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03/11/2009

Mgr Claude Dagens : '' La vitalité et la fécondité du christianisme dépendent de sa capacité spirituelle à s’inscrire à l’intérieur de notre humanité''

Un entretien dans La Croix à propos de la visibilité de l'Eglise (sujet du rapport de Mgr Dagens devant l’assemblée plénière de l'épiscopat français). Des pistes neuves, aussi loin du relativisme que de l'intégrisme. Extraits :


 

<<  Ce n’est pas le degré de visibilité qui est important, mais sa nature. Savons-nous assez que cette visibilité n’est pas d’abord médiatique, mais qu’elle est d’ordre sacramentel ? L’Église n’est pas faite pour se montrer, mais pour désigner le mystère du Christ et pour en être elle-même le signe.

« Les attitudes d’indifférence n’excluent pas des attentes spirituelles. Nous en sommes témoins chez des enfants qui demandent d’eux-mêmes à être catéchisés, des adultes qui vont vers le baptême comme vers une vie nouvelle, des hommes et des femmes qui découvrent l’amour de Dieu après des années d’oubli ou d’errance. Il faut donc nous demander plus habituellement : comment sommes-nous témoins de ces attentes spirituelles qui traversent notre société, et quels moyens prenons-nous pour y répondre ?

« ...il s’agit de témoigner de la nouveauté chrétienne et de l’inscrire à l’intérieur de notre société. […] l’identité catholique n’est pas affaire de stratégie ! La vitalité et la fécondité du christianisme ne dépendent pas d’abord de la puissance de ses institutions, ni de son influence politique, mais de sa capacité spirituelle à s’inscrire à l’intérieur de notre humanité commune. [...] La sécularisation n’a pas entraîné la disparition des religions. En réalité, elle leur demande plutôt de se manifester autrement, de l’intérieur d’elles-mêmes et de leurs convictions, et non pas avec le projet plus ou moins avoué de s’imposer à toute la société. L’expérience chrétienne peut devenir un signe, une provocation dans la société.

« ...Nous sommes appelés, d’abord, à aller résolument aux sources de la foi : la prière, la Parole de Dieu, la fraternité vécue effectivement dans nos communautés. Et puis, nous devrions reconnaître davantage que ce que nous croyons de Dieu peut intéresser d’autres personnes qui ne partagent pas notre foi. On l’a vu dans les débats autour de la bioéthique. Nos convictions participent à un dialogue d’ensemble, en particulier tout ce qui concerne l’affirmation et la défense de la personne humaine, à commencer par les plus fragiles, de l’embryon dans le ventre de sa mère à la personne âgée ou malade en fin de vie, sans oublier les hommes et les femmes menacés d’êtres manipulés comme des pions en fonction des seules exigences de la rentabilité technique ou financière.

« Et puis, comment pourrait-on dire aujourd’hui qu’être catholique correspond à un conformisme social ? C’est un acte de liberté. C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur de dire à d’autres ce que nous croyons... >>

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Commentaires

> Enfin !!! Merci...

Écrit par : jean-Claude Alleaume, | 03/11/2009

OUF

> "S'inscrire dans notre humanité commune" : c'est l'évangélisation de tous les temps. L'élan est redonné, après vingt ans au moins de panne morale. A la faveur de cette panne, de fausses conceptions du témoignage catholique s'étaient répandues : les uns en faisaient un silence complice acquis à n'importe quoi du moment qe c'était la mode. Les autres confondaient l'agir chrétien et l'activisme politique groupusculaire. Nous disions, nous : "ce sera ainsi tant que les évêques ne reprendront pas la main". Ils la reprennent ? Ouf.

Écrit par : rembar, | 03/11/2009

DE L'EVANGILE

> les quelques textes que j'ai lu de cet homme-là, les quelques fois où je l'ai entendu parlé, j'ai eu la même impression : il exprime une force et une douceur qui me semble être celle... de l'Évangile !

Écrit par : kiki, | 04/11/2009

LIRE TOUT LE RAPPORT

> Il sera intéressant de lire la totalité de ce nouveau rapport de Mgr Dagens à propos de la visibilité de l'Eglise face à l'indifférence religieuse et aux attentes spirituelles, tant ces extraits témoignent d'une grande justesse d'analyse et de proposition.
Oui, nous devons toujours être prêts à rendre compte de l'espérance qui est en nous, avec douceur et respect.

Écrit par : Michel de Guibert, | 04/11/2009

NON CONFORMISTES

> J'écoutais hier soir à la radio une émission où Mgr Vingt-Trois revenait sur cette question de la visibilité de l'Eglise et commentait le travail de Mgr Dagens.
Sur la visibilité médiatique, quoique nécessaire tout de même, Mgr Vingt-Trois précisait qu'à la différence du médiatique que nous connaissons, quand l'Eglise fait de la médiatisation c'est avant toute chose pour faire connaitre une réalité vraie. Il insistait sur le fait que c'est la réalité qui importe : c'est l'aspect sacramentel dont parle Mgr Dagens. C'est-à-dire que la réalité de l'Eglise, c'est que la vie des chrétiens est un témoignage.
Après, en s'assurant bien que c'est cela qui est à la base de tout, le faire connaitre et donc le médiatiser peut s'avérer nécessaire, et même participer du témoignage. Car un témoignage est fait pour être reçu. A condition toutefois que les médias reflètent bien la réalité de ce témoignage.
J'ai retenu aussi une petite chose que disait Mgr Vingt-Trois : nous français avons une certaine culture de la pudeur, pudeur à la française. Nous témoignons dans l'agir de nos vies, mais avec une certaine difficulté à "rendre témoignage", à dire ce que nous faisons ou à le justifier aux yeux du monde. Dès lors que nous n'aimons ou ne savons pas "dire ce que nous faisons", il devient difficile, disait-il, d'annoncer quelque chose au monde. Car notre témoignage doit être au service de l'évangélisation, et notre vocation est d'annoncer la bonne nouvelle. Annoncer, c'est aussi dire, expliquer, justifier, pour mieux rendre ce témoignage.
Je prends un petit exemple de ce que j'en ai compris. Les médias ont permis de connaitre l'action de Mère Térésa, ou encore de l'Abbé Pierre. Leur vie aurait bien moins été un témoignage si on n'avait pas vu, jusque dans leurs habits, comme dans leurs paroles, que leur action était subordonnée à l'évangile. Et pourtant justement, bien des médias ont tenté de dire que leurs saintes oeuvres existaient "malgré" le fait qu'ils étaient fidèles à l'Eglise. Combien de fois, pour mieux le justifier et les détacher de l'évangile, on a entendu parler de leurs petites confrontation avec l'Eglise ou avec la foi catholique.
En résumé, pour que l'Eglise soit visible, les chrétiens doivent agir dans le monde, vivre la parole de Dieu, mais le monde doit aussi bien voir, sans ambiguité, qu'ils sont membres de l'Eglise et que c'est l'évangile du Christ qu'ils mettent en oeuvre. Ils doivent montrer leur cohérence, leur fidélité et leur attachement à l'Eglise en même temps qu'ils sont au service de leur prochain. C'est cela qui est une vraie provocation pour notre société : que des gens soient des héros agissant pour leur prochain et que, quoique cela ne fasse pas plaisir aux bien-pensants de ce monde, tout le monde voit bien que ce sont des chrétiens fidèles à l'Eglise. C'est en cela que vraiment les chrétiens se trouvent être de parfaits non-conformistes.

Écrit par : Joël Sprung, | 06/11/2009

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