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15/04/2010

"Tandis que Moscou se rapproche de Rome, le monde anglo-saxon entre en guerre contre le Vatican"

capitalisme1[1].jpg

À lire sans délai : l'excellente analyse de Roland Hureaux, décryptant l'assaut anti-pape comme la rupture du monde libéral atlantiste avec le catholicisme.

(alleluia !)

http://www.marianne2.fr/Et-si-la-crise-papale-relevait-de-la-geopolitique_a191751.html

Commentaires

PEU REFUTABLE

> J'ai grandement apprécié l'article de Mr. Hureaux. Je ne sais pas s'il ne faut voir dans toutes ces attaques que la seule main des "atlantistes" mais la démonstration est difficilement réfutable.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 15/04/2010

NE PAS SE LAISSER ENFUMER

> Article vraiment très intéressant. Merci de nous l'avoir fait connaître. Cela aide à ne pas se laisser "enfumer" (pour rester dans l'actualité) par les médias hystériques.
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Écrit par : B.H. / | 16/04/2010

AUX ETATS-UNIS AUSSI L'EGLISE EST MENACE PAR LE LIBERALISME

> Sous couvert d'égalité des droits ou parfois du respect de simples règles d'urbanisme, au nom du droit au respect des différences sexuelles, des convictions religieuses... les vexations se multiplient à l'encontre des chrétiens dans les Etats-Unis de Barack Obama. L'Alliance Defense Fund qui s'est spécialisée dans la défense des chrétiens attaqués en justice vient de lancer un nouveau projet destiné à venir en aide, en amont, aux Eglises. Pour ceux que la question intéresse il existe en anglais de nombreux sites d'information qui reviennent sur ces vexations quasi quotidiennes, ces petites choses qui font qu'un peu partout au nom des droits des homosexuels, de la défense même de la liberté d'expression... des chrétiens sont privés de leurs droits ou se voient privés de droits garantis au reste de la population.

Texte d'introduction au projet :

"The "Church" is represented in America not only by pastors, lay leadership, and denominations, but by an ever-growing variety of home groups, parachurch ministries, and church-related organizations that share a profound commitment to the Truth of Scripture and the importance of sharing the Gospel. That commitment has been a cornerstone of American society and the impetus for many of the most crucial cultural changes in our history, including the Revolution, the Great Awakening, and the Civil Rights movement.

That historical influence is regarded more and more as a threat by those who would re-construct our society on an aggressively secular foundation, and yet their innate recognition of the nation’s still predominantly Christian sensibilities deflects an outright denunciation of the faith. Instead, those seeking to silence Christian voices and undermine the influence of the Church are pursuing a more circumspect strategy... gradually eroding the basic legal protections that have ensured religious freedom since the days of the Founding Fathers.

No one gets thrown to the lions or burned at the stake these days. Instead, a home group is simply told that their Bible study violates zoning laws. A church is compelled to hire staff members who practice homosexual behavior. Public parks and buildings opened to other groups are closed to Christian gatherings. Charitable efforts are outlawed if they’re sponsored by a local congregation. Biblical teaching is censored if it contradicts politically-correct positions, and churches that flex their Constitutional freedoms are threatened with the loss of their tax exemptions.

It is to defend the Church from these legal assaults on its autonomy that the Alliance Defense Fund has created the Church Project, devoting not only our legal energies but the best efforts and resources of every facet of the ministry to the defense of religious liberty and the protection of those being persecuted for living and speaking a faith clearly protected by the U.S. Constitution."
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 16/04/2010

Cher Pierre-Aelred,

> ...sans aucune arrière-pensée, pouvez-vous nous traduire vos textes en bon français? Outre le fait que mon anglais est très rouillé, ce serait agréable de ne pas tomber dans cette mode actuelle de se parler anglais entre francophones. Que vous citiez le texte original est une bonne chose, mais de grâce, une traduction en-dessous, pour nous, pauvres franchouillards ignorants du mainstream. Je lis trop souvent (ou plutôt, je tente de lire) des articles entiers en anglais sur nombre de sites catho francophones. Cela devient lassant. Je vous dis ceci en toute fraternité. :) Merci d'avance.
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Écrit par : vf | 16/04/2010

