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23/04/2010

Migrants : le Vatican rappelle de plus en plus fermement ses positions

..et elles dérangent des Européens (même des ''catholiques'' zappant ce qui leur déplaît dans la pensée de l'Eglise) :


 

Les médias catholiques diffusent le discours de Mgr Agostino Marchetto (Conseil pontifical pour la pastorale des migrants) au XXXe séminaire international d'études historiques : « Mgr Marchetto a voulu souligner, a-t-il dit, ''le caractère universaliste de la tradition de Rome, qui concerne l'humanité entière puisque l'histoire de cette capitale, depuis sa fondation, coïncide avec le dépassement des barrières ethniques, c'est-à-dire, dirait-on aujourd'hui, avec l'antiracisme : la citoyenneté romaine ne se fonde ni sur les origines, si sur le territoire ; chaque homme, sans distinctions ethniques ou religieuses, peut l'acquérir. Autrement dit, c'est sur la citoyenneté et non sur le principe de territorialité que la notion et la réalité de l'Empire se construisent''. »

Dans ce contexte, a souligné Mgr Marchetto, la stratégie pastorale de l'Eglise occidentale a dû faire l'expérience de ces grands changements : ''Si dans les premiers siècles, celle-ci touchait principalement le monde gréco-romain, au travers d'un travail d'inculturation, ensuite, avec les invasions barbares,  l'Eglise la transforme en acculturation, spécialement avec l'enseignement des Saintes Ecritures et du patrimoine classique qu'elle transmet dans le temps.'' 

Analysant la conjoncture actuelle, le représentant du Saint-Siège (constate Zenit) a rappelé la tendance, parmi les pays européens, à ''délocaliser les contrôles de frontières, encourageant leurs partenaires des côtes méridionales du Mare Nostrum à effectuer des contrôles plus rigides sur les migrants, tout en leur donnant la possibilité de demander asile''. Tendance qui « pose de ''sérieuses questions humanitaires'', les interceptions et les décentralisations opérées par les autorités européennes empêchant, dans de nombreux cas, ''des milliers de personnes d'atteindre la côte nord de la Méditerranée, voire de quitter leur pays d'origine ou de transit ''.»

Analyse de Mgr Marchetto : ''Pour avoir une idée de la gravité du problème, on n'a pas besoin de recourir à la doctrine sociale de l'Eglise (d'ailleurs très explicite sur la question) : il suffit de penser que le droit à émigrer est inclus dans la déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948.'' Le prélat a rappelé que le Saint-Siège condamne '' ceux qui n'observent pas le principe de non-refoulement, un principe qui est à la base du traitement que l'on doit à tous ceux qui fuient des persécutions.''

"La tradition pérenne de l'Eglise"

Zenit ajoute : « Un autre droit violé dans l'acte d'intercepter et refouler les migrants sur les côtes africaines de la Méditerranée, a poursuivi Mgr Marchetto, est le droit au ''juste procès'' : droit à se défendre, à être écouté, à faire appel contre une décision administrative, droit à obtenir une décision motivée, droit d'être informé des faits sur lesquels repose la sentence, droit à une cour indépendante et impartiale ». Le Code des frontières de Schengen (n. 3), rappelle-t-il, ''déclare que toutes les personnes auxquelles aura été refusée l'entrée sur le territoire auront le droit de faire appel'' ; or les personnes refoulées n'ont pas la possibilité d'exercer ce droit : '' on ne leur dit pas où et comment elles peuvent exercer ce droit, de même qu'il n'existe pas pour ces personnes un acte administratif qui leur interdise de poursuivre leur voyage du désespoir vers les eaux internationales ni ne prédispose leur retour à leur lieu de départ ou à un autre destin sur la côte africaine.''

Mgr Marchetto a appelé au respect des droits de tous les migrants : ''Ceci fait partie de la tradition pérenne de l'Eglise, en même temps que son combat pour la protection des droits de chaque homme et de chaque femme, même dans le cas des migrants en situation irrégulière et des demandeurs d'asile qui naviguent sur les eaux de la Méditerranée.''  

