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31/10/2009

Deux religions face au monde matérialiste mercantile – ''Il était une foi la décroissance''

Salim Issop, François Taillandier et moi-même, dans le numéro de novembre de 'La Décroissance' :


 

Le journal de combat contre le productivisme capitaliste consacre deux pages à ce débat, qu'il introduit ainsi : « La décroissance n'appartient à aucune religion, la majorité de ses défenseurs se réclament de l'agnosticisme, de l'athéisme, voire cultivent une irréligiosité virulente. Néanmoins, des croyants retrouvent dans leur foi des raisons de se tourner vers l'objection de croissance... » Suivent les réflexions de Salim Issop (musulman lyonnais-réunionnais), celles de François Taillandier (catholique, romancier, chroniqueur à L'Humanité), et les miennes. Extraits :


Salim Issop«  Les textes fondateurs de l'islam poussent maintes fois à cultiver la vertu d'humilité. Or, pour fonder une société de sobriété et de partage, c'est une vertu qu'il faut développer. L'orgueil au contraire pousse à l'avidité, à la domination. Pour moi, l'islam est une force intérieure, l'exigence de réfléchir sur sa vie, sur son comportement, sur ses responsabilités. […] La tradition prophétique dit par exemple : ''Celui d'entre vous qui voit la fin du monde arriver, s'il tient une plante dans ses mains, qu'il prenne le temps de la planter.'' On ne peut être plus clair sur l'importance de la sauvegarde de notre planète... Mais les musulmans ont trop souvent oblitéré tous ces versants, pourtant fondamentaux, de l'islam, pour se concentrer sur les questions d'héritage ou de rapport entre le mari et la femme, qui sont complètement secondaires. La majorité des musulmans, n'ayant pas accès aujourd'hui aux thèses de la décroissance, restent dans le toilettage, le réformisme, la ''moralisation du capitalisme''... La dernière dérive, c'est la marchandisation des pratiques […] Le mois du ramadan, mois de privation, de réflexion (chez nous, on éteint la télé pendant un mois), est devenu un mois de dépense, de débauche, c'est le Noël [1] des musulmans [...], c'est une caricature... »

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François Taillandier - « Je n'imagine pas comment un chrétien aujourd'hui pourrait être indifférent à la question de fond que soulève l'idée de la décroissance, même s'il n'est pas absolument convaincu que celle-ci, sous sa forme actuelle, soit porteuse de solutions viables […] Il me semble que la foi chrétienne nous mène à ajouter, à la dénonciation politique d'un système économique et financier désastreux et non-viable, un sentiment très fort de notre possibilité personnelle d'agir. La décroissance commence le jour où je décide que je ne ferai pas installer de piscine privée (même si j'ai l'argent, même si les enfants le réclament) ; le jour où je renonce à me jeter sur le nouveau Smartphone alors que mon vieux portable marche encore... Elle est alors à la fois un acte de ''purification'' personnelle et un acte concret de refus (refus de l'injuste répartition de l'eau, refus de l'envahissement des déchets technologiques, etc)... »



N'étant pas Hans Küng, je ne me citerai pas moi-même. Mais je vous suggère de lire ce numéro de La Décroissance : vous y verrez que le journal "écolo par anticapitalisme" a un souci de l'avenir qui recoupe objectivement [2] celui de Benoît XVI... Du côté de la contestation radicale et des Casseurs de pub, le message anti-utilitariste de Caritas in Veritate peut éveiller un écho. (Cela changera des toussotements gênés de la bourgeoisie d'affaires catholique, et des hoquets des ultras).




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[1] « Le Noël des musulmans ». Autrement dit, le ramadan dégénère au point de devenir aussi marchandisé que Noël. Mais combien de musulmans savent que le Noël des hypermarchés n'est pas celui de la foi ? Confusion entre la société occidentale et le christianisme... Tant que l'on ignorera que celui-ci conteste celle-là, cette confusion persistera dans les esprits musulmans – avec des conséquences.

[2]  Le numéro de mai 2009 de La Décroissance attaquait les thèses antinatalistes d'Yves Cochet. Le numéro d'été proposait un cahier spécial : La décroissance contre Malthus.

