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16/01/2010

Adieu au P. Jean-Yves Calvez

clvez.jpgMort le 11 janvier, il fut l'un des rénovateurs de la doctrine sociale de l'Eglise. Face à l'empire du néolibéralisme et à l'aveuglement de la société de marché, son oeuvre a ouvert des pistes pour le nouveau siècle :


<< ...Jean-Yves Calvez fut aussi un auteur prolifique, produisant quasiment un livre par an à partir des années 1980. Il alternait réflexions politiques et ouvrages théologiques, s'intéressant aussi à l'orthodoxie russe, un dossier oecuménique qu'il avait suivi à la demande des instances vaticanes. Il s'était beaucoup intéressé au tiers-monde.  D'autres de ses ouvrages ont fait date, en particulier la somme qu'il consacra aux Chrétiens penseurs du social, déclinée en trois tomes qui embrassent la période allant des années 1920 à 1988 (éd. du Cerf 2002, 2006, 2008). Au-delà de l'histoire intellectuelle de la doctrine sociale de l'Eglise, ces livres interrogent le rapport entre foi et société, ou foi et politique. Convaincu que "la doctrine sociale-chrétienne se doit de questionner le capitalisme", Jean-Yves Calvez avait posé, dès 1961, dans Eglise et société économique, l'enseignement social des papes de Léon XIII à Pie XII (éd. Montaigne), les fondements de cette réflexion qu'il développera durant quarante ans. Son ouvrage dénonçant Les Silences de la doctrine sociale de l'Eglise, paru en 1999 (éd. L'Atelier), montre aussi "sa capacité à poser des questions à sa propre institution", souligne Pierre de Charentenay, rédacteur en chef de la revue Etudes. Il y décrivait les lacunes de l'enseignement social de l'Eglise catholique, dans des domaines tels que le chômage et la financiarisation de l'économie. Sa dernière contribution sur le sujet remonte à quelques mois à peine, après la parution de l'encyclique sociale du pape Benoît XVI, en juillet 2009. Jean-Yves Calvez livrait sa grille de lecture et une nouvelle mise en perspective de l'enseignement social de l'Eglise dans Le Discours social de l'Eglise catholique : de Léon XIII à Benoît XVI (Bayard). Le fil conducteur de toute son oeuvre.  >>

Source : Le Monde, 16/01/2010

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Commentaires

L'HOMMAGE DE JERÔME VIGNON

" Habité par le souci de l’homme

Le père Jean-Yves Calvez nous a quittés. Les Semaines sociales de France saluent en lui un ami et un guide, un témoin passionné de son temps et un Jésuite : un authentique compagnon du Christ. Membre de notre Conseil depuis le renouveau engagé par Jean Gélamur, il en fut sans conteste un artisan toujours stimulant, chaleureux, aimé.
Il suffisait de prononcer son nom, "père Calvez", pour que se crée un sentiment de clarté, de recherche encourageante de la vérité. Jean-Yves Calvez paraissait avoir consacré sa vie à la question sociale, comme si son apostolat personnel consistait en effet à évangéliser les réalités globales de l'économie et de la société : évangéliser ou plutôt faire découvrir la force de l'Evangile au travers de l'imperfection du monde, des aspirations profondes, même si parfois dévoyées, à son perfectionnement.
Très tôt en effet le Père Calvez s'était confronté avec la théorie marxiste et les économies centralisées qui s'en réclamaient. Jamais dans cette confrontation il ne se montrait hostile ou dogmatique. Il partageait en effet le souci profond de l'humain qui animait aussi, pour le meilleur d'eux-mêmes, ses contradicteurs. Mais il les sommait d'aller jusqu'au bout et d'admettre au fond une contradiction, source d'une illusion qui s'avérait tragique : comment vouloir le bien de la communauté des hommes en méconnaissant la liberté et l'élan du cœur qui fondent le lien social ?
Aussi se trouva-t-il naturellement très vite aux avants-postes de la confrontation avec un libéralisme économique exclusif, sûr de lui-même et réducteur de ce même lien social, décourageant à l'avance l'ambition politique d'organiser la justice et la solidarité entre les hommes. Et de la même façon maïeutique, Jean-Yves Calvez, appelant au souci de l'humain en plénitude, démontait les contradictions et la volonté de puissance qui se cachent derrière la confiance aveugle dans le pilotage par le marché : comment proclamer la prééminence de la liberté et se désintéresser des conditions effectives d'accès du grand nombre à son exercice ?
Nous avons puisé et nous puiserons encore dans l'œuvre historique du Père Calvez, dans ses commentaires de la pensée sociale de l'Eglise, une inspiration rafraîchissante. Sa voix qui nous interrogeait et qui savait aussi interroger l’Eglise, retentira toujours au milieu de nous. Nous n'ignorons pas que sa pensée était nourrie de dialogue et d’écoute, en rien celle d'un esprit solitaire et nous exprimons notre confiance au CERAS dont il fut un animateur respecté pour continuer le chemin d'un discernement accompli à plusieurs intelligences et au travers de multiples engagements.
Amour et vigilance auraient pu être sa devise. Le père Calvez fut avec nous jusqu'au bout un veilleur aimant et affectueux. Il l'exprima jusqu'aux derniers jours de sa vie en ce dimanche de l'avent 2009 où il prêchait en l'église Saint-Ignace. Il n'y était pas question de doctrine sociale ni d’économie, mais de cette venue de l’Emmanuel, le Seigneur qui se manifeste dans l'extrême faiblesse et qui de cette façon nous met, au-delà de tous nos faux-semblants, en mouvement vers la paix authentique. Telle était la source de son unité personnelle. Il nous la transmet.