 

Commentaires

VRAI

> "Roma locuta est", n'est-il pas vrai ?
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Écrit par : nomad / | 22/04/2010

A nomad :

> "Non possumus !", répondront certains.
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Écrit par : Feld / | 22/04/2010

IMPACT

> Je vois beaucoup de discours et de documents un peu épars, ainsi que de nombreuses initiatives. Mais je me demandais si sur le thème "position de l'Eglise sur la question des migrants" il existait un document de référence un peu didactique ? Si oui, ce serait utile d'en faire la promotion. Et si non, c'est bien dommage en terme d'impact.
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Écrit par : Flam / | 23/04/2010

IDEE ET FAITS

> > "...avec les invasions barbares, l'Eglise la transforme en acculturation, spécialement avec l'enseignement des Saintes Ecritures et du patrimoine classique qu'elle transmet dans le temps.''
"Roma locuta est"... indeed. Tout cela est noble et beau et parfaitement évangélique, à ceci près qu'aujourd'hui l'Eglise n'est plus, loin s'en faut, le principe civilisateur qu'elle a été dans les siècles passés et l'acculturation (au sens sociologique : "Processus par lequel un individu apprend les modes de comportements, les modèles et les normes d'un groupe de façon à être accepté dans ce groupe et à y participer sans conflit") n'a d'autre but pour les migrants que de s'identifier au modèle de consommation-frustration proposé par les pays occidentaux.
Dans ce contexte, au risque de paraître décalé, je ne pense pas qu'un afflux migratoire croissant soit une très bonne idée.
FR


( De PP à FR:
- Ce n'est pas une idée, c'est un fait. Il vient de facteurs nombreux et puissants, parmi lesquels (en ce qui nous concerne) les effets de la crise économique déclenchée par le système financier des pays riches !
- Ce merveilleux système tellement défendu (bec et ongles) par ceux qui, d'autre part, voudraient jeter les migrants à la mer...
- Et je ne parle pas des futurs effets du réchauffement climatique, dont l'existence est niée par les mêmes défenseurs du système, mais qui aura pour résultat - entre autres - des migrations massives vers l'hémisphère nord. ]

cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Frédéric Ripoll / | 23/04/2010

OMISSION

> On zappe sur ce qui déplaît. Le mensonge par omission est un mensonge, pratiqué à grande échelle par la presse. Je crois qu'on n'a pas toujours bien compris à quel point CARITAS IN VERITATE est aussi une encyclique sur le MENSONGE. Si l'exigence de Vérité doit être rappelée, c'est bien que nous en vivons le déficit, une ère de mensonge organisé par les médias. Benoît XVI est le seul à avoir eu le courage de le dire.Qu'en pensez-vous ?
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Écrit par : Diagraphès / | 23/04/2010

à Feld

> "On ne dit pas non possumus au pape", s'esclaffait Mussolini commentant le titre de 'L'Action française' après sa mise à l'Index en 1926.
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Écrit par : manganello / | 23/04/2010

@ Flam :

> vous pouvez lire l'instruction "Erga migrantes caritas christi" ici http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/migrants/documents/rc_pc_migrants_doc_20040514_erga-migrantes-caritas-christi_fr.html

Mais c'est un document plus pastoral que social. Néanmoins, il donne des orientations assez claires. Au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise, vous avez "Pacem in terris" de Jean XXIII. Sinon, vous pouvez consulter en vrac les lettres que chaque année les papes adressent à la commission pontificale pour la pastorale du migrant et du réfugié. Dans une problématique qui se confond trop souvent, et malheureusement avec la question migratoire, vous pouvez aussi vous documenter du côté de la commission pontificale pour le dialogue interreligieux, qui reste dans la droite ligne de Nostra Aetate, du concile vatican II.

Bref... personnellement, pour m'être pas mal documenté sur la question, je trouve que la ligne directrice la plus claire est actuellement celle donnée par Benoit XVI, notamment ce qu'il a exprimé à son départ de Malte, en quelques phrases mais qui disent beaucoup, à mettre en résonnance avec Caritas in Veritate. Il s'agit, dans la question migratoire, de penser une justice véritablement subsidiaire, et donc d'agir à différents niveaux : respect des droits des migrants qui est la base minimum d'une hospitalité que nous devrions pratiquer sans réserve au niveau de chaque nation, mais aussi organisation au niveau internationale d'une gestion des flux migratoires permettant non seulement d'assurer autant ce respect des droits, mais surtout d'organiser les conditions de retour quand c'est possible ou encore d'organiser la solidarité internationale.
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Écrit par : Joël Sprung / | 23/04/2010

