17/12/2009
Mgr Guy Bagnard (évêque de Belley-Ars) parle de... l'identité nationale
Mgr Bagnard évoque ici des données : a) dont il est peu question dans le débat officiel ; b) qui sont désormais à l'état de vestiges culturels ; c) et dont personne, peut-être, n'aura plus connaissance dans vingt ans [auquel cas l'évangélisation de l'espace européen doit s'inventer sur des bases inédites] :
Identité nationale
par Mgr Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars
(cf. site internet du diocèse)
<< Si l’on s’interroge sur l’identité nationale, c’est que l’on ne sait plus ce que l’expression recouvre exactement. La cause en est due d’abord à l’impact de l’Europe sur notre pays ! En devenant membres de l’Union européenne, les Français voient plus ou moins s’effacer le sentiment de leur appartenance à la nation. De ce fait, la notion de nationalité, sans vraiment disparaître, passe au second plan. On se dit facilement citoyen de l’Europe et même parfois, plus radicalement encore, "citoyen du monde." Que devient alors le lien qui unit à son propre pays ?
L’une des autres causes qui entoure d’un brouillard l’identité nationale, c’est l’arrivée dans notre pays d’un grand nombre d’ « étrangers ». [...] Or, c’est au moment où se brouille la conscience de ce que l’on croyait être jusqu’alors, que l’on s’interroge sur la réalité de ce que l’on était vraiment !
Qu’est-ce qui fait que l’on est français ?
A n’en pas douter, l’un des chemins qui ouvre à l’identité nationale passe par l’histoire. C’est dans l’héritage reçu des siècles que se reflète le visage d’une nation. "Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ?" Que pourrions-nous dire de nous-mêmes et de notre pays si, faute de mémoire, nous ne parvenions pas à nous situer dans le prolongement d’une histoire ? Ce serait le silence ou l’arbitraire d’une parole tirée de l’immédiat !
Ainsi, comme évêque de Belley-Ars, je ne peux pas ignorer que la présence d’un évêque, identifiée avec certitude par l’histoire dans la Ville de Belley, remonte à l’an 412. Il s’appelait Audax. L’évêque actuel est le centième d’une lignée qui en compte quatre-vingt-dis neuf avant lui. Ainsi, depuis seize siècles, le christianisme est présent - de façon organisée - sur notre région. Comment, sur une aussi longue durée, l’Évangile n’aurait-il pas façonné le comportement de ses habitants, leur mode de pensée, leur culture, leur vision de l’existence ?
On peut discuter sur le bien fondé de cet impact, mais on ne peut contester les données objectives de l’histoire. Les traces de cet héritage sont là sous nos yeux. Il suffit de voir "ce long manteau d’églises et de cathédrales qui recouvre notre pays pour comprendre que les valeurs chrétiennes ont dû quand même y jouer un rôle", déclarait Nicolas Sarkozy, le 13 décembre 2007. Pourquoi s’en excuser ? Pourquoi s’en défendre puisque nous sommes tout simplement devant une donnée de fait ?
La culture issue de cette imprégnation des siècles est si profondément enracinée qu’elle est devenue comme une seconde nature ; elle fait si bien corps avec chacun d’entre nous qu’elle a ce grave inconvénient de ne plus s’interroger sur les origines où elle a puisé sa sève.
Jean-Paul II avait justement osé dire au Bourget, le 1er juin 1980 : "On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes."
S’interroger sur l’identité nationale, c’est donc retrouver le chemin des origines et les assumer comme un creuset qui, au fil des siècles, a forgé l’identité de notre pays.
Cette interrogation conduit à reconnaître que l’un des facteurs majeurs de cette identité, c’est bien le christianisme. Nicolas Sarkozy avait dit au Latran : "Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes... Une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux, de son histoire commet in crime contre sa culture.. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire."
