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16/02/2010

Inde : l'Eglise catholique à la pointe du combat anti-OGM

stop_brinjal_demo_130[1].jpgCette information est exemplaire. Les écolophobes vont-ils  prétendre que nous "l'inventons" (comme nous "inventons" toutes les autres prises de position écologiques de l'Eglise) ? Vont-ils accuser les Missions étrangères, Eglises d'Asie et Mgr Arackal de faire partie eux aussi d'un "complot rouge contre l'Occident" ?


 

 

Eglises d'Asie, l'agence des Missions étrangères de Paris (MEP), rapporte aujourd'hui que Mgr Mathew Arackal, évêque du diocèse syro-malabar de Kanjirappally au Kerala, s'est réjoui de la récente interdiction prononcée par le gouvernement fédéral à l'introduction sur le marché d'une aubergine transgénique.

<< L'Eglise demande depuis longtemps « une interdiction complète » des semences génétiquement modifiées en Inde, a déclaré Mgr Arackal : « Pour l'heure, un simple moratoire a été décrété. C'est bien mais c'est insuffisant. L'Inde doit agir de manière à défendre sa sécurité alimentaire », a ajouté l'évêque, qui, de longue date, est engagé dans des actions de soutien aux petits producteurs indépendants et à l'agriculture biologique.  

L'Inde est le premier producteur d'aubergines au monde et en cultive plus de 4 000 variétés différentes. Premier semencier du pays,  Mahyco, dont le géant Monsanto détient 26 % du capital, a mis au point une nouvelle variété d'aubergine, baptisée BT Brinjal (1), présentée comme étant résistante aux insectes nuisibles et nécessitant donc moins de pesticides. En octobre 2009, l'instance fédérale responsable, le Genetic Engineering Approval Committee, avait donné son autorisation pour une mise sur le marché de la nouvelle semence. Toutefois, bien que censée être source de meilleurs rendements et donc d'accroître les revenus des agriculteurs indiens, la nouvelle variété avait soulevé de vives critiques dans les milieux associatifs et politiques. Les milieux anti-OGM avaient notamment mis en avant le manque d'objectivité des recherches sur le BT Brinjal, affirmant que la plupart des laboratoires impliqués dans la recherche étaient soutenus financièrement par Mahyco. Le 9 février dernier, ces critiques ont été entendues et le ministre fédéral de l'environnement, Jairam Ramesh, a annoncé un moratoire, le temps que de nouvelles études scientifiques fassent la preuve de l'innocuité du nouveau légume sur la santé humaine et l'environnement. « L'opinion publique est négative et c'est mon devoir d'appréhender le problème avec précaution », a fait valoir le ministre devant la presse.  

Pour Mgr Arackal, la dépendance des agriculteurs à des semenciers tels que Mahyco auquel conduit le développement de semences génétiquement modifiées est contraire aux intérêts véritables des agriculteurs indiens.

Au Kerala, l'évêque développe, depuis 1980, une coopérative baptisée Peermade Development Society, dont l'objet est de permettre un développement complet de la campagne indienne (2). Démarrée dans le district très pauvre d'Idukki, au Kerala, la coopérative vise à sortir les petits agriculteurs de la misère en leur proposant « de s'organiser en communautés pour développer une agriculture durable ». Ces deux dernières années, explique Mgr Arackal, près de 10 000 paysans ont ainsi été aidés, sans considération de caste ou de croyance. Encourager le développement des OGM ne ferait que « balayer ces paysans pauvres et marginalisés », déclare l'évêque, qui ajoute : « Assurer la sécurité alimentaire du pays passe par la protection du monde paysan traditionnel. »  

Selon Chacko Sebastian, un agriculteur qui a bénéficié de l'aide de Peermade Development Society et qui jouit désormais d'une certaine prospérité, le moratoire décidé à New Delhi peut être le déclic qui va amener les campagnes indiennes à penser leur développement de manière plus durable et écologique. Cette année, où les récoltes ont été très insuffisantes du fait d'une mousson inhabituellement faible, le nombre des suicides de paysans (souvent, par absorption de pesticides) s'est maintenu à un niveau très élevé. Bon nombre de ceux qui choisissent de mettre fin à leurs jours sont pris en étau entre une récolte trop faible en quantité et des traites à payer pour régler les semences, les engrais et les pesticides nécessaires à ces cultures.