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16:46 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écologie

Commentaires

PROMESSE

> Intéressant, la rencontre entre ce musulman et deux chrétiens, les trois étant d'accord sur le constat art de vivre /environnement. Autant le dialogue interreligieux est quasi-impossible avec l'islam, autant le dialogue interpersonnel sur des questions de cet ordre est viable. On constate qu'Issop, Taillandier et PP sont plus proches les uns des autres que des tenants du système économique actuel, quelles que soient les origines "spirituelles" de ces derniers. Voilà la vraie ligne de partage et la promesse de recompositions pour demain. Cela ringardise les vieilles démagogies des deux côtés.

Écrit par : monos, | 31/10/2009

CE QUI SERAIT LOGIQUE

> A ma connaissance, aucune philosophie/spiritualité/religion datant de plus de deux siècles (à la louche) ne fait l'apologie de la satisfaction indéfinie des désirs-pulsions, de la possession, de la guerre de tous contre tous, etc. Au contraire, toutes appellent à la maîtrise de soi, à l'attention aux autres, etc.
Notre "philosophie" moderne (et donc le modèle de société qui en est le fruit) est une aberration contraire à toute pensée.
Il est donc logique (il DEVRAIT être logique !) que toute personne un tant soit peu spirituelle refuse de rentrer dans ce jeu criminel et suicidaire.

Écrit par : PMalo, | 01/11/2009

"BORBORYGMES"

> "Hoquets" des ultras ? je dirais plutôt : "borborygmes". C'est le mot qui convient à leur exercice : émettre de longues approbations de l'enseignement du Magistère... qui condamne pourtant leurs idées. Par exemple cette hérésie lue récemment sur un de leurs sites : "'l'ethnie" citée parmi les valeurs chrétiennes ! Ils n'ont pas lu saint Paul.

Écrit par : Acht, | 01/11/2009

BON DEBUT

> J'ai lu ce dossier dans La Décroissance et je trouve que c'est un bon début pour un dialogue entre les religions monothéistes et l'écologie radicale. Celle-ci a trop souvent accusé le monothéisme d'être la cause morale du saccage de la Terre. Il est temps de voir que ce saccage vient d'un système économique qui est le contraire de la piété et de la vision de la vie monothéistes !

Écrit par : Philippa, | 01/11/2009

TRAVAILLER ENSEMBLE

> Sur le dialogue entre écolos et chrétiens, deux articles d'Alain Lipietz datant de 2007 :
http://lipietz.net/spip.php?article2112
http://lipietz.net/spip.php?article2091
Un vrai dialogue entre écolos et chrétiens est véritablement possible, et même si des divergences de vue subsistent, rien ne nous empêche de travailler ensemble, comme le répètent PP et Lipietz.

Écrit par : PMalo, | 01/11/2009

TAILLANDIER

> Quelque chose me gêne dans votre note, et me connaissant vous n'en serez pas surpris. C'est l'indication relative à François Taillandier (que je ne connais pas) comme "catholique, romancier, chroniqueur à L'Humanité"...
Le dernier point me heurte profondément. Il me semble antinomique avec le premier. Vous passez votre temps à écrire qu'il faut nous dégager des structures politiciennes qui ne permettent pas de régler le problème essentiel du bien commun. Vous renvoyez, souvent à juste titre, la droite et la gauche dos à dos. Comment peut-on concevoir qu'un catholique cohérent soit chroniqueur dans un journal communiste, qui n'a jamais rien renié de son passé et qui a soutenu, et soutient encore, l'une des deux idéologies les plus monstrueuses que l'histoire ait connues ? J'avoue mon incompréhension, alors que par ailleurs :
- nul ne saurait vous suspecter d'accointances avec cette idéologie criminelle !
- vous "modérez" activement toute référence à des auteurs ou journalistes de bord opposé, pour les mêmes raisons d'antinomie avec l'appartenance à la religion catholique.
Edouard

