05/10/2009
La Poste : plus de 90% de "non" en réponse à la question "le gouvernement veut privatiser, êtes-vous d'accord ? "
C'est un "non" au dépeçage de la société par la loi du marché :
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90% de ''non" en réponse à la question : "le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser, êtes-vous d'accord avec ce projet ? ". Les syndicalistes et les élus organisateurs (maires de droite, de gauche et sans étiquette) ont recueilli 2,12 millions de "votes citoyens". À Châtillon-en-Bazois (Nièvre), par exemple, plus de soixante maires bourguignons toutes tendances confondues, ceints de leur écharpe tricolore, ont voté ensemble. En Ille-et-Vilaine, un collectif Plus belle la Poste, mené par un maire PS et un autre non-inscrit, a rassemblé des élus "indépendamment de leur appartenance politique" pour ''défendre le maintien des bureaux de poste dans les communes". Etc... La plus forte participation a été enregistrée dans les zones rurales et les banlieues populaires qui redoutent d'être les victimes des fermetures de bureaux .
Moyennant quoi le ministre du Budget Eric Woerth rejette (ce matin à Europe 1) l'idée d'un référendum officiel sur l'avenir de la Poste ; et les chefs de file de l'UMP, suités de blogueurs libéraux, ironisent sur la votation qu'ils qualifient de ''soviétique'' - comparaison qui dénote chez ses auteurs un électroencéphalogramme plat : on ne voit pas en quoi la protestation contre une éventuelle privatisation de La Poste exprimerait une nostalgie envers l'URSS. Il serait temps d'arrêter ce recours pavlovien à l'anticommunisme, déjà dérisoire dans les années 1980, totalement absurde en 2009.
Le problème de La Poste est en effet inédit. Il correspond à une époque sans précédent, où l'argent, devenu le seul pouvoir, détruit le tissu social au profit d'un très petit nombre de prédateurs. Si privatisation il y avait, les prestataires privés ne desserviraient que les zones rentables, laissant tomber le monde rural et les banlieues : c'est la logique du marché, tout le monde le sait, les élus s'en inquiètent (pour leur réélection), l'opinion publique s'insurge à bon droit ; et devant ce coup de semonce, Matignon et l'Elysée font dire, pour gagner du temps, que la privatisation n'est pas à l'ordre du jour. Les seuls à nier le problème sont : a) les groupes d'intérêts privés et leurs porte-parole, type Raffarin ; b) la droite tendance Jurassic Park, qui accuse La Poste de bolchevisme.
Et la pensée sociale catholique ? Radicale mais toujours soucieuse de nuances et d'équilibre, elle souligne la fonction propre au secteur public : assurer ce que le marché n'assurerait pas. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les services comme les postes ou la santé. Caritas in Veritate appelle le politique a réassumer sa tâche, qui est de sauvegarder le bien commun menacé de dépeçage par les intérêts particuliers. Là est le fil conducteur chrétien dans ce débat.
16:01 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : la poste
Commentaires
PAUL JORION
> Je vous recommande la lecture de ceci :
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/10/05/le-g20-n-a-toujours-pas-compris-la-crise-par-paul-jorion_1249235_3232.html
Écrit par : JG, | 05/10/2009
PAS D'ACCORD
> En préalable, je tiens à vous rassurer : je ne suis ni membre ni sympathisant d'aucun parti, ni membre ni conseiller d'un membre du gouvernement, ni libéral-con, ni keynésien, ni rien du tout. Mais je pense que la question posée par ces "défenseurs" de la Poste est symptomatique des questions qui portent en elles déjà une erreur.
Pour entrer dans le vif du sujet: comme vous devez le savoir, La Poste sera prochainement confrontée, et qu'on le veuille ou non, à une échéance majeure, qui est celle de l’ouverture totale à la concurrence du secteur postal au 1er janvier 2011. Or, pour faire face à cet enjeu et rester ce service public envié par de nombreux pays, La Poste a besoin d'environ 3 milliards d’euros. Cet établissement public a déjà une dette de 6 milliards. Où trouver cet argent, la Poste ne le peut pas, l'Etat seul non plus (pas besoin de vous rappeler les chiffres de notre endettement). La seule solution consisterait à faire appel à la Caisse des dépots. Or, celle-ci ne peut pas juridiquement souscrire à une augmentation de capital d’un établissement public. Il est donc nécessaire de modifier le statut de La Poste pour lui permettre de réaliser cette augmentation de capital. Point à la ligne.
Pour le reste, strictement aucun changement. Toutes les missions de service public sont conservées. Tous les agents gardent leur statut.Ce qu'on nomme le service universel du courrier est également conservé.
En clair et simple, pour pouvoir continuer à assumer ses missions, la Poste a besoin d'un "truc" juridique pour avoir de l'argent et ne pas se "casser la figure".
Alors je veux bien qu'on en appèle au complot ultralibéral, à la loi inique du marché, à la mise en cause de la doctrine sociale de l'Eglise, mais entre nous, en l'espèce, faut pas pousser !
Je vous suis tous à 1000% dans le plus grand nombre des cas que vous exposez et dénoncez, mais pas là.
Mais je ne me fais guère d'illusions, pour les réponses à mon commentaire : celà va être "haro sur le baudet". On va encore me dire tu n'as rien compris, tu es naïf, tu t'es fait polluer par l'esprit libéral du temps, j'en passe et des meilleures.
Amicalement et bonne journée à tous.
Écrit par : gdecock, | 05/10/2009
GOLDWATER
> un milliardaire texan ultra conservateur ( c'est je crois B Goldwater) disait que le communisme commençait pour lui avec la distribution du courier par l'Etat .Je crois que nos chers dirigeants sont en train de penser tout bas ce qu'il disait tout haut .
Écrit par : horus, | 05/10/2009
BRUXELLES
> On a vu ce que cela avait donné avec France Telecom... Cela dit, comment résister au dirigisme bruxellois qui veut imposer la libre concurrence et casser le service public considéré comme un monopole...
Écrit par : Michel de Guibert, | 05/10/2009
ARTICULER
> Il me semble que ce sujet mérite d'être mieux articulé afin d'éviter l'affrontement stérile de deux logiques orthogonales. Aussi permettez-moi de soulever plusieurs points :
1 - Dans ce débat il y a confusion constante entre "service public" et "entreprise publique". Pourtant le premier concept est défini dans la loi, sans être nécessairement rendu par une entreprise publique (il est vrai que les exemples sont plus nombreux à l'étranger qu'en France)
2 - La libéralisation (à ne pas confondre avec privatisation) des services a été votée au niveau européen il y a 10 ans sans que ça mobilise autant les foules (c'est plutôt passé comme une lettre à la poste ;). La France l'ayant ratifié, la mise en concurrence de la Poste avec d'autres entreprises de traitement du courrier se fera quand même. Dans ce cas on peut se douter que ces impétrants cibleront les marchés les plus rentables (grosses agglomérations et services aux entreprises). Les modalités pour assurer le service public postal dans cette configuration n'a pas encore été discuté, pourtant il me semble qu'il y a là encore une certaine marge de manoeuvre pour la France sans revenir sur les accords signés.
3 - N'y a-t-il pas une part de fétichisme à défendre bec et ongles La Poste alors que le courrier entre particuliers ne représente qu'une part infime de courrier global, et que cette part va en s'amenuisant avec internet ? N'est-ce pas plutôt la présence symbolique de l'Etat sur l'ensemble du territoire qui est ici en jeu ?
Pour finir sur une note plus joyeuse, votre confrère Ted Spengler dans l'émission de RTL 'On refait le monde' d'aujourd'hui s'interrogeait sur cet attachement aux bureaux de postes alors que l'on a rien fait pour maintenir le tissu de commerces de proximités dans les villes et les villages...
Vanille
[ De PP à V. :
- Les deux millions de "votants" sont persuadés qu'on va livrer finalement La Poste au marché, et que la conséquence sera... celle que vous indiquez vous-même : on laissera tomber une partie de la population; Il serait inéquitable de ne pas se mettre à la place de cette partie de la population, qui est, justement, celle qui vient de "voter" !
