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30/09/2009

L'école "catholique" (victime de son succès) a le droit de rester - ou redevenir - catholique

...suggère un document envoyé par son secrétariat général à tous les établissements catholiques français ! http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/200...  Il était temps :


 

En conférence il y a quinze jours dans le centre-est de la France, je discutais avec un curé de paroisse – pantalon beige et chemise à carreaux, nullement « conservateur »  – qui critiquait l'école française dite catholique (2 millions d'élèves, 17 % de la population scolaire). « En plein enlisement dû au succès », disait-il, cette école obéit à la fois aux pressions pseudo-pédagogiques de l'EN et aux pressions matérialistes des fameux « parents du privé », en majorité membres de la bourgeoisie libérale. Pour beaucoup de ces derniers, constatait le curé, la religion doit être exclue de l'école : dans le meilleur des cas ils disent que l'enfant « choisira plus tard » (mensonge puisqu'on ne lui fournit pas les éléments du choix) ; ou, dans le pire, que le catholicisme est « ringard, intolérant » et surtout inutile pour la carrière de trader que suivra le gamin – nul autre métier n'étant de mise chez les gens sérieux. « Cette bourgeoisie veut que ses enfants aient le privilège de la sécurité scolaire, mais elle refuse à l'enseignement catholique le droit d'être catholique », concluait lucidement le curé.

J'ai moi-même entendu, en 2008, un dirigeant de grand collège – réellement catholique – rapporter la phrase d'une jeune femme qui venait inscrire son Théophile [1] de dix ans : « ...Et pas question que vous lui parliez du Christ, cet imposteur ! », avait tranché la dame.

Ce veto bourgeois se multipliant un peu partout, la direction de l'enseignement catholique admet que ça ne peut plus durer. Elle envoie cette semaine à tous les établissements un document intitulé : Annonce explicite de l'Évangile dans les établissements catholiques d'enseignement.

Ce qui est en cause, c'est tout simplement la liberté de conscience. Les catholiques ont le droit d'avoir leurs écoles ; ils ont le droit d'y proposer la foi catholique, non une vague soupe sécularisée ; la bourgeoisie d'affaires n'a pas le droit d'exiger que l'école catholique se décatholicise pour devenir une chaîne de montage de futurs technocrates financiers. [2]

Mais les chefs d'établissement ont leur part de responsabilité. C'est sous leur égide, dans nombre d'écoles, que la « proposition de la foi » se réduit depuis vingt ans à cette injonction laïque standard : « tolérance et ouverture ». (Deux vertus, mais auxquelles on ne saurait réduire le corpus de la foi chrétienne). Sous leur égide aussi, nombre de professeurs libéraux (en économie) et libertaires (en moeurs) inculquent à leurs élèves l'idéologie dominante, qui est le contraire de la pensée catholique sur les questions de morale sociale et de bioéthique.

L'enseignement catholique, dont le secrétaire général est Eric de Labarre, a donc pris la mesure du problème. Son effort mérite d'être étudié et appuyé. Même si des voix s'élèvent déjà pour feindre de redouter un « repli identitaire » : vieille chanson que l'on entend chaque fois que des catholiques se déclarent catholiques...

 

 __________ 

[1]  La dame n'était pas versée en étymologie. Mais elle avait lu Jacques Duquesne, comme toute la bourgeoisie française.

[2]  A ce sujet je recommande la lecture d'un témoignage qui vient de paraître chez Stock : J'ai fait HEC et je m'en excuse, par Florence Noiville. Je vous en parlerai dans quelques jours.

 

 

Commentaires

EN LE REDISANT

> Comme quoi ce qui devrait normalement aller sans le dire, ira sans doute un peu mieux en le re-disant. J'ai rencontré un jour en préparation au baptême de petits enfants, une femme "non croyante" qui demandait le baptême pour son enfant. Elle s'engageait à l'envoyer au catéchisme pour qu'il puisse choisir de croire ou non en connaissance. Elle disait aussi qu'on ne peut comprendre notre culture et notre histoire sans connaître/comprendre le christianisme un minimum. Elle était professeur d'histoire.