Il est vrai que le siècle des Lumières a contesté cet héritage, mais il en est resté, malgré lui, profondément imprégné. Le cadre mental dans lequel il exprimait ses "idées nouvelles" continuait à s’alimenter souterrainement à la Source qu’en surface il rejetait ! Sans ce référentiel fondamental, il n’aurait pas pu élaborer la Déclaration universelle des Droits de l’homme, dont l’un des principes fondamentaux est le respect dû à tout être humain. Car tous les hommes sont égaux en dignité. Chacun a donc le droit d’être reconnu pour lui-même, qu’il soit croyant, non croyant, libre penseur, etc...
Et justement, l’esprit de la laïcité s’engage à réunir les conditions permettant aux croyants et aux incroyants de vivre ensemble, la base de cette convivialité étant le respect de la conscience de chacun. Nous sommes typiquement devant la version séculière du message évangélique !
Aussi quand, sur l’horizon qui nous est familier, surgissent d’autres cultures - issues d’autres religions - nous nous interrogeons légitimement sur leur compatibilité avec notre propre identité nationale. Et c’est aussi l’occasion d’avoir une plus claire conscience de ce que veut dire être français. Au nom de cette identité, nous interrogeons l’islam. Accepte-t-il, dans les faits, la liberté de conscience ? Intègre-t-il, dans le champ social, l’égalité entre l’homme et la femme ? Le respect des consciences va-t-il jusqu’à accueillir le changement de religion sans crainte de représailles ? Peut-on être tranquillement adepte d’une autre religion dans un pays musulman ? Si la réponse est "oui" pour tel pays, et "non" pour tel autre, alors y a-t-il un organisme officiel qui définit la juste pensée de l’Islam ? Où se trouve la véritable interprétation ? Le Français a besoin de le savoir au moment où son pays accueille cette culture sur son territoire et cela au nom de l’identité nationale.
Car voici, par exemple, ce que je lis sous la plume d’un père jésuite égyptien, le P. Boulad, bon connaisseur de l’islam : "Quand un musulman me dit : l’islam est la religion de la tolérance, je lui réponds : parmi les 57 pays musulmans de la planète, cite m’en un seul où la liberté religieuse existe. Si bien que le non-musulman n’a pas sa place. Il est toléré, tout juste, comme dhimmi, mais à part ça, non. La tolérance, pour l’islam, c’est que vous êtes toléré comme citoyen de deuxième zone en tant que chrétien ou juif. Mais en dehors de ça, si vous êtes bouddhiste ou hindouiste, vous n’êtes plus toléré. Vous êtes un kafir, c’est-à-dire carrément un apostat, un impie. [...]"
N’est-ce pas le rappel de l’exigence d’un dialogue en vérité, au moment où l’on s’interroge sur l’identité nationale ? Et cette exigence dépasse largement la discussion sur la hauteur des minarets, même si celle-ci est à prendre aussi en considération. >>
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18:56 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : "identité nationale"
Commentaires
DEBAT ?
> Il était temps que nos pasteurs prennent position sur ce débat... qui n'en est pas vraiment un. Comme on l'a rappelé plusieurs fois sur ce blog, on ne peut pas "définir" l'identité nationale ; on ne "définit" pas un être vivant. Sauf s'il est mort.
Écrit par : Jovanovic, | 17/12/2009
> Tel que vous le présentez, le texte de Mgr Bagnard est équilibré, utile. Malheureusement il comporte aussi un paragraphe, que vous avez remplacé par des [..], et dans lequel il met en cause le caractère français des joueurs de l'équipe de France de football. Dommage!
[ De PP à PL - Je l'ai effectivement coupé pour garder au texte sa cohérence, que ce lapsus fissurait. Et pour ne pas paraître ouvrir la porte à une catégorie de mises en cause que je récuse... On ne voit pas pas pourquoi Mgr Bagnard a fait cette allusion qui ne correspond pas à sa perspective de raisonnement. ]
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Écrit par : Ph.Lestang, | 17/12/2009
LA MISSION AUJOURD'HUI
> Quel que soit l'attachement légitime qu'on ait au passé (héritage, patrimoine, etc, etc), la mission des chrétiens est au présent et au futur, auprès de gens d'aujourd'hui qui nous sont donnés à évangéliser. Voilà le problème aujourd'hui, où une partie des Français disent " ces gens là ne me plaisent pas, je veux qu'ils s'en aillent", et où d'autres disent "heureusement que ces nouveaux ne sont pas catholiques, d'ailleurs l'islam c'est merveilleux", etc. Deux positions fausses, du point de vue chrétien qui devrait prévaloir, dans la tête des... chrétiens !