- On peut invoquer les traités européens, mais cela ne fait que déplacer et renforcer la problématique : est-il logique et légitime que la construction européenne soit instrumentalisée par l'ultralibéralisme ? Non, ça ne l'est pas. Etc. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Vanille, | 05/10/2009
De V. à PP :
- ils ont raison d'en être persuadés car c'est ce qui a été voté par nos gouvernements au niveau européen. Quand à la conséquence, je dis précisément le contraire, il faudrait pour cela protéger le service postal universel sans forcément s'arcbouter sur le modèle de La Poste entreprise publique. Quand à la représentativité des 'votants', je ne doute pas qu'une grande partie des personnes menacées ait voté, mais cela n'est nullement prouvé.
- Je n'invoque pas de traité européen pour justifier ça, seulement pour dire que sur ce point l'ensemble de la classe politique est 'ultra-libérale', car ce traité est passé sous la cohabitation.
Écrit par : vanille, | 05/10/2009
A GDECOCK
> Je vous respecte tout à fait mais je voudrais vous poser une toute petite question bien terre à terre. Si le statut de la Poste passe - et il passera malheureusement- pouvez-vous me garantir que dans cinq ans dans dix ans, dans des villages des Pyrénées à 2000 mètres d'altitude par temps de neige, le courrier sera toujours ditribué et tous les jours ? Permettez-moi d'en douter.
Écrit par : Bernard, | 06/10/2009
DECOMBRES
> Le commentaire de gdecock est éclairant :
"comme vous devez le savoir, La Poste sera prochainement confrontée, et qu'on le veuille ou non, à une échéance majeure, qui est celle de l’ouverture totale à la concurrence du secteur postal au 1er janvier 2011."
C'est justement là qu'est le problème !
C'est cette ouverture à la concurrence qui est l'acte criminel de base et qu'il faut empêcher.
Cette décision est une conséquence directe de l'Acte Unique de 1986, voulu par MM Mitterrand et Chirac, dans l'ignorance et le mépris de la majorité du peuple français. Depuis cette date notre classe politique a endormi l'opinion par des mesures de retardement et d'atermoiement, mais la base c'est l'Acte Unique !
Pour les services publics "en réseau" (transport, énergie, postes, télécoms...) la concurrence c'est nécessairement l'ABANDON du service public. Il devient tout bonnement impossible au nom de la "concurrence libre et parfaite". Or ce dogme de la concurrence est un mythe (pour ces activités) qui ne tient aucun compte de l'intérêt des populations.
En fait il s'agit de remplacer un monopole naturel rempli dans l'intérêt des clients, par un monopole (ou oligopole) de fait, rempli uniquement dans l'intérêt des actionnaires.
(illustration : encore aujourd'hui, le service de ferry qui relie Manhattan à l'ile de Staten Island, coût 25cents, est le monopole de fait d'une société privée liée à la famille Vanderbilt. L'idée que cette rente, car c'en est une, puisse être utilisée à financer la planification d'amélioration des transports dans l'agglomération de New York est considérée comme bolchevique !)
Comme il s'agit d'une décision "européenne" , nous n'avons PAS le choix, on nous dit qu'il n'est pas possible de revenir en arrière.
(même si 95% des français et des allemands le voulaient)
Ce système est tellement rigide qu'il est impossible qu'il n'explose pas.
Espérons ne pas être sous les décombres...
Écrit par : Julius, | 06/10/2009
SUR D'AUTRES BASES
Je suis pleinement d'accord avec Julius.
Je le disais plus haut : comment résister au dirigisme bruxellois qui veut imposer la libre concurrence et casser le service public considéré comme un monopole inacceptable...
Le ver est dans le fruit.
Il faut rebâtir l'Europe sur d'autres bases que le libre-échangisme et la loi du marché.
Ces bases, ce sont celles de la doctrine sociale de l'Eglise, et dans le cas présent d'abord le souci du bien commun ; et pour un service public comme la poste, cela passe par la prise en compte du "service" avant la rentabilité si l'on veut que le service demeure pour tous.
Oui, Messieurs les ministres, rappelez-vous l'étymologie du mot "ministère" = service !
Écrit par : Michel de Guibert, | 06/10/2009
COCHABAMBA
> Des fantômes des années 1980 nous ressassent que "le privé défend mieux les intérêts des gens que le public". C'est juste contraire aux faits réels, dans ce pays et ailleurs ! Allez demander aux Boliviens de Cochabamba qui ont du se battre pour faire renationaliser l'eau, que la compagnie privatisée leur faisait payer d'un seul coup deux fois plus cher.
Écrit par : Gato, | 08/10/2009
BANC
> Je suis d'accord avec vous, cher Michel de Guibert, mais comment rebâtir l'Europe quand ses institutions et ses dirigeants ne respectent plus la démocratie? Quels moyens utiliser? Quelle stratégie mettre en oeuvre? Car il va bien falloir bouger, sinon nous ne faisons que ratiociner (j'adore ce mot :) ) dans notre coin tel les vieux papis corses sur leur banc.
Écrit par : vf, | 08/10/2009
STRATEGIE OLIGOPOLISTIQUE
> Discussion privée il y a trois semaines avec un cadre de très haut niveau d’une des plus grosses entreprises française du CAC 40 : « Tous les grands groupes internationaux comme le nôtre poursuivent la même stratégie : se trouver, dans tous les pays ou ils sont présents (c’est-à-dire le plus grosse partie de la planète NDLA) en situation d’oligopole. Cette concurrence restreinte est un confort : on lutte à armes égales, avec les mêmes règles du jeu et les mêmes contraintes, en terrain connu. Ce qui serait inconfortable, c’est de nous battre avec des plus petits qui ont des contraintes différentes, une inertie moins forte etc. » Question : y a-t-il des ententes ? Réponse : « Oui, ça arrive bien évidemment, mais ça peut coûter très cher, alors il y a de plus en plus de prudence. »
La déréglementation bruxelloise ne me semble pas être au service de la « concurrence libre et non faussée » (comme disent les traités) mais au service de la stratégie oligopolistique des grands groupes. Cependant, les sanctions contre les ententes sont très fortes (jusqu’à plusieurs milliards d’euros). Il y a un paradoxe que je ne m’explique pas.
Et il y a beaucoup de paradoxes dans l’époque que nous vivons, particulièrement en France : une logique libérale et consumériste conjuguée à un Etat providence tentaculaire (avec des prélèvements obligatoires déraisonnables) qui est en situation de « faillite technique »… J’ai l’impression que ce qui unit ces deux réalités en apparence contradictoires, c’est : « vivons toujours plus à crédit ». On aime tellement l’argent qu’on finit par en inventer.
Et comme tout le monde est créancier et débiteur de tout le monde… Jusqu’où ça ira ?
Écrit par : Guillaume de Prémare, | 08/10/2009
CLAVIER
> Je n'ai pas de solution toute faite, cher vf, nous ne pouvons que constater l'échec et clamer qu'il faut faire l'Europe autrement, le clavier faisant ici office de banc (sans le remplacer !).
Dans le cas concret de "La Poste", il peut y avoir alliance objective des postiers et des usagers pour refuser les diktats et défendre le service public !
Écrit par : Michel de Guibert, | 08/10/2009
POLITIQUE ?
> Pour répondre à la suggestion de Michel de Guibert et à la question de VF, je dirais qu'il faut répondre à notre vocation de chrétien et se retrousser les manches.
En ce qui me concerne j'ai assez soudainement décidé d'obéir enfin à l'injonction de l'Eglise d'aller évangéliser dans le monde complexe de la politique, comme nous l'enseigne la Doctrine Sociale de l'Eglise. Ou encore comme le rappel cette note de 2002 de la congrégation pour la doctrine de la foi :
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20021124_politica_fr.html
Reprenant des mots de Jean-Paul II, elle dit ceci : «les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la ‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun»
J'ai fait la connaissance au mois de juin, à l'occasion des élections européennes, d'un parti politique tout jeune : le parti Solidarité - Liberté, Justice et Paix qui se fonde sur le respect de la vie et de la personne humaine et qui veut permettre à la doctrine sociale de l'Eglise d'être représentée sur la scène politique.
En juin, après une initiative individuelle, le fondateur, alors tout seul, a rencontré une autre personne, ils ont chacun réuni 25 autres personnes, ont présenté 2 listes aux élections européennes et ont recueillis 9000 voix. 9000 électeurs qui ont pu pleinement et sereinement voter pour la doctrine sociale de l'Eglise. C'est peu, mais ce n'était le travail que d'une minuscule poignée de personnes, et je pense de beaucoup de grâces spirituelles. C'était 9000 voix, dans seulement 2 circonscriptions, sans aucun moyen financier ni aucune tribune médiatique, juste parce que 50 personnes ont bien voulu mettre leur nom sur une liste pour dire "votez pour la DSE".
