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21/01/2010

Semaine pour l'unité : un point de vue évangélique

dscn2620[1].jpgCelui d'Henrik Lindell :


De son blog, http://www.dieu-et-moi.com

 

<<  Nous sommes en « semaine pour l’Unité des chrétiens ». Quelle unité ? Ecoutez ces rencontres sur Radio Notre Dame du 20 janvier et lisez nos commentaires.

Cette semaine où nous sommes incités à promouvoir « l’unité des chrétiens », nous avons été à la fois enchantés et interpellés par deux émissions sur Radio Notre Dame le 20 janvier. La première, menée par le journaliste Louis Daufresne dans le cadre du Grand témoin, était une rencontre entre l’évêque de Nanterre Gérard Daucourt et le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante.
La deuxième émission, L’Eglise le débat, animée par Elodie Chapelle, était un débat consacré à un thème d’actualité : « Quelle est l’ampleur de la vague évangélique ? ». Pour l’animer, Radio Notre Dame a eu la bonne idée de faire appel à notre ami Patrice de Plunkett, journaliste catholique et auteur d’un des meilleurs livres sur les évangéliques. Face à lui, deux personnalités du monde évangélique français : notre confrère Paul Ohlott de Zemag et Actu chrétienne ainsi que Saïd Oujibou, pasteur évangélique itinérant et consultant en violence urbaine.

Dans les deux cas, des vrais échanges ont eu lieu autour de réalités qui évoluent. Ce n’était donc pas des discussions théologiques à dormir debout auxquelles on a trop l’habitude dans l’univers de l’œcuménisme institutionnel. Voici des chrétiens qui parlent de leur désir de comprendre l’autre, de leur besoin d’être compris et aussi, et c’est rare qu’on en parle sérieusement, de la nécessité d’évangéliser.
Ceux qui connaissent Mgr Daucourt et Claude Baty savent à quel point ils aiment cultiver les relations œcuméniques. Ils ont rappelé les paroles de Jésus dans l’évangile de Jean, chapitre 17 : « que tous soient un … pour que le monde croie ». Mais ils ont aussi rappelé qu’il y a des blocages théologiques importants, notamment autour de la conception de l’Eglise. Une conception qui est même « séparatrice », comme l’a rappelé Gérard Daucourt, en évoquant la communion hiérarchique, surtout avec le pape, et, bien sûr, l’eucharistie. Un protestant n’a pas la même conception de la communion. Pour lui, les mots de Jésus - « ceci est mon corps, ceci est mon sang » - donnent lieu à une Sainte Cène qui est une « communion spirituelle avec une présence spirituelle », selon Baty. Mais pas d’une « présence réelle ». C’est pourquoi un catholique qui communie dans une communauté protestante « n’exprime pas la foi de son Eglise », comme l’explique Gérard Daucourt. Telle est l’explication de l’impossibilité aujourd’hui de voir responsables catholiques et protestants communier ensemble. Et Claude Baty ne pense pas que le débat entre théologiens puisse faire évoluer ce blocage.
Mais, et c’est très important, il a dit sa prise de conscience dans deux domaines où tous les chrétiens peuvent se rencontrer : évangélisation et la lutte pour la justice.
Les grands enjeux pour toutes les Eglises sont là.
Dans le domaine de l’évangélisation, certaines Eglises réussissent mieux que d’autres. Les Eglises évangéliques en France sont souvent pleines alors que les églises catholiques et les temples luthéro-réformés protestants se remplissent moins facilement. Un lieu de culte évangélique naît tous les dix jours en France. Il s’agirait particulièrement de communautés néopentecôtistes, c'est-à-dire des Eglises charismatiques où l’on insiste beaucoup sur la guérison, le miracle et parfois une prétendue « guerre spirituelle ». Or, la « vague évangélique » semble s’expliquer par un facteur plus simple et plus évident : le facteur humain et culturel. Dans les Eglises évangéliques, on parle très sérieusement de Dieu, on prie et on loue Dieu dans une forme contemporaine et avec authenticité et on s’intéresse vraiment à l’autre. Ce n’est pas forcément ainsi dans bien des paroisses catholiques et luthéro-réformées. Et c’est embêtant.
Les trois participants du deuxième débat ont très utilement développé ces aspects-là. Des arguments, des faits, des sentiments, parfois des propos inutiles, mais des échanges passionnants sur un thème important.
Merci donc à Radio Notre Dame, un des rares médias chrétiens à se donner la peine de faire réfléchir sur « l’œcuménisme » et la rencontre entre chrétiens d’aujourd’hui.