Écrit par : DO92, | 30/09/2009

A FORCE D'INDIVIDUALISME

> Ce qui est aussi pénible que les gens qui montrent du doigt ceux qui veulent vivre leur foi catholique, ce sont les gens qui se disent catholiques lors d'un sondage par exemple et montrent par leurs réponses qu'ils ne le sont pas du tout ; du style :
- Etes-vous catholique ? - oui.
- Donc vous croyez à la vie éternelle? - non. "
ou encore :
- allez-vous à la messe qqfois ? - oui
- vous croyez donc tout ce qui est dit ds le Credo et qui justement rassemble les catholiques? - oh ben non à notre époque, tout de même ...
- donc vous ne communiez pas ? - ha ben si ! c'est sympa ; et se mettant en colère : "et d'ailleurs pourquoi je ne le ferai pas ? c'est quoi cette exclusion ?"
On peut continuer : - Que vous inspire la phrase du Credo (- le quoi ?) "je reconnais un seul baptême pr la pardon des péchés" - Ah ça il faut changer le crédo parce qu'il ne me convient pas ; le baptême c'est avant tout une fête de famille ; c'est comme Noël, avant que l'Eglise s'en empare c'était une fête populaire (rappel : la personne s'est dite catholique) - Que pensez-vous des déclarations du pape sur la sexualité? - Si l'Eglise est pour l'amour elle doit être pr la capote puisque tt le monde en met. (sic) - Mais le rôle de l'Eglise est de suivre le message du Christ, pas d'être le toutou des modes des hommes. - mais le Christ ...pfff ! le Christ était un homme comme les autres ! d'ailleurs, hein, avec Marie-Madeleine ... hein ? on s'comprend ! (re-sic)"
ect etc
Voilà la question : arrivé à ce stade, a t-on vraiment encore des choses à se dire ?
Le problème est qu'à force d'individualisme, chacun voit les choses par rapport à lui-même ; je me sens proche du catholicisme donc je SUIS catholique. le sentimentalisme entraîne la perte du sens de l'Etre. Etre catho et non se dire catho sans savoir ce que cela comprend.

Écrit par : pétrel, | 30/09/2009

ENSEIGNER LA FOI

> Bravo à Eric de Labarre pour cette volonté d'une "annonce explicite de l'Evangile dans les établissements catholiques d'enseignement".
Il va de soi qu'une "proposition de la foi" se limitant à un message de tolérance et d'ouverture n'en est pas une.
Je voudrais insister sur un autre point. L'enseignement de la foi ne doit pas non plus se contenter de propos moraux, sociaux ou bioéthiques. Il doit présenter aux enfants, progressivement certes, mais sans reports incessants, les points centraux de la foi, rassemblés, comme on le sait, dans le Symbole des Apôtres et dans le Credo de Nicée-Constantinople.
Ce n'est que de cette manière, me semble-t-il et s'il y recourt, que l'enseignement catholique pourra, dans notre pays, réussir à endiguer cette terrible déchristianisation à laquelle nous assistons depuis un certain nombre d'années le coeur serré.

Écrit par : Sophrone, | 30/09/2009

@ Sophrone

> Il faudrait dire ici, selon le mot grec : "Symbole de Nicée-Constantinople", plutôt que : "Credo", qui est un mot latin. Le "symbole" est ce qui rassemble (les points centraux de la foi, comme vous le dites fort bien) et c'est l'exact antonyme de "diabolos" (ce qui divise). L'étymologie est toujours éclairante !