Écrit par : matfa, | 18/12/2009
QUESTIONS
> J'avoue que ce texte me met à l'aise : on a l'impression en le lisant que le christianisme mériterait le respect en tant que "vestige culturel" justement. Un peu comme un grand-père gâteux proche de la mort à qui on devrait le respect du aux ancêtres, ou une pièce ancienne à ranger précautionneusement dans un musée.
La partie finale pose question aussi : notre but, c'est de nous allier avec les non-croyants contre les musulmans, ou c'est d'évangéliser ? Dire que la laïcité est "la version séculière du message évangélique", ça caresse les non-croyants dans le sens du poil mais est-ce que ça les convertit ? J'avoue que je ne comprends pas ce qui pousse tant de nos frères et sœurs à nier sans cesse la dimension radicale et révolutionnaire de leur religion.
Écrit par : Gilles Texier, | 18/12/2009
FONDATIONS
> Mgr Bagnard donne des éléments intéressants pour ce débat important. Il rappelle avant tout qu'une identité nationale passe par la culture et donc par l'histoire d'un pays. Il évoque aussi les causes de ce débat : perte des repères nationaux dans un contexte de mondialisation et de relativisme général. Et enfin la perspective importante qui est celle de l'arrivée d'un nouveau venu en France (du moins métropolitaine) : l'Islam.
Il est certain que cette identité culturelle chrétienne devient de plus en plus un vestige culturel tant la pratique et la foi sont en position minoritaire dans notre pays. Et d'accord avec GT pour dire que l'évangélisation devra se faire sur de nouvelles bases...Mais néanmoins ces vestiges culturels sont fondamentaux, ils structurent notre "insconscient collectif", ils façonnent notre paysage (jusqu'a l'affice "La force tranquille" de Mitterrand en 81) et sont la base de l'humanisme français qui, même fortement laïcisé et hélas souvent dénaturé, forme les fondations de la République.
Vestiges culturels ? Fondations culturelles de la France serait plus adapté. La nouvelle évangélisation sera peut être l'occasion de les remettre au goût du jour et de les revitaliser...même si cette même évangélisation sera une expérience inédite en France tant le contexte est nouveau dans le pays.
Écrit par : Damien Etienne Thiriet, | 18/12/2009
LATENCE
> D'accord avec DET pour l'idée de "remettre au goût du jour". Je ne crois pas à l'idée de "vestiges" ou à celle "d'état fossile" évoquée dans un autre fil de discussion. Je ne crois pas à l'idée que l'évangélisation reparte de zéro, comme si nous étions revenus à une période comparable à la Gaule païenne.
J'ai évoqué il y a quelques jours l'idée de "latence", soit d'après le Petit Robert : "Latent : qui demeure caché, ne se manifeste pas mais qui est susceptible de le faire à tout moment". Donc oui "remettre au goût du jour" pour révéler ce qui est caché car fondamentalement il n'y a pas à se tordre l'esprit pour inventer de nouvelles choses, mais peut-être remettre au goût du jour la notion de "salut des âmes" et partir de cela comme base de notre apostolat. Il nous arrive parfois d'oublier pourquoi le Christ s'est incarné, est mort et ressuscité (pour sauver) et pourquoi il a institué son Eglise (pour l'oeuvre du salut).
Sur le texte de Mgr Bagnard : je le trouve courageux. Les évêques ont été prudents sur le sujet (on les comprend tant le terrain est miné) mais il en fallait bien un pour "y aller". Bravo.
Enfin, Jovanovic (ou quelqu'un d'autre) peut-il nous expliquer en quoi "on ne définit pas un être vivant sauf s'il est mort" ? Je ne saisis pas bien l'idée...