Si les paysans choisissaient un autre mode de développement que celui proposé par l'agriculture intensive, ils pourraient s'en sortir humainement et économiquement, affirme Chacko Sebastian... >> 

 

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(1) Le nom brinjal pour désigner l'aubergine vient du portugais berinjela ; il est utilisé en Inde et dans plusieurs pays d'Afrique.

(2) http://www.pdspeermade.com   

 

Source : Eglises d'Asie 

00:05 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : christianisme

Commentaires

GRENOUILLES

> Mais voyons bien sûr que tous ces gens sont des menteurs, puisqu'ils ne sont pas l'extrême droite française et ses grenouilles excitées pseudo-romaines [...] ! Comme on dit sur www.versaillais.fr, quand on sait ce qu'on sait et qu'on voit ce qu'on voit, on est fier de penser ce qu'on pense.
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Écrit par : louis rossel / | 15/02/2010

ALLÈGRE

> Claude Allègre devrait aller expliquer aux familles des petits paysans indiens suicidés que ceux-ci étaient des lopettes, qu'il faut oser prendre des risques(*), et que si on commence par se plaindre de Monsanto on finit par croire au réchauffement climatique (erreur intolérable).

(*) c'est ce qu'il a dit à propos de l'amiante... Les malades ont apprécié.
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Écrit par : arf / | 16/02/2010

PATHOLOGIE VEGETALE

> Au-delà même du problème OGM, à propos de l'agriculture chimique, je viens de découvrir une petite vidéo tirée d'un film que je ne connaissais pas : "Alerte à Babylone", de Jean Druon. La vidéo : http://pneumatis.over-blog.com/article-les-sols-meurent-mais-chut-faut-pas-l-dire-45041861.html
"Nous ne faisons plus de culture en Europe, nous gérons de la pathologie végétale".
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Écrit par : Joël Sprung / | 16/02/2010

NOS LUMIERES BRÛLENT LES PAUVRES

> Ces raclures d'Indiens ont toujours été vendus aux rouges pendant la guerre froide, l'ignorez-vous M. de Plunkett ? Et quand on est aussi nombreux, faut bien assumer les quelques conséquences de l'agriculture du futur qui permet au moins de nourrir toute la famille. Fallait pas avoir d'enfants, sinon. Et on dit merci qui ? Merci l'occident merveilleux, dont la technique éclaire le monde. Et on n'y peut rien si toute lumière brûle un peu en passant.
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Écrit par : JG / | 16/02/2010

ACRIMONIE

> Assez navré de constater que l'acrimonie des commentaires va croissante : sur cette note, sur celle sur l'initiative écologique lancée dans le diocèse de Lyon pour le Carême 2010...
Cette aigreur ne sert à rien et donne trop d'importance à des gens et/ou des idées qui ne le méritent pas.
Thomas


[ De PP à T. - Vous n'avez pas tort. (Et encore, j'ai coupé le plus dur). Je lance un appel à la mansuétude ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas / | 16/02/2010

IGNORANTS

> Bien sur qu'ils vont accuser les évêques d'être marxistes ou, s'ils sont gentils, ignorants. Qu'attendre de ces gens qui ont un portefeuille d'action à la place du coeur et une calculette à la place du cerveau.
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Écrit par : vf / | 16/02/2010

EN 1963

> Je me souviens (je ne suis plus un jeune homme...) C'était dans un chateau du Limousin, en juillet 1963, un banquet d'élèves d'HEC (ça ne s'invente pas) au cours duquel j'entendis proférer de véritables cris de haine contre "les évêques communistes". A cause des préoccupations sociales de Vatican II, pourtant bien prudentes et générales... Mais c'était déjà trop pour ces bons jeunes gens dont les parents étaient tous les dimanches à l'église. Là il ne s'agit pas du petit milieu intégriste mais de la grande classe sociale bourgeoise au top niveau. Ce qui fait du monde et des moyens.Surtout vu avec le recul, 46 ans après.
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Écrit par : JPVG / | 16/02/2010

LE POSITIF

> Certainement il faut voir plutôt le positif que le négatif et on ne doit pas s'acharner sur des extrémistes qui se déconsidèrent tout seuls. Félicitons-nous plutôt de voir des évêques de plus en plus nombreux s'engager sur le front de la dignité humaine, faisant ainsi autrement plus de bien à l'évangélisation que les perpétuelles crispations sur la morale qui ne mènent à rien qu'à se faire jeter à la face les curés pédophiles irlandais allemands américains. (Et là il n'y a rien à répondre).
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Écrit par : Philippon / | 16/02/2010

