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14/10/2009

Deux prix Nobel d'économie plutôt non-conformistes

Couronnés pour avoir rappelé ce que nul n'aurait dû oublier :


 

Les journaux occidentaux de référence le claironnent : Oliver Williamson (77 ans) et Elinor Ostrom (76 ans), les deux chercheurs américains qui viennent de recevoir le prix Nobel d'économie, ont été couronnés pour avoir fait cette bouleversifiante découverte : « l'entreprise et les associations d'usagers sont parfois plus efficaces que le marché ». Tout le monde le savait jusque dans les années 1990, date à laquelle l'ultralibéralisme devenu pensée unique força tout le monde à l'oublier. Il a fallu la catastrophe de 2008 pour que ces évidences retrouvent droit de cité dans la presse. Les deux chercheurs, nous explique-t-elle gravement, «  se sont penchés sur les mécanismes des décisions économiques hors des marchés ». Ce qui dénote de leur part un bel esprit de rébellion, sachant (compte tenu de leur âge) qu'ils ont vécu les trente années de leur vie universitaire dans une Amérique régentée par les ultralibéraux – esprits inhumains pour lesquels rien ne doit subsister hors des marchés.

Mme Olson ajoute à ce courage celui de parler comme le pape, puisqu'elle a mis « au coeur de ses thèses » l'idée « que les marchés, ou l'Etat régulateur, ne constituent pas l'unique alternative à l'activité économique. Selon elle, les associations de consommateurs et d'usagers sont souvent mieux armées pour gérer les biens communs ».

 

Commentaire du Monde : « Si l'on compare les lauréats du Nobel d'économie depuis 1976 - année où Milton Friedman, un anti-keynésien presque "chimiquement pur", se voit décerner le prix -, on constate dans la dernière décennie un rééquilibrage en faveur des néokeynésiens, jusqu'alors délaissés. En 1997, le vainqueur se nommait Robert Merton. Cet émule de M. Friedman, enseignant à la Harvard Business School (Massachusetts), était récompensé pour ses travaux sur l'application des mathématiques aux produits financiers. Est-ce parce qu'il fut peu après mis en cause en raison de sa participation au comité directeur du hedge fund Long-Term Capital Management (LTCM), qui généra la première crise "systémique" contemporaine en perdant 4,6 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros) en trois mois ? Dès 1998, l'Académie couronnait l'Indien Amartya Sen, un économiste éminemment critique du fonctionnement des marchés. Depuis, les "critiques" sont revenues en force parmi les récipiendaires, du Canadien Robert Mundell en 2000 et des Américains George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz en 2001, jusqu'au précédent lauréat, l'Américain Paul Krugman. […] Mme Ostrom et M. Williamson dégagent aussi des perspectives à l'opposé des thèses qui ont dominé la pensée économique occidentale depuis trois décennies. En ce sens, leur choix accrédite l'idée d'un "tournant" politique du comité Nobel. L'un de ses membres, Per Krusell, a déclaré : "Il y a eu un immense débat sur la manière dont les grandes banques, les banques d'affaires, ont mal agi, avec des patrons qui ont abusé de leur pouvoir et abusé la confiance de leurs actionnaires ; tout cela va dans le sens des théories de Williamson." »



Mon commentaire : se rappeler que les théories ultralibérales de Milton Friedman furent expérimentées d'abord... au Chili, grâce au putsch de Pinochet orchestré par la CIA. Triste à dire ? Mais vrai.

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Commentaires

ANTINOMIQUES

> Ce qui prouve bien, si besoin était, que capitalisme et démocratie ne sont en rien intrinsèquement liés, et qu'ils ont même tendance à apparaître de plus en plus antinomiques.

Écrit par : grzyb, | 15/10/2009

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