21/12/2009
Pie XII : face au mensonge de Duhamel - Il serait temps d'admettre la réalité historique
Dans un communiqué (+sources) envoyé ce matin aux médias, l’association Médias & Evangile appelle à traiter "en toute justice et vérité" l’actualité liée à Pie XII :
Communiqué de presse
21 décembre 2009
A la mort de Pie XII en 1958, Golda Meir rend hommage au défunt pape : « Quand le terrible martyre de notre peuple arriva, pendant la décennie de la terreur nazie, la voix du Pape s’éleva pour les victimes […] Nous pleurons un grand serviteur de la paix ».
Le 20 décembre 2009, Alain Duhamel déclare : "Si Benoît XVI, effectivement, va jusqu'au bout de sa démarche, c'est à dire commencer à béatifier Pie XII, moi je lui suggère de ne pas oublier Papon [...] parce que c'est la même logique."
Le contraste est saisissant. Entre deux, une pièce de théâtre, Le Vicaire, présentée pour la première fois en 1963, fut le point de départ d’une polémique que la vérité historique peine à éteindre.
Tandis que cette polémique rebondit à l’occasion de la « reconnaissance des vertus héroïques » de Pie XII, approuvée à l’unanimité des cardinaux, Médias & Evangile appelle la presse à traiter cette actualité en toute justice et vérité. Pour y contribuer, Médias & Evangile publie trois sources qui éclairent à la fois le rôle véritable du pape pendant la guerre et le travail mené par des experts juifs sur cette question :
-
La fondation new-yorkaise Pave the way annonce son intention de proposer à Yad Vashem la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Pie XII - Source Zenit
-
Paolo Mieli dénonce une « manipulation historique » et juge « absurdes » les accusations contre Pie XII - Portail du judaïsme italien Moked
-
Pie XII aurait demandé aux couvents de cacher des juifs pendant la guerre – Dépêche AFP du 7 août 2006
--------------------------------------------------------------------------
Source 1 - La fondation new-yorkaise Pave the way annonce son intention de proposer à Yad Vashem la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Pie XII – Agence Zenit
Zenit - 3 juillet 2009 - La Fondation Pave the way (PTWF) a annoncé son intention de proposer à Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste à Jérusalem, la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Eugenio Pacelli, le pape Pie XII. La fondation, dont le siège est à New York, a obtenu du bureau du Département des Justes parmi les nations de Yad Vashem, les lignes directrices pour proposer une personne pour la reconnaissance, et s'active actuellement dans ce sens. Le président de l'organisation, Gary Krupp, affirme que la « PTWF a consacré des années à recueillir des documents et des témoignages vidéos originaux sur ce pontificat controversé et pense avoir découvert une documentation suffisante pour commencer à chercher des témoignages écrits authentiques pour donner officiellement le feu vert à cette procédure », rappelle un communiqué de la fondation envoyé à Zenit.
Zenit – 16 septembre 2009 - Cette initiative a été annoncée à Benoît XVI par le fondateur et président de « Pave the Way », Gary Lewis Krupp, à l'occasion de l'audience générale de ce 16 septembre, en la salle Paul VI du Vatican : il a également remis au pape un livre sur Pie XII, « en signe de gratitude pour les initiatives de Benoît XVI en faveur du dialogue entre catholiques et juifs ».
Source 2 - Paolo Mieli dénonce une « manipulation historique » et juge « absurdes » les accusations contre Pie XII - Portail du judaïsme italien Moked
Rome, 10 juin - La « réhabilitation » de la figure du pape Pacelli apparaît toujours plus concrète et acceptée, par des experts d'origine juive et au delà. C'est ce qui ressort d'une rencontre à l'Institut Luigi Sturzo de Rome, à l'occasion de la présentation du livre En défense de Pie XII - Les raisons de l'histoire, publié sous la direction de Giovanni Maria Vian, directeur de L'Osservatore Romano. Parmi les personnalités présentes : le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, le journaliste Paolo Mieli et les historiens Giorgio Israel et Roberto Pertici. […] Paolo Mieli, qui s'est défini comme « laïque de sang juif et parent de disparus dans la Shoah », a dit juger « absurdes » les accusations contre Pie XII, et il a dénoncé une « manipulation historique » qui reste à « décrire et raconter ». Selon lui, elle fut encouragée par un monde «protestant et progressiste» visant à faire porter à [Pie XII] et à l'Eglise le poids de la faute du siècle. Ce « torrent en crue » de griefs « non encore calmé », a souligné l'historien et journaliste juif Giorgio Israel, fournit même la clé actuelle de « certaines attitudes hostiles à Benoît XVI ».
Un faux-semblant « politiquement correct » pousse à diaboliser quiconque ne suit pas certains clichés même s'il a visé au bien, comme ce fut le cas de Pie XII, dont [pourtant] les efforts pour sauver le plus grand nombre possible de juifs avaient été immédiatement reconnus par ceux qui en avaient été les bénéficiaires directs et les témoins. Ces mérites (a souligné Roberto Pertici) ont été méconnus dans le monde anglo-saxon et cachés dans le monde soviétique, irrité par l'anti-totalitarisme de Pie XII et de l'Eglise en général. Une Eglise qui, au contraire et à différentes occasions, s'est montrée proche des persécutés, et qui, avec le récent voyage de Benoît XVI en Terre Sainte (a conclu Paolo Mieli), a manifesté sa « bonne volonté » dans le dialogue avec le judaïsme.
Source 3 - Pie XII aurait demandé aux couvents de cacher des juifs pendant la guerre – Dépêche AFP du 7 août 2006
Le couvent romain des Santi Quattro Coronati a abrité durant l'occupation nazie des réfugiés politiques et des juifs sur l'ordre direct du pape Pie XII, selon le journal d'une des sœurs augustines du couvent, à paraître dans le mensuel italien Trenta Giorni. Selon le quotidien La Stampa, qui a eu accès à ce journal vieux de plus de 60 ans, le pape qui a été souvent critiqué pour avoir gardé le silence durant l'Holocauste avait donné instruction à la mère supérieure d'ouvrir exceptionnellement la clôture de ce couvent de contemplatives pour y accueillir des personnes recherchées par les Allemands. La rédactrice anonyme de ce journal a consigné de façon détaillée la date et les noms de plus de dix personnes juives et non juives cachées plus ou moins longtemps dans le couvent de septembre 1942 à juin 1944, et parmi elles la petite Amalia Viterbo, la nièce juive de Palmiro Togliatti, le célèbre homme politique italien, l'un des créateurs du Parti Communiste Italien et secrétaire du Kominterm avant guerre. La sœur augustine écrit notamment que le pape veut sauver "ses enfants ainsi que les juifs" et ordonne que les monastères, y compris les clôtures, soient ouverts à ceux qui sont persécutés. Plus tard, quand la supérieure du couvent s'apercevra que les SS ne respectent pas les monastères de femmes, elle fera établir de faux papiers d'identité pour ses pensionnaires par un policier italien résistant, écrit La Stampa. Le journal de la sœur des Santi Quattro Coronati devrait intéresser les historiens qui se déchirent depuis 60 ans sur l'attitude du pape Pacelli face aux camps de concentration et à la Shoah dont certains l'accusent d'avoir été complice par son silence.
------------------------
Fondée par des professionnels de la communication et des médias,
l’association Médias & Evangile a pour objectif de faciliter
le décryptage des actualités de l’Eglise catholique.
Le blog de Médias & Evangile : http://www.urgencecomcatho.com
Le site institutionnel de Médias & Evangile : http://www.medias-evangile.org
-
06:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : christianisme
Commentaires
INITIATIVES
> Excellente initiative de professionnels. Je suis très heureuse des actions que je peux apprendre de "Médias et Evangile". Déjà le dossier sur l'écologie chrétienne a dû apprendre bien des choses aux journalistes. Le dossier sur le voyage en Terre sainte du pape était très bien aussi. Qu'ils continuent de ce pas, c'est une oeuvre utile. Au moins avec ça les journaux ne pourront plus dire "nous ne savions pas".