Écrit par : Michel de Guibert, | 30/09/2009

UNE BOMBE

> va y avoir du boulot ! la situation est telle dans les établissements catholiques sous contrat, enfin la plupart, que cette lettre va faire l'effet d'une bombe ! dans les salles de profs ! le problème est que les équipes de pastorale font la pluie et le beau temps, qu'il ne faut surtout pas afficher ses convictions que dis-je être "catho", personne à la messe de rentrée de l'établissement etc. etc. D'un autre côté j'ai envie de dire alleluia parce qu'au moins on ne se sera pas battu pour rien entre 1981 et 1984 !

Écrit par : alice, | 30/09/2009

LES ECOLES DE PARENTS

> Cher PP, ce que vous dites sur les parents libéraux-bobos est vrai, mais il n’est pas certain que ceux-ci soient le frein le plus puissant à l’annonce de l’évangile dans l’enseignement catholique. Par expérience, je pense que le principal frein est le corps enseignant, notamment au collège et au lycée (ça va mieux en primaire). Sachant qu’il semble difficile de renouveler brutalement les deux tiers du corps professoral et que les modes de formation alternatifs n’existent pas (à ma connaissance), je crains qu’il ne soit déjà trop tard : Mr de Labarre aura un mal fou à redresser la barre (sans mauvais jeu de mots).
Une solution alternative : les écoles de parents, qui se développent progressivement, y compris au niveau du collège. En somme, c’est un nouvel enseignement catholique qu’il faut fonder, à l’initiative des familles. Mon fils est dans l’un de ces collèges : on y étudie bien dans une ambiance familiale et on y apprend la religion… rien que des choses simples et naturelles.
Avis aux amateurs… c’est possible.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 30/09/2009

> Je suis entièrement d'accord avec votre analyse, cher Guillaume de Prémare, mais comment financez-vous ce type d'établissement ? Car il ne faudrait pas qu'ils soient des îlots réservés aux catégories aisées. Bien sûr, on peut mettre en place un système de bourse, mais qui va alimenter ce fonds d'aide ? Si l'on veut des écoles vraiment chrétiennes, elles doivent être accessibles à tous. Et cela coûte cher.

Écrit par : vf, | 30/09/2009

@ Guillaume de Prémare

> Oui, mais ces écoles chrétiennes sont généralement hors contrat et donc chères (même si certaines développent des systèmes internes de bourses, qui restent nécessairement limitées).

Écrit par : Michel de Guibert, | 30/09/2009

ECOLE PRIVEE, ECOLE PUBLIQUE

> J'ai attrapé, avant hier, à la radio (Radio Fidélité), un échange entre la directrice de l'APEL (dont je n'ai pas pu savoir si c'était juste pour ma région, ou au niveau national) et le maire d'une petite commune, sur le financement de l'école privé. Je suis désolé, c'est très flou car j'ai pris l'émission en route, et je ne retrouve pas l'information ailleurs...
En gros le dialogue était une dispute dans laquelle le maire (sans étiquette) ne voyait pas pourquoi il devrait financer une école privée, alors qu'il finance déjà l'école publique. Pour lui, si les parents font le choix du privé, c'est à eux de l'assumer. La directrice de l'APEL a essayé de lui expliquer calmement que les enfants du privé n'étaient plus une charge sur le plan scolaire pour la commune, tandis que les parents restaient des contribuables. Le maire a essayé une petite parabole : il y a de l'eau qui coule au robinet de chacun, je ne vois pas pourquoi je devrais donner de l'argent à ceux qui choisissent d'acheter de l'eau en bouteille. Il a du oublier certainement que ceux qui achetaient de l'eau en bouteille ne payaient pas l'eau du robinet qu'ils ne buvaient pas, tandis que les contribuables continuent de contribuer au financement de l'école publique quand bien même ils font le choix du privé.
Ceci n'étant pas pour dire qu'il faudrait exonérer les parents faisant le choix du privé de leur contribution à l'enseignement public, mais comme en plus les écoles en question sont sous contrat, il me semble honnête de reconnaitre que ces parents ne devraient pas être pénalisés en exerçant leur libre choix (et même parfois une objection de conscience, tout simplement) d'éducation pour leurs enfants.
J'avoue : je milite un peu pour le chèque scolaire (ou chèque éducation). Certaines mauvaises langues veulent y voir une banale privatisation qui sonnerait comme l'absorption définitive de l'éducation par le capital. Mais c'est oublier que cette éducation resterait gratuite pour tous (on a vu mieux comme forme de mercantilisme) et qu'elle permettrait une vraie liberté d'enseignement. Les écoles de parents dont parle Guillaume de Prémare, par exemple, pourraient alors rencontrer le succès qu'elles méritent.