Ce n'est pas compliqué, il suffit de s'y mettre, de se rendre disponible au Seigneur. Pour vous donner une idée du chantier, je suis tout seul dans ma région, et il y a donc tout à faire. J'ai la folie de croire que peut-être, si Dieu le veut, je pourrais rassembler une centaine de personnes d'ici mars 2010 pour que la DSE soit représentée aux régionales dans ma région.
Quel programme politique ? on prend la doctrine sociale de l'Eglise, point par point, et partout où notre société "semble en désaccord" (je pèse mes mots) avec la DSE, on propose un principe, un projet de loi, une règle. Ca demande du travail, beaucoup, et donc un certain nombre de bonnes volontés. Tout reste à faire dans ce domaine, tellement le chantier est grand. J'ai décidé d'y joindre ma modeste volonté et mon grand enthousiasme.
C'est aussi un parti qui privilégie les idées aux personnes, qui ne cherche pas à tout prix à avoir des élus, et qui refuse notamment toute alliance politique. Non pour se glorifier lui-même, mais pour permettre que les idées de la doctrine sociale de l'Eglise ne soient jamais confondues avec celles d'un autre parti. L'idée c'est de montrer que des gens ont envie de voter pour la DSE, qu'elle a des choses sérieuses à nous apprendre et qu'il faudrait peut-être commencer à s'y intéresser de plus prêt.
L'Europe telle qu'elle est constituée est une abomination sur bien des points. L'Europe devrait être un magnifique projet, un projet chargé des valeurs chrétiennes, fort d'une constitution qui favorise le respect de la vie et mue par les vraies valeurs sociales. C'est pourquoi le parti Solidarité s'est présenté aux élections européennes, en proposant en premier lieu d'établir une nouvelle constitution, un nouveau traité. Refaire l'Europe, ça commence simplement par ça. C'est certainement un engagement à vie, peut-être sur deux ou trois générations, peut-être bien plus. Mais c'est justement pour cela qu'il faut commencer le plus tôt possible, sans se décourager ou désespérer avant d'avoir commencé.
Il ne faut pas non plus oublier que les chrétiens ne sont pas les seuls à défendre la vie, la solidarité, la liberté, la justice et la paix. Ce sont des valeurs qui, au-delà de bien des divergences, trouvent un écho dans le coeur de beaucoup de gens. Il est temps de faire ce changement de politique, mais il faut y aller.
J'en profite, puisque je parle de ce sujet, pour appeler tous ceux qui ont des compétences et de l'énergie à consacrer à tout cela, ne serait-ce qu'en émettant des idées, en participant au débat politique, ou en communiquant sur les bonnes valeurs, comme c'est le cas pour la plus grosse majorité des contributeurs de ce blog, à se joindre à cet effort encore très isolé.
Je sais, cher Patrice de Plunkett que vous et Guillaume de Prémare avez aussi répondu à un appel à l'évangélisation, à votre manière avec Médias et Evangile. Laissez-moi d'ailleurs vous témoigner mes encouragements et mon soutien. Mais vous devez aussi savoir à quel point des personnes comme vous peuvent peser sur la vie politique, simplement en se rassemblant autour de ces idées que nous défendons, et en témoignant pour elles comme vous le faites. J'ai d'ailleurs écrit un mail en privé à Guillaume de Prémare à ce sujet, il y a quelques temps (sur son adresse de Medias et Evangile, mais qu'il n'a malheureusement pas du recevoir), espérant partager un peu ce projet avec les fondateurs de Médias & Evangile. La communication est en effet un instrument essentiel du politique. Mais au-delà de ça, il y a aussi la compétence. Un exemple : vos études, cher PP, sur l'écologie, sont extrêmement précieuses, et ne demandent qu'à être dignement portées sur la scène politique, sans devoir les mêler à d'autres projets politiques plus ambiguës. C'est ce que je m'attacherai à faire, moins bien que vous certes, mais je m'y attacherai. Votre blog représente une grande source d'inspiration pour réfléchir aux applications concrètes de la DSE, et à titre plus personnel, il constitue déjà pour moi un instrument de travail.
Désolé de m'être étendu sur ce sujet, mais j'avoue que cette question de refaire l'Europe m'a fait particulièrement perdre les limites de la modération en matière de prosélytisme (désolé). Cela dit, si cela touche un tout petit peu au but, n'hésitez pas à me contacter en privé ou sur mon blog.
Écrit par : Pneumatis, | 08/10/2009
IL FAUT FAIRE AUTREMENT
> Pardon, Pneumatis, mais je suis consterné de ce que vous nous dites là. Vous allez tout simplement perdre le temps que la Providence vous avait imparti pour agir.
Les groupuscules politiques ne servent exactement à rien, qu'à épuiser les militants, les rendre amers, les appauvrir. Et à l'arrivée, quoi ? Vos années de jeunesse perdues.
Croyez-en mon expérience à moi qui avais quitté le RPR pour aller au MPF en suivant alors votre illusion d'aujourd'hui ! Ces mini-partis ne sont pas de la politique, ce sont des mirages inutiles. Qui aboutissent en plus à faire le jeu de l'adversaire, qui s'amuse de vous et de vos idées "intolérantes" électoralement inefficaces.
Quant aux gros partis, ce sont des produits de la société matérialiste mercantile, faits pour expulser le christianisme de leurs rangs.
Puis-je vous dire mon idée ? Jouer à faire semblant de faire de la politique est un péché, alors qu'il y a tant à faire d'essentiel.
D'abord l'évangélisation (celle des vraies gens au porte à porte), et les journées n'ont que 24 heures...
Ensuite peut-être une action "politique", mais autrement ! Relisez les documents romains récents : leurs appels à l'engagement politique ne nous disent pas d'aller dans les partis, mais d'inventer de nouvelles formes d'intervention et de pression sur les décideurs. Action dans les circonscriptions, sur les élus. Lobbying national de masse, sur les élus et les ministres. Observatoires socio-politiques régionaux, pour analyser la situation et mobiliser l'opinion. Et aussi se faire élire à l'échelon local ! Un inlassable travail de terrain : mais utile, et non s'épuiser en efforts gigantesques pour un résultat dérisoire.
Écrit par : Glum, | 09/10/2009
Bonjour Glum,
> Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'action politique sur le terrain est primordiale. Bien sur. Mais l'un n'empêche pas l'autre, au contraire : comment pourrions-nous défendre des idées et ne pas les mettre en pratique. Il ne s'agit pas de haranguer les foules et de s'en tenir là.
Par contre, les textes romains dont vous parlez, j'en ai donné un lien dans mon précédent message, qui traite de cette question et qui émane de la congrégation pour la doctrine de la foi. Je vous invite à mon tour à le relire. Le constat est simple : nous vivons en démocratie, et cette démocratie, légitime au regard de l'Eglise, est la voie droite pour manifester son engagement politique. Or l'Eglise nous défend, à raison, tout compromis en matière de vote, notamment. Cela signifie concrètement qu'aujourd'hui les gens comme vous et moi avons le choix entre le vote blanc ou la désobéissance à l'Eglise. Le problème, c'est que par le vote blanc vous exprimez une opinion par la négative, en rejetant les propositions qui vous sont faites. C'est bien, mais l'Eglise nous engage aussi à être force de proposition.
Contrairement à ce que vous pensez, ce n'est pas inutile : car cette démarche permet de libérer, au sens propre du terme, la conscience des fidèles catholiques. En leur proposant cette voie fidèle à la DSE, au jour d'une élection ils peuvent alors se faire force de proposition, agir dans le respect de la démocratie ET le respect de leur foi pour le bien commun.
Un péché dites-vous ? Je ne comprends pas.
La nouvelle politique c'est exactement ce que nous proposons. Cela consiste à ne plus se résigner à des clivages gauche-droite, des partis toujours identiques et jamais satisfaisant, et à être plus ou moins d'accord ou plus ou moins en opposition avec eux. Cette démocratie là ne nous permet plus d'user de notre liberté. La nouvelle politique c'est celle qui redécouvre notamment que la démocratie est ce qui permet de faire vraiment entendre la voix de notre conscience, notre conscience de chrétien.