@ Vf

> Je comprends aisément que vous puissiez être fatigué par la multiplication de ces articles dans la langue de Shakespeare, car je ressens la même fatigue dès que je vois le mot "Küng" apparaître sur une page de texte ... mais bon trêve de galéjade, au lieu d'une traduction mot à mot je vous propose à la place une version résumée du contenu.
Dans un premier paragraphe l'Alliance revient sur le rôle joué par l'Eglise (sous toutes ses formes) dans bien des événements historiques : Révolution, Grand Réveil (de la foi, dont l'un d'eux - puisqu'on en compte habituellement quatre - donnera naissance au mouvement pentecôtiste), Mouvement des droits civiques.
Dans un second temps l'Alliance précise que cette influence historique est contestée par ceux qui veulent agressivement refonder la société américaine sur des bases absolument sécularisées. L'attaque n'est pas frontale mais menée sur le plan légal de manière beaucoup plus insidieuse et vise avant tout à restreindre la liberté religieuse.
L'alliance donne ensuite un certain nombre d'exemples que j'ai repris moi même. Ainsi une "eglise-maison" est interdite - non pas pour des raisons religieuses - mais parce que son implantation serait en contradiction avec le plan d'occupation des sols ; une autre église se voit obligé de salarier des individus ouvertement gays au nom du respect de leurs droits ; des activités charitables sont autorisées sauf celles soutenues par des églises ; autorisée à tous l'accès à des salles publiques est refusé à des organisations d'Eglise etc (Je précise d'ailleurs qu'il s'agit d'exemples concrets d'attaques repris de la récente actualité pas d'exemples théoriques).
Enfin l'Alliance annonce son intention de mobiliser le meilleur de ses équipes pour répondre partout où cela sera nécessaire aux attaques dont seraient victimes les chrétiens.

Et puisqu'on parle d'actualité un juge fédéral vient de déclarer inconstitutionnel le "Jour de Prière" érigé en journée nationale par le Président Truman en 1952 au motif que cette journée contreviendrait à la séparation de l'Eglise et de l'Etat et alors qu'une association d'athées s'étaient dit "blessée" par cette manifestation.
Autre exemple récent, la confirmation par une cour de l'interdiction pour un orchestre scolaire de jouer une version instrumentale d'un Ave Maria au motif que même sans les paroles cette pièce pouvait heurter la conviction de non-croyants.
Ou encore l'attaque actuelle menée par plusieurs athées (une fois de plus) contre le "under God" du serment d'allégeance à la constitution.
Des exemples de cette eau il y en a des tonnes.

Écrit par : Pierre-Aelred / | 16/04/2010

VIEUX DELIRES

> Merci beaucoup, cher Pierre-Aelred. Ceci me confirme une fois de plus que l'ennemi n'est pas (plus) le marxisme-léninisme et ses dérivés mais bien le matérialisme-mercantile venu d'outre-Atlantique. Mais devant sa virulence actuelle et compte tenu du contexte général, je me demande si ce n'est pas le début du commencement de la fin comme disait un grand lutteur?
En tout cas, si ce vieux fossile de Küng revient, je peux vous dire que chez nous, dans l'EN, c'est aussi le retour des morts-vivants. On nous ressort les vieilles lubies psycho-pédago revisitées par les nouvelles technologies et qui datent en fait des années 60/70 comme ce vieux Küng. Je viens d'en faire les frais lors d'une inspection surprise et cela m'amène à m'interroger sur le retour de ces vieux délires à l'heure actuelle. Qu'est-ce que cela veux bien dire? Pourquoi des idées ou des thèmes (religieux, sociaux, culturels, etc.) qui étaient abandonnés ou largement critiqués il y a 4 ou 5 ans reviennent avec autant de violence et d'autoritarisme actuellement. Le système se sent-il tellement aux abois?
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Écrit par : vf / | 16/04/2010

OBSOLETES

> Ce que j'ai noté ici et là (en allant voir les profils de fan de la Conférence des Baptisés sur FB par exemple) c'est que le "Peuple de Dieu" à l'assaut de l'Eglise est constitué pour son immense majorité de survivant(e)s de mai 68. Les jeunes là dedans ? Ils ne se sentent certainement pas concernés. Les vieilles lubies libertaires des années 60-70 sentent le moisi, y compris l'avortement, l'ordination des femmes... Si on interrogeait la génération montante je suis certain que l'on serait surpris par le résultat comme le montre par exemple le rejet de l'avortement (par les femmes elle-même) comme simple moyen de contraception. Ce qui est dommage c'est qu'on n'entende qu'eux.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 16/04/2010

