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17/10/2009

« Migrer massivement à l'extrême gauche » ? Non, ce n'est pas de ça qu'il s'agit !

montaigne.jpgUn lecteur qui signe 'Montaigne' se demande

si ce blog veut "réussir un tournant historique

à peu près comparable au baptême de Clovis" :


 

<< Je constate que depuis plusieurs mois PdP ne ménage pas ses efforts pour gagner les catholiques à un modèle radicalement anticapitaliste, mais concrètement où envisage-t-il de faire migrer politiquement les catholiques ? Nous parlons évidemment des catholiques plutôt orthodoxes en leurs croyances, observants, conscients, préoccupés par la cohérence de leurs choix politiques et religieux en tous cas... les autres étant depuis longtemps hors d'atteinte !). Pense-t-il qu'en migrant "massivement" (hélas,ce ne serait guère le cas !) à l'extrême gauche, il réussirait un tournant historique à peu près comparable au baptême de Clovis? C'est certainement peu probable quand on sait que la gauche – et en particulier l'extrême gauche française – a l'anti-christianisme (et singulièrement l'anticatholicisme) pour ciment principal... Alors quoi ? En définitive et sans le vouloir, ne travaille-t-il pas en fait pour le MoDem dont le président fondateur ratisse toujours large au gré des vents, a lui aussi ces derniers mois fait profession d'anticapitalisme, et se souviendra certainement, peu avant les élections de 2012, qu'il est l'héritier historique de la démocratie chrétienne dont il a allègrement jeté par dessus bord tous les principes ces dernières années ?...Je suis désolé de constater que dans tout cela, de l'extrême gauche à l'extrême droite, rien n'est en effet bien appétissant ! >>



Rien de tout cela, en effet. Mais « Montaigne » ajoute une question inadéquate à une observation juste.

L'observation juste concerne l'« anticapitalisme », ou plus exactement la critique du système économique actuel. Ce n'est pas une lubie : c'est une application correcte des encycliques sociales.

Mais la question inadéquate est : « où faire migrer politiquement les catholiques ».

Il n'y a aucun lieu politique digne de cette migration. Pour s'en convaincre, relisons l'encyclique Caritas in Veritate : elle conteste le système économique actuel, qui blesse « l'environnement naturel et la société environnante ». Elle explique ce système par la vision « productiviste et utilitariste », qui se trompe sur la condition humaine et le rôle de l'économique. Elle propose que l'on installe, au coeur de l'économie, une force étrangère au capitalisme libéral : la solidarité sociale, le mutualisme, le don, la gratuité. Tailler une place au « non-profit » dans un système qui ne connaît que le profit, c'est proposer une révolution. Y a-t-il en 2009 un parti politique crédible qui lève le drapeau de cette révolution ? Aucun ! Pas plus le MoDem que les autres... Je ne propose donc aucunement de « migrer » où que ce soit : je plaide pour que les catholiques étudient et approfondissent le message social de Benoît XVI, qu'ils admettent que ce message est révolutionnaire (c'est-à-dire évangélique), et qu'ils cessent de tenter d'ajuster ce message à des carcans partisans – de droite ou de gauche – qui sont tous incompatibles avec lui par un point ou par un autre.

Un catho de droite faisant comme si la xénophobie n'était pas grave, piétine une partie de la pensée de l'Eglise.

Un catho de gauche faisant comme si l'avortement n'était pas grave, piétine une autre partie de la pensée de l'Eglise.

Un catho libéral soutenant que les suicidés de France Télécom sont moins à considérer que les gains de productivité de cette firme, crache à la face du Christ...

Je plaide pour que les catholiques unifient leur foi chrétienne et leurs réactions quotidiennes (leur façon de vivre et de penser), et qu'ils prennent au sérieux beaucoup moins leurs origines politiques diverses que leur foi commune. Mais pour en venir là, il leur faut la foi. Plus elle sera forte, moins ils accorderont d'importance aux pressions séculières, aux coutumes claniques, aux réflexes de milieu. Décanter ces coutumes et réflexes, nous libérer des pressions, c'est mon propos. Je ne prétends à rien d'autre. Croyez-moi, c'est déjà un chantier.

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12:06 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : christianisme

Commentaires

> Bravo, cher Patrice de Plunkett, je souscris tout entier !

Écrit par : Michel de Guibert, | 17/10/2009

NI DROITE NI GAUCHE

> Que Montaigne me permette de dire que je me retrouve très à l'aise sur le blog de Patrice de Plunkett mais que je n'ai pas l'impression que Patrice de Plunkett me "fait migrer" telle la cigogne derrière son chef : je me sens adulte capable de me déterminer, comme tout le monde, je pense. Et c'est d'ailleurs entre autres parce que je sens un esprit de liberté et non des rélexes de clan que j'apprécie ce blog. Cela est le premier point.
Le deuxième est que je suis catholique et qu'à mes yeux cela n'a rien à voir, ne lui déplaise, mais alors RIEN, avec le fait d'être de droite ou de gauche.

Écrit par : olivier le Pivain, | 17/10/2009

"REFERENCES INEPTES"

> Entièrement d'accord avec Patrice. C'est exactement ce que j'essaie de faire passer et qui bloque chez les progressistes de ma paroisse et les bcbg du groupe de prière de ma femme. Ecoutons l'Eglise pour suivre le Christ et abandonnons une fois pour toute ces maudite références politiques qui, en plus d'être mauvaises, sont ineptes.