Comment, pouvez-vous qualifier le fait d'entrer véritablement dans cette démocratie, les deux pieds et les deux mains dedans, en proposant un message fidèle à l'enseignement de l'Eglise, de jouer à faire semblant de faire de la politique ? Quelle image de la politique avez-vous ? Une politique silencieuse uniquement ? Pourquoi le chrétien serait-il le seul à ne pas devoir exprimer sa voix en démocratie ? C'est tout le contraire de ce que nous enseigne l'Eglise.
L'Eglise nous enseigne à investir le terrain politique, autant par l'action que par le témoignage. Précisément parce que l'oeuvre du chrétien est avant tout témoignage. Je ne diminue pas la nécessité de l'engagement sur le terrain, au contraire je l'encourage et je considère qu'il est indissociable de la représentation publique. Mais pourquoi proposer la voix démocratique au chrétien serait-il "faire semblant" ? Pourquoi cela serait-il un péché ? Quelqu'un peut m'expliquer ?
Écrit par : Pneumatis, | 09/10/2009
QUEL ENGAGEMENT ?
> J’apprécie beaucoup la réplique de Glum à Pneumatis touchant l’engagement politique. Quel engagement en effet ? Comment évangéliser sans tomber dans les procédures lourdes de la politique politicienne ? A l’heure d’Internet, il paraît évident que l’urgence est à la création d’un réseau social chrétien efficace, dont les pétitions et les éventuelles mobilisations et manifestations de personnes physiques auront un minimum d’impact sur les médias et sur l’opinion.
Dans cet esprit, il me semble que le mot à oublier est justement celui de « politique ». Inspirons-nous de ce qui nous tient à coeur : la doctrine sociale de l’Eglise. Ce qui est central, c’est le mot « social », de même que la promotion d’une nouvelle « socialité » est, à mes yeux, primordiale après la lecture de l’encyclique « Caritas in veritate ». Dans cette « socialité » prônée par le Saint-Père, il y a tout ce qui nous préoccupe : proximité et rencontre en vérité avec nos frères et soeurs, respect de la vie, de la dignité de l’homme, des familles, défense du bien commun et du travail humain face à l’avidité spéculative, développement humain intégral… L’avenir des chrétiens n’est donc pas, à mes yeux, politique, mais dans la découverte et l’illustration de cette « socialité » chrétienne qui saura toucher les esprits et les coeurs de nos contemporains.
Écrit par : Denis, | 09/10/2009
POLITIQUE
> J'avoue être assez atterré par ce genre de réactions, ne pas les comprendre. Quel est le problème ? le mot qu'on emploie ou le mode d'action ?
Parce qu'on est chrétien il ne faut pas faire de politique ? Pas de politique politicienne je suis d'accord. Mais un chrétien ne peut-il pas se porter candidat à la mairie de sa commune ? ne peut-il pas se présenter comme député ? ou pour agir au sein du conseil régional ?
Mais que croyez-vous qu'on fasse quand on fonde un parti politique ? Qu'on va forcément calquer sur Ségolène Royal, Besancenot ou Sarkozy et ses comparses ? Tisser des réseaux, c'est exactement ce que je propose. Pétitionner c'est exactement ce que je propose. Mais voyez-vous, je propose EN PLUS de ne pas rejeter le système démocratique. Cette démocratie, l'Eglise nous encourage à y participer. Pour les élections européennes, l'Eglise nous a appelé, nous chrétiens, à aller voter et à porter témoignage. Qu'avez-vous voté ? J'aurai aimé à ce moment là pouvoir voter pour un parti comme Solidarité. Pas en croyant qu'il serait élu. Mais parce qu'ainsi j'aurai rendu témoignage à la vérité. Pour pouvoir le faire, il faut qu'un tel parti existe. Et pour qu'il existe, il faut qu'il y ait des chrétiens à côté de la plaque comme moi qui ont envie de faire joujou à perdre leur temps dans la politique.
Vraiment je ne comprends pas. Petit rappel pour la forme :
- Evangelii Nuntiandi §71 : Les laïcs, que leur vocation spécifique place au coeur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière d’évangélisation. Leur tâche première et immédiate n’est pas l’institution et le développement de la communauté ecclésiale — c’est là le rôle spécifique des Pasteurs —, mais c’est la mise en oeuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance. Plus il y aura de laïcs imprégnés d’évangile responsables de ces réalités et clairement engagés en elles, compétents pour les promouvoir et conscients qu’il faut déployer leur pleine capacité chrétienne souvent enfouie et asphyxiée, plus ces réalités sans rien perdre ou sacrifier de leur coefficient humain, mais manifestant une dimension transcendante souvent méconnue, se trouveront au service de l’édification du Règne de Dieu et donc du salut en Jésus-Christ.
- Compendium DSE §565 : Pour les fidèles laïcs, la politique est une expression qualifiée et exigeante de l'engagement chrétien au service des autres
- Compendium DSE 566 : Les tâches de responsabilité dans les institutions sociales et politiques exigent un engagement sérieux et articulé, qui sache mettre en évidence, par les réflexions apportées au débat politique, par la programmation et les choix opérationnels, la nécessité absolue d'une qualification morale de la vie sociale et politique.
- Compendium DSE 567 : Dans le contexte de l'engagement politique du fidèle laïc, il faut accorder un soin particulier à la préparation en vue de l'exercice du pouvoir que les croyants doivent assumer, spécialement quand ils sont appelés à cette charge par la confiance des concitoyens, selon les règles démocratiques. Ils doivent apprécier le système de la démocratie — « qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun » — et repousser des groupes occultes de pouvoir qui visent à conditionner ou à subvertir le fonctionnement des institutions légitimes.
- Conrégation pour la doctrine de la foi, 2002 (Card. Ratzinger) : «les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la ‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun»
Inventer des nouvelles formes de politique d'accord, mais qui tiennent compte, comme nous l'enseigne l'Eglise, de la démocratie et des institutions. La nouvelle forme de politique en question, c'est une politique qui n'est plus le jouet des hommes et de leur gloire personnelle, c'est une politique qui est au service des idées, et même plus que des idées lorsqu'on est chrétien : de la vérité. Ce n'est pas une nouvelle révolution française, ni un retour à l'ancien régime, ou l'établissement d'une théocratie ou d'une anarchie. C'est oeuvrer politiquement dans le cadre de la démocratie en la purifiant de toute sa démagogie. Pour cela, désolé, mais il faut un peu mettre les mains dedans. Tourner le dos en se bouchant le nez parce que ça pue, c'est une fuite de responsabilité, une fuite qui n'a rien de chrétienne.
Est-ce que je vous ai suggeré que vous perdiez votre temps à témoigner à droite ou à gauche sur Internet de votre foi et de vos idéaux politiques ? Bien sur que non. Je vous propose de ne pas vous limiter à internet, et à ne pas rester sclérosés sur un divorce entre votre implication morale pour la société qui vous pousse à débattre, et votre implication dans l'agir, qui porte ce témoignage dans "la vie réelle". Vous voulez monter des réseaux ? parfait. Faisons-le. Après nous ferons quoi ? des pétitions ? très bien. Avec un peu de chance nous pouvons réunir quelques milliers de personnes. Ces pétitions ne pèseront évidemment pas sur les décision politique, mais elles offriront déjà un témoignage. Jusque là je vous suis sans problème, j'abonde ! Mais viendra le moment où tous nous irons voter. Et toutes ces belles idées que nous aurons défendu ensemble, nous ne pourrons même pas voter pour. Tout disparaitra au moment crucial ou le modèle social dans lequel nous vivons nous permet d'exercer notre libre choix de gouvernants, et donc d'orientation politique. Il faut faire exactement ce que vous suggérer, mais ne pas se tenir à l'écart de la représentation politique juste pour le plaisir de se la jouer rebelle. C'est stérile. Il y a du travail, ne serait-ce que parce que pour la France, l'idée qu'on se fait du chrétien en politique c'est P. de Villiers, Carl Lang ou Le Pen. Ca donne vachement envie aux français d'écouter ce que l'Eglise a à dire en matière sociale !