L'ESPERANCE

> D'accord avec Thomas et PP. Mettons un peu d'eau dans notre vin et soyons positif, fulminer contre les réacs (aussi énervant soient ils) ne sert à rien. Même si dénoncer les inhumains et autres tartuffes est indispensable pour comprendre le monde qui nous entoure (Merci à PP).
On voit bien que les évèques sont d'authentiques progressistes (au sens véritable et évangélique du terme). D'ailleurs, sur France Culture, une personnalité non croyante (j'ai hélas oublié son nom) disait qu'aujourd'hui, les derniers à croire au progrès étaient les chrétiens.
Et si ce que certains nomment le progrès n'était pas tout simplement l'espérance ?
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Écrit par : Damien Etienne Thiriet / | 16/02/2010

SUR LE FOND

> D'accord avec Thomas : si on s'excite on n'échange plus sur le fond, qui est pourtant passionnant.
Par exemple, cet appel de l'évêque : « Assurer la sécurité alimentaire du pays passe par la protection du monde paysan traditionnel. »
Ceci est probablement vrai pour beaucoup de pays confrontés à des problèmes de sécurité alimentaire. Si ces pays versaient dans le modèle agricole productiviste (avec ou sans OGM d'ailleurs), chose assez tentante compte tenu du déficit de production agricole alimentaire, ce ne serait sans doute pas une solution, l'agriculture étant mise au service de tous les intérêts marchands et non des populations.
Dire que le développement passe par "le monde paysan traditionnel" a de quoi interpeller notre vision occidentale, qui postule bien souvent que le développement passe par l'universalisation de notre propre modèle (pourtant à bout de souffle). La gratuité dont parle le pape dans CIV ne serait-elle pas de contribuer à un véritable développement humain sans attendre en retour des profits ou des contrats pour nos entreprises ? C'est-à-dire contribuer au bien commun, tout simplement. Cette notion de gratuité, sur laquelle beaucoup se sont interrogés, ne serait-elle pas à rapprocher de cette notion de bien commun ?
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 16/02/2010

LE RISQUE ECONOMIQUE

> Le risque environnemental des OGM est lointain et incertain. Le risque économique est immédiat et certain. La dépendance de l'agriculture vis-à-vis de quelques producteur de semences OGM est la pierre angulaire de ce risque économique.
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Écrit par : V de Barmon / | 22/02/2010

à Guillaume de Prémare

> Merci de mettre l'accent sur la notion de gratuité!
Je propose une piste pour prolonger la réflexion. Voilà, j'opposais hier en cours les processus de connaissance et de nutrition, à partir de la distinction aristotélicienne matière/forme.
En effet connaître c'est, pour l'intelligence, épouser la forme d'une chose en la laissant intacte puisqu'elle procède comme un bloc de glaise qui garde la trace en creux de ce qu'elle reçoit, sans garder cette chose, parce qu'elle n'ingère pas la matière de ce qu'elle connait.
Se nourrir, consommer , consiste à assimiler la matière d'un aliment à notre forme: il y avait une banane, c'est à présent notre chair.(C'est en ce sens que Lavoisier dit que dans la nature rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme).Donc la forme "banane" disparait sans que pour cela elle soit nécessairement acquise par l'intellignece, sa matière absorbée, grâce à notre système digestif, par notre forme d'animal social.
Or nous sommes dans une société de consommation, où la digestion est le modèle de toute relation, aux choses comme aux idées ou aux personnes. C'est dire que nous croyons connaître et maîtriser quand nous ne faisons qu'un travail mécanique d'appropriation de leur matière( autrement dit en physique:de leur énergie), en détruisant pour cela leur forme qui échappe par là-même à notre connaissance.Nous réduisons les choses à leur quantité de matière, autrement dit d'énergie, et tout devient valeur marchande.Et le mystère de leur être , qui ne peut être rencontré que dans l'acte gratuit( sans prélèvement destructeur de matière/énergie)de la connaissance, nous échappe avec la destruction de leur forme.
Connaître est donc du côté de la gratuité, quand se nourrir est du côté du coûteux.
Ce n'est pas un hasard si, dans la Bible, la relation sexuelle, don gratuit de deux personnes, est signifiée par le verbe "connaître", non par celui de "consommer"!
Je propose que nous passions donc d'une société de consommation à une société de connaissance!
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Écrit par : Josnin / | 24/02/2010

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