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14/01/2010

Une petite entreprise... qui connaîtra la crise

Le lobby abusivement nommé "Conférence des baptisé(e)s de France" compte entrer en scène à l'automne prochain :


 

Cette entreprise peut miser sur un lancement médiatique, dans la mesure où sa véritable nature est de banaliser le catholicisme en l'alignant sur les standards libéraux-bobos : individualisme, relativisme, rejet des institutions (ici : l'Eglise). Le vocabulaire de ses conciliabules ne trompe pas, quand il s'en prend à « l'ensoutanement » que le pape serait en train de perpétrer. Ce que vise ce mot n'est pas seulement la misogynie attribuée au clergé [1], mais le travail actuel de l'Eglise : un travail de réception enfin plénière de Vatican II, un travail auquel l'Eglise s'est attelée pour se mettre en état d'évangéliser un monde sans précédent. Et un travail qui irrite la "Conférence des baptisés" (CBF) pour des raisons qui n'appartiennent qu'à elle... et aux années 1970-1980, dont elle est le musée.

La  nouvelle évangélisation suppose une nouvelle pastorale : sobre, humble, et pleinement orthodoxe. Or la CBF manque visiblement de sobriété, certainement d'humilité, et vraisemblablement d'orthodoxie. Ses cadres racontent qu'avant eux les laïques étaient écartés de l'évangélisation (par les "soutanes") : cette allégation révèle un certain goût du mensonge, et une arrogance fractionniste incompatible avec l'ecclésiologie catholique. D'autant qu'on aura des surprises dès que lesdits cadres se trouveront forcés, en débat et sur le terrain, d'indiquer leur degré d'adhésion à Nicée-Constantinople...

Voilà donc une petite entreprise qui connaîtra la crise. C'est une crise souhaitable : elle aidera à faire la lumière.

Le moment vient en effet, pour chacun, de dire clairement s'il croit ou ne croit pas. Croire ne signifie pas éprouver des émotions ou énoncer des slogans. La foi catholique nourrit une ecclésiologie et une théologie des sacrements... On ne peut plus faire comme si cela n'existait pas, ou comme si n'importe qui pouvait le refondre à son gré ! Une ambiguité a pu régner à ce sujet au cours des trente dernières années, parce que cette ambiguité squattait une catholicité sociologique confortablement structurée en bureaux, offices, mouvements, revues, maisons d'édition, etc, où la gestion primait parfois sur la conviction, et l'appareil sur l'idée... Mais en 2010 cela touche à sa fin : les appareils périclitent, l'idée redevient le moteur. L'idée ? Non : la conversion à la Personne du Christ. Nous entrons dans un catholicisme de foi et de conversion. Nous sortons d'un catholicisme de conformisme sociologique, dont le dernier avatar est la CBF (à chaque époque son conformisme).

Un postchristianisme libéral, "voie spirituelle parmi d'autres  voies spirituelles toutes égales", ne convertirait personne. Il ne veut d'ailleurs pas convertir : si d'aventure il parle d'évangélisation, c'est pour donner le change et gagner du temps vis-à-vis des évêques. Manoeuvres tactiques.

Si l'on se convertit, c'est à Jésus Christ. Les enrôlés de la CBF croient-ils que Jésus Christ est la Voie, la Vérité, la Vie ? Plusieurs d'entre eux, sûrement... (il y a partout des gens qui croient bien faire). Alors ils ne resteront pas dans une entreprise visant à désunir le Corps du Christ. On n'est pas catholique contre l'ecclésiologie catholique.

Etre contre l'ecclésiologie, et cependant  rester dans l'Eglise, est une attitude intenable. Certains ont pu la tenir au cours des trente dernières années parce qu'ils étaient à l'abri dans leurs bureaux ; mais finis les bureaux, mesdames-messieurs ! bientôt il n'y aura plus au vent crispé du matin qu'une Eglise nue, pauvre, dont la seule richesse sera la foi reçue des Apôtres : la foi plénière, et l'ecclésiologie qui en naquit et dont nous vivons.  Face à cela, la CBF nostalgique des seventies est aussi absurde que les intégristes, nostalgiques du crétacé.


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[1]   et peu conforme à la situation : il suffit de fréquenter une paroisse pour s'en rendre compte.


 

14:50 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : christianisme

Commentaires

COMME GOLIAS

> Le terme exact est Conférence des baptisé-e-s de France qui n'est en fait que le comité de la jupe sous un autre nom. Catho et charitable comme Golias à première vue.

Écrit par : Louis, | 14/01/2010

> Magnifique morceau de bravoure. Merci.