Écrit par : Pneumatis | 09/10/2009
D'AUTRES VOIES
> Je rejoins Glum et Denis. S'engager en politique doit passer par d'autres voies que les partis politiques qui sont finis. Leur temps est passé. Ils sont groupusculaires ou corrompus. Mais cela me ramène à ce que je disais à Michel de Guibert: "Que faire" (pour reprendre Lénine - là, on va définitivement penser que je suis bolchevique :) ? Comment passer du clavier à l'action? Nous sommes tous d'accord sur la ruine du système politique de nos jours. Nos paroisses, pour la plupart, sont quasiment dans le même état et ne peuvent servir de relais ou de terrain d'action. Alors? Pour l'instant, je ne vois que nos évêques pour lancer quelque chose et je vois avec beaucoup d'espoir ce qui se passe en Italie ou à Paris dans l'action contre la crise. De même, les prises de positions de certains évêques en faveur des producteurs de lait ou de l'environnement sont réjouissantes. Mais ne devraient-elles pas aller plus loin? Pourquoi ne pas imaginer les diocèses organiser des structures socio-économiques alternatives? Après tout, lors de la chute de Rome, ce sont les évêques qui prirent les choses en main. Cela demande de l'audace, des idées et de l'engagement, mais pourquoi pas?
Écrit par : vf, | 09/10/2009
> Juste pour corriger ce qui semble être un malentendu : "Passer par d'autres voies que les partis politiques qui sont finis" c'est justement ce que j'ai proposé. Le parti Solidarité est un parti qui démarre, pas dans la ligne des partis existants, mais dans une ligne politique totalement nouvelle, qui laisse l'entière priorité aux idées, et en particulier celles de la DSE. Mais peut-être me suis-je mal exprimé.
Écrit par : Pneumatis, | 09/10/2009
à PNEUMATIS
> Si vous ne voyez pas, je vous ré-explique. Votre mini-mini-parti ne servira à rien. Sur le plan local vous n'en avez aucun besoin pour vous faire élire. Sur le plan national, il ne débouchera jamais, pour des raisons mécaniques et financières que vous devriez connaître ! Donc il faut AGIR de toutes les façons possibles SAUF CELLE-LA. Maintenant si vous tenez absolument a avoir une structure minuscule qui vous accaparera et vous laissera épuisé et amer deux ou quatre ans après, à vous de voir. Un conseil : demandez son avis à l'homme qui a le plus réfléchi à un parti et a fini par abandonner l'idée par réalisme évangélisateur et sens des vraies priorités : le pasteur Florian Rochat, que personne n'accusera d'inertie !!!
Écrit par : Glum, | 09/10/2009
EN AVEZ-VOUS JAMAIS FAIT ?
> Pneumatis, avez-vous idée de ce qu'est la politique ? En avez-vous jamais fait ? je suis sûre que non. Vous ne parleriez pas d'une façon aussi naïve. C'est un sale métier, qui ne se fait "bien" que salement. Si vous voulez être réduit au silence, allez dans les grands partis. Si vous voulez perdre votre temps en atroces petites querelles de nains, allez dans un petit parti.
Ca se passe comme ça dans TOUS les partis. Sauf sûrement dans celui que vous allez fonder, bien entendu.
Écrit par : Ciaociao, | 09/10/2009
à PNEUMATIS
> Regardez en Italie comment l'électoralisme fit dérailler Communion & Libération, ce mouvement tellement riche et remarquable comme laboratoire d'idées à ses débuts ! La compromission avec la DC l'a corrompu et appauvri. Résultat : aujourd'hui, C&L en est à recevoir comme une star l'effroyable Tony Blair, malgré son bilan vomitif, uniquement parce qu'il se dit catholique ! Voilà où mène la naïveté : on se croit pur de chez pur et on termine dans le marécage sans avoir compris comment. Les intentions ne suffisent pas !
Écrit par : Leoluca, | 09/10/2009
@ Glum :
> Il n'est pas exclu que j'en sorte blessé, malmené, épuisé. Amer je ne crois pas, et je vous explique rapidement pourquoi : mon objectif n'est pas d'être élu. Mon objectif n'est pas un "débouché" pour mon parti. Mon but est de rendre électif un idéal politique. Je ne vais pas chercher à faire grossir les rangs de mon parti autrement que pour avoir suffisamment de capacité de représentation électorale, selon les quotas imposées par les institutions françaises. Je ne vais pas chercher à "gagner", ni à faire "gagner" quelqu'un de mon parti. Je vais chercher à rendre possible le fait que des chrétiens n'aient plus à se couper un bras lorsqu'ils vont voter. Est-ce si difficile à comprendre ?
Vous n'avez pas répondu à mes interrogations : que faites-vous au moment de voter, quand l'Eglise vous appelle à la fois à assumer votre devoir de citoyen ET à ne faire aucun compromis avec votre foi dans votre vote ? Mon but, et le but des membres de Solidarité, entre autre action, est de faire que ce qui est aujourd'hui devenu un paradoxe pour tous les citoyens fidèles à la DSE soit de nouveau rendu possible. Le jour où, fidèle à l'enseignement de votre Eglise, vous irez voter et que vous pourrez alors voter positivement et sans compromis avec votre foi, ce sera parce que des gens se seront engagé à rendre ça possible. Ce qui est très cohérent avec l'engagement chrétien, c'est qu'on est certain, à vous lire, qu'on ne récoltera pas beaucoup de lauriers pour ça. Et c'est très bien.
@Ciaociao : Je n'ai en effet qu'une très vague idée de ce qu'est la politique et je n'en ai jamais fait. Mais à vous écouter, on dirait que la politique s'est faite toute seule, que ses mécanismes sont une fatalité et qu'on est obligé de s'y soumettre. Nous sommes tenu de nous conformer à des institutions démocratiques, pas de devenir des pourris qui ne veulent que gagner, comploter ou récolter de la gloire. La politique est pourrie, et votre idée c'est juste de laisser ça comme ça ? Le problème c'est que votre "pour que ça marche" repose sur l'idée qu'on veut que ça marche selon les critères d'acceptation en vigueur. Le parti politique Solidarité marchera, pas si il a des élus ou si il fait des bons scores aux élections, mais si demain il devient possible aux citoyens de faire le choix de la DSE, pour qu'enfin cette doctrine puisse féconder la politique française. A vrai dire, si demain l'UMP ou le PS repiquait toutes les idées de la DSE (ce qui suppose évidemment qu'ils renonceraient à toutes les idées qui lui sont contraire), je dirais parfait ! J'ai effectivement autre chose à faire qu'à m'épuiser dans un milieu si hostile. Vous savez, un peu à la manière de Nicolas Hulot, pour les présidentielles, qui a fait savoir que son intérêt n'était pas de se présenter, mais que ses "valeurs non négociables" soient représentées. Ensuite il faut bien sur s'assurer qu'on ne fait vraiment aucun compromis derrière. Mais l'idée, c'est un peu ça. Sauf, qu'au lieu de mettre un homme en avant, où la personne vole souvent la vedette aux idées, ici c'est une association de personnes lambda.
Dans l'ensemble, j'avoue être très surpris, et je dois certainement manquer de beaucoup d'un discernement que vous partagez tous. Car ici, vous vous insurgez contre les pouvoirs en place, et tous les politiques ont pour vous quelque chose à se reprocher. Et pourtant, il semble que vous cautionniez en ne voulant absolument rien y changer (ou alors d'une manière qui m'échappe) et en continuant de voter contre votre conscience / ou de ne pas voter / ou de vous exclure du débat public.
Vraiment je ne comprends pas. Pourtant, je vous assure que j'ai bien compris le contenu des messages : oui la politique actuelle est foireuse, oui je ne serai pas élu ou en tout cas pas grâce à un parti politique, oui je risque de m'y sacrifier, etc... Mais j'aurai rendu témoignage à la vérité, pour peu que le Seigneur nous donne de ne pas déformer son message. Et je m'excuse, mais quelqu'un peut-il m'expliquer en quoi tout ceci n'est pas justement ce qu'attend l'Eglise de l'action des laïcs en politique ?
