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01/10/2009

Mgr André Vingt-Trois : "Ce qui est important, ce n’est pas tant notre capacité à franchir les barrières, que de savoir pourquoi on les franchit"

Extraits de l'entretien de l'archevêque de Paris dans La Croix (30 septembre) :


 

Vous avez demandé aux conseils pastoraux de se recentrer sur l’Eucharistie, en particulier la messe du dimanche. N’est-ce pas contradictoire avec le souhait que les catholiques de Paris soient plus missionnaires ?

Participer à l’Eucharistie n’empêche pas d’aller sur les places, au contraire ! Mais il est essentiel de repartir du cœur de la foi, à savoir l’Eucharistie. Ce qui est important, ce n’est pas tant notre capacité à franchir les barrières, que de savoir pourquoi on les franchit. Le problème de l’évangélisation n’est pas d’organiser des technoparades ou de grandes manifestations. Cela, tout le monde peut le faire. L’évangélisation, c’est être enraciné dans le Christ et le faire connaître par sa vie.

Vous insistez sur la messe du dimanche, alors que ce jour devient de plus en plus banalisé dans la société…

Si on a pu ainsi bousculer le dimanche, c’est peut-être parce qu’un certain nombre de chrétiens ne savaient pas quoi en faire ni montrer pourquoi ils y tiennent…

Quel est le rôle de l’Église dans une capitale comme Paris ?

Paris est par excellence le lieu du pluralisme, du relativisme, où se confrontent au quotidien des systèmes différents. Ce ne sont pas seulement les individus qui sont différents, mais des systèmes de pensées, de culture, de religion. Dans cette confrontation, l’Église peut être tentée soit de chercher le plus petit dénominateur commun, en effaçant les différences, soit de partir à la conquête du monde, comme si le monde extérieur n’avait jamais rien vu et ne détenait aucune richesse. Les chrétiens à Paris doivent nourrir deux attitudes : premièrement, le dialogue, la capacité d’entrer en relation avec des personnes qui n’ont pas forcément les mêmes convictions que nous, mais qui ont quelque chose à nous apporter. C’est fondamentalement l’intuition du Collège des Bernardins : si l’on n’est pas capable d’entendre des points de vue différents, on n’est pas non plus capable de faire entendre notre point de vue. La seconde attitude est une fonction d’attestation : nous ne pouvons être en dialogue que si nous sommes capables de dire qui nous sommes et à quoi nous croyons.

L’avenir de l’Église à Paris passe-t-il par les paroisses ?

Oui, et de plus en plus ! La paroisse fait partie du lien social et le nourrit. Mais, à Paris, certaines paroisses sont tellement grosses que leur animation demande un quasi-professionnalisme. Lorsque vous avez une paroisse pour 60 000 habitants, comment développer des relations communautaires ? Plusieurs nouvelles paroisses ont été créées à Paris au cours des quinze dernières années. Nous manquons encore d’églises, et il est difficile d’en construire : la place est rare et chère, il faut se battre pour obtenir quelques mètres carrés dans les nouveaux quartiers. Mon rêve, pour l’avenir, est de pouvoir créer beaucoup plus de paroisses.

Alors que Paris faisait figure d’exception heureuse pour les vocations de prêtres, les chiffres récents montrent que rien n’est gagné à l’avance. Comment susciter un renouveau ?

Les vocations ne trouveront pas leur ressort dans du marketing professionnel, mais plutôt dans une générosité de cœur, par un travail de longue haleine auprès des jeunes et par une idée plus précise de ce que fait un prêtre dans l’Église. Lorsque j’invite les communautés chrétiennes à expliciter leurs objectifs, c’est aussi pour permettre aux prêtres d’être eux-mêmes mieux situés. L’être humain n’est pas fait pour vivre dans un univers indéterminé. Sa vocation est de découvrir que ce que l’on vit est ordonné à un projet. Non seulement un projet personnel, mais, pour le prêtre, de s’identifier au projet de l’Église, dont l’Eucharistie est la source.