Écrit par : vf, | 17/10/2009

UN PEU RADICAL

> PP a dit : "Y a-t-il en 2009 un parti politique crédible qui lève le drapeau de cette révolution ? Aucun !" Je vous trouve un peu radical : cf. le parti politique dont j'ai déjà parlé sur votre blog : Solidarité - Liberté, Justice et Paix. Ce parti part certes de très loin en terme de "représentation politique", mais il mérite à mon avis plus qu'on le soutienne plutôt qu'on "nie son existence" ;)
Je dis tout ça sur un ton très souriant et fraternel (l'écrit trahit souvent l'humeur du moment - du coup désolé, mais j'ai eu recours aux smileys).
Cela dit, je me souviens avoir parlé de ça avec le président de Solidarité, en peu en rigolant parce que c'est tout à fait superficiel : de savoir, en cas d'élection de l'un d'entre nous, où sièger dans l'assemblée. Gauche ? Droite ? C'est très marrant, parce qu'avec la représentation actuelle des polarités dans l'hémicycle, on ne saurait pas où s'asseoir. Peut-être serions-nous malgré tout obligés de nous tailler une place au centre, mais sans nous confondre pour autant avec la girouette du modem. En tout cas je trouve que cette absence de "place à prendre" dans l'hémicycle est assez signifiante de la vocation du parti Solidarité, qui recherche moins à prendre du pouvoir ou à faire du bruit partisan, qu'à représenter des valeurs et des idées portées par les citoyens dans le cadre de l'expression démocratique. Enfin, c'est comme ça que je le vois.

Écrit par : Pneumatis, | 17/10/2009

CRUCIFIANT

> Je suis aussi entièrement d'accord avec vous. Je émettrais peut-être un bémol ou une remarque (j'ignore dans quelle catégorie situer ce qui suit) : au moment de déposer le bulletin dans l'urne, on ne peut pas voter blanc à tous les coups ; il faut donc choisir celui qui nous paraît le "moins pire" dans le menu ou les plats du jour du scrutin et c'est parfois crucifiant.
Bon WE.

Écrit par : J.M.P., | 17/10/2009

MACHIAVEL ?

> Et s'il n'y avait pas de solution ni à droite ni à gauche. Olivier le Pivain a raison : "rien à voir avec le fait d'être de droite ou de gauche." Que résume vf: "abandonnons une fois pour toute ces maudites références politiques qui sont ineptes".
Nous observons un monde dont les évolutions nous semblent dramatiques et ne voyons aucune stratégie capable de répondre à certaines de nos angoisses.
1. D'un point de vue moral, rien à gagner par appui à l'un des camps : l'actualité de ces derniers jours est particulièrement édifiante,
2. Face à l'invasion destructrice de l'islam, le citoyen doit penser en termes chrétiens (recevoir l'étranger) et le Prince (en démocratie, le Prince c'est nous) en termes politiques (protéger la société avant qu'elle soit subjuguée). Machiavel ne dit rien d'autre.

Écrit par : René de Sévérac, | 17/10/2009

CHANGEMENT

> Si je comprends bien, il faut abandonner le dualisme gauche/droite issu de la révolution française... Bon..., mais alors... nous changeons complètement de société.

Écrit par : 13, | 17/10/2009

> Et oui, cher 13, il faut changer de société.

Écrit par : vf, | 17/10/2009

ANALYSES

> Pour répondre à Montaigne permettez moi d'écrire que je me retrouve en tant que catholique dans bon nombre de vos analyses et prises de position.

Écrit par : Thierry, | 17/10/2009

ESSAYONS DE "REFLECHIR"

> Ce débat est intéressant mais je voudrais modérer l'enthousiasme antilibéral de P de Plunkett en l'invitant à réfléchir à ceci :
1 - toute régulation implique l'intervention d'institutions et d'hommes - or dans l'univers actuel,je ne vois guère quel régulateur pourrait inspirer une pleine confiance pour réguler l'économie : l'autorité des marchés financiers ? la banque centrale européenne ? la Banque de France ? le Trésor ? l'inspection des finances ? la commission de Bruxelles ? le FMI ? l'ONU ? l'OMC ?
2 - la liste ci-dessus montre d'aillleurs qu'en fait de régulation nous sommes plus menacés par le trop plein que par le vide !
3 - contrairement à ce que vous me semblez penser, notre économie est déjà tres encadrée et régulée - pr exemple il est de fait impossible de créer une nouvelle banque en France..il est même extrêmement difficile de lancer une OPA en bourse (cela durera des mois avec des audiences multiples en justice et des dizaines de millions d'honoraires pour les conseils divers ...).
4 - vos adversaires prétendent croire au marché mais c'est à mon avis largement discutable : ils adhèrent plutôt aux vues d'un grand capital qui aspire au monopole et ne croit pas à la créativité de la liberté.
Question finale: en faisant l'éloge de l'intervention de l'Etat ne risquez vous pas d'aboutir à la mise de l'économie en coupe réglée au profit d'un petit nombre de tres grandes entreprises en liens officieux avec les oligarchies politico-administratives (sans oublier le show-bizz médiatique) ?
En revanche d'accord avec votre méthode : aujourd'hui il ne faut pas de "parti catholique" (c'est d'ailleurs sans espoir) mais je pense qu'il faudrait plutôt une vision catholique de la vie collective qui influence tant l'UMP que le PS. Si cette vision pouvait au moins défendre le concept de "bien commun" comme fondement de l'action politique ce serait un pas dans la bonne direction.
Philippe C