Écrit par : Pneumatis, | 01/10/2009

EN FAVEUR DE L'ECOLE PUBLIQUE

> Le danger des "bonnes écoles catholiques" rêvées reste néanmoins une sorte de cocooning spirituel, un petit confort catho qui ne prépare pas au grand combat face à l'apostasie généralisée.
Je remercie mes parents d'avoir fait le choix de me faire suivre mes études dans des établissements publics. J'ai eu, néanmoins, la chance de rencontrer dans ces établissements des aumoniers de très grande valeur. Confrontés quotidiennement à l'incroyance et la moquerie de la part de nos condisciples, nous étions, par obligation, d'une part formés théologiquement et d'autre part amenés à témoigner. Je peux vous dire que la grande majorité des garçons et filles réellement actifs dans ces aumoneries se sont engagés plus tard dans leur vie d'adulte. Peut-on dire la même chose des "bonnes écoles catholiques" d'autrefois ? Je n'en suis pas sur.
Il s'agissait bien sur des classes secondaires (de la 2e à la terminale) et je serais moins sur de moi en ce qui concerne les classes de collège.
En tout état de cause, la priorité est, à mon avis, la catéchèse des préadolescents et adolescents. Dans ce domaine, tout est à revoir, tant sur le fond que sur la forme. J'ai seulement peur que toute réforme d'enseignement subisse les mêmes avatars que ces multiples et ineptes réformes de l'enseignement courant dont on peut mesurer le désastre.
Enfin dernière remarque plus générale sur l'enseignement du "socle" des vérités catholiques. Le "Symbole de Nicée-Constantinople" avait été rédigé pour faire face à toutes les dérives théologiques d'un temps mais qui pullulent également aujourd'hui. Texte précis et clair, pourquoi est-il si rare dans nos messes du rite ordinaire. Je suis attéré d'entendre si souvent des espèces de credo croupion, sinon à la limite de l'hérésie mais en tout cas d'une pauvreté affligeante.
Pourquoi ce symbole n'est-il dit qu'exceptionnellement ? pour gagner du temps ? parce que la chrétienne ménagère de moins de 50 ans est trop stupide pour en comprendre tout le sens ? ou parce que ... (mais là je risque d'être un peu vache !)

Écrit par : gdecock, | 01/10/2009

@ Vf et MdG

> Il est possible de mettre ce type d’établissement sous contrat d’association avec l’Etat, sans préjudice pour la liberté du projet éducatif. Le collège de mon fils a fait progressivement passer chaque classe sous contrat. La scolarité est de 1850 euros par an, contre 1000 euros environ pour un collège privé catholique « classique ». L’effort financier n’est donc pas forcément insurmontable. On peut demander de l’aide à la grand-mère, au parrain etc. Par ailleurs, un système de solidarité peut être instauré au sein de l’école.
Pour ceux qui s’intéressent aux écoles de parents : http://www.creer-son-ecole.com/
Autre possibilité si vous avez un projet : demander des informations et conseils à des familles qui ont créé une école.
Suggestion pour de jeunes retraités qui voudraient s’engager pour l’avenir de leurs petits-enfants : créer une « fondation pour l’école » qui rassemble des fonds destinés à subventionner les projets et à distribuer des bourses.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 01/10/2009

CREER SON ECOLE

> Merci pour ce lien vers "Créer son école", je ne connaissais pas et c'est vraiment très intéressant.

