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16/12/2009

Attention, ce message de Benoît XVI est crucial

Prenons la mesure du message "Si tu veux construire la paix, protège la création" :


 

Le pape souligne la gravité de la menace environnementale (du changement climatique aux nombreuses alertes écologiques) ; il n'hésite pas à évoquer « les perspectives effrayantes que la dégradation environnementale dessine à l’horizon », ce qui le fait taxer de catastrophisme par les libéraux ; il prône « une authentique solidarité à l’échelle mondiale », et condamne le nationalisme qui serait encore plus toxique dans ce contexte.

Le pape pointe la responsabilité des pays industrialisés et demande le changement du système économique.

Ces propos sont clairs et nets. Le lecteur catholique doit le constater et ne peut prendre aucun faux-fuyant, sauf à se comporter en faussaire.

Benoît XVI trace ainsi un devoir au chrétien : il lui donne une raison spéciale – et une façon spéciale – d'être écologiste.

L'écologie n'est pas un superflu pour le chrétien. C'est un devoir urgent : a) envers le Créateur, qui nous confie la création, b) envers la création, qui nous est confiée et dont l'homme est à la fois tributaire et responsable.

L'écologie chrétienne n'est pas une « écologie moindre ». Ce n'est pas une réticence envers l'écologie en général. Au contraire : elle apporte à l'écologie un sens transcendant. L'écologiste chrétien n'est pas  rallié  à une cause douteuse, contrairement à ce que dit une partie de la bourgeoisie d'affaires catholique : c'est un écologiste informé du sens de la vie et de l'univers. Il peut ainsi aider l'écologie à ne pas se laisser parasiter par le nihilisme consumériste ambiant, et notamment par le malthusianisme !  [1]

Aider les jeunes écologistes de la nouvelle génération à construire un mouvement libéré du malthusianisme et de la vision consumériste de l'humain, c'est la mission du catholique dans ce domaine : un domaine décisif pour l'avenir.

C'est donc une mission d'évangélisation passant par la philosophie de l'homme et de sa responsabilité.  [2]

Se dérober à cette mission, serait se dérober à l'évangélisation. Une telle  dérobade serait disqualifiante sur le plan religieux ; surtout si elle était motivée par des opinions séculières.

 


____________

[1] Le malthusianisme est né historiquement du libéralisme (et il retourne au libéralisme comme on l'a vu à la dernière université d'été du Medef). Il est aujourd'hui boosté par la classe économique dirigeante : j'en ai fait moi-même l'expérience il y a un an, lors d'un déjeuner d'organisation patronale auquel j'avais été invité. J'y ai entendu des propos glaçants qui annonçaient la récente offensive onusienne. Et je peux garantir que l'écologie n'y jouait aucun rôle.

[2] Quatorze lignes du messsage, au § 13, signalent l'un des point sur lesquels faire porter l'évangélisation de l'écologie : c'est le « naturalisme » ambiant, qui « élimine la différence ontologique et axiologique qui existe entre la personne humaine et les autres êtres vivants ». « De cette manière, indique le pape, on en arrive à éliminer l’identité et la vocation supérieure de l’homme, en favorisant une vision égalitariste de la ''dignité'' de tous les êtres vivants. » Ceci désigne moins la vieille vision new age, aujourd'hui passée de mode, qu'un certain postdarwinisme qui s'exprimait l'autre soir lors d'une émission d'Arte à la Galerie de l'Evolution. Dévaluer l'homme est une idéologie qui imprègne notre époque : comme le malthusianisme, elle touche aussi bien des anti-écologistes que des écologistes. Mais on peut aider les écologistes à constater que le néodarwinisme (avec sa vision d'un vivant purement aléatoire, conflictuel et dialectique) est contraire à l'écologie : c'est du reste ce que démontrait il y a trois ans la revue L'Ecologiste elle-même. Quant à l'utopie animalitaire (« bête = homme »), elle ne vient pas non plus de l'écologie : c'est un fantasme fusionnel, sans base zoologique ni anthropologique, lié à l'idéologie queer et né dans des milieux ultra-marginaux il y a une trentaine d'années. Sur ce sujet, je me permets de conseiller la lecture du livre que j'ai publié en 2007 avec le philosophe catholique Jean-Marie Meyer : Nous sommes des animaux mais on n'est pas des bêtes (Presses de la Renaissance).