Le fait religieux chrétien change. Il fut un temps où les catholiques et les protestants évoluaient dans deux univers séparés. Aujourd’hui, ils se rencontrent de plus en plus. Surtout des catholiques vraiment convertis au Christ et des évangéliques (beaucoup plus que des catholiques libéraux et des protestants libéraux, qui, eux, ne bougent pas beaucoup).
Nous en parlons souvent sur ce site car nous sommes une expression de cette évolution. Ce site a une dominante évangélique parce que la plupart de ceux qui y collaborent sont membres de différentes Eglises évangéliques. Mais nous sommes dans « l’interconfessionnali >>té ». L’unité entre chrétiens, ce n’est pas quelque chose que nous vivons seulement lors d’une rencontre entre responsables ecclésiastiques une fois par an. Nous la vivons pratiquement en permanence. Dieu est dans toutes les communautés tant que celles-ci expriment la seule Eglise que le Christ a instituée. Nous en avons la totale certitude. Pour le fondateur de ce site, il ne peut pas en être autrement. Il est protestant évangélique, son épouse est catholique, leurs enfants sont baptisés. Nous sommes ensemble, tout le temps, en Christ. Et avec nos amis chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants ou orthodoxes, nous sommes en Christ. Ensemble nous pouvons évangéliser. Ensemble, nous devons travailler pour la justice. Tout le reste n’est pas sans intérêt, mais secondaire.


Henrik Lindell >>

12:10 Publié dans Oecuménisme | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : christianisme

Commentaires

AFFIRMATION

> "Dieu est dans toutes les communautés tant que celles-ci expriment la seule Eglise que le Christ a instituée. Nous en avons la totale certitude."
Cette affirmation mériterait une argumentation car en l'état elle est assez imprécise. La première phrase exprime même deux choses antinomiques.
Thomas


[ De PP à T. - Dans une perspective catholique romaine, sans doute, mais pas dans une perspective évangélique ! C'est la première difficulté du dialogue avec les frères séparés : leur logique n'est pas toujours la nôtre... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas, | 21/01/2010

MALAISE

> J'ai un malaise quand je lis sur certains sites chrétiens évangéliques des messages de mépris envers les chrétiens d'autres Eglises : "inconvertis", "ne connaissant pas Jésus", etc ! comme si les non évangéliques étaient des pauvres nuls ne valant pas la peine qu'on les écoute une seconde. Je suis désolée mais ça c'est de l'orgueil pur, angoissant. En ont-ils conscience ? Aucun homme n'a le droit de parler ainsi. Qu'est-ce qui leur permet de dire que qqn qui ne fait pas partie de leur assemblée à eux ne peut être sauvé ? Ils insultent la Grâce. L'Esprit souffle où Il veut. À Dieu seul la gloire.

Écrit par : Lisa, | 21/01/2010

à Lisa,

> Certains évangéliques peuvent être ainsi. J'ai moi-même été traité d' "inconverti" sur des sites... (Mais j'ai aussi été traité de faux catho sur des sites catholiques traditionalisants parce que je suis un converti de Paray, ce qui a mauvaise presse chez eux). Et je souligne qu'un nombre grandissant d'évangéliques condamnent tout sectarisme. Question de logique : on ne peut à la fois réclamer un "monopole sur l'Esprit" et rejeter toute structure ecclésiale ! Monopole et dérégulation concurrentielle totale font mauvais ménage.