[ De PP à E. :
- Je n'ai pas à modérer les commentaires d'ultradroite : je n'en reçois pratiquement aucun.
- Je connais Taillandier comme écrivain (remarquable), et pour l'avoir croisé chez des amis en plusieurs circonstances ; j'ignore les tenants et aboutissants de sa collaboration à 'L'Humanité'. Je n'ai publié dans ce blog aucun de ses textes, pas plus ceux de L'Huma que les autres ; je ne vois donc pas pourquoi vous me reprochez - à moi - Taillandier.
- Si vous reprochez Taillandier à quelqu'un, il faut le reprocher à mon ami Philippe Oswald, car Taillandier a aussi une chronique dans 'Famille chrétienne' (journal bolchevik comme l'on sait).
- Taillandier est l'auteur d'un livre-témoignage catholique avec Jean-Marc Bastière, de 'Famille chrétienne' ("Deux cathos qui n’ont pas honte de l’être, Jean-Marc Bastière et François Taillandier, dialoguent sur leur vie spirituelle en croisant leurs expériences"): http://www.famillechretienne.fr/agir/temoignages/jean-marc-bastiere-et-francois-taillandier-lisent-l-introduction-de-leur-livre-video_t11_s72_d50306.html,
- Taillandier collabore aussi au 'Figaro' et à 'La Montagne'.
- Voilà ; c'est tout ce que je puis dire sur la question, mais j'espère avoir apaisé votre souci. ]

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Écrit par : Edouard, | 02/11/2009

JEAN BAPTISTE

> La seule décroissance qui vaille sûrement, c'est celle de Jean-Baptiste : "Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse." (Jean 3, 30)

Écrit par : Michel de Guibert, | 02/11/2009

SIMPLE

> Pour répondre très brièvement au sujet de la décroissance :l' "American way of life" n'est pas extensible au monde entier : il faudrait pour cela les capacités de plusieurs planètes. L'équation est donc simple : si nous voulons que tous les pays vivent ne serait-ce que décemment, il n'y a pas d'autre choix que revoir à la baisse certaines choses CHEZ NOUS.
Voilà l'idée, simplissime. Ensuite, pour les applications...
Je reconnais que le terme "décroissance" peut laisser croire (voire parfois promouvoir) certaines idées pas très catholiques. Il faut bien être d'accord sur ce qu'on met dans ce terme.

Écrit par : PMalo, | 02/11/2009

BIENS ET LIENS

> Voudriez-vous nous parler un peu du dessin qui figure sur cette double page du numéro 64 de "La décroissance" que vous nous avez encouragés à lire ?
Je vous en remercie d'avance.
Thomas

[ De PP à T. - Je ne suis responsable, ni des dessins, ni du contenu des journaux ! Je ne le suis (dans le cas présent) que du texte que j'ai envoyé à 'La Décroissance' sur son invitation. Quant au dessin : on peut apprécier diversement son graphisme, voire son goût ; mais son message - venant d'un dessinateur non chrétien - se veut visiblement positif : la phrase prêtée au Crucifié ("moins de biens, plus de liens") est un des leit-motive du journal, que l'on retrouve en partie dans le titre de la page 7, à propos d'un couple de militants de la vie sobre qui s'évertuent à "créer des liens". Voilà comment je comprends la chose. Le slogan "moins de biens, plus de liens" correspond-il à l'Evangile ? Ce n'est évidemment pas son centre, mais ce n'est pas le contraire non plus, et l'attitude qu'il prône correspond aux fruits des Béatitudes. Si l'on "cherche le Royaume et sa justice", le reste (y compris le vivre-ensemble dans la Cité) est donné par surcroît...
'La Décroissance' n'est pas un journal chrétien : c'est un journal avec lequel il est intéressant de discuter. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas, | 03/11/2009

ILS NE CESSENT DE LE RAPPELER

> Juste pour compléter, les partisans de la décroissance ne cessent de rappeler que la décroissance doit s'appliquer aux pays riches et que les pays pauvres ont légitimement le droit de se développer (le droit et non le devoir, car ils peuvent avoir d'autres valeurs et d'autres objectifs qu'augmenter leur production "façon occidentale").
Rassurez vous donc, on n'ira pas voir l'Ethiopien pour lui demander de cultiver moins de céréales.

Écrit par : Gilles Texier, | 03/11/2009

MENTAL

> Je sais que l'objection de croissance décoiffe des modernes habitués à l'horizon techno-commerce. Mais ne mélangeons pas habitudes mentales (libéralisme et vote à droite) et foi chrétienne !

