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12/10/2009

Ingénierie génétique : la fabrication d'individus menace la liberté humaine, dit Sylviane Agacinski

Biopouvoir "libéral et commercialisable", "anthropotechnie procréative" mettant l'humain en danger... Et c'est le néo-capitalisme qui produit cela : http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/10/10/triste-posthumanite_1252194_0.html


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14:46 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : biotechnologies

Commentaires

ECONOMIQUE

> La cause de cet engrenage angoissant est économique, et je voudrais que les grands dénonciateurs verbaux de la "culture-de-mort" arrêtent de défendre à côté le système économique qui fabrique cette culture !

Écrit par : Fulup, | 12/10/2009

AU DELA

> A mon sens le danger de chosification de la personne humaine va bien au-delà des facteurs économiques de "marchandisation" ; il y a derrière cela l'orgueil prométhéen de jouer les Pygmalion.

Écrit par : Michel de Guibert, | 12/10/2009

à Fulup

> Il serait peut-être utile de définir qui vous visez exactement. Il existe des dénonciateurs verbaux de la culture de mort qui n'ont aucune indulgence envers le système économique matérialiste occidental qui fabrique cette culture (au hasard : Jean-Paul II et Benoît XVI).

Écrit par : Jean, | 12/10/2009

ETHIQUE ET AVENIR POST-HUMAIN

Si je me mettais dans la peau d’un savant darwiniste pour me faire « l’avocat du diable », je pourrais répondre ceci à Sylviane Agacinski :
1. L’homme est naturellement appelé à un avenir post-humain
Puisque l’espèce humaine est le fruit d’une évolution qui s’est traduite par des mutations successives, elle est naturellement appelée à poursuivre son évolution et à muter à son tour. Dans ce cadre, deux hypothèses : soit cette nouvelle espèce se rattache à une forme d’humanité comparable (mais non pas identique) à ce qu’elle est aujourd’hui ; soit la mutation est plus radicale et l’espèce humaine sera remplacée par une autre espèce de catégorie différente. Dans les deux cas, nous sommes appelés à une post-humanité.
2. Une évolution déterminée par une composante nouvelle : la liberté
Jusqu’ici, l’évolution est le fruit du hasard et de la nécessité. Mais l’évolution n’est pas uniquement biologique. L’observation historique montre que l’esprit humain lui-même évolue pour inventer de nouvelles catégories précédemment ignorées. Cette évolution de l’esprit humain, conjuguée à la brutale évolution de la connaissance des données biologiques de l’homme, lui permet aujourd’hui d’ajouter aux facteurs de hasard et de nécessité une autre composante : la liberté, le choix. Jusqu’ici l’homme subissait la nature, il a évolué de telle manière qu’il peut désormais avoir une prise sur son destin, devancer la nature et pourquoi pas la supplanter. Rien ne peut justifier que cela lui soit éthiquement interdit.
3. Une éthique nouvelle pour un homme nouveau
En effet, l’homme moderne possède un esprit nouveau, émancipé des conditionnements antérieurs qui le contraignaient et limitaient le progrès scientifique (religions, superstitions, soumission à diverses formes de domination etc.). Il est devenu un être de liberté. Cette liberté, caractérisée par la capacité de choisir, est le fondement de l’éthique moderne. L’homme détermine donc ses choix selon une nouvelle éthique. Et on ne peut juger les possibilités nouvelles qui s’offrent à l’humanité selon l’éthique ancienne. En dépassant les contingences extérieures (hasard et nécessité) et les conditionnements socio-religieux pour s’inscrire dans le choix éclairé par la science, l’homme agit selon une éthique de la liberté qui fonde une sorte d’autodétermination de la post-humanité à laquelle il est appelé. L’éthique moderne étant fondée sur la liberté, cela est éthiquement licite.
4. L’éthique ancienne est en train de disparaître
Dans ce cadre, l’éthique ancienne constitue une résistance au changement, une aspiration à la fixité contraire au constat de l’évolution. Cette éthique ancienne constitue le dernier rempart de ceux qui, se jugeant trop faibles pour survivre à cet environnement nouveau, tentent absolument de retarder, voire d’éviter les inéluctables mutations. Dans la logique de l’évolution, ceux qui ne peuvent s’adapter disparaissent. Ainsi, l’esprit ancien disparaîtra, il est déjà en train de disparaître.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 13/10/2009