[ De PP à PhC :
- Je suis souvent étonné de voir les libéraux utiliser comme argument en faveur du libéralisme, le fait que le lbéralisme ne fonctionne pas. (A les entendre, ce dysfonctionnement lui-même montre que le libéralisme est la seule voie possible).
- Notre système a trop de régulation là où il en faudrait moins, mais n'en a pas là où il en faudrait une (et sévère). Ne confondons pas les domaines.
- Si vous voulez bien me relire, vous constaterez que je ne fais confiance ni aux pouvoirs publics actuels ni aux institutions économiques actuelles, qui ont donné la mesure de leur inefficacité.
- Si vous relisez Benoît XVI, vous verrez qu'il ne se fait aucune illusion sur ces pouvoirs et institutions. Mais lui aussi souligne : a) la nécessité de pouvoirs publics qui réassumeraient leur mission ; b) la nécessité d'une "autorité politique mondiale" en matière économique.
Ce qui veut dire une "révolution" faisant naître ces nouveaux pouvoirs publics et cette autorité mondiale, pour l'heure inexistants.
- D'autre part, Benoît XVI souligne que la voie correcte consisterait à ne pas laisser en tête à tête l'Etat et le marché, mais à faire fleurir la société civile.
- Je ne fais qu'appliquer ces idées. Ne voyez pas d' "enthousiasme" (ce qui veut dire "lubie", "lyrisme", etc) là où il n'y a qu'analyse...
- La radicalité des analyses économiques et politiques du pape déconcerte les catholiques français, habitués aux discours consensuels ; mais cette radicalité est un fait. Et même : une feuille de route pour nous tous. ]

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Écrit par : Philippe C, | 18/10/2009

> Merci de votre réponse - j'ai pour ma part trouvé que les thèses de Caritas in Veritate ont parfois été simplifiées - notamment en escamotant la nécessaire responsabilité de la société civile ou les limites éthiques à l'action des pouvoirs publics (pourtant rappelées par le Pape).
Cela dit je me demande si vous ne devriez pas laisser tomber les "ismes" et porter un regard plus lucide (et plus critique) sur les hommes : dans le contexte actuel l'action des dirigeants politiques ou économiques vise-t-elle à réguler l'économie mondiale dans la recherche du bien commun ou dans leur propre intérêt (bref à sauver leurs salaires et l'avenir de leurs enfants)?
Si vous confiez une "sévère régulation" à Michel Pebereau croyez vous que la BNP en souffrira ? "Qui gardera les gardiens ?" (je rappelle qu'actuellement le conseiller le plus écouté du Président en matière bancaire est le PDG de la BNP)
Pour ma part je préconiserais plutôt un peu plus d'éthique personnelle - et familiale - dans la sélection de nos dirigeants administratifs et financiers - voire politiques. Car l'inconvénient des grandes discusssions sur les principes (libéralisme, marxisme, etc ...) est d'aboutir à disculper les êtres humains qui prennent les décisions !
Philippe C


[ De PP à PhC :

- Les thèses de l'encyclique ont peut-être été « simplifiées », en certains cas, dans le sens que vous mentionnez. Mais dans 90 % des cas (conférences etc), elles ont été carrément déformées dans l'autre sens : celui d'une défense du statu quo, ce qui est le contraire de la pensée du pape. Il était donc nécessaire de rappeler l'intégralité de cette pensée, notamment : a) son appel insistant à ce que l'Etat réassume sa mission fondamentale, qui est le bien commun ; b) sa définition du bien commun, comme étant autre chose que l'ensemble contradictoire des intérêts particuliers. Ce sont là des notions élémentaires de la pensée catholique classique ; il est significatif que le pape doive les rappeler... aux catholiques, décervelés qu'ils sont par vingt ans de formatage néolibéral.
- Si j'ose dire, méfiez-vous de la méfiance envers les "ismes". Les mentionner et les utiliser dans l'analyse relève de la charité chrétienne. Les "ismes" désignent en effet des forces supérieures à celles de l'individu, et dont la pression réduit la responsabilité de celui-ci. L'individu a sa marge d'autonomie dans laquelle il doit s'efforcer d'agir avec droiture, mais cette marge a été dramatiquement réduite depuis vingt ans par le système économique. Donc, à trop exiger des individus, le moraliste leur imposerait un fardeau disproportionné :
ils sont engrenés dans un système impérieux qu'ils ne peuvent pas modifier. Exemple : les managers de France Télécom, qui n'ont fait qu'appliquer les ordres de la direction !
Quant à la direction elle-même, elle dit ne pouvoir agir autrement si elle veut faire face
à la concurrence internationale... C'est donc le système tout entier qui est "structure de péché". Et il repose sur une idéologie : celle que Jean-Paul II appelait « matérialisme mercantile ». (Ainsi le pape lui-même se sert des « ismes » ! Il n'y a que dans les business schools que cet usage des « ismes » soit méprisé : la Technique a toujours prétendu à l'objectivité absolue, pour pouvoir snober les contestataires. Le problème est qu'un monde réduit à la technique est un enfer).
- Quant à confier une régulation à Pébereau, comme vous dites... Pardon, relisez-moi ! Je ne fais aucune confiance à cette classe ni à ses organisations, qui ont prouvé en 2008 – et en 2009 de façon pire – de quoi ils sont capables. Mais je vous le répète, s'en prendre aux individus si l'on ne change pas le système, c'est vouloir faire de l'architecture sous un bombardement. Raison pour laquelle l'encyclique, ne se contentant pas de prêcher la vertu aux personnes, réclame... de nouvelles structures, différentes de celles du passé et animées par un esprit nouveau ! ]

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Écrit par : Philippe C, | 18/10/2009