Écrit par : Plöt, | 03/11/2009

"UN PEU MALHONNËTE"

> Etonnée par les soupçons de "cathos-de-chez-catho" contre la décroissance, j'ai regardé le numéro du journal du même nom dont il était question ici. Sa première page dit en effet "Résister au 'progrès' ", mais 'progrès' est entre guillemets ! Alors utiliser ce titre en ôtant les guillemets pour dire que les objecteurs de croissance sont les ennemis de tout progrès, ce serait un peu malhonnête comme raisonnement. D'autant - si mes souvenirs sont exacts - qu'il y a des mots durs de JP II et de B 16 sur un certain type de "progrès" et sur le système économique qui le fabrique. Est-ce trop dur à comprendre pour le bon catho ? Pourquoi faut-il toujours qu'il cherche des horribles idéologies intrinsèquement perverses qui rôderaient dans l'ombre autour de son bureau ? Est-il tellement en manque du défunt ennemi soviétique qu'il lui en faut un ersatz de remplacement pour pouvoir dormir tranquille sur ses dogmes économiques et sociaux conservateurs ? Mais une religion qui aurait besoin d'un ennemi pour exister serait bien fragile, non ?

Écrit par : Amicie T., | 03/11/2009

"N'EMPÊCHE"

> Exact, ils ont besoin d'un communisme pour se sentir exister par opposition. Comme le vrai communisme est mort, ils en inventent de nouveaux, forcément "intrinsèquement pervers" (ouh la sale bête): et le pire de tous est, devinez quoi, l'écologie bien sûr. Pourquoi l'écologie est-elle une sale bête ? "Parce qu'elle est la fille du communisme". Mais le communisme était furieusement anti-écologique, et le système soviétique a plus pollué le continent qu'aucun autre système ? "N'empêche." Quoi, "n'empêche", ce n'est pas une réponse ? "Si vous dites que 'n'empêche' n'est pas une réponse, c'est que vous êtes un agent du KGB." Mais il n'y a plus de KGB ? "Bien sûr que si : ce sont les écologistes."

Écrit par : Fulup | 03/11/2009

COMMUNISTES

> un couple de militants de la vie sobre qui s'évertuent à "créer des liens"...
...restés "communistes dans l'âme". Ce à quoi on pourrait objecter, par exemple, pour rester dans l'actualité :
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/091031175454.6g00rtvd.htm
Effectivement j'ai "diversement" apprécié le graphisme ET le goût du dessin. Dommage de devoir le subir pour vous lire.

Écrit par : Thomas, | 03/11/2009

MOUSTACHU

> Un peu facile de mélanger le vieux Michel moustachu de Saint-Boil, Saône et Loire, et le carnage de masse de l'URSS. Le pépé est visiblement sincère. OK, il a passé sa vie dans un appareil qu'il aurait mieux fait de fuir. Ce ne veut pas dire qu'il ne fait pas de son mieux aujourd'hui dans un sens entièrement autre. Il n'y voit pas de contradiction ? Bon, ne lui jetez pas la pierre. Il fait avec ce qu'il a.
Et puis enfin, combien de temps encore va-t-on faire comme si l'URSS existait encore et nous menaçait ? Les catholiques feraient mieux de balayer devant leur porte ceux qui se servent du vocabulaire chrétien pour trimbaler des idées pas chrétiennes du tout, genre dehors les allogènes etc.

Écrit par : Paul-Jean, | 03/11/2009

MILIEU

> De toute façon, dans un certain milieux catho, tout ce qui critique le libéralisme est bolchévique. Leurs maîtres s'appellent Friedman, Reagan ou Thatcher. Ils ne lisent les textes pontificaux que lorsqu'ils condamnent le communisme et pas ceux qui condamnent le capitalisme libéral. Il y en a même qui vous font des calculs savants pour expliquer que les suicides chez France Télécom sont normaux car dans la fourchette de la moyenne nationale. De plus, c'est la faute de la gestion socialiste de cette entreprise et pas du libéralisme, etc.