Écrit par : Agathe, | 21/12/2009
@ Agathe
> Hélas non les medias continueront de répandre la calomnie car ce n'est pas la vérité qui les intéresse mais leur idéologie. Mais ce n'est pas une raison pour se taire... si un seul est touché, nous n'avons pas perdu notre temps.
Écrit par : Michel de Guibert, | 21/12/2009
DUHAMEL INSULTE TOUS LES CARDINAUX DU MÊME COUP
> L'avancée de la procédure de béatification de Pie XII a été approuvée "à l'unanimité de tous les cardinaux", précisait Mgr Podvin ce matin à Radio Notre-Dame. Donc Duhamel vient d'insulter la totalité du Sacré Collège des cardinaux de l'Eglise catholique du même coup. Voilà du journalisme.
Écrit par : BG, | 21/12/2009
"INFORMATEUR"
> Un autre informateur pas informé, c'est le type du Figaro écrivant : "«le débat historique autour de Pie XII et la seconde guerre mondiale ne sera jamais l’objet de consensus, alors que la mémoire de Jean-Paul II fait en revanche quasiment l’unanimité». Qu'en sait-il ? rien. D'abord il ignore apparemment les événements récents. En plus il veille à parler comme les grands (p. ex. Duhamel) : Pie XII ne sera "jamais" l'objet de consensus ! ça veut dire que "jamais" les données historiques ne seront connues, débattues et partagées ! Or c'est au contraire ce qui est en train de se dessiner, laborieusement, à coups de réunions à Jérusalem et de colloques au Vatican. Mais ça, dame, il faudrait le savoir pour pouvoir l'écrire. Le Figaro est de mieux en mieux fait. On comprend les chiffres de ventes.
Écrit par : Basile, | 21/12/2009
La version de Mgr DUBOST, évêque d'Evry
> Sur RTL hier : «Il est clair que Pie XII a aidé des Juifs, le plus possible à Rome. Il est clair aussi qu’il savait des choses, mais très certainement moins que Roosevelt ou Churchill. (…)
Il aurait pu en dire probablement plus, mais il ne l’a pas fait par prudence, en particulier à cause de ce qui s’est passé en Hollande, où ce qui avait été dit par les Evêques hollandais avait plutôt accéléré la chasse aux Juifs. (…) Ce qui est certain c’est qu’il a été un grand pape du 20eme siècle, avec une certaine manière d’être moderne. "
Écrit par : oddio, | 21/12/2009
BENOIT XVI PARLE DE PIE XII A GARY KRUPP
> Le 18 septembre 2008, s'adressant à Gary Krupp, le Saint-Père résumait l'essentiel :
"Quand on s'approche sans préjugés idéologiques de la noble figure de ce pape, en plus d'être frappé par son éminente personnalité humaine et spirituelle, on demeure conquis par l'exemplarité de sa vie et la richesse extraordinaire de son enseignement. On apprécie sa sagesse humaine et la tension pastorale qui l'ont guidé au cours de son long ministère, notamment dans l'organisation d'aides pour le peuple juif."
Plutôt que de chercher maladivement les faiblesses et les échecs de Pie XII, nous ferions mieux de nous attacher à l'unité d'une vie entièrement consacrée au service de Dieu. C'est la seule façon de procéder qui soit véritablement objective. Ces journalistes qui passent leur temps à déprécier Pie XII me font penser à des taupes : ils sont aveugles à la sainteté. Peut-être parce qu'ils partent avec ce présupposé que de toute façon l'humanité ne vaut pas grand chose.
Écrit par : Blaise, | 21/12/2009
à Michel de Guibert
> vous n'avez pas tort hélas, il faudrait aveuglement ou orgueil pour croire que ces réactions de médias viendraient de l'importance qu'ils accorderaient à une canonisation ! Illusion de croire ça. Illusion parce qu'on veut croire qu'on garde (ou aura de nouveau) du pouvoir sur la société. Mais non, la réalité médias est bien plus simple, c'est juste une allergie à tout ce que représente une religion. Pas pour des motifs très élevés... Plutôt au dessous de la ceinture. Il n'y a qu'à les lire pour s'en rendre compte. A condition bien sûr de lire autre chose que des bulletins de chapelle.
Écrit par : rembar, | 21/12/2009
LES RAISONS
> Sœur Pascalina Lehnert a expliqué les raisons de la discrétion du pape dans son livre "Pie XII, mon privilège fut de le servir" (p 135):
« En août 1942, les journaux publièrent l'horrible nouvelle que la protestation officielle des évêques hollandais contre la persécution inhumaine des juifs avait amené Hitler à faire arrêter dans la nuit 40 000 juifs hollandais et à les faire gazer…On apporta les journaux du matin au Saint Père, tenant à la main deux grandes feuilles couvertes d'une écriture serrée, vint dans la cuisine… et dit : " Je voudrais brûler ces feuilles : c'est ma protestation contre l'affreuse persécution des juifs. Elle devait paraître ce soir dans l'Osservatore Romano. Mais si la lettre des évêques hollandais a coûté 40 000 vies humaines, ma protestation en coûterait peut-être 200 000. Je ne dois ni ne veux prendre cette responsabilité. Aussi vaut-il mieux se taire en public et faire en silence, comme auparavant, tout ce qu'il est possible de faire pour ces pauvres gens" . »
On ne peut donc l'accuser de froideur à l'égard des victimes de la Shoah. Mais bon, certains prétendent que les catholiques mènent une campagne de désinformation. En bon français : soeur Lehnert aurait menti. A ce niveau, toute possibilité de dialogue s'effondre : car c'est le fantasme d'une Eglise manipulatrice par nature, qui s'évertuerait à étouffer la vérité, qu'ont dans la tête ceux qui tiennent de pareils propos.
Écrit par : Blaise, | 21/12/2009
KGB
> Ne serait-il pas utile de confirmer également que la pièce de théâtre "Le Vicaire" à l'origine de la "légende noire" de Pie XII fut une basse oeuvre du KGB
Écrit par : stevenson, | 21/12/2009
INOPPORTUN ?
> Bien que profondément choqué et navré par les basses attaques portant à la fois sur Pie XII et Benoit XVI, je ne peux m'empêcher de penser que cette annonce des "vertus héroiques" est maladroite et inopportune.
Qu'est-il besoin, en des temps si troublés pour l'Eglise et alors que le monde a tant besoin de son message, de faire rebondir encore une fois cette polémique? N'était-il pas préférable d'attendre que les archives du Vatican traitant de cette période soient totalement ouvertes et que la vérité soit clairement établie, pour couper court à toute polémique nauséabonde?
Je ne vois aucun caractère d'urgence à l'avancée du processus de béatification de Pie XII. En revanche, il me parait pour le moins important de consacrer nos forces et nos énergies non pas à contrer les imbéciles sur une thématique qui ne fera pas progresser le monde, mais à exposer le message de l'Evangile et ses apports indispensables pour l'humanité.
Écrit par : laloose, | 22/12/2009
Ceci est un message destiné à M. Alain Duhamel (1):
> Le Vatican n'a cessé d'agir et de condamner le nazisme pendant cette période. Malheureusement, "les Français prennent les mots pour des faits" disait von Moltke, le maréchal victorieux de notre peuple bavard en 1870.
Comme le polygraphe Duhamel, nous aimons le panache et les manifestes, les cris de guerre et les casques rutilants. Aussi érigeons nous Français des statues à celui qui criait le plus fort et oublions les résistants efficaces qui agirent dans l'ombre.
(1): intellectuel parisien, spécialiste de tous les sujets (avec une préférence nette pour les jacqueries référendaires française, suisse et irlandaise), dont le mépris égale la longévité.
