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29/04/2010

Migrants : Benoît XVI et Mgr Veglio plaident pour le respect de leurs droits

Accueillir les migrants et respecter leur dignité est un principe "non négociable", déclare Mgr Veglio, président du conseil pontifical chargé de cette question. Il pousse loin la position du Saint-Siège, mettant ainsi en lumière son incompatibilité  radicale avec les courants "identitaires" :


 

ROME, 28 avril 2010 - Message du pape à Mgr Antonio Maria Veglio, à l'occasion du 8e congrès européen sur les migrations du Conseil des conférences épiscopales d'Europe, organisé à Malaga (Espagne) jusqu'au 1er mai sur le thème : « L'Europe des personnes en déplacement. Surmonter les peurs. Tracer des perspectives ». Le pape encourage à accorder une attention pastorale adéquate « à tous ceux qui souffrent d'avoir quitté leur patrie ou de se sentir sans terre de référence ». Le pape les exhorte aussi à « coordonner les initiatives et les programmes pour faire arriver à tous la lumière de l'Evangile, et, avec elle, une ferme espérance de voir reconnus leurs droits pour favoriser leurs possibilités d'avoir une vie digne sous tous ses aspects ».

Mgr Veglio a lu ce message aux participants. Il les a exhortés à se laisser guider par la « charité » dans leur façon de regarder la réalité des migrations et d'envisager l'avenir : « attention aux continents et sociétés qui se barricadent face au flux des migrations » : Mgr Veglio tire le signal d'alarme et rappelle les principes de protection des migrants et de leur dignité, qui pour l'Eglise sont « non-négociables »

Le prélat a exhorté les participants à se laisser guider par la « charité » dans leur façon de regarder la réalité des migrations et d'envisager l'avenir.

Commentant l'encyclique  Caritas in Veritate, il a insisté sur cet aspect « non-négociable » pour l'Eglise : « Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance » (CIV, 62).

Il a déploré que des sociétés et même des « continents » se barricadent : « A une époque récente, on a vu augmenter les "communautés blindées" et on est peut-être sur le point d'assister à la naissance de "continents blindés", l'Europe et l'Amérique du Nord occupant le premier rang. Il est probable que, bientôt, de nouveaux rideaux de fer seront fermés, avec des patrouilles fréquentes aux frontières et de nouvelles mesures de défenses côtières. Certains se hasardent à affirmer que le renforcement des frontières ne sert pas seulement, ou principalement, à arrêter les mouvements migratoires - qui, en fait, se poursuivent -, mais aussi à définir comme clandestins les migrants qui les traversent, en leur attribuant une identité qui les met dans une situation d'infériorité et d'absence de droits : une armée de personnes invisibles pouvant faire l'objet de chantage et susceptibles d'être exploitées.»

Mgr Veglio rappelle un chiffre : 24 millions d'immigrés dans les 27 pays de l'Union européenne, et une immigration clandestine évaluée entre 4 et 8 millions de personnes. Il constate aussi qu'en Europe « les flux de la mobilité humaine sont perçus négativement par la population », comme en témoignent des sondages « qui relèvent l'impression toujours plus répandue que les étrangers sont trop nombreux, qu'ils constituent une menace pour la culture et l'identité, pour l'ordre et la sécurité, sans oublier l'augmentation préoccupante des attitudes négatives à l'égard des immigrés, motivées par l'opinion qu'en partie du moins, les préjudices en termes de marché du travail sont dus à la présence des étrangers ». L'Europe se ressent comme « une forteresse assiégée » et « se met sur la défensive pour affronter le phénomène de la mobilité », constate l'archevêque italien.

Il invite au contraire à regarder les migrations avec un « regard de foi », un regard biblique , à favoriser une « culture de l'accueil » et le « dialogue ».

Il conclut sur un appel à l'union des chrétiens pour affronter la question en Europe : « Face au phénomène de la mobilité humaine, l'Eglise pose des questions pressantes, de nature historique, culturelle, économique, sociale et politique, en se rapportant à l'Evangile, lequel sollicite les chrétiens de l'Union européenne, les Eglises sœurs et les sociétés civiles, à contribuer ensemble à ce que soit accordé un accueil humain et digne aux hommes et aux femmes, aux réfugiés, aux personnes déplacées et à tous ceux qui, sous une forme ou sous une autre, sont impliqués dans la mobilité ».