La problématique du progrès : celui qui est critiqué est celui conçu par les "lumières". C'est ce progrès matérialiste devant être sans fin ni limites dans leurs théories, d'où les réflexions de Malthus qui a bien senti qu'il y avait un problème mais qui n'a pas voulu remettre en cause ces théories. Il ne faut pas le confondre avec le développement du bien commun, qui lui, concerne les populations dans la misère comme celles des pays riches. Oui, le slogan "moins de biens et plus de liens" est juste. Il ne s'agit pas de stopper toute production, mais de stopper celles qui sont inutiles ou superficielles au profit de celles qui sont nécessaires. Par exemple, la production alimentaire qui peut nourrir toute la planète mais qui est détournée vers des transformations industrielles pour pays riches (agrocarburants, produits de beauté, plastiques bio, etc.). Donc il y a bien une décroissance de la production à mettre en place. Vous dites que "moins de biens" n'est pas un priorité, je pense que c'en est une. Sans parler de l'environnement ou des inégalités sur Terre, on ne peut avoir de vie spirituelle dans un monde tourné uniquement vers l'accumulation de bien matériels et donc la croissance sans fin de la production. Je pense que le combat contre le système matérialiste mercantile va de pair avec l'évangélisation. On ne peut évangéliser si l'on fait l'impasse là-dessus car cette consommation sans fin à une dimension spirituelle égocentrique qui empêche toute rencontre avec le Christ.

Écrit par : vf, | 03/11/2009

"UN JOURNAL NON-CONFESSIONNEL ET ALTERNATIF"

> Je suis ravie d'avoir pu vous lire sur les pages de ce journal que j'aime fréquenter depuis quelques temps. Je suis d'ailleurs étonnée à la lecture des commentaires agacés sur ce blog. Je rejoins VF à ce sujet : la décroissance n'est plus selon moi un sujet méritant encore d'être questionné. Il est clair, pour les raisons constamment évoquées sur ce blog, que c'est un projet nécessaire et, bien plus encore, souhaitable, particulièrement pour nous autres chrétiens (j'avais moi-même également récemment relu cette phrase de Jean-Baptiste sur la nécessité de décroitre pour mieux laisser Jésus grandir, à la lumière de l'actualité brûlante...).
Pour autant, je suis de plus en plus souvent choquée par l'aspect idéologique, totalitaire, des condamnations sans appel de certains articles de La Décroissance, qui confinent à l'attaque ad hominem. Leur obssession de l'"écotartufferie" m'a un temps amusée, mais je sens que ce n'était pas la meilleure partie de moi-même qui ricanait complaisamment (pas la partie chrétienne en tout cas, plutôt la partie "intellectualiste" au mauvais sens du terme).
Leurs violentes critiques de Hulot par exemple, me semblent injustifiées. J'ai bien conscience des problèmes que l'action de ce monsieur peut poser au sein d'une approche "macro" de la question, mais sa sincérité ne fait pour moi aucun doute (notamment depuis que j'ai vu son film au cinéma. Le pauvre homme a véritablement l'air égaré, tourmenté. Tous les soupçons concernant sa soi-disant volonté machiavélique de "faire du beurre" sur la crise que nous traversons me semblent largement injustifiés ! Ses propos sont très intéressants et rejoignent largement ceux des objecteurs de croissance !).
Il en va de même pour les "consommacteurs" (et Dieu sait pourtant que j'ai horreur de ces néologismes vulgaires...) dont on peut rire un peu, mais dont les intentions sont évidemment nobles. Critiquer le bio et l'équitable, par exemple, ne va pas dans le sens de l'encyclique, ce me semble. Encore une fois, je ne suis pas dupe de l'aubaine qu'est ce nouveau marché pour les multinationales, mais si on y réfléchit, acheter bio, c'est aussi, pour qui y consent, une manière d'accepter de payer plus pour des produits qui, toutes choses égales par ailleurs, respectent plus l'environnement et les producteurs. C'est donc une évolution dans les mentalités qui correspond, de manière antagonique à l'idéologie libérale moderne, à l'acceptation humable de voir le poste "alimentation" prendre une part plus importante dans son budget au détriment d'autres postes (consommation de biens, de loisirs, déplacements...).
Je trouve dommage que de tels "sacrifices", une telle "révolution" des consciences soit stigmatisés de manière clairement méprisante ("ah, ces horribles bobos plein de thunes qui veulent se racheter une conscience quand ils ne sont que les idiots utiles du système !")
Ceci étant, je continue de trouver des idées très édifiantes dans ce journal (j'ai beaucoup apprécié le dossier sur le matlhusianisme) à qui profitera à coup sûr votre collaboration ! Je trouve très positif d'apporter notre approche "catholique" de la question à un journal non confessionnel et alternatif.
C'est une formidable ouverture. Je m'en réjouis à ce point que nombre des cadeaux de noël que je compte faire cette année seront... un abonnement au dit-journal !