Écrit par : Guillaume de Prémare, | 18/12/2009
ESSAI DE REPONSE
> L'idée que l'Europe soit à l'origine de la dilution du concept d'identité nationale me semble insuffisante. Cette Communauté européenne souhaitée après guerre fut au départ un simple prolongement et non un dépassement des identités nationales.
Chaque membre fondateur l'a ainsi fantasmée comme caisse de résonance de ses propres particularismes nationaux, sans trop s'en rendre compte consciemment. (Je reproduis l'hypothèse d'un historien dont j'ai totalement perdu le nom mais qui voit dans cette analyse les incessants tiraillements intra-européens.)
La perte d'importance du concept d'identité nationale est plutôt à rechercher dans une conjonction de facteurs qui se croisent et se recouvrent en partie :
- L'oubli autorisé par le le confort des trente glorieuses qui ont rangé dans un coin de l'inconscient un souvenir nauséeux et vaguement vichyssois.
Mais cet oubli a accouché d'un monstre qui nous taraude aujourd'hui : l'individualisme confortable qui nous coupe de toute communauté et qui nous fragilise.
- L'air du large chanté par un libéralisme coloré à l'américaine et tellement plus glamour que l'humour soviétique qui se tenait à nos portes.
Mais ce libéralisme qui a si bien réussi portait en lui un matérialisme mercantile qui a accouché d'un autre monstre qui nous vampirise : le village global.
- L'appel du large martelé par une idéologie libertaire paradoxalement si attachée à l'hédonisme et si désincarnée : L'Individu, l'Homme universel, sans feu ni lieu, débarrassé de ses frontières.
Mais cette idéologie sans frontières a accouché d'un autre monstre qui nous déstabilise : le relativisme comme horizon obligatoire.
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"Une nation est une âme, un principe spirituel" (Renan), je sais c'est daté, mais je crois encore que cette formule devrait figurer au frontispice de nos bâtiments officiels et Mgr Bagnard a bien raison de rappeler un élément de ce principe spirituel qui trouve sa source dans "la possession en commun d'un riche legs de souvenirs" (Renan encore).
L'exemple qu'il donne en tant qu'évêque de Belley-Ars est une humble et lumineuse illustration de ce legs commun.
En outre, à partir des chiffres qu'il donne concernant son évêché, je note que chaque évêque a officié en moyenne quinze ans, assurément le temps qu'il faut pour laisser une empreinte sur le psychisme de ses ouailles, pour le meilleur, le pire, l'abrupt ou le tempéré.
Emergeait ainsi un petit Français différent du petit Suisse....
Ou du petit Italien.
Cependant cette âme historique est niée ou tronquée par beaucoup de nos contemporains, aidé en cela par un nombre d'intellectuels "post-libertaires" qui résument La France à une série de mots qui tournent autour de l'universalisme : "Universelle", "plurielle", "diverse", "métisse", "multiculturelle".
S'ils savaient à quel point ils font le jeu du libéralisme qu'ils honnissent par ailleurs !
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Tous ces intellectuels qui ont pignons sur media adhèrent à la formule de Renan mais leur mire historique est réglée sur 1789.
Avant 1789 ?
C'était le temps de la barbarie, de l'ombre, de la forêt moyenâgeuse où régnaient les loups féroces et les potentats locaux dominés par des clercs...obscurs.
Bien sûr, tous ces intellectuels qui prêchent pour un multiculturalisme échevelé acceptent une antériorité à 1789 qui se trouve dans les fruits de la Renaissance, la bien-nommée, et dans les philosophes de la Grèce antique.
Sans scrupule, sans vergogne, ils enjambent plus d'un millénaire de Christianisme.
Ce n'est même plus pour eux une terra incognita qu'il s'agirait de redécouvrir, mais une terra indesiderata qu'il s'agit de salir ou d'enfouir.
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Le christianisme, Mgr Bagnard, n'est pas une racine qui entrerait de ce fait en concurrence avec d'autres racines grecques, arabes ou autre, mais un terreau noble, riche et fertile qui a autorisé que croissent d'antiques racines et que germent de nouvelles, dont celles que vous mentionnez.