« En outre, consciente des tragédies passées, ajoute Mgr Veglio, l'Eglise sait que la pleine intégration de toute minorité est essentielle pour le maintien de la concorde civile et de la démocratie. Elle entend, sur la base de la foi chrétienne, contribuer à la construction d'une Europe à visage humain, où soient sauvegardés les droits humains et les valeurs fondamentales de la paix, de la justice, de la liberté, de la tolérance, de la participation et de la solidarité. »

 Source : Zenit - Anita S. Bourdin 

 

00:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : christianisme

Commentaires

NON NEGOCIABLE

> C'est clair : le Saint-Siège désavoue les populismes xénophobes d'Europe, que ceux-ci se réclament ou non du catholicisme. Aucune contorsion ne peut plus masquer cette incompatibilité d'appartenance : ou catholique, ou xénophobe, sans compromis entre les deux. Que Mgr Veglio utilise le terme "non négociable" est un signal fort : car ce terme était couramment utilisé par les groupes xénophobes pour se rallier les catholiques, en le réservant à la question de l'avortement et de la liberté scolaire. Si l'accueil de l'immigré devient lui aussi "non négociable", cela devient intenable pour certains. Finies les apparences. Christianisme oblige.
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Écrit par : Bernard Gui / | 28/04/2010

LA "SOI-DISANT SECURITE NATIONALE"

> Dès 1986, pour stigmatiser les régimes prétendument "anticommunistes" (en fait des dictatures oligarchiques) d'Amérique du Sud, le cardinal Ratzinger n'hésitait pas à condamner ce qu'il nommait la "soi-disant sécurité nationale" (verbatim).
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Écrit par : Ned / | 28/04/2010

UN BIEN

> Dans le discours de Mgr Veglio, il y a une petite bombe qui met bien les pieds dans le plat (je cite) : "l'attention insuffisante donnée au texte biblique est une des raisons pour lesquelles l'Europe a été, et est, aussi docile aux nationalismes et aux fermetures xénophobes". Et vlan ! Ce discours me fait un bien, vous ne pouvez même pas imaginer ! Comme Zenit est un peu "en panne", si jamais certains veulent le lire, j'ai mis le discours complet sur mon blog : http://pneumatis.over-blog.com/article-migrations-en-europe-analyse-de-mgr-veglio-49464760.html
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Écrit par : Joël Sprung / | 29/04/2010

LAMENTATIONS

> C'est tellement non-négociable que certains identitaires se lamentent déjà sur l'Église qui perd tout sens des réalités et apostasie chaque jour un peu plus (je traduis mais ça donne ça, en gros).
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Écrit par : Et cetera / | 29/04/2010

PAS UN HASARD

> Bernard Gui a raison, l'emploi de l'expression "non négociable" n'est absolument pas un hasard et devrait en faire réfléchir plus d'un.
La référence ferme aux droits également car contrairement à l'idéologie des droits de l'homme qui affirme des droits sans qu'on puisse assigner à personne une responsabilité quant à leur mise en oeuvre, la Doctrine Sociale de l'Eglise catholique rappelle le lien essentiel entre droits et devoirs:
« Dans la vie en société, tout droit conféré à une personne par la nature crée chez les autres un devoir, celui de reconnaître et de respecter ce droit ». Compendium, n°156
En d'autres termes, il ne s'agit pas seulement d'affirmer des lèvres les droits des migrants; il s'agit d'oeuvrer pour leur reconnaissance.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 30/04/2010

DADAIS

> Je publie ci-dessous (une fois n'est pas coutume) un message de dadais, suivi de ma réponse :

" La politique migratoire relève du domaine de César, que Dieu, le Pape et les évêques s'occupent de sauver les âmes (enfin, surtout la leur, si j'en juge par de récents faits divers).
Brennos"


[ De PP à "Brennos" (qui doit être un de ces "pharmaciens de Castelnaudary désireux de reconstituer à leur profit l'empire de Charlemagne", comme dit Nimier dans un roman) :
- Vous devriez écrire à Dieu si vous vous inquiétez du salut de Son âme. Ou acheter un manuel de grammaire. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Brennos / | 01/05/2010