Écrit par : JG, | 14/01/2010

PRE-RETRAITE

> J'ai hâte que les seventies ressemblent définitivement au crétacé. Mais il reste du travail à faire. Un certain nombre de figures de la presse catholique sont pour lors persuadées que la pompeuse "Conférence des Baptisés" serait LA voix des opprimés. Espérons que tout s'assagira avec l'âge de la retraite -qui pour eux ne saurait tarder.

Écrit par : Blaise, | 14/01/2010

LE CHOIX SERA CLAIR

> Merci pour cet article plein de lucidité, d'autant plus qu'à première vue la délcaration officielle "en marche" (http://www.conferencedesbaptisesdefrance.fr/dans-la-presse/en-marche/) ne peut qu'entraîner de la sympathie pour le mouvement lorsqu'on la lit rapidement, par ex : "l'Eglise est notre maison (...) et nous l'aimons" est une belle phrase... si on ne décèle pas dans le reste de l'article l'opposition (limite perverse puisque totalement infondée !) entre l'Eglise - peuple de Dieu (qu'on aime) à l'Eglise - institution (qu'on aime... moins).
Comme vous j'attends avec impatience le choc "volonté de pureté" vs. "textes des Conciles de Nicée à nos jours" !!
PS : pour précision, qu'entendez-vous par "la CBF compte entrer en scène à l'automne prochain" ?
MC


[ De PP à MC - La CBF s'organise en mouvement et commencera ses activités à la rentrée. Mais que seront les activités d'un tel groupe de pression par rapport à la théologie de l'Eglise ? On le devine aisément : l'illégitimité totale, avec le soutien total du pouvoir économico-médiatique producteur des "valeurs d'aujourd'hui"... Ceux qui iront vers la CBF feront clairement le choix du médiatique contre les successeurs des Apôtres. Autrement dit : le choix de la société de consommation contre l'Evangile. Souhaitons que tous les catholiques "de gauche" en prennent conscience, et ne se laissent pas avoir par cette arnaque du système. ]

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Écrit par : Marie-Claire, | 14/01/2010

LEUR SITE

> Est-ce que je suis la seule à penser que, s'ils veulent "percer" dans le milieu, ils vont devoir chercher un webmaster plus convaincant, ainsi qu'un conseiller en communication? J'ai beau chercher partout sur leur site, je ne trouve pas l'ombre d'un commencement d'explication de leur "ligne directrice", juste un amas d'articles qui nous dit qu'untel soutient la CBF, que ceci, que cela. Si leurs activités ressemblent à leur site, ça sera assez insipide et carrément fouillis. À moins que ça ne soit une tactique de communication...

Écrit par : Mahaut, | 14/01/2010

SURSUM CORDA

> Bien vu PP : "Un postchristianisme libéral, "voie spirituelle parmi d'autres voies spirituelles toutes égales", ne convertirait personne."
Et j'appuie encore un peu : Non seulement il ne convertirait personne, mais encore n'a-t-il jamais converti quiconque (à la personne du Christ tout au moins)... et de surcroît en a-t-il déchristianisé beaucoup.
De Benoît XVI dans sa catéchèse du 13 janvier (lu dans Zenit du 13 janvier) : "Les saints sont les vrais réformateurs de l'Eglise." C'est très clair. Admettons cependant que cela s'applique peut-être tout autant aux réformateurs auto-proclamés qu'à chacun d'entre nous. Car n'avons-nous pas tous un petit peu la secrète envie de réformer quelque chose dans l'Eglise ? Pour qu'elle ressemble davantage à l'image idéale que nous nous en faisons ? Et comme chacun a son image idéale...
Une fois de plus, le pape nous dit ce qu'il nous reste à faire ! Sursum corda !

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 14/01/2010

TRENTE PERSONNES

> Un groupe identique à la CBF existe en Allemagne et Autriche: le remuant mouvement "Wir sind Kirche". Ce dernier a organisé en Autriche, récemment, une rencontre qui n'a pu réunir que 30 personnes... C'est bon signe, non?

Écrit par : Denis Crouan, | 15/01/2010

LA LETTRE DE St JACQUES

> il faut relire la lettre de St Jacques et notamment son fameux chapitre second !
que nous dit, que nous enseigne St Jacques , : "prouve moi ta foi sans les oeuvres et moi je tirerai de mes oeuvres la preuve de ma foi. Tu crois que Dieu est un? Tu fais bien. Les démons le croient, eux aussi, et ils tremblent!"
même si St Jacques, nous parle fondamentalement du lien indissoluble entre la foi et la Charité, et que l'un sans l'autre on ne peut être "Justifié", il est très clair dans ce passage que "les démons eux aussi croient" !!!!
En somme, on peut croire mais rejeter : Dieu, et son oeuvre salvatrice; on peut refuser son pardon et s'est l'enfer assuré; on peut aimer l'Eglise, l'Epouse de l'Epoux, mais la rejeter telle que Dieu la veut, telle que Dieu l'aime, pour lui substituer ce que nous voudrions qu'Elle soit : bref, on peut faire sa propre volonté et construire une église à notre "sauce", mais tôt où tard, coupé de sa racine "gracieuse", cette église tombera dans les mains de démons. On peut donc croire en l'Eglise, comme on peut croire en Dieu, mais rejeter et l'un et forcement l'autre avec...