Écrit par : Mauritanien, | 22/12/2009
PAS SÛR
> Rolf Hochhut a démenti vigoureusement avoit été l'instrument du KGB dans cette affaire. Je ne suis pas sûr qu'il soit efficace de colporter des supputations malveillantes sur cet auteur (dont par ailleurs je me contrefiche) dans l'espoir d'atténuer la campagne débile anti-Pie XII.
Écrit par : Djedj, | 22/12/2009
à Mauritanien
> Intellectuel, Duhamel ? 100 % de matière grasse.
Écrit par : pfui, | 22/12/2009
CAUCHEMAR
> Comme disait le regretté Jean-Edern Hallier : "Cette nuit j'ai fait un cauchemar atroce, j'ai rêvé que les Duhamel étaient trois."
Écrit par : Sigmund F., | 22/12/2009
PIE XII ET VATICAN II
> Certains auteurs -même des historiens- ont une manière particulièrement anachronique d'aborder l'attitude de Pie XII pendant la IIe Guerre Mondiale. J'y pense en lisant l'interview de l'historien Giovanni Miccoli sur La Croix; mais il n'est que le porte-voix occasionnel d'une tendance plus générale. Cet anachronisme consiste à projeter sur Pie XII les combats progressistes/traditionalistes qui ont suivi Vatican II. Pie XII serait soi-disant l'anti-Vatican II. Par conséquent, régler son compte avec lui, serait défendre le Concile, ou son "esprit". Miccoli (et beaucoup d'autres) croient voir dans la reconnaissance de l'héroïcité des vertus de ce pape une volonté de "réduire" Vatican II. Nul doute qu'une pareille grille de lecture influe sur le regard porté sur les actions de Pie XII.
On peut craindre que beaucoup de personnes hostiles à Pie XII - historiens, journalistes- ne soient pas indemnes de ce type de projection anachronique.
Ils apprécient les oppositions caricaturales, c'est leur tort. Bien sûr, Pie XII était hostile à des théologiens comme le Père de Lubac. Mais d'un autre côté, le Cardinal Roncalli, futur Jean XXIII, ne l'était pas moins : Le Concile n'a pas été un nouveau positionnement idéologique, mais l'oeuvre de l'Esprit. De plus, c'est Pie XII qui a redonné toute son importance à la Sainte Ecriture; lui encore qui a approfondi l'enseignement magistériel concernant la liberté religieuse. Voici deux thèmes centraux du Concile.
Écrit par : Blaise, | 22/12/2009
L'HISTORIENNE ANNA FOA MET LES CHOSES AU POINT
> A propos de Pie XII , Anna Foa distingue « béatification » et « jugement historique » - Au lendemain de la reconaissance des « vertus héroïques » du pape Pacelli
ROME, Lundi 21 décembre 2009 (ZENIT.org) - A propos du décret reconnaissant l'héroïcité des vertus de Pie XII, l'historienne italienne Anna Foa re-propose, dans le bulletin quotidien de l'Union des Communautés juives italiennes (UCEI), cette distinction entre « béatification » et « jugement historique ».
Une distinction qu'elle attribue au grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, au président de l'UCEI, Renzo Gattegna, et au président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici qui récemment disaient en substance, (elle cite) : « Nous n'avons rien à dire sur un événement tout à fait interne à l'Eglise comme un processus de canonisation, mais nous pouvons et devons contribuer au jugement historique ».
« Dans la confusion qui l'emporte actuellement entre sainteté et histoire, dans le déchaînement compréhensible des émotions, la proclamation de l'Eglise finit par assumer la valeur d'un jugement historique. Il n'en est pas ainsi », fait observer l'historienne.
« Quelle que soit l'évaluation historique des « silences » de Pie XII, écrit Anna Foa, elle ne passe pas, et ne doit pas passer, à travers le processus de béatification, qui obéit à des motivations différentes, certaines très internes à l'Eglise et à ses équilibres ».
______
Écrit par : Luça / | 22/12/2009
Attention Blaise,
> le cardinal Henri de Lubac a toujours refuté avoir subi une quelconque pression de la part de Pie XII. IL affirme même que le pape l'a defendu face à des membres de la curie et à ses superieurs jesuites. Il a expliqué tout cela dans "Entretien autour de Vatican II : souvenirs et réflexions".
Écrit par : Mike, | 22/12/2009
> Merci, Mike, de vos précisions. Je ne les connaissais pas. Je me basais sur une opinion généralement reçue.
Écrit par : Blaise, | 22/12/2009
FAITS HISTORIQUES SUR PIE XII
> Pie XII a-t-il abandonné les juifs lors de la dernière guerre ?
1. Pie XII s'est rendu compte rapidement que ses dénonciations du nazisme entraînaient de très lourdes répercussions pour les populations et pouvaient se révéler contre-productives pour les Juifs,
2. Le Pape a alors mis en place une politique efficace d'actions secrètes, contribuant à sauver en Italie et dans le monde entier des centaines de milliers de Juifs. Cette politique d'actions secrètes s'inscrivait dans la continuité de son action personnelle dès ses débuts comme Prêtre, puis comme Nonce, et enfin Pape,
3. Entre 1943 et 1945, à Rome, le Général Karl Wolff menaça à plusieurs reprises d'enlever le Pape, d'exterminer toute la curie, ou d'occuper le Vatican, tout en prétendant parallèlement à Hitler que le Pape coopérait.
4. Après la guerre, tous les juifs qui avaient vécu de près les événements célébraient avec admiration la politique d'action secrète du Pape en faveur des Juifs.
Ce n'est qu'en 1963, que la pièce de théâtre "Le Vicaire", écrite par deux communistes avec l'aide et des documents du KGB pour nuire à l'Eglise, fait naitre une légende sur Pie XII, dépeint comme indifférent voire hostile à la cause des Juifs.
5. Tous les enquêteurs, y compris Juifs, ont depuis lors confirmé la vérité historique connue dès la fin de la guerre, conforté par d'innombrables témoignages et des centaines de documents. Les accusateurs de Pie XII n'ont pu identifier aucun document probant contre Pie XII
Continuer à diffuser la légende née en 1963, contre la vérité historique, constitue un mensonge et une diffamation. Ce n'est pas un service à rendre ni aux juifs, ni à la vérité, ni à l'Histoire.
Pie XII a fait tout ce qu'il a pu, de bien des manières, et il a risqué sa vie pour les juifs
1. Nous avons toutes les preuves pour affirmer que Pie XII s'est rendu compte très tôt que ses protestations avaient de très graves conséquences pour les populations et entraînaient de lourdes répercussions.
- En Hollande, par exemple, lorsque l'évêque d'Utrecht a protesté contre le nazisme, la répression a été immédiate et terrible. Après la lettre des évêques des Pays-Bas condamnant " le traitement injuste et sans merci réservé aux juifs", lue dans les églises en juillet 1942, les nazis ont déporté des multitudes de juifs et de chrétiens, dont Edith Stein. La Hollande détient à cause de ces protestations le triste record de l'extermination de la communauté juive (85%).
- En Pologne, l'archevêque Sapiéha de Cracovie et deux autres évêques polonais demandaient au pape de ne pas publier de lettre sur ce qui se passe en Pologne, vu la férocité des représailles.
- Tous les Evêques allemands dissuadaient aussi le Pape de parler fort. Hitler surveillait l'Eglise de très près.
- Le Pape lui-même confia à ses émissaires chargé de parcourir l'Europe pour recueillir des informations sur les persécutions : « Dites-leur que le pape souffre avec eux, il souffre avec les persécutés (...) Si par moments il n'élève pas d'avantage la voix, c'est pour ne pas causer de pires maux » (cf. Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre Mondiale : 20 volumes rassemblés pendant 15 ans par 3 jésuites).