 

  

11:11 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : christianisme

Commentaires

GAUCHE

> Mais évidemment cette tâche d'évangéliser l'écologie amènerait à fréquenter des gens de gauche, idée qui donne du psoriasis à certains à droite. C'est pour cela qu'ils ne veulent pas qu'on leur parle d'écologie même si c'est le pape qui parle. Tant pis pour eux, ils n'écoutent pas l'Eglise mais ils ont l'habitude, leurs parents ont des boules Quiès depuis l'ouverture de Vatican II. Ca fait presque cinquante ans.

Écrit par : oresco, | 16/12/2009

LA BONNE VOIE

> "Quant à l'utopie animalitaire (« bête = homme »), elle ne vient pas non plus de l'écologie : c'est un fantasme fusionnel".
Exact. Le fusionnel est incompatible avec l'écologique. Le développement du vivant se fait par différenciation arborescente (cf évolution). Au contraire, le fantasme du "tout égale tout, bête égale homme etc", c'est l'entropie, le contraire de l'évolution et du vivant. Les activistes genre "front de libération des animaux" n'ont rien à voir avec des écologistes, même si les médias font la confusion. La vraie bonne façon de combattre les bagnes pour animaux c'est non le terrorisme fou, mais la lutte économique contre l'industrie productiviste agro-alimentaire et le profitariat du business pharmaceutique.

Écrit par : macco, | 16/12/2009

RECIPROQUE

> La phrase qui m'a frappé: "Il existe donc une sorte de réciprocité: si nous prenons soin de la création, nous constatons que Dieu, par l’intermédiaire de la création, prend soin de nous" § 13.

Écrit par : Mike, | 16/12/2009

DONNEUR DE LECON

Je publie le message ci-dessous à titre de symptôme :

" > Mais c'est le fondement de la bible, dès les premières lignes de la Genèse, Dieu confie la création à l'Homme et à sa bonne gouvernance.
On dirait que vous vennez de le découvrir ? Vous êtes étonnants... Pour ce qui est des agitateurs écologistes actuels c'est une autre histoire, mais pour le chrétien c'est un devoir de respecter la création. Rien de nouveau sous le soleil quoi.
David "

[ De PP à D.:
- En somme, vous donnez des leçons de Bible au pape ?
- Vous êtes spéciaux, vous les écolophobes ! (car vous l'êtes personnellement : vos précédents messages ne laissent aucun doute à ce sujet). La bonne écologie à vos yeux serait celle dont on ne parlerait pas ; en parler, c'est de "l'agitation" ; le très agité Ratzinger donne évidemment dans ce panneau ; etc. En somme, heureusement que vous êtes là. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : David, | 16/12/2009

@ oresco

> Vous n'avez pas tort mais raison de plus pour ne pas perdre de temps à pontifier sur "les autres " et chercher ce qui nous sépare. Je sens que vous avez été horripilé/e par des conversations que vous avez eues, non ? Faisons notre boulot et point barre. Fondons une association d'étude de la création (nommée "saint François" par exemple qui aimait tant la nature); la création, c'est à dire de la nature telle que Dieu l'a voulue/telle qu'elle doit être : dans le plan de Dieu ainsi que de la nature telle qu'elle est aujourd'hui, et l'éco telle qu'elle est, et telle qu'elle devrait être selon ce que dit la doctrine sociale, et voyons ce qu'on peut faire pour y tendre ou du moins ne pas aller ds le sens contraire.
Il s'agit d'évangéliser l'écologie mais aussi le capitalisme ; trop souvent, obnubilés par le communisme pendant les 40 années de guerre froide, nous, catholiques, avons fini par voir ds le libéralisme un moindre mal, voire un allié et l'avons laissé prendre la place du capitalisme (qui lui est neutre). Capitalisme et libéralisme éco ne sont pas la même chose
(le 2nd est un pendant de toute une philo selon laquelle la liberté individuelle doit être l'étalon des relations humaines ds tous les domaines)
Jusqu'au 19e et l'apparition du socialisme, les libéraux étaient considérés comme ... de gauche !
(cf la Révolution 1789, cf en Italie, cf napoléon III et ses copains carbonari).