Écrit par : blanche, | 03/11/2009

A Paul-Jean :

> "Les catholiques feraient mieux de balayer devant leur porte ceux qui se servent du vocabulaire chrétien pour trimbaler des idées pas chrétiennes du tout, genre dehors les allogènes etc."
Mais on ferait bien aussi d'arrêter de faire une fixette sur eux : que pèsent-ils dans la planète chrétienne ?
Au demeurant soyez sans crainte nous balayons dès qu'un specimen se présente à nous dans la vie.

Écrit par : Thomas, | 03/11/2009

LE SYNODE POUR L'AFRIQUE

> Puisque le sujet abordé est "Deux religions face au monde matérialiste mercantile – Débat". J'ai trouvé utile de rappeler un extrait du Message final de la deuxième Assemblée pour l'Afrique du Synode des évêques, qui s'est déroulé au Vatican du 4 au 25 octobre.

" PARTIE VII - METTONS ENSEMBLE NOS RESSOURCES SPIRITUELLES

Nous voulons rappeler ce que le Pape Benoît XVI a dit lors de la messe inaugurale de ce Synode, à savoir que l'Afrique est « le poumon spirituel » de l'humanité aujourd'hui. C'est là une ressource plus précieuse et de plus grande valeur que les produits miniers et l'or noir. Mais le Pape nous avertit que le poumon en question court le risque d'être infecté par le double virus du matérialisme et du fanatisme religieux. Déterminé à préserver son patrimoine spirituel contre toute agression et contagion, le Synode en appelle à une collaboration œcuménique plus intense avec les frères et sœurs des autres traditions chrétiennes. Nous espérons aussi plus de dialogue et de coopération avec les musulmans, les adeptes de la Religion Traditionnelle Africaine (RTA) et ceux d'autres croyances.
Le fanatisme religieux est en train de se répandre dans le monde entier, causant des dégâts en maints endroits de l'Afrique. Dans culture religieuse traditionnelle, nous, les africains, avons un sens profond du Dieu Créateur. Ce sens de Dieu accompagne l'Africain dans sa conversion tant au Christianisme qu'à l'Islam. Quand cette ferveur religieuse en vient à être mal orientée par les fanatiques ou manipulée par les politiciens, des conflits surgissent et menacent d'engloutir tout le monde. Toutefois, quand les religions reçoivent une orientation et un leadership appropriés, elles constituent une grande force pour le bien, spécialement pour la paix et la réconciliation.
L'Assemblée a écouté beaucoup de Pères synodaux témoigner de leur succès sur les chemins du dialogue avec les musulmans. Ils ont attesté que ce dialogue fonctionne et que la collaboration est possible et souvent efficace. La réconciliation, la justice et la paix constituent en général la préoccupation des communautés entières quelles que soient les croyances. En se basant sur les nombreuses valeurs qu'ils ont en commun, chrétiens et musulmans peuvent œuvrer ensemble pour bâtir dans nos pays le règne de la paix et de la réconciliation. Ceci s'est déjà produit à plusieurs reprises. Le Synode encourage ces efforts et les donne en exemple pour d'autres.
Dialogue et collaboration réussiront dans un contexte de respect mutuel. Nous, les Évêques catholiques, nous disposons d'orientations claires pour le dialogue interreligieux. Tout en tenant ferme notre foi, nous laissons aux autres la liberté de choix. Le Synode a accueilli la bonne nouvelle de communautés musulmanes qui accordent à l'Église la liberté de culte. Elles s'ouvrent joyeusement et jouissent des œuvres sociales de l'Église. Tout en encourageant cela, nous insistons pour dire que ce n'est pas assez. La liberté de religion inclut aussi la liberté de partager sa foi, de la proposer et non de l'imposer, d'accepter et d'accueillir des convertis. Les nations qui, de par la loi, interdisent à leurs citoyens d'embrasser la foi chrétienne les privent de leur droit humain fondamental de choisir librement leur foi. Cela n'a que trop longtemps duré, et il est temps de revoir la situation sous l'angle du respect pour les droits fondamentaux de l'homme. Ce Synode prévient qu'une telle restriction des libertés empêche le dialogue sincère et contrarie une authentique collaboration. Puisque des chrétiens qui décident de changer de religion sont accueillis dans les rangs des musulmans, il doit y avoir réciprocité en cette matière. La bonne direction à prendre c'est le respect mutuel. Dans le monde d'aujourd'hui, il faut donner à chaque croyance l'occasion de contribuer pleinement au bien de l'humanité. "