A Frédéric Ripoll

> On peut parfaitement promouvoir un accueil réellement fraternel des immigrés en France, vouloir leur intégration complète, et rejeter l’immigration en tant que telle. A condition de s’en prendre aux causes et ne pas se limiter au symptôme : la mondialisation, l’apologie de notre modèle consumériste et de l’hédonisme, le pillage des matières premières du tiers-monde, en un mot le libéralisme... On ne peut pas remplir sa voiture avec de l’essence gabonaise, se chauffer au gaz algérien et refuser en même temps que des Africains viennent toquer à notre porte.
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Écrit par : Gilles Texier / | 23/04/2010

@ Joel Sprung :

Merci pour ces conseils. En fait c'est bien l'aspect "didactique" qui manque. Sur le site du Vatican, par exemple, je viens de trouver un résumé plus digeste de "Erga migrantes caritas Christi", par le cardinal Hamao, mais malheureusement il est en anglais !
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/migrants/pom2005_97/rc_pc_migrants_pom97_sedos-hamao.html
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Écrit par : Flam / | 23/04/2010

RAISON ET FOI

> Allez, je fais mon rabat-joie, cher Flam. Je pense que le mot "pédagogie" ou simplement "clarté" irait à votre propos. Je précise cela car la "didactique" est une chose qui se veut scientifique et c'est la base, le fondement de la destruction de la transmission du savoir et du raisonnement dans l'école moderne. (Cf l'article didactique de wikimachin qui est, pour une fois, très bien fait). Mon propos ne se veut pas pédant mais j'espère que jamais l'Eglise n'utilisera la didactique et autre c.....ies issue du système matérialiste-mercantile pour exposer ses idées. Benoît XVI est le pape de la raison au service de la foi. Que Dieu fasse que cela reste la ligne de l'Eglise et qu'elle ne sombre pas dans les délires du système (au passage, cela fut le cas dans la catéchèse et l'on voit ce que cela donne....). Cela rejoint ce que je disait l'autre jour: une des caractéristique du totalitarisme est de transformer, de retourner le langage.
En toute amitié, cher Flam.
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Écrit par : vf / | 23/04/2010

LA BIBLE ET L'EGLISE

> Le respect des droits des migrants "fait partie de la tradition pérenne de l'Eglise"; c'est indéniable. Il faut ajouter qu'il s'ancre dans la Bible d'une façon frappante. Le respect dû à l'étranger est à l'égal du respect dû au pauvre; on peut citer ce passage du deutéronome (24; 18-22), qui entre de façon frappante en consonance avec le principe fondamental de la destination universelle des biens dans la Doctrine sociale de l'Eglise:
"Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'a racheté ; c'est pourquoi je te donne ces commandements à mettre en pratique.
Quand tu moissonneras ton champ, et que tu auras oublié une gerbe dans le champ, tu ne retourneras point la prendre : elle sera pour l'étranger, pour l'orphelin et pour la veuve, afin que l'Éternel, ton Dieu, te bénisse dans tout le travail de tes mains.
Quand tu secoueras tes oliviers, tu ne cueilleras point ensuite les fruits restés aux branches : ils seront pour l'étranger, pour l'orphelin et pour la veuve.
Quand tu vendangeras ta vigne, tu ne cueilleras point ensuite les grappes qui y seront restées : elles seront pour l'étranger, pour l'orphelin et pour la veuve.
Tu te souviendras que tu as été esclave dans le pays d'Égypte ; c'est pourquoi je te donne ces commandements à mettre en pratique."
Sinon, on peut conseiller la lecture du texte très équilibré de la Commission Pontificale Justice et Paix: "L'Eglise face au racisme" qui aborde aussi la question de l'immigration.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 23/04/2010

TOUT EN TOUS

> En effet les pseudo catho s'énervent lorsqu'on leur met les textes du magistère en pleine figure.... forcément c'est pas catholique d'aimer son prochain s'il n'est pas un bon français bien de chez nous!
la sagesse de l'Eglise s'applique non seulement par une doctrine forte mais surtout par un étayage pratique que nombre de zouaves n'auront jamais.
Accueillir ne veut pas dire laisser faire, l'hospitalité est une vertu millénaire qui engage l'hôte ,encore faut-il que l'accueil soit à la hauteur.
La majorité des migrants respectent leur terre d'accueil, le problème vient non pas que les accueillants soient racistes,tarte à la crème gauchiste,mais d'une perte de culture et de grandeur qui favorise l'émergence de violence symbolique que notre pauvre libéralisme ne peut même pas envisager.
l'Eglise est la solution car en son coeur brûle le Dieu qui unit tout en tous.
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Écrit par : worou / | 24/04/2010