Jérôme Vignon
Président des Semaines sociales de France "

Écrit par : L'hommage de Jérôme Vignon / | 16/01/2010

NERVEUX JOURNALISTES

> Ce que vous citez ici du "Monde" vaut mieux que l'autre article du même auteur dans le même numéro du journal sur la visite de Benoit XVI à la synagogue de Rome. Article fait de slogans et d'amalgames, ne tenant aucun compte des voix qui s'élèvent parmi la communauté juive pour apaiser la fausse polémique ! Article visant en réalité la papauté elle-même en faisant flèche de tout bois. Décidément la nervosité des journalistes français contre le Vatican n'a plus de limites. Oh là, pauvres amis, je peux vous dire que ni l'histoire, ni la politique ni bien sûr la religion n'y sont pour quoi que ce soit. Cherchez du côté des nouvelles moeurs. C'est pour ça que déjà ils insultaient Jean Paul II qu'ils font mine maintenant de porter au pinacle pour mieux abaisser son successeur.

Écrit par : Hilarion, | 16/01/2010

HARDIESSE

> J'ai une grande admiration pour la hardiesse de la pensée du P. Calvez, et je regrette que ce ne soit pas elle qu'on trouve en première ligne dans la presse catholique en France, mais plutôt les fadaises libérales avec laquelle X ou Y dorent la pilule.

Écrit par : Jeannemarie, | 16/01/2010

SES QUALITES

> Je me dois ici de faire amende honorable, pour avoir, depuis mes 19 ans, regardé de haut ce jésuite qui avait un peu trop de respect à mon goût d'alors pour la pensée marxiste et pour les hommes et les femmes de notre société relativiste; moi, persuadée, du fait de mon appartenance au clan des détenteurs de "La Vérité du Vrai thomisme", qu'il ne pouvait être que dans l'erreur. Je suis passée à côté d'une belle occasion d'apprendre! Je prenais alors pour de la faiblesse, en l'écoutant répondre avec douceur à nos impertinentes questions, ce qui est la marque d'une grande intelligence: l'humilité et le respect. Il m'a fallu trouver en Benoît XVI les mêmes qualités intellectuelles et humaines pour réaliser que c'était moi qui étais lourdement dans l'erreur. Si jeunesse savait...

Écrit par : Josnin, | 16/01/2010

GRACE À LUI

> J'ai une grande dette envers le Père Calvez, c'est grâce à lui que j'ai pu comprendre le message de Marx à une époque où il était accaparé par les thuriféraires de tout poil les Althusser et compagnie. J'ai été choqué qu'on fasse si peu cas de sa disparition. Il a été occulté par la disparition de Bensaïd avec qui j'étais étudiant et qui était un drôle de personnage.

Écrit par : Bernard, | 17/01/2010

@ Bernard

> Vous dîtes avoir été choqué que l'on fasse si peu de cas de la disparition du P. Calvez, ce que je comprends bien. Pour ma part, j'ignorais tout du P. Calvez et, étant abonné de "la Croix", j'ai bénéficié de toute l'information nécessaire pour découvrir le P. Calvez. J'ai envie de dire que la conclusion s'impose d'elle-même : pour ne plus être choqué, abonnez-vous à "la Croix" : on y bénéficie d'un très bon niveau d'informations sur tous les sujets d'actualité. Et on n'y sent pas la ligne éditoriale partisane facile à déterminer dans d'autres quotidiens.

Écrit par : olivier le Pivain, | 19/01/2010

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