Écrit par : Pneumatis, | 09/10/2009
SI MAIS AUTREMENT
> Il n'est pas question de s'exclure du débat public, mais d'y participer autrement que par un système pourri. De nos jours, TOUS les partis finissent comme cela, inutiles et corrompus. Repensez à l'exemple du MPF ou de Christine Boutin. Il ne s'agit pas de vouloir faire vivre un idéal mais de vivre comme nous le demande le Christ. Nous voulons servir un Dieu fait homme, pas une idée qui, si généreuse soit-elle, finira toujours corrompue car humaine. Il ne s'agit pas de défendre un idéal mais de faire connaître le Christ et son amour. La DSE que vous voulez promouvoir est l'application sociale et économique de cet amour. Elle n'est pas un idéal politique. Elle doit inspirer et irriguer la vie sociale, économique et politique, mais elle n'est pas un programme politique. Sans parler du fait que vous allez être rejoint par nombre d'arrivistes ou de déçus de certains partis qui ignorent des pans entiers de la DSE pour se focaliser sur quelques points (l'avortement, le mariage homo par exemple) et discréditer par leur attitude fermée, presque sectaire, cette même DSE que vous souhaitez avec justesse promouvoir. Pour en avoir fait, jeune étudiant: la politique salit, use et gaspille les énergies. Non, à temps nouveaux, moyens nouveaux. A nous de les trouver.
Écrit par : vf, | 09/10/2009
@ Pneumatis
> Je vous rassure, je vote à chaque élection. Et sans me prendre la tête. Et je dépose rarement dans l'urne un bulletin blanc. Je ne cherche pas de candidat portant une auréole. Le parti pur (de toute erreur contre l'Evangile et la DSE), le vote pur (de toute mésalliance) n'existent pas. En revanche, je continue à m'interroger, non pas sur l'implication des chrétiens en politique, mais sur l'idée d'un parti prétendant faire de la doctrine sociale de l'Eglise son programme. A mon avis, cette perspective nous ramène tout droit à Marc, 12:17 : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu." C'est pourquoi il me paraît plus utile de témoigner socialement et au quotidien, et en Eglise, de notre engagement. Et là, je rejoins vf : les prises de positions très fermes de certains évêques sur des faits ou sujets de société, en faveur des producteurs de lait ou de l'environnement ou sur des questions de bioéthique, sont formidablement encourageantes pour les chrétiens. Et je souhaite qu'à l'avenir de plus en plus de chrétiens « sortent du bois » sous la houlette de leurs pasteurs.
Écrit par : Denis, | 09/10/2009
N'EN DEGOÛTEZ PAS LES AUTRES
> Faut-il nécessairement que ceux qui ne veulent pas s'engager en politique (ce que je comprends mille fois) tentent absolument de dégoûter ceux qui veulent s'y engager (ce que je comprends mille fois également) ?
Écrit par : Guillaume de Prémare, | 09/10/2009
REFLECHIR
> Il ne s'agit pas de dégoûter mais de convaincre qu'il faut trouver d'autres moyens d'action que l'engagement partisan. Je connais une personne très catholique et qui était très engagée dans sa paroisse, la catéchèse de l'école privée de son secteur, les AFC, et qui s'est engagée dans l'aventure du parti de Mme Boutin il y a quelques années. Qu'ai-je constaté? D'abord elle négligea ses engagements paroissiaux et pastoraux (retards, annulations etc.). Puis elle les abandonna complètement. Enfin, elle ne s'occupa même plus des activités de ses enfants. Tout cela pour créer, organiser et faire vivre la section départementale de ce parti. Cela lui bouffa tout son temps, son énergie et cela empiéta même sur sa vie de famille. Pour quel résultat? On sait tous ce qu'il advint de ce parti. Est-ce que cela fit passer la DSE dans l'opinion? Est-ce qu'il y eu un résultat positif de cette aventure? Moi, je n'en vois aucun. Alors, bien sur, je comprends très bien l'envie de l'engagement en politique (c'est à dire dans un parti) mais j'en constate l'inanité de nos jours. Je pense qu'il est préférable de réfléchir à trouver des moyens d'actions sociales et politiques en dehors des partis. Le politique ne passe pas forcément par les urnes et les partis. Et c'est cela que j'essaye de faire passer. Il ne s'agit pas d'être aigris par des expériences passées et donc d'en dégoûter les autres.
Écrit par : vf, | 10/10/2009
LOCAL
> Merci à M de Prémare pour sa juste remarque. Je rejoins Pneumatis dans son souci d'engagement politique local, je ne pense pas qu'il faille systématiquement exclure toute possibilité d'être élu, puisque bien des choses et des initiatives sont possibles dans ce cadre. C'est vrai que beaucoup sur ce blog tombent à bras raccourcis sur ceux qui ont cette opinion. Je trouve ça dommage.
Écrit par : F Lecoufle, | 10/10/2009
à F. Lecoufle
> Pourquoi répondez-vous "local" alors que le débat est sur la politique "nationale" ? C'est de mauvaise foi que de déplacer ainsi le problème. D'autres commentaires l'ont dit : pour être élu local pas la peine d'entrer dan sun parti national. Et si vous entrez dans un parti national, vous y perdez votre temps de chrétien.
Écrit par : Florent, | 12/10/2009
BON COURAGE
> Bon courage Pneumatis, je pense que vous n'êtes pas dupe (vu les avertissements que vous ont adressés certains blogueurs)sur les réalités et les difficultés du monde politique. Je pense qu'on peut être chrétien et faire avancer les choses: prenez l'exemple de Robert Schuman dans les années 50: on ne lui prêtait a priori que peu d'avenir, mais ce fut un acteur majeur de la réconciliation franco-allemande!
Écrit par : Alex, | 12/10/2009
"FAIRE DE LA POLITIQUE"
> Bonjour à tous. Merci à Guillaume de Prémare, à qui je me permets juste de répondre que j'arrive en tentant d'encourager à faire de la politique, c'est de bonne guerre qu'on essaie de m'en décourager !
Blague à part, j'ai du mal à comprendre les arguments de VF et ce qu'il entend par "faire de la politique". Car faire des pétitions, se réunir, informer des gens, distribuer des tracts, ... bref toutes les idées que vous pourriez avoir pour agir pour la défense de la vie et des valeurs chrétienne, c'est ce que moi j'appelle "faire de la politique". Le fait qu'on soit étiqueté d'un parti ne change rien à la charge de travail. J'ai des engagements dans ma paroisse et je ne les estime pas moins ni plus important que des combats politiques pour la défense de la vie. L'argument aussi du "ça ne changera rien" est extrêmement subjectif. J'anime des cours de "Réflexion humaine et chrétienne" en collège, et votre réflexion pourrait s'y appliquer tout autant. Ca ne va en effet pas changer le monde ce que j'y fais. Pas plus que quand j'anime la messe le dimanche. Je n'ai donc pas plus la prétention de pouvoir changer le monde en faisant de la politique. Maintenant si vous estimez que le parti de Christine Boutin et son association Alliance pour la vie sont inutiles, je ne comprends plus rien. Ce n'est pas parce que vous ne la retrouverez pas à la une du 20h ou en face de Sarkozy dans un débat télévisuel, que c'est inutile. Il y a des gens qui s'investissent, qui rencontrent d'autres gens et qui leur apportent de l'information. Il y a des pétitions, il y a du débat aussi. Bref, toutes ces choses dont j'ai du mal à cerner ce que vous feriez de plus ou de moins en vous disant "apolitique".
Je ne crois pas, par exemple, qu'on lutte contre l'avortement en lançant des commandos anti-IVG. Je crois qu'on lutte contre l'avortement en apportant de l'information, en discutant, en écoutant aussi et en étant proche des personnes concernées. Enfin on lutte contre l'avortement en dénonçant ceux qui utilisent le terrain politique pour promouvoir l'avortement comme droit de la femme. Comme c'est le cas par exemple de l'avocat international et fournisseur de l'avortement, Marie Stopes International, qui propose une pétition auprès de l'ONU pour intégrer dans la charte des droits de l'homme l'avortement comme un droit de la femme. En réaction et sur le même terrain, des associations comme la notre relaient des initiatives pétitionnaire du même acabit pour inclure dans la déclaration des droits de l'homme la protection de la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle.
Faire de la politique ce n'est pas dire "votez pour moi". C'est agir, mais c'est aussi dire quand il le faut "soutenez-nous pour rendre témoignage au combat pour la défense de la vie humaine."
Quant à agir au niveau local : autant qu'on sache, la défense de la vie est un combat à une échelle qui dépasse le simple fait d'être maire, du moins si on ne coordonne pas son action avec d'autres, réunis sous une même étiquette. J'ai bien en vue de me présenter aux régionales, non pas pour y être élu, mais là aussi pour y rappeler l'existence de personnes engagées au service de la vie.
Écrit par : Pneumatis, | 12/10/2009
PLUSIEURS MANIÈRES
> Ne nous égarons pas dans de faux débats !