Écrit par : jean christian, | 15/01/2010

LA FOI DES DEMONS

> Je ne saurais trop conseiller de lire le dernier ouvrage de Fabrice Hadjadj, "La foi des démons" qui part précisément de cette phrase de St Jacques. Il y est dit que le démon a la foi (une certaine foi "spéculative" tout du moins - mais dans ce domaine il sait mieux son credo que le plus brillant des théologiens) et est un pur esprit... sa meilleure image sur terre n'est donc pas donnée par l'athée ou le libertin mais plutôt par un certain type de croyant, dont nous ne sommes pas toujours si éloignés.
Un livre profond et éclairant comme tous ceux que j'ai eu l'occasion de lire de cet auteur.

Écrit par : Gonzague, | 15/01/2010

VIEUX LIBERAUX

> On retrouve une nouvelle alliance libérale et libertaire avec leurs analyses très 70's... Les jeunes générations se laissent peut-être moins séduire par ces slogans. Leur analyse en termes de pouvoir est assez ridicule notamment alors que l'année du sacerdoce nous invite à redécouvrir un minimum le sens du service.
La référence au baptême est une véritable perversion. Ils refusent assez de faire ce que l'on attend d'un baptisé (notamment l'évangélisation).
NM


[ De PP à NM - Ils prétendent vouloir "évangéliser". Ce n'est qu'une clause de style pour désarmer les évêques... En réalité l'idée d'évangélisation leur est étrangère : ils la jugent (comme il y a trente ans) "intolérante", "triomphaliste". Ce qui les intéresse, c'est le relativisme, qui leur permet d'être invité à des émissions.
Ce mouvement est donc fait pour ses chef(fe)s ; leurs "militant(e)s" ne sont que la cinquième roue du carrosse. Du reste pourquoi militer quand on manque de foi ? Banaliser le catholicisme en le vidant de ce qui le caractérise pour l'aligner sur les nouvelles moeurs, ce n'est pas une foi, mais une porte ouverte pour sortir de la foi... L'expérience fut tentée dans les années 1970 ; on a vite eu le résultat sous les yeux. Et tout ce qu'ils veulent c'est de reprendre ce mouvement de démolition en le portant à son terme, jusqu'à éradiquer la conception catholique de l'Eglise pour en faire une nébuleuse d'assemblées aléatoires, à la protestante... Mais sans la foi incandescente des évangéliques !
Là est la faiblesse de ces mouvements : ils n'existent que pour démolir. Ce n'est pas enthousiasmant.
Leur seule force fut d'avoir contre eux un intégrisme politisé à droite : l'ennemi rêvé, sot et désagréable au public.
Mais si on s'oppose à eux en montrant que (sur le plan social) la vraie foi plénière conduit à des positions anti-néolibérales et à la désoccidentalisation de l'Eglise, ils n'ont plus de grain à moudre : ils se découvrent moins "à gauche" (si l'on peut utiliser cette expression impropre) que les nouveaux papistes !]

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Écrit par : NM, | 16/01/2010

D'UN HUMORISTE

> Une question amusante à Patrice de Plunkett : que faisiez-vous dans l'Eglise pendant les années 70 ? J'attends avec intérêt votre réponse, votre témougnage !
Erasmus Minor


[ De PP à "Erasmus Minor" - Bonne question, courageux anonyme ; quoique moins drôle
que vous ne vous en flattez car c'est le secret de Polichinelle. Dans les années 70, constatant (comme le reste de ma génération), chez les catholiques français "en vue",
une chute verticale de la foi - d'où leurs propos semblables à ceux de la CBF aujourd'hui -, j'en ai conclu que le christianisme était en voie d'évaporation sous les coups de la modernité, et je suis parti dans des eaux philosophiques nietzschéennes pour plusieurs années.
Il m'a fallu la maturité et une traversée du désert avant la grâce de la conversion.
Si vous trouvez cette réponse amusante, vous êtes de ceux qui ricanent à l'idée d'un changement. J'en connais quelques autres. Ce ne sont pas des flèches. ]

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Écrit par : Erasmus Minor, | 16/01/2010

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