SCANDALISE

> Je suis d'abord SCANDALISE que ce personnage ose emprunter le patronyme d'une des fondateurs de l'humanisme français.
Ensuite , je pense qu'on peut se situer à droite tout en détestant l'ultra ultra ultra libéralisme. Surtout quan on se réfère au Général qui défendait une droite sociale. C'est le coup classique quand on critique le Président de la République on est disciple de Besancenot. Il suffit de s'apercevoir que la droite incarnée par le gouvernement est à mille coudées hors de la droite traditionnelle.
Bernard


[ De PP à B. - Je suis moins scandalisé que vous, et j'ai plutôt trouvé que la question de "Montaigne" était stimulante ; d'où la réponse que je lui ai faite... Quant à la droite traditionnelle, je témoigne (pour avoir dû vivre dedans durant mes années Figaro) que c'est un univers bien aride, et bien peu soucieux de cohérence : ainsi tel garçon RPR toujours fourré à la messe dans son seizième arrondissement, et chaud partisan de la suppression du repos dominical. C'était en 1990. Déjà. ]

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Écrit par : Bernard, | 18/10/2009

A TRAVERS LES SIECLES

> Tout à fait d'accord: il est illusoire de penser que les catholiques puissent aller vers tel ou tel parti. Poser la question, c'est ne pas sortir d'un risque d'inféodation du catholicisme à un engagement temporel, la démarche même qui a tant desservi l'Eglise à travers les siècles.

Écrit par : LD, | 18/10/2009

CONNAITRE ET COMPRENDRE

> Je suis catholique. Je vis en France. Au 21e siècle. Par conséquent je tâche de voter pour ce qu'il y a de plus proche de la foi catho, pour la France, aujourd'hui. Je ne suis pas catho schizophrène (hypocrite ?), catho le dimanche et à la maison qui vote ensuite selon d'autres valeurs (construites par les hommes) le restant du temps. Sinon, comment puis-je dire que je crois en Dieu ? si je mets la politique à sa place ? L'attitude du MoDem c'est cela : les convictions religieuses ne doivent pas empiéter sur la politique. Ce qui entraîne que la politique prend la place de Dieu. Cela s'appelle "idolâtrie". Je fais Dieu à mon image.
Cette attitude est dûe à la croyance très répandue (hélas chez bcp de cathos aussi ) que ce que dit l'Eglise est une tradition, une habitude, une opinion comme tant d'autres. C'est ce qu'on croit tant qu'on n'a pas étudié la doctrine sociale de l'Eglise : on croit que les avis de l'Eglise sont des oukases, des caprices ne reposant sur rien ou plutôt sur rien d'autre que sur une idée indiscutable et indiscutée, bref un fanatisme.
Or la définition de la foi de l'homme dans le catholicisme c'est "l'adhésion de son intelligence à la Vérité révélée par Dieu". Certes, c'est Dieu qui la révèle (l'homme seul n'en est pas capable, mais peut s'en approcher par le bon sens) mais une fois la révélation faite, l'homme peut par son intelligence comprendre que cela est logique, que cela seul correspond à l'humanité et la mène au Bien par la justice. Les désirs profonds de l'homme reflètent la nature que Dieu lui a donnée. L'homme trouve son accomplissement en Dieu. L'homme est à l'image de Dieu. Il ne suffit pas de le dire parce qu'on l'a entendu au caté en refusant d'en appliquer les suites ds ses options politiques, il faut comprendre la logique qui va avec, pour l'appliquer.
Dans le catholicisme, on demande aux hommes de croire intelligemment c'est-à-dire librement sinon, les hommes sont des robots. Jésus n'aurait pu se sacrifier pour donner la vie éternelle à des robots. D'ailleurs c'est un salut qui est proposé et à saisir ce dont sont incapables des robots. Ce choix mystique, l'homme le marque par les choix terrestres qu'il fait dans sa vie quotidienne pour voir ce qu'il y a de mieux. Cela passe donc par un amour du Bien qui est accessible à tous, croyants ou non. On n'a jamais dit "heureux les croyants" mais "heureux les hommes de bonne volonté".
"Aime et fais ce que voudras " Oui mais merci de ne pas oublier que aimer quelque chose ou quelqu'un signifie vouloir son bien ; ce qui demande de la réflexion, de l'intelligence. Ce qu'il faut aimer d'abord c'est le Bien; amour absolu qui englobe celui des êtres, choses et personnes.
Mon amour pour mon pays ne peut aller contre l'amour de Dieu qui l'a créé ; il le confirme
Un catho qui ne connait pas la doctrine sociale de l'Eglise, se borne à voter selon ses pressentiments, voire ses sentiments, bons ou erronés. Connaître et comprendre la doctrine sociale lui permet en revanche de voter selon la Justice.