Écrit par : PP, | 21/01/2010

BENOIT XVI PARLE DE L'OECUMENISME

> ROME, 20 janvier 2010 - La marche vers l'unité des chrétiens progresse, mais pas de « façon linéaire », il faut prier, demande Benoît XVI. Car une unité « auto fabriquée » serait « humaine ». Or, une fois accompli tout ce qui relève de la « responsabilité » humaine, c'est Dieu qui rend les chrétiens « capables d'être unis ».
Le pape a consacré la catéchèse de ce mercredi, en la salle Paul VI du Vatican, à la Semaine de prière pour l'Unité des chrétiens (cf. Texte intégral ci-dessous). On se souvient que le pape avait indiqué cette marche vers l'unité comme l'une des priorités de son pontificat, dès son élection.
Le pape a rappelé que l'unité des chrétiens est avant tout un « don de Dieu » à demander dans la prière : « L'appel persévérant à la prière pour la pleine communion entre les disciples du Seigneur manifeste l'orientation la plus authentique et la plus profonde de toute la recherche œcuménique, car l'unité est avant tout un don de Dieu ».
A propos du thème du témoignage, le pape a rappelé que « le thème de cette année est tiré de l'Evangile de saint Luc, des dernières paroles du Ressuscité à ses disciples «De cela vous êtes témoins» (Lc 24, 48) et que « la proposition du thème a été faite par le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, en accord avec la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises, à un groupe œcuménique d'Ecosse » (cf. Zenit du 17 janvier 2010).
Le pape a souligné l'importance de ce « témoignage commun » rendu au Christ ressuscité en disant : « En cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens, le rappel de l'exigence d'un témoignage commun rendu au Christ souligne l'importance pour ses disciples de grandir dans la profession de foi commune et dans le témoignage unanime au Seigneur ressuscité, malgré une communion encore partielle ».
Benoît XVI a commenté l'Evangile de Luc en résumant en quelque sorte l'œuvre de salut en ces termes : « Connaissant le Christ - c'est le point essentiel - nous connaissons le visage de Dieu. A toutes les époques, les hommes perçoivent l'existence de Dieu, un Dieu unique, mais qui est loin et ne se montre pas. Dans le Christ, ce Dieu se montre, le Dieu lointain devient proche. (...) Cela implique une autre dimension : le Christ n'est jamais seul ; il est venu au milieu de nous, il est mort seul, mais il est ressuscité pour attirer chacun à soi. Le Christ, comme le disent les Ecritures, s'est créé un corps, a réuni toute l'humanité dans sa réalité de vie immortelle. Et ainsi, dans le Christ qui réunit l'humanité, nous connaissons l'avenir de l'humanité : la vie éternelle. Cela, par conséquent, est très simple, en dernière instance : nous connaissons Dieu en connaissant le Christ, son corps, le mystère de l'Eglise et la promesse de la vie éternelle ».
Les progrès du mouvement œcuménique sont aussi un catalyseur pour la théologie et la pastorale, a souligné le pape : « Le mouvement œcuménique favorise non seulement les relations fraternelles entre les Églises et les Communautés ecclésiales, mais il stimule aussi la recherche théologique. De plus, il implique la vie concrète dans des domaines qui touchent la vie pastorale et sacramentelle ».
Le pape a souligné que le chemin théologique parcouru depuis Vatican II a été marqué récemment encore par des « pas positifs »: « Depuis le concile Vatican II, l'Église catholique est entrée en relations fraternelles avec toutes les Églises et Communautés ecclésiales, organisant avec la plus grande partie d'entre elles des dialogues théologiques qui ont conduit à trouver des convergences ou des consensus sur divers points, approfondissant ainsi les liens de communion. Au cours de l'année passée, ces dialogues ont fait des pas positifs ».
Et de préciser le travail du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité : « Au cours de l'année dernière, on a examiné avec les Communautés ecclésiales d'Occident les résultats obtenus dans les différents dialogues au cours de ces quarante ans, en s'arrêtant en particulier sur ceux avec la Communion anglicane, avec la Fédération luthérienne mondiale, avec l'Alliance réformée mondiale et avec le Conseil mondial méthodiste. A cet égard, le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens a réalisé une étude pour souligner les points de convergence auxquels on est parvenu dans les dialogues bilatéraux correspondants, et signaler, dans le même temps, les problèmes ouverts sur lesquels il faudra commencer une nouvelle phase de confrontation ».
Le pape a voulu mentionner « la commémoration du dixième anniversaire de la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, célébré ensemble par les catholiques et les luthériens le 31 octobre 2009, pour stimuler la poursuite du dialogue, ainsi que la visite à Rome de l'archevêque de Canterbury, le docteur Rowan Williams, qui a également eu des entretiens sur la situation particulière dans laquelle se trouve la Communion anglicane ». « L'engagement commun de poursuivre les relations et le dialogue sont un signe positif, qui manifeste à quel point est intense le désir de l'unité, malgré tous les problèmes qui s'y opposent, a ajouté Benoît XVI. Nous voyons ainsi qu'il existe une dimension qui est de notre responsabilité, lorsque nous accomplissons tout ce qui est possible pour arriver réellement à l'unité, mais il existe une autre dimension, celle de l'action divine, car seul Dieu peut donner l'unité à l'Eglise ».
Pour Benoît XVI en effet, « une unité «auto fabriquée» serait humaine, mais nous désirons l'Eglise de Dieu, faite par Dieu, qui lorsqu'il le voudra et lorsque nous serons prêts, créera l'unité ».
« Nous devons également avoir à l'esprit les progrès réels qui ont été atteints dans la collaboration et dans la fraternité au cours de toutes ces années, durant les cinquante dernières années. Dans le même temps, nous devons savoir que le travail œcuménique n'est pas un processus linéaire. En effet, les vieux problèmes, nés dans le contexte d'une autre époque, perdent leur poids, alors que dans le contexte moderne naissent de nouveaux problèmes et de nouvelles difficultés. Nous devons donc être toujours disponibles pour un processus de purification, dans lequel le Seigneur nous rende capables d'être unis », a demandé le pape.
« Que le Seigneur écoute notre prière afin que les chrétiens de notre temps puissent donner ensemble un témoignage renouvelé de fidélité au Christ ! », a conclu le pape.

