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22/05/2010

De Babel à la Pentecôte

11976318063967[1].gifSeul l'Esprit

peut transcender

la condition humaine :


 

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L'une des lectures proposées ce samedi soir, veille de la Pentecôte, est du livre de la Genèse (11, 1-9) :




Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots.


Comme les hommes se déplaçaient à l'orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s'y établirent.


Ils se dirent l'un à l'autre : Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier.


Ils dirent : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre !


Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.


Et Yahvé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux.


Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres.


Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.


Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre.



La première lecture du dimanche de la Pentecôte est le chapitre 2 (1-11) des Actes des Apôtres :



Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu,


quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient.


Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux.


Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.


Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel.


Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome.


Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : " Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ?


Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ?


Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie,


de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence,


tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu !"


Comme toujours, les textes bibliques ouvrent de multiples pistes et le lecteur n'en épuise jamais les sens.

L'un des sens possibles saute aux yeux si l'on rapproche ces deux textes :

- le texte de la Genèse souligne les limites de la condition humaine, et montre que ces limites – et les « différences » culturelles – sont bonnes pour l'homme : voulues par le Créateur pour protéger l'homme contre lui-même [1] ; 

- le récit des Actes montre la révolution du Christ par le Saint Esprit : chacun entend la Bonne Nouvelle « dans son idiome maternel ». Seul l'Esprit transcende les cultures. Mais il les transcende vraiment [2] : sous l'angle de la solidarité nouvelle de tous dans le Christ, il n'y aura plus « ni Juifs, ni Grecs... »



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[1]  Au verset 2, les hommes s'installent tous en un seul lieu, contredisant ainsi Genèse 1 (« Emplissez la terre... »). Projet issu de la technique (« faisons des briques »), projet de croissance démesurée (allégoriquement : « une tour dont le sommet pénètre les cieux »), Babel viole la nature et la condition humaine en contredisant aussi la finitude de la créature. « Quand une brique tombait, tout le monde était très affligé » (rabbi Jacob ben Isaac Achkenazi de Janow, Commentaires sur la Torah, XVIIe siècle) ; « si quelqu'un tombait et mourait, ils ne lui prêtaient aucune attention » (Pirqé de-rabbi Eliezer, section I (IXe siècle). D'où l'intervention du Créateur : il institue la différence des langues (des cultures) pour supprimer ce chantier global, et protéger ainsi l'homme contre lui-même.


[2]  Hypertrophie pathologique des différences nationales légitimes, les nationalismes sont aux antipodes de l'Evangile. Ils seront le péché permanent des peuples « chrétiens » à travers les siècles.

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Commentaires

VRAIMENT

> Très vrai : l'Esprit transcende VRAIMENT les frontières. Sortons de cinquante ans d'hémiplégie, quand certains catholiques encensaient l'internationalisme (politique) en oubliant Dieu, et d'autres encensaient Dieu en faisant du nationalisme par derrière. Arrêtons d'opposer ce qui doit aller ensemble. Prenons la foi au sérieux : le dogme, DONC la solidarité mondiale.
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Écrit par : humblecow / | 23/05/2010

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