27/11/2009
Copenhague : devant l'offre en trompe-l'oeil d'Obama, réactions indignées dans l'hémisphère Sud
Grace Akumu (Kenya) et Vandana Shiva (Inde) argumentent dans le même sens que Caritas in Veritate et les épiscopats catholiques (voir le dossier de Médias & Evangile,
http://www.medias-evangile.org/IMG/pdf/Mobilisation_catho_ecolo.pdf
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Grace Akumu (Climate network Africa) : « Les Etats-Unis essaient de détourner l'attention »
« L'Afrique meurt à cause des émissions de carbone des Etats-Unis. Le pays le plus pollueur au monde devrait prendre des engagements beaucoup plus drastiques. Une superpuissance a les moyens financiers et les ressources humaines pour vraiment changer de politique. Par comparaison, la Chine promet plus, alors que sa pollution par tête d'habitant est beaucoup plus faible. Les Américains essaient de détourner l'attention en ne cessantde mettre l'accent sur les pays émergents, alors que ce sont eux les principaux responsables. Tout comme l'Union européenne ou le Japon...
...Le Kenya a vécu directement dans sa chair les conséquences du changement de climat. Le mont Kenya, principale réserve d'eau pour le pays, a vu 95 % de sa surface glaciaire disparaître en l'espace de dix ans, et 26 rivières se sont asséchées sur la même période. Nous avons connu des rationnements en eau et en électricité pendant des mois. Les communautés pastorales ont perdu 70 % de leur bétail en raison d'une terrible sécheresse et vont perdre le reste à cause des pluies torrentielles quis 'abattent sur le pays et des inondations qui détruisent les ponts, les routes, etc...
...Nos économies sont trop pauvres pour supporter un tel fardeau. »
Vandana Shiva (Navdanya) : « Il faut qu'il y ait une régulation internationale »
«Les engagements pris à Kyoto n'ont jamais été respectés. Les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés ont au contraire augmenté de 14% ! De plus, la proposition de Barack Obama consiste à promettre une réduction par rapport aux niveaux de 2005, non ceux de 1990. or, entre temps, les émissions des Etats-Unis ont sensiblement augmenté, donc la réduction réelle par rapport à la référence d'origine n'est finalement que de 3 % ou 4 %...
...Nous ne sommes plus dans le monde de 1992, lorsque la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été créée. A l'époque, la notion d'économie nationale avait un sens, donc les engagements nationaux aussi. Aujourd'hui, nous sommes dans un contexte d'économie mondialisée, dans lequel les pays occidentaux poussent également les pays en développement à utiliser de plus en plus d'énergie pour leur produire des biens à prix cassés. Si une entreprise américaine délocalise sa production en Chine ou en Inde, pourquoi les émissions qui en découlent devraient-elles être comptabilisées dans ce pays, alors que les produits finis sont destinés aux Etats-Unis ? Pour que la lutte climatique soit efficace, il faut qu'il y ait une régulation non seulement au niveau national mais aussi à l'échelle internationale... »
Source : Libération, 27/11/09
Cette régulation internationale est demandée en toutes lettres par Benoît XVI dans Caritas in Veritate, au § 67 qui réclame « une véritable autorité politique mondiale ». Extrait :
« Pour le gouvernement de l'économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l'environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale. […] En l'absence de ces conditions, le droit international, malgré les grands progrès accomplis dans divers domaines, risquerait en fait d'être conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants. Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation... »
D'autre part, toutes les interventions du pape et de ses collaborateurs - ainsi que des épiscopats - à propos des changements climatiques, insistent : a) sur la vulnérabilité plus grande des pays pauvres, b) sur l'aide que leur doivent les pays riches, auteurs du système économique qui a causé la crise environnementale. Sur ces points aussi, les propos de l'Eglise catholique recoupent ceux de Grace Akumu ou Vandana Shiva.
Et il faut être très clair sur ces points : toute dérobade à leur égard (a fortiori toute négation), venant de catholiques, serait un acte de déloyauté envers le Magistère. Quant aux non-catholiques, nous leur proposons de prendre en compte cette convergence entre les positions de l'Eglise romaine et les luttes des pays pauvres pour s'assurer un avenir digne de ce nom !
12:50 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : climat
Commentaires
BONHEUR
> Quel bonheur de voir l'unité de vue entre notre Eglise et les défenseurs des pauvres de la planète.
Écrit par : Prisca, | 27/11/2009
RATZINGER
> L'histoire rendra justice à ce pape, décrié par nos journalistes à courte vue. Révolutionnaire économique et social, parce que ancré dans la plus profonde tradition chrétienne.
Écrit par : Golo, | 27/11/2009
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