Depuis
http://www.zenit.org/article-22521?l=french

Écrit par : Iader, | 03/11/2009

A propos de mon commentaire sur Taillandier

@ PP : pourquoi manier l'ironie ( ultradroite, bolchevik, etc.) et vous sentir personnellement visé ? J'ai posé une question qui me semble dans la logique habituelle de ce blog, relative à la compatibilité intellectuelle et spirituelle entre catholicisme et collaboration à un journal communiste. Cela ne vaut nul jugement de valeur à votre égard, ni à l'égard de Taillandier. C'est simplement l'expression d'une surprise, que vous avez d'ailleurs augmentée dans votre réponse. En effet, lire qu'un écrivain collabore à des journaux aussi opposés anthropologiquement que l'Huma et Famille Chrétienne (je ne parle pas du Figaro qui nous sert une bouillie informe et dénuée d'intérêt ni de la Montagne que je ne connais pas) est pour le moins incompréhensible ! Et en ce qui concerne la modération des commentaires faisant état de propos d'autres personnes, je ne pensais pas à des commentateurs, mais plutôt à la question : publieriez-vous une note du style "Libéralisme et Ecologie sont-ils compatibles ? Vif débat hier sur Radio Courtoisie entre Alain Minc, Henry de Lesquen et moi..." ? Je ne le crois pas !
Aux autres blogueurs : le communisme comme système économique est mort. Comme système d'oppression il bouge encore. Comme totalitarisme monstrueux, il a rejoint le nazisme dans une (presque) universelle opprobre, et comme son frère jumeau, il n'est plus une menace. Bien entendu. Certains agitent cependant, de part et d'autre, cette menace à intervalle régulier pour mieux diaboliser leurs adversaires. Cela n'empêche pas déplorer que certains n'aient jamais rien regretté, et n'aient jamais battu leur coulpe pour leur complicité avec les crimes de ce système. Je pense à certain journal du soir par exemple, qui faisait ses choux gras de la "libération" de Phnom Penh en 1975... Et puis, au dela de l'aspect historique, l'aspect intellectuel et spirituel est bien plus important. Dénier toute convergence entre notre foi, nos exigences évangéliques, et l'idéologie libérale est une évidence. Cela l'est aussi en ce qui concerne nazisme et communisme. On ne peut pas être chrétien et nazi, on ne peut pas être chrétien et communiste, même sur le seul plan des idées ! J'entends bien que l'ouvrier moustachu qui va à la messe trois fois par an et milite au PCF est un peu loin de ces considérations, et je ne peux pas lui en faire le reproche. En revanche, de la part de gens dont l'éducation, l'instruction et le niveau intellectuel est supérieur, c'est une contradiction aussi évidente que celle que vivent les cathos libéraux de ma famille qui votent Sarkozy à deux mains, et sont favorables au traité de Lisbonne !
C'est cela que je veux mettre en évidence et non un quelconque sentiment imbécile de réaction épidermique à la menace révolutionnaire !

Écrit par : Edouard, | 03/11/2009

JE ME FELICITE DU DIALOGUE

> Objecteur de croissance et fidèle lecteur du journal, je ne suis pas croyant, mais je me félicite du dialogue qui s'instaure entre croyants (qu'ils soient musulmans ou catholiques ou autres) et écologistes radicaux (je précise quand même, radicaux au sens "qui remonte à la racine"). J'avais à Noël dernier offert votre livre ("l'écologie de la bible à nos jour")à mes beaux parents, eux fidèles parmi les fidèles, et je ne regrette pas mon geste, il m'a permis comme vous l'avez fait d'établir un pont de compréhension entre 2 "communautés" (!) qui ont souvent du mal à s'entendre...Continuons dans ce sens, on a du pain (bio et local) sur la planche (de bois)!

Écrit par : Fran, | 09/11/2009

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