LE RETOUR DES MOMIES

> C'est le retour des momies. Problème: elles ont le pouvoir et elles risquent de gâcher la vie et le monde encore un bon moment compte tenu de leur espérance de vie.
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Écrit par : vf / | 16/04/2010

@ vf,

> excusez moi de mobiliser le site mais , cher vf :de quoi, de que ? Il me semble que nous exercons le même merveilleux métier et enseignons la même matière et là j'avoue que je voudrais que vous soyez plus explicite ? inspection dans quelle classe? quel chapitre ? et qu'est ce qu'on vous a reproché? peut-être que cela n'intéresse pas les autres intervenants aussi je les prie de m'excuser par avance.
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Écrit par : alice / | 17/04/2010

A Alice et pardon pour ceux que cela n'intéresse pas :)

> Chère Alice, ce fut en 6e sur Octave et la mise en place de l'empire romain... Pour faire court, je fais prendre aux élèves un résumé de la leçon que j'ai rédigée : erreur, cela doit être fait en autonomie par les élèves à partir de mise en situation d'apprentissage. Un résumé construit, argumenté et progressif est-il nécessaire me demanda-t-il? Lorsque je les mets en activité sur document (faut bien faire plaisir à ce cher inspecteur), je ne dois pas corriger l'exercice ni faire prendre une synthèse des réponses pour en faire le résumé à apprendre. C'est faire trois fois la même chose selon lui. Le premier travail des élèves suffit que je vérifie juste oralement. Je dois suivre le nouveau programme (qui est aberrant, mais bon...) à la lettre et partir d'une étude de cas pour arriver à une synthèse globale répondant à la problématique initiale (bref, c'est la méthode globale en Histoire/géo). Je ne dois pas aborder Homère, ni présenter les origines de la civilisation grecque ou de la puissance d'Athènes, mais partir directement d'une journée d'un citoyen à la Pnyx pour ensuite voir son cadre de vie social, politique et religieux....En géo, je dois faire de même mais sur informatique et si possible avec le tbi (pardon: tableau blanc interactif voir wikimachin)) que l'on vient d'installer chez mon jeune collègue afin d'utiliser les sig (google earth ou géoportail, voire mappy...) et ,si possible, de faire une sortie avec les élèves pour leur faire manipuler sur le terrain plans et gps (si,si!). Pour les contrôles (pardon, évaluations qui doivent être surtout formative et pas ou peu cognitive), trop de question de cours, pas assez d'analyse de docs et de rédaction de synthèse demandée à l'élève (en 6e!). Là-aussi, il faut utiliser les Tice (voir wikimachin) au maximum pour mettre l'élève en situation d'auto-évaluation. Et bien sur, ne pas corriger ou alors le faire faire par l'élève. Mais il faut ramasser et vérifier les cahiers très régulièrement (avec en gros 160 à 180 élèves par an...). Il faut aussi utiliser les ENT (environnement numérique de travail voir wikimachin) autrement que pour les notes et le cahier de texte. Par exemple, créer un forum de discussion en Histoire /géo pour les élèves (mdr) et ne pas hésiter à correspondre avec eux par le système courriel du logiciel (bref, on devient une "hot-line" éducative). Evidement, je n'ai pas fais assez de stages de "formation" et je ne m'investis pas assez dans la vie de l'établissement (accompagnement éducatif de 17 à 19h, par exemple). Il a étudié les résultats scolaires de la classe et les moyennes qui ne lui ont pas plu. Il faut valoriser les élèves quelles que soient leurs difficultés ou leur niveau.
Le plus délirant de l'affaire, c'est que ce même inspecteur est venu me voir il y a 3 ans en zep et n'a rien, globalement, trouver à dire à mes méthodes ou aux cahier d'élèves, etc. Là, j'en ai pris plein la "g.....e" pendant un heure alors que, fondamentalement, je n'avais pas changé. Bref, il y a une reprise en main dans le sens du retour des théories fumeuses des IUFM revisitées par les nouvelles technologies. En conclusion, nous ne sommes pas là pour enseigner, transmettre une culture et des méthodes de travail et de réflexion, mais pour mettre en place des scénarii d'apprentissage car l'apprenant ne peut s'approprier le savoir (qui est parcellaire et superficiel dans les nouveaux programmes!) que s'il est acteur de sa formation...
Ce qui est pénible, c'est le manque de respect et l'infantilisation complète du prof inspecté. J'ai eu l'impression d'être un gamin de 5 ans qui se fait engueuler parce qu'il a pris un bonbon en douce (après 17 ans de métier dont 10 en zep!). Je me suis fais taper sur les doigts plutôt méchamment. Ajouté au reste, c'est usant et j'en sors passablement énervé et écoeuré. Un moment donné, j'ai compris les salariés de France Télécom...
Voilà. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas mais peut-être que notre cher Patrice vous communiquera mes cordonnées courrielles. Cela éviterait de trop monopoliser son blog pour des questions peu en rapport avec ses sujets.
cordialement
VF
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Écrit par : vf / | 17/04/2010