Écrit par : levavasseur, | 19/10/2009

INTERROGATIONS

> Ces questions sont naturellement très intéressantes. Les chrétiens doivent prendre part à la vie politique, au moins en faisant pression, par l'exemple, le discours, les activités diverses qui les impliquent (économiques, associatives, culturelles, artistiques...), sur le monde qui les entoure et, incidemment ou directement, sur les pouvoirs politiques et publiques.
Mais ds un monde déchristianisé, peuvent-ils trouver leur place et s'exprimer via le scrutin et les partis politiques ? Si nous en sommes rendus à une situation similaire à celles des premiers chrétiens au sein de l'Empire romain païen, n'est-il pas illusoire de penser peser d'une manière ou d'une autre à l'aide de l'arme de prédilection du bourgeois, j'ai nommé le bulletin de vote ? Voter à gauche, c'est renier certaines ppes moraux de l'Eglise, voter à droite n'est guère plus satisfaisant tant au niveau des moeurs et carrément catastrophique le + souvent au plan socio-économique. l'echec de la démocratie chrétienne a consacré les difficultés inhérentes à l'existence d'un mode de représentation politique des chrétiens (ce qui, finalement, rejoint les propos de Jésus relatifs à César...) Le vote blanc, oui, pourquoi pas ? Mais concrètement, qu'a-t-on fait lorsqu'on a voté blanc, si ce n'est donner encore + de légitimité au système au nom de cette idole indéboulonnable qu'est le droit de vote ainsi qu'aux notions d'intérêt général ou, pire encore, de Volonté générale (antagoniques au Bien Commun et à la Vérité) ?
Et même dans le cas de questions sociétales traitées par mode référendaire, comment agir ? A la question "êtes-vous favorables au mariage des homosexuels et au droit à l'adoption pour eux ?", que répondre ? Le oui est difficilement envisageable pour un catholique, le non ne fait que servir de caution démocratique lorsque le oui l'emporte ("ah, vous voyez, nous avons consulté l'opinion... Le peuple éclairé a tranché !")
L'abstention n'est-elle pas le nouveau geste politiquement fort ? Je ne dis pas, dans l'absolu, je dis, ici et maintenant, histoire de ne pas cautionner le "théâtre d'ombres" qu'évoque PP.
En me relisant, j'ai conscience de ce que mes propos peuvent avoir de choquant et je suis la première à m'interroger sur leur bien-fondé. Mais les alternatives me semblent tout aussi navrantes.
blanche


[ De PP à B. - Vos interrogations sont très pertinentes. Merci de les avoir exprimées. ]

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Écrit par : blanche, | 19/10/2009

@ BLANCHE

> En général, je m'abstiens de voter mais vous soulevez, chère Blanche, un cas qui m'interroge, celui du référendum "sociétal". Je reprends vos interrogations et je ne peux qu'évoquer la piste du moindre mal sans être sur que cela justifie vraiment le vote et la participation à ce système. Imaginons l'avortement soumis au référendum. On vote contre bien sur, par souci de défendre la vie. Mais on participe et on justifie un système qui fait du désir du citoyen exprimé par le bulletin la norme morale ultime et cela contre le bien commun, la loi naturelle et la vérité. Et si l'on gagne ce coup-ci, le suivant on peut perdre le combat. Mais on aura validé notre défaite en participant au système. Plus je réfléchis et plus je me dis qu'il faut chercher du côté de nos ancêtres chrétiens des premiers siècles. Ils étaient dans un situation assez analogue à la notre. Quelqu'un aurait-il des références bibliographiques approfondies sur ce sujet? Merci d'avance et merci à vous Blanche pour ces réflexions bien à propos.

Écrit par : VF, | 19/10/2009

@ Blanche

> Certes, la tentation est grande de s'abstenir, mais s'abstenir (ou voter blanc) revient tout de même in fine à laisser à d'autres le soin de décider...
La politique est l'art du possible et ne peut prétendre à l'absolu d'une vérité ou d'un bien ; ne vaut-il pas voir plutôt entre deux maux relatifs quel est le moindre mal ?
... sous peine de tomber sous la remarque de Péguy (à propos de la morale kantienne) : "Ils ont les mains pures, mais ils n'ont pas de mains".

Écrit par : Michel de Guibert, | 19/10/2009

Bonjour,

> J'ai longtemps (enfin tout est relatif) été confronté à la même problématique que Blanche, et j'en assumai même plutôt bien les conclusions, à savoir l'abstentionnisme. C'était avant de prendre conscience d'une autre obligation morale. Je ne savais pas, et j'ai par ailleurs assez peu confiance en mon propre discernement sur ces questions : pour les élections européennes en juin de cette année, les évêques de France nous ont appelé à aller voter massivement. C'est donc que pour eux l'abstentionnisme n'était pas la bonne option que j'envisageais. En bon fidèle, je me suis fié à cet enseignement.

Cependant, cette terrible obligation devant les choix qui s'offraient m'a poussé à former une autre option : créer les moyens démocratiques pour que ce choix ne soit plus un terrible problème de conscience et qu'il se transforme en témoignage. J'en ai déjà parlé sur ce blog, et ce qui me vaut aujourd'hui mon engagement au sein du parti Solidarité - Liberté, Justice et Paix, parti qui se propose d'être une voix de démocrates chrétiens, un parti de témoignage et non de pouvoir ou de cautionnement.

Car ce que j'entends aujourd'hui dans vos interrogations et les conclusions sur le "non" qui cautionne par exemple, c'est nier une réalité qui fait la vie du chrétien : le témoignage. C'est par le témoignage que l'Eglise évangélise. Et le non à un référendum, même si politiquement il est un faire-valoir du oui, n'en est pas moins, spirituellement, un témoignage chrétien. La vie du chrétien c'est de rendre témoignage à la vérité. Et nous avons le devoir - c'est là l'espérance chrétienne - de voir dans notre participation à la démocratie un témoignage de notre foi, quoiqu'il advienne sur le plan politique. Puisque vous citez les premiers chrétiens sous l'empire romain, je pense que ces derniers n'ont pas attendu de savoir si leur martyr allait être connu pour se sacrifier. Sans aller jusqu'au témoignage du sang, aujourd'hui pour nous chrétien bien au chaud dans nos maisons, c'est aussi à ce martyr/témoignage qu'il convient de prendre part, pour, encore une fois, rendre témoignage à la vérité.

