Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/10/2009

Europe, OGM, moralité publique, christianisme, Bruxelles, Pologne, etc : un arrêt révélateur de la Cour de justice européenne

MaisTransgenique_big[1].jpg...qui met en lumière, à la fois, le devoir écologique du chrétien et la position ambiguë de l'UE envers la moralité publique :


 

Décision de la Cour de justice des communautés européennes : la moralité publique dans tous les domaines (y compris environnemental) n'est un intérêt recevable que si elle est reconnue et protégée par « l'ordonnancement juridique interne des pays membres ». Cette jurisprudence joue ici en faveur des OGM, pourtant rejetés par la population polonaise. Trois informations intéressantes se dégagent de ses attendus :

1. la « conception chrétienne de la vie », qui existe en Pologne, s'oppose aux OGM ! Leçon aux dadais écolophobes français : l'écologie est un tout, elle s'applique autant à l'humain qu'à la nature environnante, et le chrétien doit se sentir responsable de la Création qui lui est confiée par le Créateur [*].

2. la Commission de Bruxelles se permet de dire si telle ou telle mesure concerne ou non les « finalités religieuses et éthiques » ! Prétention ahurissante, à l'époque du relativisme dont l'UE est le parangon ;

3. la technostructure de l'UE ne prend pas en compte les protestations de l'opinion publique, légalisme qui ne surprendra personne. (Surtout en matière d'OGM, sachant la complaisance de Bruxelles envers le lobby biotech).

 -

---------------

ARRÊT DE LA COUR (deuxième chambre), 16 juillet 2009

Affaire C 165/08, Commission c/ Pologne : importation OGM, moralité publique



"  ...À cet égard, la République de Pologne met successivement en avant une conception chrétienne de la vie qui s’oppose à ce que des organismes vivants créés par Dieu soient manipulés et transformés en matériaux objets de droits de propriété industrielle, une conception chrétienne et humaniste du progrès et du développement qui commande un respect du projet de la création ainsi que la recherche d’une harmonie entre l’homme et la nature et, enfin, des principes chrétiens et humanistes concernant l’ordre social, la réduction d’organismes vivants au rang de produit à de pures fins commerciales étant notamment susceptible de miner les fondements de la société."

51      À cet égard, la Cour estime, toutefois, que, aux fins de trancher la présente affaire, il n’est pas nécessaire de se prononcer sur la question de savoir si, et dans quelle mesure et à quelles conditions éventuelles, les États membres conservent une faculté d’invoquer des arguments d’ordre éthique ou religieux pour justifier l’adoption de mesures internes qui, à l’instar des dispositions nationales litigieuses, dérogeraient aux dispositions des directives 2001/18 et 2002/53.

52      En l’occurrence, en effet, il suffit de constater que la République de Pologne, à laquelle incomberait, en pareille hypothèse, la charge de la preuve, n’a, en tout état de cause, pas établi que les dispositions nationales litigieuses auraient effectivement poursuivi les finalités religieuses et éthiques alléguées, finalités dont la réalité est par ailleurs mise en doute par la Commission.

53      Il convient de rappeler qu’il ressort de la jurisprudence qu’il incombe aux États membres de démontrer que les conditions permettant une dérogation à l’article 28 CE sont réunies (voir, en ce sens, arrêt du 10 février 2009, Commission/Italie, C 110/05, non encore publié au Recueil, point 62). C’est ainsi, en particulier, que lorsqu’un État membre contre lequel est dirigé un recours en constatation de manquement invoque, en défense, une justification tirée de l’article 30 CE, la Cour n’est appelée à examiner semblable justification que pour autant qu’il soit constant ou dûment établi que la réglementation nationale en cause poursuit effectivement les finalités que lui prête à cet égard l’État défendeur (voir en ce sens, notamment, arrêts du 8 février 1983, Commission/Royaume-Uni, 124/81, Rec. p. 203, point 35; du 15 novembre 2005, Commission/Autriche, C 320/03, Rec. p. I 9871, point 71, et du 11 septembre 2008, Commission/Allemagne, C 141/07, non encore publié au Recueil, point 47).

54      S’agissant plus particulièrement de la justification tirée de la protection de la moralité publique invoquée par la République de Pologne dans le cadre de la présente affaire, force est de considérer, premièrement, que ne sauraient satisfaire à une telle exigence probatoire des affirmations aussi générales que celles mises en avant par cet État membre durant la phase précontentieuse et consistant à se référer aux craintes en matière environnementale et de santé publique et à la forte opposition manifestées par la population polonaise à l’encontre des OGM ou encore au fait que les assemblées des voïvodies auraient adopté des résolutions déclarant que les territoires des voïvodies devraient être exempts de cultures génétiquement modifiées et d’OGM.

55      En effet, il apparaît que, dans ces conditions, la moralité publique n’est en réalité pas invoquée à titre autonome mais se confond avec la justification tenant à la protection de l’environnement et de la santé qui font, en l’occurrence, précisément l’objet de la directive 2001/18 (voir, en ce sens, arrêt du 19 mars 1998, Compassion in World Farming, C 1/96, Rec. p. I 1251, point 66).