@ vf

> Même si nous qui ne sommes pas enseignants ne sommes pas directement intéressés, ce que vous dites est très intéressant et instructif, et du reste transposable ailleurs.
Il me semble qu'y a une part de juste à considérer que l'élève doit s'approprier le savoir, mais il serait fou et illusoire, et même peccamineux, d'en tirer comme conclusion que le professeur n'a pas à enseigner et à transmettre un savoir à l'élève !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 17/04/2010

Cher Michel de Guibert,

> ...je récuse le terme "appropriation". En effet, il sous-entend une personnalisation du savoir reçu ou découvert. Or, selon moi, cette personnalisation conduit vite au relativisme, à l'opinion qui remplace la connaissance et l'analyse: " J'ai ma vision de la Révolution Française ou de Clovis ou de la Résistance "etc. (à moins de soutenir une thèse dans ce domaine). Le savoir se reçoit, s'accueille, se digère, se maîtrise, se domine et enfin s'utilise. Mais on part de l'idée de savoir, de connaissances validée par des spécialistes. Osons le dire, on parle de vérité scientifique. L'idée de s'approprier, de faire sien le savoir conduit inéluctablement à une vision ou une interprétation personnelle de ce savoir. On en arrive au supermarché des opinions que l'on a actuellement. Et je reste persuadé que ces méthodes pseudo-pédagogiques sont mises en places dans ce but: favoriser le relativisme et l'égocentrisme des individus soumis au matérialisme-mercantile. Allez faire un tour à Louis le Grand ou Henri IV et vous verrez quelle pédagogie est mise en place pour les élites. Là-bas, on a de bons vieux cours avec de bons profs diplômés dans leur discipline et pas en science de l'éducation (mdr).
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Écrit par : vf | 18/04/2010

Merci cher vf pour votre utile développement.

> A vrai dire, je vous suis, et notre divergence est sans doute plus une question de terminologie qu'une vraie divergence.
Quand je parlais de faire sien le savoir reçu, je ne voulais pas dire autre chose que ce que vous dites quand vous écrivez : "Le savoir se reçoit, s'accueille, se digère, se maîtrise, se domine et enfin s'utilise".
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Écrit par : Michel de Guibert / | 18/04/2010

Cher Michel de Guibert,

> ;;;c'est ce que je pensais mais je préférais clarifier la chose. Ce jargon pseudo-scientifique envahissant le langage courant, on se met à l'utiliser sans voir ce qu'il y a derrière. Mais cela devient de plus en plus dur de résister dans le système. Cela me fait penser qu'il faut que je relise Orwell et Klemperer.
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Écrit par : vf / | 19/04/2010

QUI A TUE L'ECOLE ?

