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11/03/2010

"Les chrétiens face au dérèglement climatique"

D'Olivier Moulin-Roussel, ex-président de l'Espace Bernanos (La voix des communautés catholiques, 02/2010) :


 

Bien évidemment, les événements le montrent, le monde change comme jamais. Ne sont-ils pas les signes de l’énorme sursaut dont notre monde a urgemment besoin ? Les reculades du Sommet de Copenhague en appellent à une gouvernance mondiale que le pape évoque dans son encyclique. Bien fou qui nierait aujourd’hui la fonte des glaces, la montée des eaux et leur corruption, la hausse des températures moyennes, la déforestation, la sécheresse ambiante, les destructions d’espèces…. Le monde a faim, le monde a soif, il a peur.

La population, en passe d’atteindre 9 milliards, s’entasse dans les villes et les bidonvilles. Les migrants campent à nos portes, victimes de la guerre, du climat, et des guerres qu’engendre le climat. Longtemps encore nos modes de vie dépendront du pétrole roi et de ressources fossiles en déclin, polluantes et très bon marché, en raison du coût et du retard des énergies propres.

Bien sot désormais qui s’en remettrait à des faux-fuyants, à des postures qui confinent à l’imposture, à des chipoteries indignes de l’essentiel. Car l’essentiel, c’est ce que les savants nous disent, avec humilité, du moins les véritablement savants, à savoir que le réchauffement climatique est plus qu’une hypothèse, que la compromission humaine fut-elle imprécise ne fait guère de doute, encore qu’aucune science n’est absolument certaine, que la nature du climat est complexe et que sa modélisation doit progresser. Pour nous il est urgent d’agir dès lors que les gaz en excédent continuent de s’accumuler dans l’atmosphère, essentiellement le gaz carbonique, pour au moins 100 ans.

Le coût de l’action, s’il est estimé par Nicholas Stern à 1% du PNB serait multiplié par 5 en cas d’inaction. A trop attendre, ce qui risque de nous manquer, ce n’est ni la technique, ni la volonté, ni même l’argent, c’est le temps. Le temps, d’autant que la tentation est grande d’agir plutôt sur des effets déjà tangibles que sur leurs causes. Il est urgent d’agir dès lors que les pays pauvres sont les premiers à souffrir et le plus fortement d’une crise à laquelle ils ne peuvent quasiment rien. C’est là une effroyable injustice ; car la toxicité plane également sur l’ensemble des continents indépendamment de son origine.

Que devons-nous faire, demandaient les nouveaux convertis à Jean le Baptiste ? C’est bien d’une conversion qu’il s’agit et non d’une reconversion. Ce qui nous menace, chacun le sait sans trop y croire . Ce qui nous manque, c’est une conviction mûrie et partagée. Les Etats n’auront pas de volonté réparatrice sans appui dans l’opinion.

On n’inversera pas le cours des choses avec de simples arrangements. On n’évitera pas un possible chaos sans un formidable sursaut, fait d’innombrables petits gestes et de réformes improbables. Réduire les émissions toxiques, c’est renoncer à certain niveau de vie. Innover c’est investir massivement dans les technologies, c’est organiser un marché mondial du carbone. Aménager, c’est revoir au fond les méthodes, les procédures, les façons de vivre. C’est trouver spontanéité et familiarité dans le rapport à autrui. En contrant la méchanceté ordinaire au bénéfice de la « petite bonté » dont parle un auteur russe.

L’homme n’a pas été créé pour dominer la nature mais pour en être le garant en relation intime avec le Dieu de l’Alliance. On aimerait les croyants moins incrédules, alors que la théologie nous invite, avec Jürgen Moltman ou François Euvé à redécouvrir la dimension cosmique du Christ. A lire dans l’Épître aux Romains : « la Création tout entière gémit… », nous savons que notre salut dépend de celui de toute la Création, sauf à nous exposer aux « structures de péché », selon Jean Paul II. De fait, le « chant des créatures » du Poverello trouve écho dans la « messe sur le monde » de Teilhard, mais aussi chez Claudel « le grand mystique du salut de la terre » selon Jean Bastaire, l’apôtre du « Christ vert ».

Dans son encyclique le pape nous adjure d’une phrase qu’il répète à l’identique dans son message de paix : « l’Eglise a une responsabilité envers la Création et doit la faire valoir publiquement », autrement dit dans l’espace et sur la place publics. C’est à tous les publics qu’il s’adresse par delà les 2 milliards de chrétiens dont 1 milliard de catholiques. Sommes nous trop peu ou assez nombreux pour nous rassembler vraiment, repousser le possible aux limites de l’impossible et quitter le monde de la peur pour celui de l’espérance  ?

 

Olivier Moulin-Roussel

vice-président de l’Association internationale Saint Roch

ancien président de l’Espace Bernanos

 

07:45 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écologie

Commentaires

> Bravo à l'ancien directeur du centre Bernanos à St Louis d'Antin.
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Écrit par : Sylvie Mardyck / | 12/03/2010

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