- Robert Kempner, magistrat juif d'origine allemande, procureur adjoint au procès de Nuremberg écrit à ce sujet en 1964: « Toute prise de position à caractère propagandiste de l'Eglise contre le gouvernement de Hitler aurait non seulement été un suicide prémédité, mais elle aurait accéléré l'assassinat d'un nombre bien plus grand de juifs et de prêtres ».
- Survivant de l'Holocauste, le Grand rabbin du Danemark explique que « si le Pape avait été plus explicite, Hitler aurait sans doute massacré beaucoup plus que six millions de juifs et peut-être dix millions de catholiques ».
- De fait, une proportion très élevée du clergé européen a été tué dans des camps.
2. Mais le Pape a agi secrètement, constamment, activement, et de façon très continue dès ses débuts comme Prêtre, puis comme Nonce, et enfin en tant que Pape
- Dans sa jeunesse, un des grands amis du jeune Pacelli, Guido Mendez, était juif. Ils ont célébré Shabbat ensemble et Mendez a appris l'hébreu au futur pape. Pie XII l'a ensuite aidé à se sauver en Palestine au début de la guerre.
- En tant que Nonce apostolique en Allemagne de 1917 à 1929, d'abord à Munich puis à Berlin. Sur quarante-quatre discours prononcés pendant ces douze ans, quarante dénoncent un aspect ou un autre de l'idéologie nazie.
- En 1917, il intervient pour protéger les juifs de Palestine contre les Turcs Ottomans.
- En 1926, il aide le chef de l'Organisation sioniste mondiale à rencontrer les autorités du Vatican pour promouvoir un foyer juif en Palestine.
- En juillet 1933, il est l'acteur principal d'un concordat avec le Reich d'Hitler, pour sauvegarder un minimum d'institutions et de libertés en faveur des catholiques allemands, et pour donner une base juridique à d'éventuelles protestations. Il le signe malgré son dégoût pour le comportement inique du gouvernement allemand, qui fait pression en jetant en prison plus de quatre-vingt dix prêtres et en fermant neuf journaux catholiques.
- En mars 1935, dans une lettre ouverte à l'évêque de Cologne, il traite les nazis de "faux prophètes, orgueilleux tel Lucifer". Toujours en 1935, devant des milliers de pèlerins à Lourdes, il accable les idéologies "possédées par la superstition de la race et du sang". Des centaines de documents attestant de l'opposition de Mgr Pacelli au nazisme peuvent être vus sur le site www.pavethewayfoundation.org
- Il est ensuite Secrétaire d'Etat et travaille activement (on détient des brouillons de sa main) à l'écriture de la grande encyclique de condamnation du nazisme, "Mit brennender Sorge", qui est diffusée, cachée et lue par surprise, en allemand, le 14 mars 1937, dans toutes les églises d'Allemagne, car il n'existe déjà plus de liberté de la presse. (cf. extraits lien 1)
- Durant son mandat, le Secrétaire d'Etat proteste dans cinquante-cinq lettres officielles au gouvernement allemand. Ribbentrop et Steengracht, ministre et sous-secrétaire aux affaires étrangères du IIIe Reich, déclarent à Nuremberg : « Nous avions des tiroirs pleins des protestations du Vatican. »
- Devenu Pape le 2 mars 1939, il est dans les tout premiers à parler, dans son Radio message de Noël 1942, de "centaine de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive"
- Sa première encyclique en tant que Pape, « Summi pontificatus », de 1939, était si clairement antiraciste que les avions alliés en lâchèrent des milliers de copies sur l'Allemagne.
- Lorsque le 20 septembre 1943 les allemands qui avaient investi Rome 10 jours plus tôt exigent des juifs de la ville 50 kg d'or sous peine d'être déportés, la communauté juive ne pouvant en réunir que 35 kg, le grand Rabbin de Rome, Zolli, fait appel à Pie XII qui sans hésiter fait fondre les vases sacrés des paroisses de Rome et apporte les 15 kg manquants.
- Des bateaux étaient spécialement affrétés par le Vatican pour évacuer des juifs deux fois chaque année, de 1939 à 1945, vers la République Dominicaine, le Canada, le Mexique et Cuba. Comme de nombreuses nations n'acceptaient pas les juifs, il leur était fournis à Rome de faux certificats de baptême.
- Le Pape stoppa personnellement la déportation de dizaine de milliers de Hongrois quand il en appela au Régent de Hongrie.
- Il arrêta personnellement la déportation de juifs romains le 16 octobre 1943. En un jour, le Vatican parvint à cacher, nourrir et soutenir plus de 7.000 juifs, malgré les fusils allemands sous ses fenêtres. La quasi totalité dés basiliques, églises, séminaires et couvents a hébergé et aidé les juifs. Soeur Pascalina Reynart, la secrétaire de Pie XII, amenait de la nourriture aux couvents qui cachaient les juifs de Rome, parfois dans des monastères de clôture, ce qui suppose forcément une dispense papale. En 1943, 3.500 juifs sont logés à Castel Gandolfo et 400 sont enrôlés dans la Garde Pontificale, soit près de la moitié de la communauté juive de Rome. 7.000 juifs de Rome environ ont été sauvés par l'Eglise. Pendant le procès Eichmann de 1961, le Pape a fait l'objet d'un jugement qu'il vaut la peine de relire, par Gideon
Hausner, procureur général d'Etat à Jérusalem : « A Rome, le 16 octobre 1943, une grande rafle a été organisée dans le vieux quartier juif. Le clergé italien a participé à l'opération de sauvetage, les monastères ont ouvert leurs portes aux juifs, le Pape est intervenu personnellement en faveur des juifs arrêtés à Rome ».
- Lorsqu'on a remis au cardinal Palazzani la médaille des "justes" pour avoir sauvé des juifs au séminaire romain, il affirma : « le mérite en revient entièrement à Pie XII qui a ordonné de faire tout ce qui était possible pour sauver des juifs de la persécution »
- On sait aussi que Pie XII était régulièrement informé des tentatives d'assassinat d'Hitler entre 1939 et 1940. Sir d'Arcy Osborne, le chargé d'affaire britannique qui était en contact à ce sujet avec Pie XII note dans son carnet : « Jamais dans l'histoire un pape n'a été engagé d'une façon si délicate dans une conspiration tendant à renverser un tyran par la force. »
- Et après la guerre, c'est encore le Pape Pie XII qui décida l'abstention du Vatican qui permit la création de l'Etat d'Israël à l'ONU en 1948.
- Il est reconnu que l'action de l'Eglise a sauvé plus d'un demi-million de juifs et Pie XII a toujours encouragé cela. Il a, à lui seul, sauvé plus de juif que tous les autres leaders religieux du monde réunis.
3. A Rome, le Général Karl Wolff menaça continuellement Pie XII de l'enlever, d'exterminer toute la curie, ou d'occuper le Vatican, tout en assurant parallèlement Hitler de la coopération du Pape.
- Le Général en chef nazi à Rome a confirmé ces choses de nombreuses fois avant sa mort et une interview de lui est disponible sur le site de Gary Krupp. La déportation du Pape devait se faire au Liechtenstein mais le Général, pensant que ce serait un désastre pour l'Allemagne qui aurait risqué la
désertion des soldats catholiques de l'armée, assurait sans cesse Hitler de la coopération du Pape. Ces rapports, qui font croire que le Pape penche parfois pour les positions allemandes, sont les seuls documents qui ont pu faire laisser penser une certaine compromission à certains, mais il faut bien analyser le contexte de leur rédaction.
- Pie XII, de son côté était en permanence tourmenté par l'alternative dramatique dans laquelle il se trouvait : agir le plus possible mais seulement en secret pour préserver les populations, au risque de paraître ne pas faire assez, ou hurler et passer pour un héros mais en déclenchant une répression terrible contre des multitudes d'innocents.