> Pour ceux que la situation de l'école intéresse, une très bonne analyse trouvée sur le blog du Figaro (comme quoi...):
L'école de Jules Ferry est morte... mais qui l'a tuée?
Par Natacha Polony le 12 avril 2010 23h22 | 126 Commentaires
Mieux que dans un roman policier : un grand cadavre, et pléthore d’assassins. L’école que nous avions connue (l’auteur de ces lignes en a vu les derniers feux, déjà bien faibles) a disparu corps et âme. Le propos, il est vrai, a l’air un peu excessif. Décliniste, diront certains. Réactionnaire, diront les autres. Et ceux qui partagent le point de vue plaideront qu’il ne faut pas désespérer Billancourt, que les bonnes volontés sont nombreuses, et que quelques mesures d’urgences pourraient arranger bien des choses. Quoi qu’il en soit, on prétendra que c’est faire insulte aux enseignants qui tous les jours font de leur mieux, dans les classes, pour transmettre quelques savoirs dans des conditions, parfois, que nul autre n’accepterait. Comme si le médecin légiste faisait insulte aux réanimateurs en constatant simplement le décès du malade.
Mais entendons-nous bien. Ecrire que l’école de Jules Ferry est morte peut être pris de diverses manières. Aussi serons-nous explicites. L’époque qui va des Lumières à la deuxième moitié du XXème siècle, et durant laquelle fut pensée, puis instituée, une école dont la mission était de fonder une République d’hommes libres en instruisant les futurs citoyens, c’est-à-dire en leur transmettant les savoirs qui leur permettraient de ne pas dépendre d’autrui dans leurs jugements, cette époque s’achève à présent. L’école ne sert plus à instituer en instruisant, elle n’a plus de lien avec la nation, n’est plus garante des valeurs de la République par l’apprentissage d’un savoir universel.
L’école, dans les sociétés occidentales de ce début de XXIème siècle, prépare des individus à appréhender un monde du travail mouvant fondé sur une économie de la connaissance, où ils seront amenés à s’adapter à tous les changements (et peu importe qu’il ne s’agisse que d’une fiction dans un pays où les PME et l’artisanat sont majoritaires, et dans un monde où les pays qui accueillent notre emploi industriel délocalisé sont aussi ceux qui développent un système universitaire de pointe dans le domaine des hautes technologies). L’école sert le nomadisme. Elle prépare l’impermanence. Elle n’est plus une institution de la nation mais un service public, c’est-à-dire un organisme chargé de fournir à peu près également aux familles la part d’éducation que celles-ci ne peuvent donner à leurs enfants puisqu’elles sont occupées à travailler. Cette part d’éducation est celle qui en fera des individus efficaces pour traiter les informations et s’emparer des nouvelles technologies mises à leur disposition. Certains pourront bien continuer à en attendre une formation humaniste par la confrontation avec les époques qui nous ont précédés, ils devront pour cela trouver une niche, dans le public ou le privé (mais gageons qu’il en restera : les élites sont conservatrices pour leurs propres enfants). L’école (de la maternelle au baccalauréat, puisque la scolarité sera bientôt obligatoire jusqu’à 18 ans) n’est plus qu’un élément dans le dispositif de formation de l’individu tout au long de la vie, en vue de son intégration dans le système de production-consommation administré par une puissance publique neutre, chargée de garantir son bien-être.
Exagéré, diront encore les optimistes. Et pourquoi pas, ajouteront les autres, qui croiront peut-être y voir une image du libéralisme (preuve qu’il faut relire Tocqueville de toute urgence). Il est cependant évident, pour qui s’intéresse aux évolutions du système éducatif, qu’un processus entamé depuis maintenant quarante ans est en train de trouver son aboutissement. Ce processus s’est ouvert avec l’introduction de méthodes pédagogiques dont les prémisses idéologiques sont parfaitement énoncées par Nathalie Bulle (l’Ecole et son double, éd. Hermann) ou Olivier Rey (Une folle solitude, éd. Seuil). A travers les méthodes de lecture, les mathématiques modernes ou le développement de l’histoire thématique et des analyses de documents, il s’agissait de couper systématiquement l’élève de toute mémoire pour lui faire fonder son savoir en lui-même. Au nom, bien sûr, de l’égalité : toute référence à un savoir classique favorisait les classes dominantes, qui pouvaient transmettre ce patrimoine culturel à leurs héritiers.
Etape suivante, la formation des professeurs a intégré ces méthodes, effaçant peu à peu la culture professionnelle des instituteurs pour leur faire accepter le travail en petits groupes, la pédagogie inductive, l’abandon des exercices systématiques et de la mémorisation. Dans le secondaire, les professeurs ont été invités à développer interdisciplinarité et « pédagogie de projet » (un projet à réaliser par les élèves sert de prétexte à des apprentissages dans les différentes disciplines, en dehors de toute progression logique des programmes), le dogme de l’hétérogénéité des classes (des élèves de niveau différents regroupés dans une même classe pour que le meilleur serve de « locomotive » et s’ouvre à la différence au contact des moins bons qui sont supposés, par principe, venir d’un milieu social moins favorisé) a accompagné l’apologie de la « pédagogie différenciée » (l’idée que le professeur va adapter son enseignement à chaque élève, en bannissant le « cours magistral » au profit du travail en groupe et de la « mise en activité » des élèves).