Écrit par : zorglub, | 16/12/2009

CONSCIENCE

> Ci-dessous, quelques extraits d'une aide à l'examen de conscience avant le sacrement de pénitence, que je trouve ce soir dans un Missel biblique de tous les jours (Tardy, 1964).

Péchés contre la justice

Ne pas s'en prendre aux causes des maux humains, en particulier les structures inhumaines.
Ridiculiser ceux qui s'y emploient.
Attribuer aux "lois économiques" les maux qui proviennent de son incurie ou de sa cupidité
Ne pas s'exprimer librement dans les groupes dont on est membre et laisser les intérêts égoïstes y triompher.

Péchés envers l'Eglise

(à propos les enseignements de l'Eglise) N'en vouloir comprendre que ce qui favorise les positions qu'on a déjà prises.
Tenter de mettre les cadres ou les organismes de l'Eglise au service de ses intérêts temporels.
Critiquer les décisions du magistère, ne voyant que leur retentissement sur ses propres affaires ou sur l'entourage immédiat en oubliant que le Saint Père s'adresse au monde entier.

Écrit par : Thomas, | 17/12/2009

A LONG TERME

> "Si tu veux construire la paix, protège la création" :
rien que le titre est tout un programme
le pape voit à long terme
si vis pacem para bellum est une logique certes prudente mais à court terme et purement humaine car elle n'imagine pas qu'il puisse y avoir autre chose qu'un "équilibre de terreur"; elle entraine un éternel recommencement, et surtout elle ne crée pas un climat de paix
à partir du moment où les ressources naturelles étant protégées, redeviennent abondantes, à la portée de chacun selon ses besoins, que l'économie concourt au bien commun et qu'il existe une autorité centrale respectée de tous (dont parle Caritas in Veritate) bien des casus belli/casi belli (soyons pédants!) sont évités
Depuis l'invasion romaine de la Dacie pour l'or, les guerres flamandes pr le commerce des tissus, la guerre du Chaco pr le pétrole, Iran-Irak pr le Chott el arab... l'intérêt égoïste guide la politique (à courte vue)
Alexandre le Grand était sans détour quand il disait qu'il faisait la guerre à Darius pr lui disputer le controle du monde !
au moins c'était clair !
Peut-on en dire autant du "droit d'ingérence" ? prétexte à dominer autrui tant qu'il dépend non d'un autorité internationale neutre reconnue mais des principales puissances et de leurs intérêts...
Au 19e, la Sainte Alliance avait eu pr résulats certes la paix mais aussi l'immobilisme, l'affaiblissement de l'idée de légitimité en faisant intervenir des forces étrangères ds un pays pr y protéger le gvt. Les états se servaient de cette politique : Prusse Russie et Autriche faisaient en Pologne et Italie comme les USA aujourd'hui (comme nous avant)
Aujourd'hui à partir de Bretton Woods ds le monde et à partir des années 50 pr l'Europe s'est développée pendant longtps cette idée de bâtir la paix en mettant en commun nos intérêts : si les flux de richesse sont internationaux, plus de guerre et les peuples sont sensés savoir où sont leurs intérêts, on arrive automatiquement à une suituation juste.... C'est une vision libérale ....
Où l'on se fait des sourires là où nos intérêts convergent et on se tape dessus ailleurs. Et les intérêts varient ...
Les affrontements se font d'entreprises à entreprises ; plus de prisonniers mais on voit des chômeurs, plus de zones bombardées mais des régions désertifiées.
Le développement concerté, responsable voulu par le pape n'a rien à voir avec un grand tout mis en commun sans autorité centrale où l'intérêt guide tout