- Le Pape forma un gouvernement en exil pour se prémunir contre les menaces nazies et il fixa les dispositions du Conclave qui devait élire le nouveau Pape, dans un pays libre, s'il venait à être arrêté.
4. Avant 1963, tous les juifs et ceux qui avaient vécu les événements célébraient unanimement tous les efforts du Pape. Ce n'est qu'après la pièce de théâtre "Le Vicaire" de Rolf Hochhuth qu'est née la légende de l'indifférence de Pie XII. On sait maintenant qu'elle a été écrite par 2 communistes avec l'aide financière et les documents du KGB, pour nuire à l'Eglise, dans le cadre d'une opération baptisée « SEAT TWELVE ».
- Cette action du KGB était motivée parce que Pie XII était aussi un Pape anticommuniste.
- Depuis cette date, les pseudo-scandales se succèdent : l'ouvrage de John Cornwell, le film Amen de Costa-Gavras, la plaque contre Pie XII à Yad Vashem, etc. Les manipulations ont beau être dénoncées par des historiens sérieux, elles restent malheureusement inconnues du grand public ...
- Mais avant 1963, tous les responsables d'Israël ont sans cesse remercié le Pape et célébré ses efforts :
- Après la guerre, par exemple, l'ancien Consul d'Israël à Milan Pinhas Lapide déclara : « L'Eglise catholique sous le Pontificat de Pie XII fut l'instrument qui sauva 700.000 mais probablement jusqu'à 860.000 juifs d'une mort certaine de la main des nazis. Ces chiffres dépassent de très loin ceux detoutes les autres églises, institutions religieuses et organisations de secours réunis » (Three Popes and the Jews, 1967)
- A la mort de Pie XII, Golda Meir, premier ministre d'Israël, déclara à l'ONU en 1958 : « Pendant les 10 années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyr effroyable, la voix du Pape s'est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes. Nous perdons un grand Serviteur de la Paix »...
- Albert Einstein, cité par l'hebdomadaire Time en 1949 déclare qu'alors que toutes les institutions ou les Etats abandonnaient les juifs, l'Eglise Catholique a été « la seule » qui soit intervenue.
- Car effectivement, tous les autres ont été lâches ou hostiles : le grand Mufti de Jérusalem se déplaça à Berlin pour faire allégeance à Hitler et une légion musulmane combattra au service des nazis en Bosnie, aux côtés de l'armée allemande. Roosevelt, Churchill, de Gaulle, Staline ne firent jamais aucune déclaration en faveur des juifs. Les résistants qui faisaient sauter des trains à travers l'Europe n'entreprirent jamais d'arrêter ou de saboter les convois de déportés. Les Etats-Unis ne sauvèrent en les accueillant que 22.000 juifs au total alors qu'ils auraient pu faire bien plus. A la fin de la guerre, les autorités britanniques refoulèrent les juifs sortis des camps qui voulaient entrer en Palestine.
- De qui peut-on dire qu'il a fait pour les juifs quelque chose que le Pape n'ait pas fait ? Personne !
- Le Rabbin David Dalin, de New York, a fait en 2001 une précieuse étude historique qu'il conclut ainsi : "Pie XII ne fut pas le Pape de Hitler, loin de là. Il fut l'un des soutiens les plus fermes de la cause juive, à un moment où elle en avait le plus besoin...On peut lire dans le Talmud que 'celui qui sauve une seule vie sauve l'humanité'. Pie XII, plus qu'aucun autre homme d'Etat du XXe siècle, a accompli cela à l'heure où le destin des Juifs européens était menacé. Aucun autre Pape n'avait été autant loué par les juifs avant lui, et ils ne se sont pas trompés. Leur gratitude ainsi que celle de tous les survivants de l'Holocauste prouve que Pie XII fut véritablement et profondément un Juste parmi les Nations ".
- Des centaines d'autres témoignages équivalent sont disponibles (cf. extraits lien 2 ou le reportage H2O news présentant les témoignages filmés de juifs sauvés dans les couvents et églises de Rome par Pie XII, qui clament qu'ils lui doivent la vie).
5. Après des années d'enquête, il n'y a finalement aucun document probant pour accuser Pie XII de quoi que ce soit contre les juifs, alors qu'il y a des centaines de documents et de témoignages pour dire tout ce qu'il a fait pour eux. Il faut comprendre que continuer à mentir et à diffamer Pie XII n'est pas un service à rendre ni aux juifs, ni à la vérité, ni à l'Histoire.
- Les archives du Vatican ont été ouvertes jusqu'en 1939 et certaines sections jusqu'en 1947 comme le demandaient les détracteurs de Pie XII, mais aucun d'entre eux n'est venu consulter quoi que ce soit depuis 2 ans.
- Il est plus que temps de réhabiliter la grande figure de Pie XII, pour le bien de l'Eglise, des juifs, de leurs relations amicales et aussi, tout simplement au nom de la vérité historique.
Bibliographie :
Actu Apostolicae Sedis, XXXI-XXXVII (1939-1945), Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican,
1939-1945.
Documents pontificaux de Sa Sainteté Pie XII, Saint-Maurice, Saint-Augustin, 1939-1958, 20 vol.
Pierre Blet SJ, Robert A. Graham, Angelo Martini... (éds), Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican, 1965-1981, 12 vol.
Pierre Blet SJ., Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d'après les archives du Vatican, Paris, Perrin, 1997.
Owen Chadwick, Britain and the Vatican during the second World War, Cambridge University Press, 1986.
Jean Chélini et Joël-Benoît d'Onorio, Pie XII et la Cité, Paris-Aix-Marseille, Téqui, 1988.
Jean Chélini, L'Eglise sous Pie XII, Paris, Fayard, 1983-1985, 2 vol.
Paul Duclos, Le Vatican et la Seconde Guerre mondiale, Pedone, 1955.
André-François Poncet, Au Palais Farnèse. Souvenir d'une ambassade à Rome (1939-1940), Paris, 1961.
Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence, 1932-1939, Paris, Le Seuil, 1983.
Roger Maria, De l'Accord de Munich au Pacte germano-soviétique du 23 août 39, Paris, L'Harmattan, 1995.
Jean-Marie Mayeur (dir.), Histoire du christianisme, t. 12, Guerres mondiales et totalitarismes (1914-1958), Paris, desclée-Fayard, 1990.
Xavier de Montclos, Les Chrétiens face au nazisme et au stalinisme. L'épreuve totalitaire, Paris, Plon, 1983.
Jacques Nobécourt, "Silence de Pie XII", dans Philippe Levilain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, 1994.
Charles Klein, Pie XII face aux nazis, Paris, S.O.S., 1975.
Saul Friedländer, Pie XII et le IIIe Reich. Documents, postface d'Alfred Grosser, Paris, Le Seuil, 1964.
Lien 1 :
"Quiconque identifie, dans une confusion patnhéiste, Dieu et l'univers, abaissant Dieu aux dimensions du monde ou éleant le monde à celles de Dieu, n'est pas de ceux qui croient en Dieu.Quiconque, suivant une prétendue conception des anciens Germains d'avant le Christ, met le sombre et impersonnel destin à la place du Dieu personnel, nie par le fait la Sagesse et la Providence de Dieu, nie "fortement et suavemet agit d'une extrêmité du monde à l'autre" (Sg 8, 1) et conduit toutes choses à une bonne fin : celui-là ne peut pas prétendre à être mis au nombre de ceux qui croient en Dieu." (2. "Vraie foi en Dieu").