Question wallones

> Puis-je savoir ce que vous inspire ces lignes frileuses trouvée dans une parution catholique? Sont-elles selon vous représentatives des convictions des cathos de France? Si c'est le cas, comment faire bouger les lignes dans le monde catholique français? Ne pourriez-vous pas écrire un essai là-dessus, dans la veine de celles sur l'Opus Dei ou les Evangéliques? J'ai l'impression que les catholiques français sont un peu en retard sur leur époque ou sur la Curie. Les messages qui traitent de l'immigration sont soigneusement étouffés et ne trouvent qu'un faible écho. Un pavé dans la mare s'impose!
Je cite un morceau d'anthologie:
"Déconstruisant le « sophisme compassionnel », Gérard-François Dumont cite un complément très instructif apporté par Michel Rocard, quelques mois plus tard, à sa fameuse déclaration du 7 janvier 1990 : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde. » Il faut connaître ces quelques lignes : « Nous ne pouvons plus recevoir un flux massif et incontrôlé sans que cela n’hypothèque gravement d’abord l’équilibre social de la nation. Nous sommes à la veille d’une nouvelle vague massive, venant d’un Sud plus lointain, d’un Est plus incertain. Et je le dis clairement, cette vague doit être endiguée. »".
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Écrit par : juju / | 03/05/2010

PP,

> Mon message précédent vous était adressé!
J'ai en effet cherché ce w-e à la Procure (Saint-Sulpice) des livres prenant à bras-le-corps la question migratoire rédigé d'un point de vue chrétien. Néant. Il y a là une lacune que vous pourriez combler.
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Écrit par : Juju / | 03/05/2010

CONGRES DES EVEQUES EUROPEENS


> Permalink: http://www.zenit.org/article-24294?l=french

Les migrants en Europe : un atout pour le présent et pour l’avenir

Message final du 8e Congrès européen de la CCEE

ROME, Mardi 4 mai 2010 (ZENIT.org) - Les participants au 8e congrès européen du Conseil des Conférences Episcopales d'Europe (CCEE) sur les migrations ont salué la « contribution positive » des migrants aux sociétés qui savent les accueillir.

La rencontre s'est tenue en Espagne, à Malaga (27 avril-1er mai 2010) sur le thème : « Dépasse les peurs. Tracer des perspectives » en présence d'une centaine de délégués des Conférences épiscopales d'Europe, évêques, directeurs nationaux pour la pastorale des migrants, agents pastoraux, représentants de la société civile et du monde politique.

Dans le message final diffusé à l'issue de la rencontre, le 30 avril, les participants, originaires d'une vingtaine de pays d'Europe, ont voulu témoigner « qu'il est possible d'envisager la présence des migrants en Europe comme un atout pour le présent et pour l'avenir ». « Nous constatons qu'en beaucoup de pays, les migrants apportent une contribution positive - et pas seulement économique ! - aux sociétés qui savent les accueillir et créer les conditions d'un véritable ‘vivre ensemble' ».

En cette période de crise économique, ils ont regretté les « attitudes de fermeture et de xénophobie » à l'égard des migrants et la mise en place de « politiques restrictives ».

Pour les participants, le « pluralisme culturel est aujourd'hui une réalité incontournable de nos sociétés ». « Nous croyons que la pluralité culturelle ne conduise pas au relativisme négateur de notre identité ou à l'assimilation qui génère des rapports de force et des réactions violentes entre les groupes humains », affirment-ils en invitant à la « rencontre » et au « dialogue interculturel ».

Dans ce message, ils rappellent également le rôle de l'Eglise catholique pour « servir l'unité de la famille humaine, en Europe et au-delà », tout en reconnaissant la mobilisation de « beaucoup d'hommes et de femmes de bonne volonté ».

Trois lieux « où peut se forger la fraternité » ont été reconnus : la famille, les communautés ecclésiales et la société.

« Cellule de base de la société », la famille joue un « rôle essentiel dans l'insertion parce qu'elle assure un climat de sécurité et une stabilité affective à ses membres ».

Le communiqué évoque rôle des communautés ecclésiales, « invitées à renforcer l'accueil des frères et sœurs venus d'autres horizons culturels et religieux ».

Le message évoque enfin la nécessité pour les sociétés et les nations de « s'engager dans l'élaboration d'un cadre juste pour que la dignité humaine soit respectée ». Il invite la communauté internationale « à réduire les causes d'une migration forcée » pour « faire de la migration un choix » et à « souligner les aspects positifs de cette mobilité humaine ».

S'adressant enfin aux migrants, les participants les invitent à ne pas se décourager. « Refusant tout discours d'exclusion, nous voulons vous dire que nous voulons construire ensemble l'avenir de l'Europe. Ne vous découragez pas. Nous partageons votre espérance en l'avenir ».

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Écrit par : Luça / | 05/05/2010

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