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Commentaires

BOULOT

> Fort et clair. Mais je n'en reviens pas que la journaliste ait pu libeller sa première question ainsi :
"Vous avez demandé aux conseils pastoraux de se recentrer sur l’Eucharistie, en particulier la messe du dimanche. N’est-ce pas contradictoire avec le souhait que les catholiques de Paris soient plus missionnaires ?" (sic).
Dans un journal laïque, ce serait normal comme question. Mais dans La Croix, on pourrait supposer que les journalistes savent ce que c'est que l'eucharistie ! (tout le contraire d'un enfermement). Ou alors on en est encore à la vision nunuche des années 1970, l'eucharistie prise pour un geste d'amitié-solidarité entre membres du groupe, rien de plus ? alors si c'est ça, y'a du boulot, monsieur le cardinal !

Écrit par : Philippe Giroux, | 01/10/2009

@ Philippe Giroux

> La Croix peut être très décevante pour son incompréhension de la religion catholique. La lassitude engendrée par ce genre d'incohérences a fini par me dissuader de l'acheter. L'interview n'en demeure pas moins très intéressante.

Écrit par : Annie, | 01/10/2009

@ Philippe Giroux

D'autant plus que je lis en bas de l'entrtetien :
"Recueilli par Isabelle de Gaulmyn"
et que cette dernière est en général une journaliste de qualité...

Écrit par : Michel de Guibert, | 01/10/2009

CA FERA DU BIEN

> Rien à voir, mais en espérant que cela fera du bien à notre Sarko :
"Le chef de l'Etat recevra demain après-midi une délégation du Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE), dont la réunion plénière se tient jusqu'à samedi à Paris. A cette occasion, son président, le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest, remettra à Nicolas Sarkozy une encyclique «Caritas in veritate», dédicacée par Benoît XVI."

Écrit par : JG, | 01/10/2009

REPARTIR DU COEUR DE LA FOI : L'EUCHARISTIE

> "Il est essentiel de repartir du cœur de la foi, à savoir l’Eucharistie" : comment ne pas sentir "mon coeur tout brûlant en moi" (cf Lc XXIV, 32) en lisant cette parole qui reflète la conviction qui m'anime dans les démarches pour faire revivre la petite église de mon village ( http://amiseglisesaintjean.over-blog.com/ )? Oui, l'Eucharistie est au centre de toute mission, de tout élan vers l'autre ! Et de repenser à ces paroles d'une homélie : "L'Eucharistie, où nous recevons le pain de vie, est désormais le lieu et le geste où le Christ se donne en nourriture pour notre route, nous prenant avec lui dans une aventure de foi et d'espérance qui peut changer la vie, toute la vie, si on apprend à la partager, si on apprend nous-même à nous donner."

Écrit par : Ren', | 02/10/2009

> "L’Eucharistie est la crèche où l’on peut adorer le Verbe incarné !"
Père Raniero Cantalamessa, ofm Cap

Écrit par : La crèche, | 02/10/2009

DEMANDE ET OFFRE

> Lorsque Mgr Vingt-Trois dit qu'il manque d'églises sur Paris, cela me fait penser aux affiches sur le métro parisien. Il existe en effet aujourd'hui des stations fantômes, soit qu'elles n'aient pas été terminées, soit qu'elles aient été condamnées faute d'une affluence suffisante. Et de même pour les églises parisiennes peu fréquentées le dimanche et les zones sans églises, la demande s'est déplacée sans être suivie par l'offre.
Toutefois, pour prendre des exemples que je connais bien, nombre de mes amis profitent du réseau métro/rer pour choisir leur paroisse, non plus de façon géographique, mais en fonction de leur quête spirituelle et de leurs affinités.
Le propos de Mgr Vingt-Trois, ne serait-ce qu'en revalorisant la notion de paroisse, semble indiquer un retour de l'épiscopat et des fidèles sur ce chaînon de base de l'Eglise. Avez-vous d'autres études/analyses qui confortent ce changement de tendance, s'éloignant de la paroisse élective pour revenir à la paroisse géographique?

Écrit par : Corentin | 03/10/2009

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