La politique, c'est l'art de servir la cité (polis), et il y a plusieurs manières de le faire sans s'anathématiser !
Il y a place pour le combat politique comme pour le combat métapolitique et culturel ; les deux sont complémentaires.
On peut se perdre dans l'un comme dans l'autre, on peut servir dans l'un comme dans l'autre.
Ne perdons pas de vue simplement que la politique est l'art du possible et qu'il serait illusoire et même dangereux de voir la solution à tous les problèmes dans un "parti chrétien".
En revanche, il n'est pas peccamineux de témoigner comme chrétien dans la vie politique, avec le souci du bien commun, y compris dans les partis, sans illusion certes mais sans céder non plus au trop facile "tous pourris".
Écrit par : Michel de Guibert, | 12/10/2009
Cher Pneumatis,
> je crois qu'il y a de ma part un manque de clarté sur ce que j'appelle faire de la politique, ou plutôt du politique. L'homme étant un animal politique, je considère que toute action ou engagement au service du bien commun est politique. En ce sens, votre action d'information et de formation dans un collège est, selon moi, une forme d'action politique. Ce que j'essaie maladroitement de dire est que la chose politique ne relève plus de nos jours de la "politique" au sens traditionnel du terme, c'est à dire non seulement des partis (et oui je considère que le parti de Mme Boutin est inutile voir même contre-productif), mais aussi des actions habituelles : tracts, pétitions etc. J'en ai fait pendant des années. Quels fruits avons-nous? A mon avis aucun. Faire des débats ou des soirées discussions? Bien, cela peut-être formateur mais cela reste très limité et cela n'a aucune retombée sur le réel. Il faut inventer un autre type d'action au service de la cité et du bien commun. Je pense aussi que ce type d'engagement doit être local, sur le terrain et ne pas s'embourber dans d'ambitieuses considérations nationales. Franchement, je pense que toutes les actions anti-avortement menées depuis trente ans ont échoué et je pense même qu'elles ont desservi la cause qu'elles voulaient défendre (je ne parle même pas des commandos anti-ivg). (ne me dites pas que je néglige la question, je fus concerné de trop près pour que cela soit le cas). Participer au système politicien pour porter la bannière de la vie, c'est beau et courageux mais totalement vain selon moi. L'UE ou l'ONU n'ont que faire de pétitions ou de porte-drapeaux. Par contre, l'engagement sur le terrain, l'acte d'amour porté à quelqu'un qui en a besoin est, à mon sens bien plus important et profitable. C'est cela qu'il faut développer à grande échelle. Oui, je pense que les pétitions, le vote ou tous ces instruments qui ont naguère joué un rôle sont devenus inutiles. Et je pense que les missionnaires de la charité sont plus importantes que l'alliance pour la vie. Regardez l'exemple de l'Espagne. Il y eu des manifestations monstres. Quel fut le résultat? Nous sommes dans la post-démocratie, certains parlent de totalitarisme mou. A système nouveau, résistances nouvelles. A nous d'en trouver les moyens d'action. Une piste est à creuser, celle de l'engagement de nos pasteurs qui créent des organisations ou des liens alternatifs au système. Je pense que l'action politique traditionnelle, aussi louable soit-elle, est vouée à l'échec et donc inutile. Oui, il faut agir, mais je trouve dommage de voir ces énergies qui pourrait tant apporter sur le terrain, à aider à résoudre des situations dramatiques, se perdre dans une agitation selon moi stérile. Je dis tout cela sans agressivité ni volonté de vous attaquer, cher Pneumatis.
Écrit par : vf, | 12/10/2009
REFLECHISSEZ BIEN
> Je n'ai jamais milité dans un parti et je n'ai jamais eu envie de le faire. Je ne suis donc certainement pas le mieux placé pour intervenir. N'empêche : dire que l'action politique des chrétiens doit passer par les structures existantes, c'est un peu...hasardeux. Comme pour un Soviétique de la fin des années 80, de se dire : pour faire évoluer le Parti, changeons-le de l'intérieur. Changer les structures et les mentalités de l'intérieur : vaste programme ! Au départ, effectivement, on est enthousiaste. Ensuite, on est choqué : les querelles de nain, la médiocrité, les trahisons, ça "casse", non ? Enfin, on se fait une raison : on fait carrière, on s'accommode du système, on s'identifie même à lui. Par orgueil : c'est dur de reconnaître que l'on s'est trompé, toute une vie durant... Et quelle idée de se faire exclure de sa caste, pour un idéal (la DSE, la vie éternelle, j'en passe et des meilleures...) qui paraît de plus en plus nébuleux et, pour tout dire, dérisoire ?
Laissons les morts incinérer leurs morts. Pneumatis, je n'essaie pas de vous décourager, car je n'ai f...tre rien à vous proposer à la place (je ne sais moi-même pas trop où j'en suis). Simplement, réfléchissez BIEN.
Écrit par : Feld, | 12/10/2009
PETITES CHOSES
> Merci pour les encouragements. Je voudrais revenir sur deux petites choses très rapidement, à propos de l'engagement en politique. A Denis qui dit ne pas avoir de problème pour voter, je demande comment il fait pour rester cohérent avec sa foi, quand l'Eglise nous enseigne (cf. les différents textes que j'ai évoqué) qu'on ne peut faire de compromis et voter pour des organisations politiques qui prône des principes totalement contraires à la foi chrétienne. Comme par exemple ceux qui font la promotion de l'avortement, de systèmes économiques vecteurs de misère, de rejet des immigrés, de faveur envers la peine de mort, ceux qui nient le désastre écologique dans lequel nous pataugeons, etc... Il n'y a pas, dans les élections autre que locales, de parti politique qui ne soit pas fondamentalement opposé à la doctrine sociale de l'Eglise et donc à la foi chrétienne. Ne pas s'attendre à un parti "pur" c'est très bien, mais pour autant il y a des valeurs non négociables qu'un chrétien ne peut cautionner par son vote.
Ensuite concernant les propos de VF, je voudrais proposer une réponse qui n'est pas de moi, mais de Mgr Jean-Louis Bruguès, o.p., secrétaire de la Congrégation pour l'éducation catholique, dans une intervention au séminaire international sur « La politique, forme exigeante de charité » organisé par le Conseil pontifical « Justice et paix » les 20 et 21 juin 2008. Son intervention avait pour titre : « Politique, hommes politiques, vertus et sainteté ». Vous pouvez la lire ici http://www.zenit.org/article-18319?l=french
Vous y reconnaitrez la plupart des arguments des intervenants de ce blog, partisans "d'autres options", ainsi que les réponse de Mgr Bruguès à ces arguments.
Sinon, bien que cela concerne principalement l'Afrique, je vous invite à méditer sur ce qu'il ressort actuellement du synode africain sur la question de la politique : non pas de passer outre la politique, mais de remettre le christianisme au coeur de la politique. Pour cela, ça demande de se retrousser les manches et de mettre les mains dedans. Le Prof. Edem Kodjo, secrétaire général émérite de l'Organisation de l'Union africaine (O.U.A.) qui s'est exprimé hier au synode a évoquer le fait de changer le coeur des politiciens, de les former, de créer des aumonerie pour les hommes politiques, ... bref mettre de la foi chrétienne dans le monde politique et non pas se détourner de la politique. D'ailleurs, se détourner de la sphère politique, aussi pourrie soit-elle, est tout à fait contraire, encore une fois, à ce que nous enseigne l'Eglise. Au moins nous retrouvons-nous sur le fait qu'il faille inventer de nouvelles formes de politiques. Mais la politique de demain ne se fera pour autant pas sans démocratie, et la démocratie ne se fait pas sans votes. Ces votes, qui doivent être aussi ceux des chrétiens, ne peuvent pas se faire sans candidats qui recherchent le vrai bien commun. Ca parait assez logique, non ?
Écrit par : Pneumatis, | 14/10/2009
A Florent
> Vous illustrez ce que j'ai dit en me taxant de "mauvaise foi" parce que j'ai utilisé le mot de "local". Vous n'ignorez pas que même lorsqu'on est élu local, on n'échappe pas aux problématiques d'ordre nationales, que l'on soit inscrit dans un parti ou non. A chacun, son chemin et le choix de ses activités.
Écrit par : F Lecoufle | 14/10/2009
Cher Pneumatis,
> Permettez-moi de vous répondre en deux temps.