"Nous adressons un salut particulièrement cordial aux parents catholiques. Les droits et les devoirs des éducateurs à eux conférés par Dieu sont précisément dans le moment présent l'enjeu d'une lutte telle qu'on en peut à peine imaginer une qui soit plus lourde de conséquences. L'Eglise ne peut attendre pour commencer à gémir et à se plaindre que les autels soient dévastés, que des mains sacrilèges aient incendié les temples. Si l'on tente par une éducation ennemie du Christ, de profaner ce tabernacle qu'est l'âme de l'enfant consacrée par le baptême, si de ce temple vivant de Dieu on veut arracher la lampe éternelle de la foi du Christ pour lui substituer la lumière trompeuse d'une contrefaçon de la foi qui n'a plus rien à voir avec la foi de la Croix, alors la violation spirituelle du temple est proche..." ((11. "Aux fidèles du laïcat").
Lien 2 :
- Dès 1944, le grand rabbin de Jérusalem, Isaac Herzog, a déclaré: « Le peuple d'Israël n'oubliera jamais ce que Pie XII et ses éminents délégués, inspirés par les principes éternels de la religion qui forment la base d'une civilisation authentique, sont en train de faire pour nos malheureux frères et soeurs, au moment le plus tragique de notre histoire. Une preuve vivante de la divine providence dans ce monde ».
- La même année, le sergent-major Joseph Vancover a écrit : « Je voudrais vous parler de la Rome juive, d'un grand miracle : celui d'avoir trouvé des milliers de juifs à Rome. Les églises, les couvents, les religieux et les religieuses et surtout le Pape sont venus en aide aux juifs et les ont sauvés en les arrachant des griffes des nazis et des fascistes italiens qui collaboraient avec ces derniers. Cacher et nourrir les juifs pendant les mois de l'occupation allemande a nécessité de grands efforts non dénués de risques. Certains religieux ont payé de leur vie cette oeuvre de sauvetage. Toute l'Eglise a été mobilisée à cet effet et elle a agi avec beaucoup de fidélité. Le Vatican a été le centre de toutes les opérations d'assistance et de sauvetage dans les conditions de la présence et de la domination nazies ».
- Voici maintenant une lettre envoyée depuis le front italien par le soldat Eliyahu Lubisky, membre du kibboutz socialiste Bet Alfa. Elle a été publiée dans l'hebdomadaire « Hashavua » le 4 août 1944 : « Tous les réfugiés évoquent l'aide louable du Vatican. Des prêtres ont mis leur propre vie en danger pour cacher et sauver des juifs. Le Pape lui-même a participé à l'opération de sauvetage des juifs ».
- Un autre document, du 15 octobre 1944, le rapport du commissaire extraordinaire des communautés juives de Rome, Silvio Ottolenghi : « Des milliers de nos frères ont été sauvés dans les couvents, les églises, les zones extraterritoriales. Le 23 juillet, on m'a donné l'ordre d'être reçu par Sa Sainteté, que j'ai remerciée au nom de la communauté de Rome pour l'assistance héroïque et bienveillante que nous avons reçue du clergé dans les couvents et les collèges... J'ai fait part à Sa Sainteté du désir de nos coreligionnaires de la capitale de venir le remercier en masse. Mais cette manifestation ne pourra avoir lieu que lorsque la guerre sera finie, pour ne pas nuire à tous ceux qui ont encore besoin de protection dans le nord ».
- En septembre 1945, le Secrétaire général du Congrès juif mondial remercie personnellement le Pape pour ses diverses interventions et fait un don aux oeuvres du Vatican "en reconnaissance de l'aide apportée par le Saint-Siège aux juifs persécutés par le fascisme et le nazisme".
- En 1955, l'Union des Communautés juives italiennes déclare que le 17 avril sera la "Journée de reconnaissance pour l'aide apportée par le Pape pendant la guerre".
- Fait exceptionnel, le 26 mai 1955, l'Orchestre philharmonique d'Israël se rend au Vatican pour y interpréter la Septième Symphonie de Beethoven, et exprimer ainsi la reconnaissance d'Israël envers le Pape pour l'aide apportée aux juifs pendant l'Holocauste.
- Pinchas Lapide, diplomate et historien israélien, rapporta que beaucoup avaient proposé une forêt de 860.000 arbres dans les collines de Judée pour le souvenir de tous les juifs qu'il a aidé à sauver.
- Et William Zuckermann, directeur de la revue « Jewish Newsletter », a écrit : « Tous les juifs d'Amérique lui rendent hommage et expriment leur tristesse parce qu'il n'y a probablement pas d'homme d'Etat de cette génération qui ait plus aidé les juifs à l'heure du drame. Plus que quiconque nous avons pu bénéficier, pendant les années de persécution et de terreur, de la grande et charitable bonté, de la magnanimité de ce Pape que nous regrettons ».
- Le 13 février 1945, le Grand Rabbin de Rome, Israël Zolli et son épouse reçoivent le baptême et prennent les prénoms d'Eugenio et d'Eugenia en témoignage de gratitude pour l'action de Pie XII pour les juifs.
- Le 21 septembre 1945, le Dr Léo Kubwtski, secrétaire du Congrès Mondial hébraïque vient remercier Pie XII à Rome.
- Le 29 novembre 1945, 80 délégués des réfugiés juifs viennent voir Pie XII et se déclarent « très honorés de pouvoir remercier personnellement le Saint Père pour la générosité qu'il leur a démontré pendant la terrible période du nazisme et du fascisme ».
Écrit par : FAITS HISTORIQUES SUR PIE XII (O.B.), | 22/12/2009
ARGUMENTS
> " Soutenons le Saint-Père en reprenant des arguments qui sont en faveur de Pie XII.
En 1933, Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Les premières condamnations de l'antisémitisme par le Vatican datent, elles, de 1928.
Le 14 mars 1937, Pie XI publie l'encyclique Mit brennender Sorge (en français) pour dénoncer la persécution et les camps de concentration, ainsi que les manœuvres visant à un processus d'extermination. Le rédacteur principal de ce document n'est autre que le cardinal Eugenio Pacelli, ancien nonce apostolique en Allemagne et futur pape Pie XII. Les démocraties occidentales semblent ne pas s'en soucier: plus d'un an après l'encyclique, elles en sont encore à faire des concessions à Hitler, ainsi qu'il ressort de la conférence de Munich des 29/30 septembre 1938.
Le 9 novembre 1938, les Nazis usent de représailles pour l'assassinat d'un diplomate allemand à Paris par un Juif: ils organisent la "Nuit de Cristal" au cours de laquelle 30.000 Juifs sont arrêtés, leurs biens pillés et incendiés. Le grand Rabbin de Bavière parvient à sauver les objets de la synagogue grâce à la voiture du cardinal Pacelli, mise à sa disposition.
Le 24 novembre 1938, le journal des S.S., Das schwarze Korps, écrit que le cardinal Pacelli s'est allié "à la cause de l'internationale juive et franc-maçonne" (sic) tandis que Hitler déplore que le Vatican soit devenu "le pire foyer de résistance" à ses plans.
Le 10 janvier 1939, le cardinal Pacelli adresse une lettre à ses confrères des Etats-Unis et du Canada pour attirer leur attention sur le sort des savants et professeurs juifs chassés d'Allemagne et que l'administration américaine refuse d'accueillir dans ses universités.
Pie XI meurt le 10 février 1939. Les cardinaux réunis en conclave choisissent comme nouveau pape le cardinal Eugenio Pacelli. Celui-ci prend le nom de Pie XII le 2 mars 1939.
Enclave autonome depuis les accords du Latran (1929), le Vatican se trouve cerné à l'époque par l'Italie fasciste de Mussolini. De ce fait, l'administration papale est surveillée par la police italienne puis par l'armée allemande d'occupation: les lignes téléphoniques sont mises sur écoute et les valises diplomatiques sont fouillées. Pie XII et ses collaborateurs sont épiés et leurs messages censurés. Le pape utilise alors la radio du Vatican; mais lorsqu'en 1939 il dénonce les atrocités commises en Pologne, la réaction des Nazis est d'une violence telle que les évêques de ce pays supplient le Souverain Pontife de ne plus faire part de son indignation. Pie XII modère alors ses propos pour dénoncer la politique de Hitler. Dans son message radiodiffusé de Noël 1941, il condamne "l'oppression, ouverte ou dissimulée, des particularités culturelles et linguistiques des minorités nationales".