Écrit par : Pneumatis, | 01/10/2009

LES QUESTIONS D'UNE MERE ET D'UNE ENSEIGNANTE (DU PUBLIC)

> Le fait que ce sujet soit abordé ici me transporte de joie. Il fait écho à des question qui troublent mon âme depuis quelques temps déjà. En tant que professeur (établissements publics), je m'interroge depuis mon entrée dans l'enseignement sur la légitimité d'un enseignement privé.
1) Si les valeurs véhiculées par les écoles confessionnelles sont compatibles avec celles enseignées dans les établissements publiques, il n'y a pas d'objection majeure à un éventuel financement total de l'Etat de ces écoles privées (je pense aux chèques-éducation), à ceci près : quelle devient, ce postulat posé, la spécificité des écoles privées ? Quelle est leur "plus-value" ?
2) Si, au contraire, l'enseignement moral de certains de ces écoles, comme les écoles catholiques, est orthogonal à celui des écoles publiques (où règne l'idéologie libérale-libertaire, où l'on adule le positivisme, le scientisme, le matérialisme, le démocratisme, le modernisme, le relativisme et l'indifférence -sous le visage avenant de la tolérance- sans aucun recul critique -je parle d'expérience...-, où Voltaire est présenté aux élèves comme le summum de l'humaniste éclairé), du point de vue de l'Etat, on conçoit qu'il soit difficile d'accepter de cautionner des valeurs susceptibles de remettre en cause l'ordre -moral, social, économique- établi. Sans compter l'argument "anticommunautariste", que je me refuse à balayer d'un revers de main (si les écoles catholiques se justifient, alors les écoles coraniques, rabbiniques et autres également...)
Mais alors, quel désespoir pour une mère comme moi qui, parce qu'elle a 6 enfants, ne peut espérer les mettre tous un jour dans un établissement conforme à ses croyances !
L'aporie est terrible : soit le privé n'est finalement pas si différent du public et peut être gratuit, auquel cas on s'en cogne un peu quand même, soit il est essentiellement, radicalement différent, mais je comprends alors mal comment l'Etat pourrait accepter de le prendre en charge et il restera l'apanage des plus aisés (dévoyant de ce fait d'ailleurs le message évangélique, non par intention, j'en suis persuadée, mais par nécessité).
L'autre raison, la principale d'ailleurs, invoquée par les parents en faveur du privé, est la qualité de l'enseignement prodigué (avec moins de moyens curieusement... A méditer...)
Mais peut-on justifier l'existence d'écoles privées (et payantes donc...) pour simplement suppléer aux écoles publiques dont l'objectif initial ne fut jamais atteint ? Ne vaut-il pas mieux chercher à amender l'école publique ? Là encore, les écoles privées n'ont pas de réelle légitimité si elles ne sont que ce que les écoles publiques devraient être gratuitement. Mais si elles sont effectivement plus "performantes", comment, dans le cas où le chèque-éducation" leur permettrait de s'épanouir, se déroulerait la "sélection" des élèves ? Où seraient relégués ceux dont personne ne voudrait ?
J'ai bien conscience de me faire l'avocat du diable, puisqu'il m'est personnellement devenu intolérable d'enseigner à des élèves qu'il est tellement important -et suffisant- de devenir un "bon citoyen-consommateur", particulièrement dans les classes de ZEP qui sont celles où j'officie, et où je deviens presque rouge de honte lorsque je m'entends leur dire que l'école est une magnifique opportunité pour eux et qu'ils peuvent "s'en sortir" ou encore "réussir" (expressions tellement galvaudées qu'il devient urgent de les interroger également...).
Je ne crois plus à l'égalité des chances, j'exècre le collège unique et le nivellement par le bas et/ou l'élitisme qu'il induit, je suis de plus en plus persuadée que la foi n'est pas cantonable à la seule sphère privée.
Mais serais-je plus heureuse en allant enseigner dans le privé (j'y pense beaucoup ces derniers temps) ? Quelle serait la différence réelle pour mes enfants, à supposer que je puisse leur offrir une école privée, qu'il s'agisse d'instruction stricto sensu ou, plus largement d'éducation (dans un contexte où nous sommes très actifs au sein de la paroisse et dans le cadre de notre famille) ?
J'attends beaucoup de vos réflexions pour m'aider à y voir plus clair sur ces questions qui me préoccupent comme mère et comme enseignante.