1/ Je ne pense pas qu’il soit illégitime, dans les choix politiques que nous formulons avec notre bulletin de vote, de nous prononcer en fonction de la doctrine du moindre mal. Choisir de voter pour un homme ou une femme politique en qui nous plaçons une espérance, et que nous estimons capable de porter un discours de vérité voire de s’amender ou de changer sur tel ou tel point non conforme à la vérité, n’est pas à mes yeux en soi un mal sur le plan moral (en cela il s’apparente à notre prière pour la conversion des pécheurs). Mais, n’étant ni philosophe, ni théologien, je me soumets bien volontiers sur ce point aux instances compétentes.
2/ L’enjeu politique est, comme chacun sait, un enjeu de pouvoir. Cet enjeu de pouvoir et de domination est rarement servi par un saint Louis, un Charles Ier d’Autriche ou un Robert Schuman. Et lorsque c’est le cas, ce service confine au martyre. Personnellement, je ne pense pas que le Christ appelle chaque détenteur du droit de vote à décider avec certitude, en exerçant ce droit de vote, qui mérite la palme du martyre en politique. En revanche, le Christ – pardon de revenir sur cette Parole qui agace parfois dans ce type de débat – le Christ a bien proclamé, touchant ces questions : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Marc, 12:17). En disant cela, j’estime qu’Il n’a pas appelé à créer un « parti de Dieu ».
Mais pour revenir à cette question du « martyre en politique » : je dois dire que je regarde le chrétien engagé en politique et sincèrement désireux de défendre ses valeurs comme une figure éminemment christique, comparable au « serviteur souffrant » du prophète Isaïe. Et je pense qu’il est bon, quel que soit le parti dans lequel ce chrétien engagé milite, qu’il le fasse en « serviteur souffrant », à l’image de ce que vivent la plupart des chrétiens aujourd’hui dans nos sociétés « libres » et « riches ». Nous fêterons demain sainte Marguerite-Marie. Souvenez-vous de cette parole qu’elle reçut du Christ : « Mon amour règne dans la souffrance, il triomphe dans l’humilité, il jouit dans l’unité ». Voilà le militant politique idéal : il prend sa croix humblement, avec un objectif, l’unité de tous dans le Christ. Il agit « dans l’humilité ». Cela paraît difficile d’agir dans l’humilité si l’on décrète, un beau jour : « Le parti auquel j’appartiens est le parti de Dieu ».
Écrit par : Denis, | 15/10/2009
à Denis
> Pas tout à fait de votre avis (vous faites l'impasse sur la complicité objective du membre d'un parti avec des votes inacceptables). Mais j'ajoute un argument dans votre sens : parmi ceux qui crient des consignes ultracathos ("non-négociable", "pas de concessions aux partis qui ont voté ceci ou cela", etc), on repère de purs et simples militants du FN en service commandé. Donc ils ne sont pas désintéressés,leur mobile réel est partisan. Et quand on voit que la moitié des idées du FN tournent le dos à la doctrine sociale de l'Eglise...
Écrit par : Véronique, | 15/10/2009
Cher Denis,
> Je me retrouve beaucoup plus dans ce que vous dites, même si comme Véronique je considère qu'on ne vote pas pour un homme mais pour des idées ET l'espérance dans les hommes qui les portent. Et après voilà... je peux vous ressortir tout le blabla sur les valeurs non négociables...
Je me permets par contre de faire tomber un malentendu. Je ne prétends pas que le parti Solidarité est le parti de Dieu. Cette phrase du Christ "Rendez à César..." qui fonde la laïcité dans son principe est la raison même du principe de dualisme des pouvoirs temporels et spirituels que je trouve parfaitement juste. Mais le temporel ne peut être juste qu'en s'enracinant dans le spirituel, sans quoi il n'est plus porteur d'aucune espérance et soumis à toutes les dérives. Je ne crois pas au parti de Dieu, mais je vois un parti politique qui, comme moi, s'est dit : et si on essayait de faire au mieux ce que l'Eglise nous enseigne en matière sociale. Pas que l'Eglise gouverne de manière temporelle, mais que la doctrine politique que nous proposons suive trait pour trait l'enseignement de l'Eglise. Ca ne fera pas de nous automatiquement des saints. Des martyrs peut-être, si nous ne nous dérobons pas à l'exigence de la tâche... dans tous les cas, ce n'est pas une façon de s'instituer le représentant politique du Christ sur Terre. C'est de se proposer comme serviteur en politique des chrétiens et de ceux qui se reconnaissent dans les valeurs chrétiennes. Je sais que la nuance est mince, mais j'espère que vous comprendrez que ce n'est pas, à mon sens, l'orgueil qui motive cette initiative mais la nécessité, la conscience et même la vocation je crois.
Je ne recherche pas le pouvoir, je cherche juste à répondre à ma vocation de chrétien dans la recherche du bien commun, avec la foi que l'enseignement de l'Eglise contient les clefs pour y parvenir. Autrement dit la charité dans la vérité. Je ne prétends pas orgueilleusement y parvenir, je dis juste que c'est dans ce sens que va mon effort. Je constate comme beaucoup de gens que la politique va mal et qu'elle plonge la société dans un profond malaise. Alors j'essaie, comme vous certainement de bien d'autres manières, d'être charitable envers mes concitoyens, tout en demeurant dans la vérité.
Écrit par : Pneumatis, | 15/10/2009
@ Véronique
> Vous visez juste, tout chrétien militant en politique doit s’exercer au discernement et ne pas rester dans une impasse quand son message est rejeté et ses convictions sont bafouées. Reste ce qui est vraiment non négociable, au moment de décider d’un engagement : les chrétiens sont-ils le sel de la terre ? doivent-ils s’asseoir « à la table des pécheurs » (cf. sainte Thérèse de Lisieux) ? de qui sont-ils la véritable icône et les témoins, dans tous les domaines, et par exemple en politique ? (pensons à ce propos à ce que répondait sainte Bernadette à l’abbé Peyramale, son curé : « Elle ne m’a pas demandé de vous le faire croire, elle m’a demandé de vous le dire »).
Alors oui, militons (puisque c’est le point de départ de notre discussion avec Pneumatis), militons pour annoncer l’Evangile, en confessant le Christ ressuscité et en nous appuyant sur la doctrine sociale de l’Eglise. Mais sans prétendre appartenir à un « parti de Dieu » (« Dieu seul est bon », nous rappelle l’évangile de dimanche dernier, Marc 10 :18). Donc, avec humilité.
Écrit par : Denis, | 15/10/2009
@ Pneumatis
> Nous sommes plutôt d'accord. En mettant en question l'engagement politique, j'ai certainement montré ma méfiance vis-à-vis d'une manière arrogante et bien peu chrétienne de faire de la politique, dans le fond comme dans la forme. C’est celle de la quasi-totalité des partis politiques actuels. Mais je respecte totalement ceux qui font le choix de s'engager en politique, et en particulier le vôtre en vue de rendre encore plus opérante la doctrine sociale de l'Eglise. Même si, comme d'autres invités de ce blog, j'ai peur que vous y laissiez beaucoup de forces. Mais, sur ce plan, je crois qu'il faut, à un moment donné, se souvenir du mot de sainte Bernadette (ci-dessus, @ Véronique).
Écrit par : Denis, | 15/10/2009
A Pneumatis:
> je souscris à vos propos mais je persiste à dire qu'il est dangereux de se lancer dans le système actuel. Il faut s'engager en politique et cela ne peut se faire sans démocratie? Certes mais la démocratie n'est pas seulement le système des partis et des élections officielles. Il y a aussi démocratie dans une assemblée syndicale ou de quartier etc. Je ne crois pas que l'on puisse évangéliser les hommes politiques et leur système. Mais on peut être démocrate, faire du politique et cela en dehors du système quand celui-ci est tellement corrompu et corrupteur qu'il est nécessaire de le fuir. Les hommes politiques n'ont de pouvoir que celui que les populations leur accordent. Le jour où elles s'organiseront sans eux, ils en seront pour leur frais. Gandhi en donné l'exemple.
Écrit par : vf, | 15/10/2009
@ Denis
> J'adore le mot de Bernadette Soubirous à l’abbé Peyramale, son curé : « Elle ne m’a pas demandé de vous le faire croire, elle m’a demandé de vous le dire ». Quelle sagesse chez cette petite paysanne sans instruction !
Écrit par : Michel de Guibert, | 15/10/2009
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