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12/03/2010

Après avoir honoré Hulot en juin 2009, un penseur du Medef fait "l'apologie de Claude Allègre" en mars 2010

François Ewald vire en même temps que les médias :


 

Dans Les Echos du 16/06/09, il écrivait :  

<< L'élection au Parlement européen ne fait que confirmer une tendance longue. Le Parti socialiste, qui ne sait pas choisir, en fait naturellement les frais. Le plus grave pour lui est que, plus le thème socialiste s'affaiblit, plus le thème écologique se renforce. Ces élections donnent raison à ces écologistes qui, au plus fort de la crise, soutenaient qu'il ne s'agissait que d'une péripétie eu égard à ce qui restait le seul sujet sérieux, et dont on ne parviendrait pas à détourner leur attention : le changement climatique. Le pacte écologique de Nicolas Hulot est profondément révolutionnaire et vise à transformer toute l'économie, celles des passions individuelles comme celles du marché. >>


Dans Les Echos du 02/03/10, sous le titre « Apologie de Claude Allègre », il se retourne contre la thèse du changement climatique :

<< La thèse standard sur le réchauffement climatique organise des identités (celle de ceux dont le destin est désormais lié à sa véracité), des intérêts économiques (en matière de développement durable et de choix énergétiques) et des choix politiques (le consensus politique français actuel s'en nourrit). […] Le livre de Claude Allègre pose la question des rapports science et politique aujourd'hui. Au coeur du thème « réchauffement climatique », il y a des rapports savoir-pouvoir. Dans nos sociétés, la science est prise dans des enjeux politiques et économiques où le savant, devenu expert, risque d'abandonner les principes de son éthique en devenant l'avocat d'une thèse que les faits doivent, bon an mal an, venir corroborer. Par un étrange retournement, la science n'est plus aujourd'hui ce qui vient décevoir les préjugés que ce qui fabrique des opinions. >>




En somme :  « révolutionnaire » et objective selon l'Ewald de juin 2009, la prise de conscience climatique devient une fabrication subjective et corporatiste selon l'Ewald de 2010. Remarquable abattée. Sous l'effet de quel vent ?

Passons sur son « apologie » d'Allègre, pamphlétaire dont on a vu la fiabilité : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2010/03/26/allegre-deshabille.html#more.

Demandons-nous plutôt pourquoi Ewald – intellectuel organique du patronat français – se met à parler des climatologues en termes presque aussi hostiles qu'Allègre... Constatons qu'il fait cela en même temps que la plupart des médias : s'il a écrit cette chronique, confirme-t-il lui-même, c'est pour tancer une collaboratrice des Echos qui s'était permis de critiquer la suffisance du mammouth. (Grande audace pour une journaliste, que de ne pas emboîter le pas à des autorités comme MM. Elkabbach et Demorand).

Subsidiairement, on aimerait qu'Ewald nous explique comment le souci de l'avenir de la planète pourrait ne pas « organiser » des « identités », des « intérêts économiques » et des « choix politiques » : énoncer cela est un truisme, on ne sait pas ce que ça démontre mais ça démontre sûrement très bien... (Comme disait l'humoriste américain, les libéraux [1] « disent tout haut ce que pensent ceux qui ne pensent pas »).

Accuser la climatologie de créer des rapports « savoir-pouvoir » est un autre truisme : c'est même une affirmation risquée, car le véritable « rapport savoir-pouvoir » – le seul décisif – a plutôt été instauré par le système néolibéral, qui a assujetti toutes les activités humaines – dont la recherche scientifique – aux impératifs du marché ! (avec des effets massifs et nocifs, contrairement au souci climatique qui n'a engendré jusqu'ici que des discours [2]).

Pourquoi vous raconter tout ça ? Je ne sais plus. Ah si : parce que j'ai vu hier à la une du Monde la pub du livre d'Allègre, avec une phrase en exergue censée donner envie de se ruer chez le libraire en clamant donnez-m'en un vite. De qui, la phrase ? D'Ewald.

_________

[1]   ou ex-libéraux ? on ne sait plus : ces gens girouettent trop.

[2]   jusqu'à ce que les médias se retournent en faveur du négationnisme.

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10:09 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écologie

Commentaires

NIAIS

> Paul Ariès doit être content : il craignait que les pollueurs ne fassent mine de se repeindre en vert, pour mieux court-circuiter les véritables écologistes. Et ne rien changer.
Si la référence, chez les pollueurs et leurs complices, est l'anti-écologisme niais de Allègre (Hulot c'est déjà le diable pour lui!), la tentative de détournement de l'écologie n'est plus possible.
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Écrit par : Blaise / | 12/03/2010

PAS D'ODEUR

> Ainsi Le Monde fait la pub d'un livre qu'il a descendu en montrant les multiples incohérences, erreurs... de l'auteur ? Décidément l'argent n'a pas d'odeur.
P-A


[ De PP à P-A - Comme ancien directeur d'un journal qui avait de la publicité (c'est le moins qu'on puisse dire), je peux dire que l'usage professionnel est de ne pas appliquer aux annonceurs les jugements portés sur les livres par les rédacteurs. En l'occurrence, Le Monde n'a fait que suivre l'usage, même si c'est un peu comique après l'éreintement d'Allègre par le même journal quelques jours plus tôt ! Plon n'a pas été rancunier. ]

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Écrit par : Pierre-Aelred / | 13/03/2010

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