Enfin pour répondre à savoir si il existe des exemples à suivre, voyez la petite biographie de Robert Schuman, "fondateur de l'Europe" et en cause de béatification : http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Schuman

Écrit par : Pneumatis, | 19/10/2009

OU CELA CONDUIT-IL

> J'avais cru envoyer samedi une première réponse à PdP:sans doute par erreur de manipulation de ma part,elle n'est manifestement pas arrivée sur ce blog;je la résume donc :
-je suis en général d'accord à 95% avec ce qui se lit sur ce blog (aussi est-il parmi mes favoris) mais il est exact que je me demande où va conduire ce qui me parait être l'anticapitalisme acharné de Patrice de Plunkett depuis quelques mois.Il écrit lui-même dans sa réponse "anticapitalisme ou plus exactement critique du système actuel".C'est qu'en effet ce n'est pas exactement la même chose et si je souscris pleinement à la critique du système actuel je me demande si on ne risque pas de jeter " le bébé avec l'eau du bain";peut-être est-ce une lecture erronnée de ma part des prises de position de PdP mais cela ressemble trop à une sorte d'extrêmisme typiquement catholique en la matière, celui de Léon Bloy ("le sang des pauvres"...).Pardonnez -moi , Patrick , l'air de vous traiter d'extremiste,ce qui n'est nullement mon intention et risque au passage de me faire à nouveau traiter de "ce personnage" par "Bernard"...mais la question de l'issue d'une position aussi radicale me parait devoir être posée car si ce monde est si mauvais que cela (ce que je ne suis pas loin de croire moi - même parfois) la seule issue n'est ni le recours aux vertus privées(ce à quoi semble incliné Philippe C) ni le vote blanc ou l'abstention mais bien la révolution , sans adjectif ni atténuatif...L'Histoire du XXè siècle nous a montré que c'étaient là des voies sans issue mais les sociétés sont hélas capables d'envisager plusieurs fois les mêmes bétises.Cela dit d'accord avec ce que dit PdP à la fin de sa réponse et avec tous ceux qui souhaitent influencer de toutes leurs forces TOUS les acteurs ( à condition qu'ils ne se ferment pas comme des huitres dès qu'un message cohérent vient du catholicisme).
- par ailleurs ,,mon verbe "migrer" a choqué : mon intention n'était pas de traiter qui que se soit de mouton de Panurge mais bien de constater que quand une communauté change sa perception globale de la société et en particulier change d'adversaire prioritaire, des glissements lourds du terrain électoral peuvent s'ensuivre,que cela nous plaise ou non.Le cas type est celui de la Bretagne et de quelques cantons voisins, passés en dix ans (les années 80 en gros ) de la droite à la gauche (où elles sont toujours) sous l'influence de la majorité(?) du clergé local et des groupements d'Action catholique.Autres temps peut-être mais des phénomènes analogues peuvent sans doute se reproduire à la marge bien que les catholiques ne fassent plus les gros bataillons comme on nous le répète à l'envie .Et des réalités sociologiques ,pointées du doigt par PdP avec raison à plusieurs reprises (le catholicisme a presque perdu les classes populaires ) ,peuvent certes freiner une telle évolution au prix d'un immobilisme et d'une surdité guère plus positives mais on ne sait jamais (l'enseignement des dernières élections européennes est très révélateur de tels glissements).
Montaigne


[ De PP à M. - Je suis confus de vous le dire, mais la réponse à ce que vous dites là est déjà dans ma précédente réponse ! Je ne peux rien y ajouter... Quant aux questions électorales - franchement : est-il tellement catastrophique qu'une région passe de la droite à la gauche ? De nos jours surtout ? ]

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Écrit par : Montaigne, | 19/10/2009

A 'MONTAIGNE'

> Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles. Nous savons très bien que l'étatisme en économie est une absurdité, d'ailleurs même la gauche ne s'y lancerait pas. Simplement je souhaiterais une droite plus sociale. Est-il acceptable qu'à notre époque des fils de nantis dépensent 2000 euros dans une boîte de nuit en une soirée, alors que d'autres ne peuvent pas se payer une tasse de café !!!

Écrit par : Bernard, | 20/10/2009

DEMOCRATIE CHRETIENNE

> Je vous rejoins cher PdP...Néanmoins concernant l'action politique proprement dite, je pense qu'a un moment ou à un autre nous y serons appelé.
Rappel historique intéressant : Je ne pense pas que la démocratie chrétienne ait échoué. Son intention n'était pas de représenter l'ensemble des chrétiens, loin de là. Il s'agissait d'une famille de pensée bien spécifique, pas du tout libérale qui a la Libération a permis des réforme sociales sans précédent : la sécurité sociale, les retraites. Et aussi, ils ont lancé la construction européenne !
La démocratie chrétienne aujourd'hui est en panne. Soit parce que divisée, soit enlisée dans le libéralisme, soit par manque de conviction proprement chrétienne.
Très sincérement je pense qu'avec tout ce que la doctrine sociale de l'Eglise a de révolutionnaire, et avec les sources sociales et aussi révolutionnaires de la démocratie chrétienne nous pouvons aujourd'hui lancer un mouvement (et non un parti) d'inspiration chrétienne qui promeut une révolution "dans l'ordre et par la loi" (slogan du MRP en 1945)...

Écrit par : Damien | 20/10/2009

@ Damien :

> quelle différence faites-vous entre un mouvement d'inspiration chrétienne et un parti d'inspiration chrétienne ?

Écrit par : Pneumatis | 20/10/2009

@ pneumatis :

> Une différence de forme et de fonctionnement. Un parti est une structure politique extrêmement hiérarchisée, encadrée (le parti communiste est un exemple). Un mouvement est quelque chose de plus souple, démocratique qui peut prendre beaucoup de formes différentes, rassembler en son sein toutes sortes de réseaux, structures et clubs.
Mais surtout, le système des partis est quelque chose de dépassé. Aujourd'hui, grâce à internet, bon nombre de groupes se structures sous formes de réseaux (par exemple le mouvement Europe Ecologie auquel je n'ai aucune affinité mais qui est structurellement un exemple intéressant). Un mouvement d'inspiration chrétienne aurait davantage cette forme que celle des anciens partis démocrates chrétiens.
Mais cela demande beaucoup de réflexion.