NATION POLITIQUE

> Question : comment un pays qui ne s'aime pas peut-il accueillir des populations d'origine et de culture des plus variées ? Et pourtant, la France est a priori un des pays les mieux armés pour affronter l'immigration de masse. Benjamin Franklin n'a-t-il pas dit, en substance, que tout homme avait deux patries, son pays et la France ? Beaucoup ont écrit, sur ce blog, que cette immigration était une chance pour l'évangélisation, et ce nonobstant les(et même grâce aux) désordres sans nom qui en résulteraient. Je veux bien, mais je vois mal comment l'Eglise pourrait remplir correctement sa mission, sur un territoire où règnerait, pour une large part, l'état de nature...
C'est bien grâce à la pax romana que l'Evangile a pu être diffusé, non ? Tout cela pour dire que, à mon sens, la réévangélisation de la France ne saurait se faire si la nation française disparaît. La France est une nation civique ; elle n'existe que par son histoire, et par la volonté de tous ceux qui la composent. "Faire France" (comme on dirait "faire Eglise")est une priorité absolue .Et c'est la tâche du Politique de maintenir vivante la tradition qui nous a été transmise, qui fait qu'en tout temps, la France a été chargée d'exercer "la magistrature de l'Universel" (je n'ai plus l'auteur de l'expression en tête) . Je vois de plus en plus mal nos concitoyens accepter de donner leur sang pour sauvegarder tout cela. Un soldat qui meurt en OPEX apparaît comme une victime...que dirait-on si, comme au plus fort de la Grande Guerre, on perdait 1000 soldats par jour ?
ps : sur la quasi-disparition du lien armée/nation, v. cette remarquable note de M. Merchet, le spécialiste "Défense" de Libé :
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/04/mon-opinion-du-risque-de-dénationalisation-de-larmée-française.html
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Écrit par : Feld / | 26/04/2010

AJUSTER

> On voit la difficulté d'ajuster localement le politique avec les exigences chrétiennes de l'accueil. Ce n'est pas si simple d'organiser l'accueil, voire de l'imposer à des populations récalcitrantes, lorsque l'arrivée de populations étrangères, avec tout ce que cela comporte de besoins en temps, en énergie et en coûts, est concentrée sur certains territoires sur lesquels d'autres se défaussent allègrement.

Écrit par : FL / | 26/04/2010

LES DROITS DE L'HOMME

> Ce texte est un beau pavé dans la mare de ceux qui fustigent les "droits-de-l'hommistes" puisqu'il en appelle textuellement à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Merci Monseigneur pour ce salutaire rappel !
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Écrit par : Et cetera / | 26/04/2010

"Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement"


> La religion chrétienne est la seule à n'être pas une morale, ce n'est donc pas au nom de la morale que nous avons à accueillir les migrants. Et pour cause: derrière toute morale il y a la volonté de se justifier: or nous avons été justifiés une fois pour toutes. Par le sacrifice de la Croix. Merci aux Protestants de nous l'avoir rappelé! Nous n'avons pas à soulager notre conscience d'un sentiment de culpabilité en agissant conformément à des maximes. Non que nous soyions parfaits et irréprochables, mais lavés de tout péché par don gratuit. Aussi donc toute charité mal comprise, où l'on utilise le pauvre, le migrant,le prochain... comme moyen pour se donner bonne conscience,voire pour imposer une supériorité culturelle( ce que nous avons fait dans nos colonies) ce qui a été rejeté avec raison par nos contemporains,n'a pas lieu d'être. Nous n'avons donc pas de devoir, mais comme nous avons reçu gratuitement,il nous est proposé de donner gratuitement. Appelés à être parfaits comme le Père.Perfection de Celui qui communique l'Etre gratuitement. Par surabondance.De celle qui donne sa tunique à qui vole la bourse: non par masochisme,non par calcul, mais par excès d'amour. Les droits de l'homme au fond n'ont pas d'autre origine que celle-ci: toute existence humaine est sacrée, parce que don gratuit du Créateur.Et le don gratuit appelle le don gratuit: pas moins! Ce n'est je crois qu'à cette condition que nous sortirons de la logique du choc des cultures que certains craignent, d'autres espèrent, au travers l'inévitable phénomène migratoire.
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Écrit par : Josnin / | 27/04/2010

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