et toutes les cultures du monde. De quoi se plaignent-elles, disent les décideurs occidentaux ? Elles pourront se réfugier à Disneyland. Ce sera l'ultime Grand Dérangement.

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Commentaires

ALLEGRE AU BAYOU

> Envoyons Claude Allègre aux Louisianais leur dire que "le risque zéro n'existe pas", et que "le capitalisme c'est la vie", et que la montée des eaux est un bobard des ennemis de la libre entreprise.
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Écrit par : Ned / | 20/07/2010

> catastrophique monde !
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Écrit par : LG / | 20/07/2010

"CHEVRETTE", COMME CHEZ MOI

> Phyllis Melançon dit "chevrette" pour "crevette", comme on disait chez moi à Granville et dans la baie du Mont Saint-Michel. Ca met les larmes aux yeux. Hayward mérite qu'on lui attache une meule au cou et qu'on le noie dans le golfe du Mexique.
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Écrit par : Nicolas Paynel / | 20/07/2010

> A hurler.
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Écrit par : FX Huard / | 20/07/2010

GRAND RETOUR ?

> Pourquoi le peuple du Québec ne prend-il pas l'initiative d'organiser le Grand Retour des Cajuns en Acadie ? Qu'ils partent avec leur flottille serait un symbole fort, extraordinaire, non ?
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Écrit par : Jack / | 20/07/2010

L'ARGENT

> Et le "à c't'heure " est très normand lui aussi.
...Bien sûr que personne ne croît ce que promet le président Obama; mais il y a gros à parier que nombre de ceux qui ne le croient plus on voté pour lui ou, hors des USA, se sont emballé pour lui.
Mais comment un président dont la campagne engloutit les dollars par millions pourrait-il être indépendant de l'Argent ?
PS toute similitude avec un pays d'Europe bien connu serait accidentelle.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/07/2010

HENRI IV

> Henri IV le Béarnais disait "asteure", selon ses biographes ! et il n'était pas normand.
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Écrit par : bigor / | 21/07/2010

PAS AU QUEBEC

> Jack, l'Acadie n'est pas au Québec, mais en Nouvelle Ecosse et au Nouveau Brunswick, où les anglophones ont oeuvré sans relâche à éradiquer la culture acadienne. Aucun cajun ne voudrait y "retourner", à supposer qu'il soit invité...
Bel hommage à cette culture cajun, joliment évoquée dans les polars de J.L. Burke ("Dans la brume électrique" par exemple).
Les chansons de Zacharie Richard (pas seulement "Travailler c'est trop dur...") sont émouvantes et dépeignent la vie simple de ces cajuns courageux et sobres.
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Écrit par : rackam / | 21/07/2010

> Histoire de deux totalitaires face à face
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Écrit par : Crab2 Crab / | 11/09/2010

MALADIE

> bonjour et bonsoir et bonne Année de l'an de grace de cette nouvelle année 2014 , les mots du haut me font penser que les gouvernants de chaque siècle de la France ...ne savent que répèter les memes erreurs sans relache ...et çà me désole ...c'est comme une sorte de maladie que l'on ne arrive pas à estomper ..meme en votant assidument pour le contraire çà ne change rien puisqu'ils (ils'') fraudent avec brio et desxtérité en faisant disparaitre les voix de l'opposition ...
j'ai comme la vague impression qu'aux usa c'est pareil .... mais en plus vif ..car la démocratie ne blocque pas entre le doigt et la gachette des armes à feu ..comme ailleurs ils s'en excusent en s'en défendant que les bonnes actions sont plus nombreuses ques que les mauvaises ....sauf quand çà dégouline ...
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Écrit par : Simon / | 03/01/2014

Les commentaires sont fermés.