Le 20 janvier 1942, les Nazis mettent en œuvre la "solution finale". Dans son message de Noël de cette même année, Pie XII fait observer que "tout ce qui en temps de paix demeurait comprimé, a éclaté dès le déchaînement de la guerre en une lamentable série d'actes en opposition avec l'esprit humain et l'esprit chrétien". Il ajoute que les peuples doivent faire le vœu de ne s'accorder aucun repos jusqu'à ce que tous se dévouent au service de la personne humaine. Il précise que ce vœu, "l'humanité le doit aux centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive".
Le 2 juin 1943, Pie XII tient un discours devant le Collège des cardinaux et exprime sa sollicitude envers ceux qui, à cause de leur nationalité ou de leur race, sont "livrés à des mesures d'extermination" dont il veut fustiger toute l'ignominie par des termes forts. Il déclare cependant: "toute parole de notre part à l'autorité compétente [allemande], toute allusion publique doivent être sérieusement pesées et mesurées, dans l'intérêt même des victimes, afin de ne pas rendre leur situation plus grave et plus insupportable". Les évêques hollandais, avaient fait l'expérience de la violence des Nazis après avoir, en juillet 1942, protesté contre la persécution des Juifs: aussitôt les Nazis organisèrent une fouille minutieuse des monastères et des couvents pour procéder à la rafle de très nombreux Juifs cachés là.
Le 26 juin 1943, radio Vatican fait savoir que "quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle et se trouve en contradiction avec les commandements de Dieu. La paix dans le monde, l'ordre et la justice seront toujours compromis tant que les hommes pratiqueront des discriminations entre les membres de la famille humaine." Le New York Times cite ce message le jour suivant.
Le 25 octobre 1943, Pie XII laisse éclater son indignation dans L'Osservatore Romano; aussitôt les Allemands font saisir le journal et menacent de reprendre les perquisitions dans les monastères pour y débusquer les Juifs cachés.
Dès le 29 novembre 1944, une délégation de 70 rescapés juifs vient, au nom de la United Jewish Appeal (organisme dirigeant du mouvement sioniste mondial), exprimer à Pie XII la reconnaissance des Juifs pour son action en leur faveur. Albert Einstein mêle sa voix au concert de louanges et d'hommages en déclarant que "l'Eglise catholique a été la seule à élever la voix pour dénoncer l'assaut mené par Hitler contre la liberté". Le 9 février 1948, Pinchas E. Lapide, alors Consul d'Israël à Milan, se rend au Vatican pour remercier Pie XII pour ses multiples interventions en faveur des Juifs. Le 26 mai 1955, des musiciens juifs venus de 14 pays différents, jouent devant Pie XII la IXème symphonie de Beethoven pour lui exprimer leur gratitude d'avoir arraché à la mort tant de Juifs pendant la guerre. Le 9 octobre 1958, Pie XII décède. A l'occasion des obsèques, Mme Golda Meïr, alors Ministre des affaires étrangères d'Israël, souligne que "pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s'est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes".
C'est en 1963 qu'une pièce de théâtre ayant pour titre Der Stellvertreter (le Vicaire) est publiée par un ancien membre des Jeunesses hitlériennes, Rolph Hochhuth. Ce dernier, devenu pro-communiste, présente Pie XII sous les traits d'un monstre d'indifférence n'ayant ni agi ni parlé comme il aurait dû. Le 13 décembre 1963, dans le journal Le Monde, Pinchas E. Lapide affirme ne pas comprendre le pourquoi d'un tel acharnement contre le défunt Pie XII qui "ne disposait ni de divisions blindées, ni de flotte aérienne, alors que Staline, Roosevelt et Churchill, qui en commandaient, n'ont jamais voulu s'en servir pour désorganiser le réseau ferroviaire qui menait aux chambres à gaz". Lapide précise en outre que "le pape personnellement, le Saint-Siège, les nonces et toute l'Eglise catholique ont sauvé de 150.000 à 400.000 Juifs d'une mort certaine". En 1967 il fait paraître un livre dans lequel il publie le résultat d'enquêtes approfondies menées dans toute l'Europe; il aboutit au chiffre de 860.000 Juifs sauvés grâce au pape Pie XII. Dans une recension de ce livre, la Jewish Chronicle estime que la démonstration de Pinchas E. Lapide est concluante.
La Fondation Pave the way (PTWF), dont le siège est à New York, a annoncé son intention de proposer à Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste à Jérusalem, la remise du titre de "Juste parmi les nations" à Eugenio Pacelli, le pape Pie XII. Le président de l'organisation, Gary Krupp, affirme que la "PTWF a consacré des années à recueillir des documents et des témoignages vidéos originaux sur ce pontificat controversé et pense avoir découvert une documentation suffisante pour commencer à chercher des témoignages écrits authentiques pour donner officiellement le feu vert à cette procédure". "Dans la plus grande partie des cas de ceux qui ont été reconnus comme "Justes parmi les nations", celui qui reçoit la reconnaissance a agi directement pour sauver des vies individuelles en risquant la sienne en le faisant", a observé Gary Krupp. "Même si les actions d'Eugenio Pacelli ne rentrent pas dans cette description générale", a-t-il ajouté, "nous pouvons établir que l'intercession directe du pape a sauvé des centaines de milliers de juifs". Toujours selon Krupp, "on peut aussi affirmer que les actions de Pacelli ont été accomplies sous menace de mort. Lors d'une rencontre avec les cardinaux, convoquée en urgence par le pape Pie XII le 6 septembre 1943, il les informa avoir signé une lettre de démission qui se trouvait sur son bureau, et qu'il s'attendait à être enlevé d'un moment à l'autre. Les cardinaux devaient faire leurs valises et se tenir prêts à quitter immédiatement le Vatican pour demander de l'aide à un gouvernement neutre, d'où ils éliraient un nouveau pape. Cette rencontre d'urgence advint un mois avant l'arrestation des juifs de Rome et le pape décida d'intercéder tout de suite pour les sauver". "Ce document n'est pas encore disponible, mais nous savons qu'il existe", a déclaré Gary Krupp. "Récemment, nous avons obtenu de l'Allemagne l'affidavit du général Karl Wolff, second de Himmler et commandant en Italie, auquel Hitler ordonna de planifier la conquête du Vatican et l'enlèvement du pape".
A ceux qui veulent aujourd'hui salir la mémoire Pie XIl afin de pouvoir dénigrer Benoît XVI par ricochet, il faut rappeler que personne n'a encore songé jusqu'ici à reprocher à la Croix Rouge ou aux chefs des communautés luthériennes, calvinistes, anglicanes, islamiques... d'avoir gardé le silence pendant la guerre. "
Source: Alfred Denoyelle et Pro Liturgia
Écrit par : Arguments sur Pie XII, | 23/12/2009
A LA YESHIVA UNIVERSITY
> Gary Krupp le 8 décembre a présenté son dossier de recherches à la Yeshiva University de New York, pour soixante-dix élèves rabbins.
Écrit par : selah, | 31/12/2009
"Pie XII : et si Marianne se trompait?"
> La une de Marianne du samedi 02 janvier « le pape qui garda le silence face à Hitler », qui traitait de la possible béatification de Pie XII, a fait réagir. Y compris parmi les chroniqueurs réguliers. Parmi eux, Roland Hureaux estime que, face à la Shoah, Pie XII a agi en homme responsable plutôt qu'en donneur de leçons.
http://www.marianne2.fr/Pie-XII-et-si-Marianne-se-trompait_a183428.html?com
Remarquable chronique de Roland Hureaux.