56      Or, un État membre ne saurait se fonder ainsi sur le point de vue d’une partie de l’opinion publique pour remettre en cause unilatéralement une mesure d’harmonisation arrêtée par les institutions communautaires (voir arrêt Compassion in World Farming, précité, point 67). Ainsi que la Cour l’a rappelé dans une affaire ayant précisément trait à la directive 2001/18, un État membre ne saurait notamment exciper de difficultés d’application apparues au stade de l’exécution d’un acte communautaire, y compris liées à la résistance de particuliers, pour justifier le non-respect des obligations et des délais résultant des normes du droit communautaire (voir arrêt du 9 décembre 2008, Commission/France, C 121/07, non encore publié au Recueil, point 72).

57      Deuxièmement, et s’agissant des arguments d’ordre plus spécifiquement religieux ou éthique mis en avant par la République de Pologne, pour la première fois, dans le cadre de ses mémoires en défense et en duplique déposés devant la Cour, il convient de constater que ledit État membre n’a pas établi que de telles considérations auraient effectivement été à la base de l’adoption des dispositions nationales litigieuses."

 

______

[*] Sinon c'est un faux chrétien. (Les exemples ne manquent pas, hélas).

-

10:44 Publié dans Ecologie, Europe | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : christianisme

Commentaires

EXCELLENTS POLONAIS

> Excellents Polonais ! Et en effet quelle leçon pour les petits messieurs français toujours accrochés à célébrer la Pologne quand il s'agit de morale familiale, mais qui deviennent sourds-muets quand on découvre que ces paysans polonais si catholiques le sont dans tous les domaines, y compris face à la violence faite par l'argent à la Création. Les petits messieurs n'ont pas lu la moitié de Caritas in Veritate, ceci leur a reposé la vue.

Écrit par : Amicie T., | 29/10/2009

CONSTRUCTION EUROPEENNE

> Deux observations :
1- je suis juriste, et pourtant je ne comprends rien à ce charabia.
2- au risque de passer pour "intégro-lepéniste", je remarque que la "construction" européenne est une dictature, ou pire, un totalitarisme qui foule aux pieds la volonté des peuples et de ce qui reste des nations, et viole allègrement les traités internationaux puisque c'est la cour de Justice qui décide, unilatéralement et sans recours, de l'interprétation des textes dans un sens extensif...
Mais combien de catholiques continuent béatement à voter en faveur de ces dictateurs, pour des motifs imbéciles ? Du genre "les intégro-lepénistes" sont contre, alors moi je suis pour... Ce qu'on appelle un réflexe idéologique !

Écrit par : Edouard, | 29/10/2009

ECOLOGIE ET "COMBAT CATHO"

> Certes Edouard, mais ce n'est pas le point positif même si je suis d'accord avec vous sur la nature non démocratique de la "construction" européenne. Le sujet est de découvrir, à travers le charabia effectif de cet arrêt, que pour les fameux cathos polonais combatifs, l'écologie fait partie du combat catho ! idée qui donnerait des cauchemars aux "intégro-lepénistes" dont vous nous parlez par ailleurs.

Écrit par : mzar, | 29/10/2009

ECONOMIE "LAÏQUE"

> L'économie (laïque et) libérale est le fond politique de la CEE. Tout ce qui peut freiner cette dynamique doit être écarté. Le n°51 de l'arrêt décrit parfaitement l'action radicale et hégémonique menée. Si besoin était nous voilà prévenus. Proclamons l'évangile !

Écrit par : Flamingo, | 29/10/2009

TRADUIT DE L'EUROPEEN EN FRANCAIS

> Pourriez vous me traduire ce que veut dire :
"La moralité publique dans tous les domaines (y compris environnemental) n'est recevable que si elle est reconnue et protégée par l'ordonnancement juridique interne des pays membres."
Merci beaucoup
FL

[ De PP à FL - Ces lignes veulent dire que :
- des questions de société (par exemple environnementales) peuvent faire partie de la moralité publique, chose qu'un catholique ne devrait pas nier (et que les Polonais invoquent à l'appui de leur action contre les OGM) ;
- "recevable", en termes judiciaires, signifie : intérêt apte à être pris en compte par une juridiction ;
- "ordonnancement juridique interne des pays membres", en langage bruxellois, veut dire : les diverses législations nationales. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : F. Lecoufle, | 29/10/2009

BABEL

> Merci à PP pour cette traduction, qui ne répond pas qu'à FL. Il y a eu "l'Hexagonal tel qu'on le parle", il serait temps d'établir le même genre d'ouvrage pour traduire en langage courant le jargon de la communauté européenne. Ca fait penser à la tour de Babel. L'un qui dit une chose, dix qui entendent et comprennent chacun une chose différente. Le langage n'est plus un moyen pour les hommes de communiquer. Je comprends mieux un aphorisme que citait régulièrement un ami de mon père : le langage a été donné à l'homme pour déguiser sa pensée.

Écrit par : Barbara, | 31/10/2009

Les commentaires sont fermés.