Écrit par : zorglub, | 17/12/2009

NOTRE RAPPORT A L'ARGENT ET AU TRAVAIL

> Il me semble que pour répondre à ce commandement de l''Eglise, de protéger la Création, il faut revoir radicalement notre rapport à l'argent et au travail, du moins tel qu'on me l'a transmis dans mon milieu d'origine. En effet il y a d'un côté le travail(du père de famille) qui se doit moralement d'être rémunérateur pour faire vivre une famille nombreuse(autre devoir moral),il faut aussi fermer les yeux sur le système(discussions vaines qui distraient du vrai devoir d'état), de l'autre la vie en dehors du travail,où peut véritablement s'exprimer la dimension chrétienne, en étant bon époux, bon père de famille, membre d'associations pieuses où l'on fait preuve de générosité,...Ainsi beaucoup de catho bourgeois sont schizophrènes: soumission moralement justifiée, sacrificielle même, aux dures lois de ce monde pour ce qui est des affaires,réalisation de l'idéal chrétien dans la sphère familiale et religieuse/associative. Ils admirent des grands patrons "cathos"(je ne citerai pas de nom), sous prétexte qu'ils affichent une vie de prière, ou une vie de famille modèle, ou une grande générosité,...comme si c'était là la garantie que leur manière de gérer leur entreprise était chrétienne, quand au contraire ils boycottent certains produits, certaines enseignes, sous prétexte qu'il y aurait derrière des gens aux moeurs ou convictions personnelles douteuses, quand bien même on y trouve un engagement écologique et social fort. En gros ils ont joué les imbéciles utiles, ceux qui par leurs moeurs irréprochables innocentent un système peccamineux. Peut-être aussi , l'économie actuelle étant effectivement une guerre qui ne dit pas son nom, parce qu'ils ne sont pas sortis de cette morale au nom de laquelle nos ancêtres sont allés se faire tirer comme des lapins en 14,ou ont transmis ou donné des ordres de cette logique, puis sont devenus pétainistes: obéissance sacrificielle à un ordre supérieur incarnant nécessairement la volonté divine, puisque n'est-ce-pas "tout pouvoir vient de Dieu", et que c'est pour notre bien si nous souffrons.(ce qui justifie qu'on soit aussi appelé à faire souffrir, par exemple en licenciant ou en exploitant le personnel, en trompant la clientèle,..). La haine de la révolution a fait de nombre d'entre nous des inexistants politiquement et socialement, toute volonté de changement étant vu comme idéologie, sécularisation condamnée par avance, et nous avons replié notre ambition sur la sainteté personnelle et familiale. Parfois après des tentatives malheureuses d'engagements quasi-mystiques de reconquêtes auprès d'hommes ou de femmes politiques bien catho, où nous avons cru que la victoire, puisque le combat était juste,était assurée!La preuve qu'on ne peut rien changer, et qu'il faut se concentrer sur ce fâmeux "devoir d'état"!Ne faut-il pas d'ailleurs que des gens sacrifient au système et gagnent bien leur vie pour que des écoles hors contrat puissent vivre, des lieux de retraite ou de formation chrétienne ? N'est-ce pas un devoir, pour ces raisons, de travailler dans la finance ou le commerce, de faire carrière dans de grands groupes,... en se coulant dans le système? La fin ne justifie-t-elle pas des moyens par ailleurs inévitables?
Non, nous ne pouvons plus être complice du système économique actuel par notre manière de gagner notre vie, il nous faut entrer en résistance.Et inventer une nouvelle économie.Si un musulman comme Yunus a pu le faire avec la Grameen Bank et ses autres fondations, pourquoi pas nous?

Écrit par : Josnin, | 18/12/2009

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