Écrit par : Michel de Guibert, | 12/01/2010
ROME, Vendredi 15 janvier 2010 (ZENIT.org) - Certains secteurs de l'opinion publique ont demandé ces dernières semaines des preuves de l'aide que Pie XII a apporté aux juifs durant la persécution nazie. Le prêtre italien Giancarlo Centioni, de 97 ans, en est la preuve vivante car il est le dernier membre en vie du réseau clandestin créé par le pape Pacelli.
Entre 1940-1945, il était aumônier militaire à Rome au sein de la Milice volontaire pour la sécurité nationale et vivait chez des prêtres allemands de la Société de l'apostolat catholique (les pères Pallotins), qui l'ont impliqué dans ce réseau d'aide.
« Comme j'étais un aumônier fasciste, il était plus facile d'aider les juifs », explique-t-il dans un entretien accordé à ZENIT et à l'agence multimédia www.h2onews.org, pour expliquer les raisons ayant motivé le choix de le faire participer à une opération à risque.
« Mes confrères Pallotins, venus de Hambourg, avaient fondé une société, la société 'Raphaël's Verein' (société de Saint Raphaël), instituée pour venir en aide aux juifs », révèle-t-il.
Un des objectifs du réseau consistait à faire sortir des juifs d'Allemagne et, en les faisant passer par l'Italie, de leur faire gagner la Suisse ou Lisbonne (Portugal), raison pour laquelle le réseau comptait sur un un certain nombre d'hommes dans chacun de ces quatre pays. Au fil du temps, des juifs ont rejoint eux aussi ce réseau.
En Allemagne, se souvient don Centioni, la société était conduite par le père Josef Kentenich, connu dans le monde comme le fondateur du Mouvement apostolique de Schönstatt. Ce père pallotin a ensuite été fait prisonnier et enfermé dans le camp de concentration de Dachau jusqu'à la fin de la guerre.
« A Rome, au numéro 57 de la Via Pettinari, le chef de toute cette activité était le père Anton Weber, qui était en contact direct avec Pie XII et la Secrétairerie », raconte le père italien.
Une des activités principales du réseau consistait à remettre passeports et argent aux familles juives pour qu'elles puissent s'enfuir.
« Argent et passeports étaient donnés par le père Anton Weber et remis aux personnes. Mais lui-même l'obtenait directement [sur la vidéo de l'entretien, le père insiste sur le mot ‘directement'] de la secrétairerie d'Etat, au nom et pour le compte de Pie XII ».
« A Rome, au moins 12 prêtres allemands ont participé avec moi à cette opération de secours », poursuit le prêtre, expliquant que la police italienne avait elle aussi apporté une aide décisive, en particulier le sous-préfet de police de Mussolini, Romeo Ferrara, qui lui disait où se trouvaient les familles juives auxquelles il devait livrer les passeports, « même de nuit ».
Parmi ceux qui ont été aidé par le père Centioni à Rome se trouve la famille Bettoja, juive, propriétaire d'hôtels en ville.
Le policier l'avait envoyé chez eux de nuit, habillé en aumônier militaire italien, pour ne pas se faire arrêter par les soldats allemands.
Le père se souvient très bien de la peur éprouvée et des difficultés rencontrées durant l'opération, la famille qu'il devait aider étant elle-même méfiante.
« Je frappais à leur porte, mais ils ne voulaient pas ouvrir. A la fin j'ai dit: 'regardez, je suis prêtre, un aumônier, je viens pour vous aider, pour vous apporter un laisser-passer' ».
« 'Jurez-le', a répondu une voix de l'autre côté de la porte. 'Je le jure, me voici, vous pouvez me voir à travers le judas' ».
Le père italien a été reçu par madame Bettoja et ses enfants.
« J'ai dit: ‘Prenez votre voiture et partez de chez vous avant sept heures, car à sept heures, de la frontière du Latium vous pouvez aller à Gênes. Ils ont pris la fuite et ont eu la vie sauve. C'est une des nombreuses familles ».
Les interventions du réseau ont commencé avant l'invasion allemande en Italie, précise le père Centioni, et durèrent, « au moins, pour ce que j'en sais, jusqu'à après 1945, car les liens entre le père Weber, le Vatican et les juifs étaient très intenses ».
« Tant de braves gens », commente-t-il, pensant surtout aux familles juives.
« Parmi ceux qui nous ont ensuite aidés il y a eu deux juifs que nous avons cachés : un homme de lettres, (Melchiorre) Gioia, et un grand musicien auteur compositeur de Vienne de l'époque, qui écrivait des chansons et composait des opérettes, Erwin Frimm ».
Le prêtre les avait cachés dans des maisons à Rome, en l'occurrence dans sa résidence religieuse de Via Pettinari, 57.
« Et eux nous ont beaucoup aidés en nous donnant des indications précises », reconnaît-il. Une action où l'on pouvait risquer sa propre vie, comme le prêtre a pu vite le constater.
« J'ai aidé Ivan Basilius, un espion russe, sans savoir qu'il était russe ou espion. Hélas les SS l'arrêtèrent et dans son calepin se trouvait mon nom. Alors, ciel ouvre-toi ! Le Saint-Siège m'appela, Son Excellence Hudal [haut et influent prélat allemand à Rome] et me dit : « venez ici, les SS viennent vous arrêtez ». « Qu'est-ce que j'ai fait? ». « Vous avez aidé un espion russe ». « Moi? Qu'est-ce que j'en sais? C'est qui? ». Alors je me suis enfui.
Don Centioni, en tant qu'aumônier, connaissait l'officier allemand Herbert Kappler, commandant de la Gestapo à Rome et auteur du massacre des Fosses ardéatines, où furent assassinés 335 italiens, dont beaucoup de civils et de juifs.
« Durant la période allemande, après le massacre du mois de mars [aux Fosses ardéatines], j'ai dit à Kappler, que je voyais souvent : ‘pourquoi n'avez-vous pas appelé les aumôniers militaires aux Fosses ardéatines?'. ‘Parce que je les aurais éliminés et vous aurais éliminé vous aussi », avait répondu l'officier nazi.
Don Centioni garantit que les centaines de personnes qu'il a secourues savaient qui était derrière tout ça, c'est pourquoi il insiste : « Pie XII les aidait, à travers nous les prêtres, à travers la ‘Raphael's Verein' ».
Le cas de don Centioni a été découvert et analysé, en le comparant à d'autres témoignages, par la Pave the Way Foundation (http://www.ptwf.org), fondée par le juif de New York Gary Krupp.
L'avocat italien Daniele Costi, président de la fondation en Italie, garantit la bonne foi de cet entretien.
Le récit trouve confirmation dans la remise d'une décoration à don Centioni par le gouvernement polonais en exil (une croix en or avec deux épées « pour notre et votre liberté »).
Le prêtre italien cite en outre les manifestations de gratitude reçues par des certains juifs qu'il avait aidés : M.M. Zoe et Andrea Maroni, le professeur Melchiorre Gioia, le professeur Aroldo Di Tivoli, les familles Tagliacozzo et Ghiron, dont les enfants ont pu avoir la vie sauve, en gagnant les Etats-Unis, munis de passeports de fortune délivrés par l'intermédiaire du Vatican.
[Pour voir l'entretien: www.h2onews.org]
Écrit par : Une preuve vivante / | 15/01/2010
EUGENIO ZOLLI,
...Grand rabbin de Rome pendant la 2ème guerre mondiale et converti au catholicisme en 1945 a déclaré : « le judaïsme a une grande dette envers Sa Sainteté Pie XII pour ses appels pressants et répétés formulés en sa faveur. Et lorsque ceux-ci se révélèrent sans effet, on peut dire qu’il mérite encore notre profonde gratitude pour ses fortes protestations prononcées contre les lois et les procès iniques. » (déclaration de 1945).
Écrit par : Francine, | 16/01/2010
Les commentaires sont fermés.