Enfin, l’organisation des établissements scolaires, à travers les heures d’accompagnement (des heures, donc, échappant à la logique des enseignements disciplinaires), l’obligation de définir des projets d’établissement (et ceux qui ont tenté de définir pour leur école le projet « d’apprendre à lire écrire et compter » se sont vite aperçu que ce projet-là n’avait pas été prévu), et la mise en place d’une autonomie dont le but (bien plus que d’établir une dynamique dont l’intérêt serait indéniable) est de promouvoir ces méthodes. Instrument de cette transformation, le « socle commun de connaissances et de compétences » mis en place par la loi d’orientation de 2005, la loi Fillon, tend à substituer aux savoirs des capacités de divers ordres, « être autonome dans son travail », « s’engager dans un projet et le mener à terme », que les contenus des programmes servent seulement à justifier. Peu à peu, et le rapport rendu jeudi 8 avril par la mission parlementaire de la Commission des Affaires culturelles et de l’éducation sur la mise en œuvre du socle commun le prouve, ce dispositif va changer en profondeur l’école. Les députés regrettent d’ailleurs dans leur texte la lenteur de ce changement : par le socle commun, et sa logique de compétences, le collège ne sera bientôt plus un lieu de transmission de savoirs disciplinaires.
L’école de Jules Ferry est donc bien morte, et ces quarante dernières années nous le prouvent : tout le monde s’est associé pour l’achever. Les « pédagogues » portés par une idéologie autoproclamée progressiste, mais aussi, désormais, toute une droite persuadée que l’école doit suivre le train d’un monde « qui bouge » (et peu importe le sens du mouvement). De la gauche à la droite, nombre de décideurs sont aujourd’hui convaincus que les savoirs, ce qu’on appelait autrefois les humanités classiques (illustrées par ce texte de Rabelais cité dans une précédente note), ne sont plus adaptés à un monde où les connaissances n’ont plus pour objet de nous transformer mais de nous servir, stockées qu’elles seront dans des banques de données disponibles sur i-phone. Nombre de décideurs, mais aussi nombre de parents d’élèves. Ceux-là même qui s’extasient sur les « travaux personnels encadrés » qui plaisent tant à leurs enfants, ceux qui estiment que l’enseignement de l’anglais (et uniquement de l’anglais ; pas du breton, de l’italien ou de l’allemand) est essentiel dès le primaire parce que c’est « utile ». Ceux, surtout, qui estiment que la principale urgence serait de faire entrer l’ordinateur à l’école.
Le passage au numérique sera l’ultime étape, le coup de grâce porté à cette école républicaine sur laquelle se fondait une démocratie qui espérait être autre chose que la tyrannie des imbéciles. Non pas qu’il ne faille pas d’ordinateurs. Non pas que l’on pense ici que l’ordinateur ne sert à rien. Bien au contraire, il représente pour les enseignants des masses de documents, des possibilités d’illustration de cours… Mais ce n’est pas pour cela que son entrée dans l’école est attendue comme le messie. Le numérique que l’on nous vante est celui qui changera l’école en profondeur, dans sa structure même. Celui qui sonnera le glas d’une école dans laquelle un professeur apporte à des élèves les connaissances qui formeront son cerveau, sa conscience.
Le numérique servira à refermer le couvercle du cercueil sur l’école que nous connaissions. Les optimistes, ou les amateurs de modernité radieuse, applaudiront à cet enterrement de première classe. En proclamant, bien sûr, que le système qui en sortira sera tellement plus efficace pour « intéresser les élèves », les « motiver », et surtout, les rendre capables « d’apprendre à apprendre ». Et les belles références à cette tête bien faite qui vaudrait mieux qu’une tête bien pleine, ces références entendues mille fois dans la bouche des « pédagogues » qui triomphaient avec la loi d’orientation de 1989 et le trio Jospin-Allègre-Meirieu, reviennent dans la bouche des spécialistes éducation du Medef ou des animateurs des think tanks de droite.
Etonnante victoire de ces martyrs autoproclamés, qui continuent pourtant à se prétendre rebelles et minoritaires. L’école de Jules Ferry est morte. Ite missa est. Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès… Et retarder le désastre peut parfois permettre d’attendre le miracle. Ou le réveil des peuples. La résistance, pour l’heure, est individuelle. Dans l’éducation qu’un père ou une mère donne à son enfant. Dans le cours que fait un professeur, une fois la porte de sa classe fermée. Et dans le débat, encore et toujours.
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Écrit par : vf / | 20/04/2010

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