[ Source : Anita S. Bourdin - Zenit]

Écrit par : Le discours du pape / | 21/01/2010

LINDELL

> je dois dire que M. Henrik Lindell est de ceux qui ont contribué à me donner un image d'ouverture des évangéliques. Ceux que j'avais vus s'exprimer par le passé brillaient par leur méconnaissance du catholicisme. Lui, en plus d'être ouvert, sait de quoi il parle quand il s'exprime sur l'Eglise catholique.

Écrit par : Mike, | 21/01/2010

A Lisa :

> Si vous avez vu de l'orgueil dans mon article à l'égard de chrétiens d'autres Eglises, je tiens à vous demander pardon. Je remercie le Seigneur tous les jours pour mes amis catholiques, notamment mon épouse, qui ont tant de choses à nous apprendre, à nous les protestants. Nous avons besoin les uns des autres. En tant qu'évangélique, et c'est effectivement une habitude chez nous, j'aime insister sur le fait qu'un chrétien est par définition "un converti" en ce sens qu'il met son espérance et sa foi en Christ et pas ailleurs. Je connais beaucoup de catholiques et de protestants (même des évangéliques) qui disent eux-mêmes ne pas vivre cette réalité-là et certains trouvent qu'il faudrait avoir une autre approche, qu'ils imaginent plus "ouverte" ou "tolérante", à la foi chrétienne. Je ne partage pas leur point de vue, mais ils ont raison d'exprimer ce qu'ils pensent. Ainsi on peut en parler. Et l'Esprit, lui, souffle certainement où il veut.
Henrik

Écrit par : Henrik, | 22/01/2010

Cher Henrik,

> mais non, ce n'est surtout pas à vos textes que je songeais ! mais vous comprendrez que je ne veux pas envenimer les choses en nommant le site x ou y. Vous savez qu'il en existe où l'intolérance sévit. Quand on les lit on se croirait encore au temps des Guerres de Religion ! (reconnaissons qu'on ne trouve pas la pareille sur des sites catholiques, même très réacs). Mais votre site est au contraire le modèle de ce qu'on aime lire.

Écrit par : Lisa à Henrik, | 22/01/2010

Lisa,

> Votre message me rassure et me flatte (trop). Nous ne sommes jamais à l'abri d'interprétations abusives de nos propos. Parfois un mot mal réfléchi suffit pour provoquer le rejet. Et vous avez malheureusement raison : certains évangéliques, et pas seulement sur le net, véhiculent ce que vous décrivez. Parfois je suis aussi troublé que vous. Mais essayons d'avoir un regard tendre sur eux. Souvent, ce sont des personnes qui viennent de commencer leur cheminement avec le Christ. J'en connais beaucoup qui évoluent heureusement vers une meilleure compréhension de l'autre.
Henrik

Écrit par : Henrik, | 22/01/2010

BIBLIQUE

> Je suis catholique et j'avoue que les meilleurs enseignements bibliques, que je n'ai jamais reçu dans mon église, je les dois à mes frères évangéliques.
Merci à eux.
Maranatha !
JFL

Écrit par : Jacques-François dit Locard, | 25/01/2010

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