Écrit par : Damien, | 20/10/2009

@ Damien :

> vous voulez donc parler d'une organisation qui fasse la part belle aux idées et non aux "noms" ou aux "visages", qui respecte en son sein la démocratie et le principe de subsidiarité... Si c'est cela, je vous rejoins tout à fait, mais ce n'est pas selon moi incompatible avec le fait d'investir le débat politique, et notamment sur le terrain démocratique qu'est par exemple le référendum. On peut être un parti politique démocrate chrétien sans être un "vieux parti", comme vous dites. Je pense même qu'on se le doit.
Mais je vous avoue que c'est déroutant aussi, parce que tellement nouveau. Quand j'ai contacté le fondateur du parti Solidarité France, Axel de Bauer, que j'ai posé des questions du genre "que puis-je faire ?" il m'a répondu qu'il n'avait rien à me "commander", que c'était selon ce que j'apporterai de moi-même. L'Esprit souffle où il veut, m'a-t-il dit, nous sommes tous égaux. Et par exemple il ne veut pas être étiqueté le "fondateur du parti". Il ne veut pas de hiérarchie, ni de rangs chez les membres. Et ce qu'il ne veut pas il le soumet encore au bon vouloir des autres membres, dès lors que cela respecte les principes que nous tirons de l'enseignement de l'Eglise.
Il ne veut pas que des "noms" ressortent, mais que chacun, selon ses capacités et ses réseaux, s'unisse pour la même cause et oeuvre en fonction de ses compétences et des dons de l'Esprit. C'est cette même cause qui nous fait vouloir nous rassembler pour la représenter durant les élections. La doctrine sociale de l'Eglise prône le principe de subsidiarité, il serait bien malheureux que nous ne l'appliquions pas au sein même d'une organisation qui prétend promouvoir cette doctrine.
Cela dit, comme vous dites, cela demande beaucoup de réflexion, et moi le premier ne suis pas habitué à cela. C'est déconcertant, car nous sommes liés par une même inspiration, mais nous nous sentons en même temps tellement "libre" qu'on a peur de se disperser. Pourtant, c'est là que l'Esprit est à l'oeuvre, j'en suis convaincu. Tout ceci est véritablement passionnant !

Écrit par : Pneumatis, | 20/10/2009

@ pneumatis,

> Oui, comme vous le dites, c'est vraiment passionnant. Je pense qu'aujourd'hui, fort du souffle extraordinaire qu'a été le pontificat de Jean-Paul II, et dans sa continuité qu'est celui de B16, une génération de catholiques fervents a vu le jour. Finalement notre époque a une forte ressemblance avec celle de la fin des années 30 et de la guerre où, en France, toute une génération de catholiques s'est levée et a pleinement investi la cité. Cela a donné naissance à la démocratie chrétienne sous la forme du MRP mais aussi du gaullisme (De Gaulle était un chrétien social disciple de Marc Sangnier). Après les années de la IIIe République où les catholiques ont subi un ostracisme épouvantable, 1945 a marqué le grand retour des catholiques en politique et aux plus hautes fonctions de l'Etat.
Et les grandes réformes sociales d'après guerre sont en très grande partie dues à eux.

Puisse la véritable Démocratie chrétienne renaître de ses cendres !

Écrit par : Damien, | 20/10/2009

QUE FAIRE ?