Personnellement, je ne pense pas que ce terreau soit devenu stérile et je pense que l'effort qui est le nôtre consiste plutôt à pratiquer une taille sévère dans ce qui a germé grâce à lui.
Tout en gardant à l'esprit la prudence du Christ évoquée dans la parabole du bon grain et de l'ivraie, ainsi que les perversions du Christianisme lorsqu'il s'est pris pour LA racine.
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La confrontation avec l'anthropologie proposée par l'islam, car confrontation il y a, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, nous ramène à notre propre identité, c'est vrai, et je suis abasourdi par les propos enfin lucides que tient cet évêque au sujet de ce système de pensée qui propose un autre rapport au monde à l'intérieur de nos frontières.
Moi-même, je n'aurais pas osé en dire tant sur mon propre blog !
Mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas le seul tremblement qui nous oblige à rechercher à quoi nous raccrocher ; je voudrais rappeler que c'est simplement un des éléments du cocktail détonnant que nous propose la promotion de l'individualisme, de la mondialisation et du multiculturalisme.
Et j'ajoute l'émergence de l'Homme-Objet qui se sent nu comme jamais.
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J'apprécie l'initiative de Mgr Bagnard qui veut réconcilier Christianisme et Lumières. Bien sûr, il n'est pas le premier et c'est même de l'ordre de l'évidence pour quelques uns, mais il faut inlassablement oeuvrer dans le sens de la filiation de ces mémoires pour nous réconcilier avec nous-mêmes.
Certes, nous avons coupé la tête à notre Roi mais il ne faut pas que cela nous prive de mémoire(s) !
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"Une grande agrégation saine d'esprit et chaude de coeur crée une conscience qui s'appelle un nation" (Renan toujours), et une identité nationale qui, si elle n'existe pas, fait drôlement bien semblant !!
A ce sujet je vais m'abriter derrière Pierre-André Taguieff :
"[L'identité est le diable en personne, et d'une incroyable importance] (Ludwig Wittgenstein). Sa démonie tient à ce qu'elle est insaisissable, toujours autre qu'elle n'est pour qui la définit. Entité individuée assimilable à un individu collectif, mais supra-individuelle, l'identité collective résiste à toute approche conceptuelle. Il n'y a toujours pas de science de l'individuel, en quoi l'on ne saurait s'étonner du fait que les identités nationales ne soient pas objets de science. En toute identité collective, le "ce qu'elle est" ne cesse de nous échapper. Mais ce n'est pas une preuve de son inexistence".
Que voulez-vous, je suis bien obligé de voir qu'il se passe en moi quelque chose qui me dépasse chaque fois que les Français foutent une branlée aux All Blacks !...
Ce qui arrive rarement.
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Dans le même discours de 1882, Renan émet l'hypothèse de la disparition des nations : "Les volontés humaines changent : Mais qu'est-ce qui ne change pas ici bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera."
Et c'est vrai que les égoïsmes nationaux qui se sont déchaîné(s) tout au long du XXè siècle et qui perdurent encore invitent au dépassement et à la relecture de nos copies, dont celle de l'identité nationale, sans pour autant avoir à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Car l'enjeu de ce qui reste à inventer ou à réactualiser, je ne sais, est toujours le même : permettre ce plébiscite de tous les jours dont parle Renan, en ôtant le côté un peu doloriste de son discours et en le remplaçant peut-être par cette "communauté d'amitié" dont parle François Huguenin dans son livre "Résister au libéralisme".
Que voulez-vous, il en va peut-être des nations comme des couples : n'étant plus obligés de vivre ensemble pour survivre, on cherche à vivre ensemble sur des rapports de qualité et d'amitié, avec des projets partagés.
Écrit par : omicron, | 19/12/2009
OUPS !
> Lorsque je fais référence à mon blog dans mon commentaire précédent, je veux parler de celui-là :
http://islampourlesnuls.wordpress.com/
et non de celui où vous renvoie un clic sur ma signature et qui s'appelle Q.D. pour quaerere deum.
Je viens de changer l'URL qui doit maintenant fonctionner normalement.
Pour plus de cohérence avec mes propos.
Écrit par : omicron, | 19/12/2009
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