à Guillaume de PREMARE

> Je suis impressionné par votre développement. Vous faites un brillant et redoutable avocat du diable. Mais à présent, fort d'avoir si bien infiltré la pensée et les réseaux de l'ennemi, pouvez-vous instruire son procès avec une plus grande science encore ? Et rassurer celui qui "se jugeant trop faible pour survivre à cet environnement nouveau", cherche précisément de quoi demeurer dans l'espérance. Je suis sérieux; ma foi est faible, ce monde et son évolution (avec et sans Darwin) parfois m'effraie, véritablement. Merci beaucoup. Amitié.

Écrit par : Jean-Marie Achéritéguy, | 16/10/2009

à JEAN-MARIE

> Désolé de vous répondre si tard, Jean-Marie.
En préalable : votre foi n’est pas faible, elle est forte car c’est la foi de l’Eglise. C’est vous et moi qui sommes faibles, ce qui est très banal et n’a en soi que peu d’importance puisque « je peux tout en celui qui me rend fort ».
Ce plaidoyer du diable se réfute par lui-même, puisque chacun sent, par morale naturelle, que ça ne va pas, que tout n’est pas permis, qu’il y a forcément un « loup » quelque part (et quel loup !).
Présentez ce texte à quelqu’un qui se déclare athée, il le trouvera monstrueux et ne se laissera pas convaincre car sa conscience y répugne. Cependant, la difficulté commencera pour lui s’il veut réfuter cette pure manipulation de concepts par une construction intellectuelle étrangère à toute transcendance.
Pour la réfuter, il faut faire appel à la loi naturelle, à la morale naturelle. Peut-il y avoir une loi naturelle, c’est-à-dire une loi commune universelle inscrite au cœur de l’homme, sans transcendance ? Et même si on parvient à la démontrer par expérience, d’où viendrait-elle ? Et si on ne sait pas d’où elle vient, quelle est sa légitimité ? Et si elle se démontre par expérience, n’est-elle pas relative car empreinte d’historicité ?
Point de solution sans transcendance. Sans transcendance, point d’éthique fixe, tout est permis, ou du moins ce qui est légitimement interdit aujourd’hui pourrait tout aussi légitimement être permis demain. Et l’on pourra toujours dire à l’athée qui défend une éthique juste : « Tu as raison aujourd’hui. Et demain ? » Et que pourra-t-il bien vous répondre ?
L’expérience montre qu’en effet la société sans Dieu crée une éthique variable, d’où le fait que « l’humanisme sans Dieu est inhumain » (Benoît XVI dans Caritas in veritate).
Ce plaidoyer du diable tend donc à montrer :
1. Que Dostoïevski a raison quand il dit : « « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ».
2. Qu’on peut tout démontrer en manipulant des concepts, ce qui est le propre des idéologies.
3. Que le darwinisme (l’idée que tout est évolution) n’est pas seulement une théorie scientifique mais une idéologie qui porte les ferments d’un totalitarisme inhumain.
Et puisque vous, Jean-Marie, croyez à la transcendance, ce plaidoyer ne saurait affaiblir votre foi mais au contraire la renforcer : « Oui, vraiment, sans Dieu tout est possible, et comme il n’est pas possible que tout soit possible parce que ma conscience y répugne, Dieu existe. » Car si tout était possible, il n’y aurait pas de raison particulière pour que notre conscience y répugne avec une telle puissance ; il n’y aurait pas de conscience, tout simplement. Et chacun sait qu’il y a une conscience, car chacun fait l’expérience de la délibération intérieure entre le bien et le mal.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 13/11/2009

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