> Je reviens sur cette question du "que faire maintenant" qu'amène votre article (je pense notamment au commentaire de Blanche). Je souscris évidemment à ce que vous dites, cher PP, sur le fait de ne pas opérer un divorce entre notre vie de foi et notre vie sociale. La foi doit intégrer tous les actes de la vie quotidienne, et donc en particulier la fidélité à l'enseignement de l'Eglise doit être la source de nos orientations sociales et politiques.
Ca c'est bien, mais après ? Qu'est-ce qu'il se passe quand vous commencez à unifier votre foi et votre pensée sociale ? Soit, c'est vrai, vous avez un large éventail de choix d'action au service de la société : dans l'aide aux plus pauvres, aux immigrés, la défense de la vie à naitre, l'écologie, ... Mais ça ne résout pas quelques problèmes majeurs, car vous vous retrouvez aussi devant un tas de paradoxes et de cas de consciences. Comment voter ? Comment répondre à l'appel de l'Eglise à participer à la démocratie ?
Dans la lettre Octogesima Adveniens que vous citez dans un de vos derniers articles, Paul VI appelle les laïcs à l'action politique, et particulièrement à en prendre l'initiative : "Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel. Si le rôle de la hiérarchie est d’enseigner et d’interpréter authentiquement les principes moraux à suivre en ce domaine, il leur appartient, par leurs libres initiatives et sans attendre passivement consignes et directives, de pénétrer d’esprit chrétien la mentalité et les moeurs, les lois et les structures de leur communauté de vie."
Il propose des orientations d'action un peu plus loin, rappelant d'abord qu'il n'est pas rare que des chrétiens s'opposent par leurs moyens d'action, mais que "Ce qui unit les fidèles en effet est plus fort que ce qui les sépare." Il réaffirme aussi comme vous le faites régulièrement, qu'on ne peut pas être d'abord d'une étiquette politique, et ensuite catholique, en second choix.
Mais plus précisément, sur le "quoi faire" il dit ceci : "L’Eglise invite tous les chrétiens à une double tâche d’animation et d’innovation afin de faire évoluer les structures pour les adapter aux vrais besoins actuels." Plus loin il dit encore : "C’est là aussi que les organisations chrétiennes, sous leurs formes diverses, ont également une responsabilité d’action collective. Sans se substituer aux institutions de la société civile, elles ont à exprimer, à leur manière et en dépassant leur particularité, les exigences concrètes de la foi chrétienne dans une transformation juste, et par conséquent nécessaire, de la société." Il termine sur le même propos que cet article en disant : "Aujourd’hui plus que jamais, la Parole de Dieu ne pourra être annoncée et entendue que si elle s’accompagne du témoignage de la puissance de l’Esprit-Saint, opérant dans l’action des chrétiens au service de leurs frères, aux points où se jouent leur existence et leur avenir."
Mais là encore donc, comment dans l'ordre de l'action sociale peut-on faire exception du champ d'action démocratique ? Oui dans l'action sociale, associative, même groupusculaire, on témoigne que l'Esprit est à l'oeuvre, et on montre que notre vocation sociale est dans la recherche du bien commun. Mais résout-on la question du débat politique sur le terrain démocratique ?
Je voudrai ici aborder un discours du cardinal Tarcisio Bertone, le 30 septembre 2008, lors d'une rencontre à Rome sur "le siècle des croyances". Son discours s'intitulait « la politique a besoin du christianisme ». Il dit notamment ceci : « Je n'ai jamais été d'accord avec ceux qui soutiennent que la politique est inutile, parce qu'elle promet de construire des ponts même là où le fleuve ne passe pas ! Je suis convaincu que la politique est nécessaire, a-t-il insisté. Mais je pense que, pour communiquer de vraies valeurs, il faut respecter le ‘pont' qui relie chacune de ces valeurs à Dieu »
Puis, plus loin, il dit quelque chose qui m'interpelle vraiment, pour ce qui est de l'agir : « Il est pleinement légitime que les chrétiens participent au débat public. Sinon les arguments et les raisons théistes et religieuses ne pourraient pas être invoqués publiquement dans une société démocratique et libérale, alors que les arguments rationalistes et séculiers le pourraient, ce qui serait une violation claire du critère d'égalité et de réciprocité qui est à la base même du concept de justice politique ».
Ce n'est pas l'affirmation, encore une fois sujette à interprétation, sur le fait de participer au débat public, qui m'interpelle, mais la raison invoquée. Il y a tout un micro-univers, où se débattent nos lois et les orientations de notre société, et qui a besoin de voix chrétiennes. Il y a cet immense champ de moisson que sont les référendum, qui interroge en même temps que les autres les voix chrétiennes, mais en ne leur offrant que de mauvaises options de témoignage. On ne peux pas laisser ce champ de la démocratie sans évangélisation. Pour cela, cher PP, je vous le demande : que proposez-vous ?
Pneumatis

[ De PP à P. :
- Ce que j'ai toujours proposé : d'abord et avant tout, faire connaître la foi chrétienne et en témoigner concrètement. C'est cela, et rien d'autre, que nos contemporains attendent de nous. Priorité absolue à l'évangélisation. Le reste sera donné par surcroît.
- Par ailleurs : les catholiques français étant profondément divisés en politique (jusque dans les diagnostics sur le système économique et social, cf le problème de l'écologie), il faudrait commencer par les mettre d'accord avant de pouvoir envisager le moindre témoignage public sur ce plan ! Ne confondons pas politique et bons sentiments vagues. ]

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Écrit par : Pneumatis, | 22/10/2009

Cher PP,

- Sur ce que vous avez toujours proposé, je ne vois aucune réponse à la question : comment répondre à l'appel de l'Eglise à voter et exprimer ainsi la voix du citoyen chrétien sur le terrain démocratique ? Bien sur le choix se fait dans l'intimité de la conscience de chacun, je ne cherche pas des consignes de vote. La question c'est surtout, que faire quand il n'y a plus aucun choix possible et qu'il faut participer quand même ? Toujours voter blanc en attendant que quelqu'un d'autre change la donne politique et nous permette enfin de témoigner justement ?
- Sur votre deuxième remarque, il y a effectivement deux possibilités : celle que vous évoquez, à savoir bien approfondir les choses, construire quelque chose de cohérent et solide avant de l'exposer au public. La seconde, c'est donner l'occasion à ces chrétiens de se rassembler, en témoignant d'abord pour eux qu'ils ne sont pas seuls confronté aux problématiques politiques, et que d'autres qu'eux sont soucieux de porter de vraies valeurs en politique. Après, la DSE est un contenu quand même assez complet et objectif qui peut facilement servir d'outil pour construire quelque chose. Si on pose des bases axiomatiques objectives (fidélité à la DSE par exemple) et qu'on s'y tient, la division se transforme tout au plus en débat interne, qui n'interdit pas un projet commun.
N'est-il pas pertinent, selon vous, de rappeler à de nombreux chrétiens qu'il n'y a pas que l'extrême-droite qui milite pour la famille ou contre l'avortement et que tous les chrétiens ne votent pas au FN ou au MPF, sans pour autant renier leurs valeurs ou s'exclure du débat politique ? N'est-il pas pertinent justement pour rassembler d'en offrir l'occasion autour d'un projet politique ? Pourquoi faudrait-il proposer à l'électorat chrétien un parti clef en main ? Pourquoi ne pas inviter cet électorat à être un peu plus et participer activement à ce projet politique ? Et connaissez-vous des moyens plus facilement "visibles" pour présenter un projet politique à des milliers de personnes susceptibles d'être intéressées que des élections ?

Écrit par : Pneumatis, | 22/10/2009

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