Écrit par : blanche, | 01/10/2009

@ gdecock

> D'accord avec vous pour le public, ce n'est pas le diable, loin de là (moi aussi j'ai fait 100% public). Attention cependant à la période du collège, c'est plus compliqué. Cela dépend de votre lieu géographique. Pour moi, c'est Les Mureaux...
Concernant votre peinture convenue du "confort catho", pas du tout d’accord : aucun « cocooning spirituel », mais « exigence spirituelle », c’est-à-dire tout l’inverse. Cela n’a rien de « confortable », ni pour l’enfant, ni pour les parents, parce que cela demande des efforts.
Je ne sais pas si vous avez des enfants et quel âge ils ont, mais permettez-moi une réflexion de père de famille (18, 17, 13 et 5 ans) : ne lançons pas nos enfants trop tôt dans le grand combat extérieur dont vous parlez, mais lançons-les le plus tôt possible dans le grand combat intérieur, qui est l’aventure d’une vie.
Je ne suis pas idéologue, mais pragmatique : j’ai 9 frères et sœurs et il y a 42 petits-enfants. Comme dernier des 10, j’ai eu un point d’observation rêvé. Ceux de mes frères et sœurs qui ont joué la fameuse « ouverture » quasi-obligatoire ont des enfants très sympas et agréables mais ils ont, pour la quasi-totalité d’entre eux, épousé les idées du monde, ce que vous appelez « l’apostasie généralisée ». Même constat chez mes amis quadra (même s’il y a toujours les incontournables exceptions). J’ai préféré imiter ceux qui ont transmis la foi.
Pour moi, l’idéologie de « l’ouverture » pour l’éducation, c’est du pipeau… La protection, ce n’est pas un gros mot : un enfant, c’est fragile et ça se protège, ça se construit, le plus loin possible des précipices.
Cela dit, et pour ramener le débat à l’essentiel, le plus important, par-dessus tout : un papa et une maman qui s’aiment… ça fait 80 % du boulot… mais ça ne fait pas tout le boulot.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 01/10/2009

A guillaume de Prémare:

> Je ne suis guère convaincu pas vos solutions de financement. Les familles modestes, par définition, ont des moyens limités. 1850 est une somme impossible à trouver pour nombre de celles que je connais. Faire appel au parrain, etc. est un peu limite comme proposition, je trouve (surtout s'il y a plusieurs enfants). Quant à la solidarité des familles dans l'école, elle est limitée par le nombre. Cette solution laisserait la majorité des familles modestes de côté. Et si l'école passe un contrat avec l'état, tôt ou tard, c'en sera fini de sa liberté dans les conditions actuelles. A mon avis, la seule piste à creuser est celle du chèque éducation. Mais cela suppose qu'en France, on accepte l'idée que le choix de l'école relève de la famille mais que l'accès à la scolarité relève de la solidarité de tous. Et ça, c'est pas gagné.
Par contre, je suis entièrement d'accord avec votre vision de l'éducation. Les enfants sont des êtres fragile et en devenir. Il est inconscient de les lancer dans le monde sans qu'ils aient la maîtrise spirituelle et culturelle nécessaire pour l'affronter et le comprendre. Et vous avez raison, un homme et une femme qui s'aiment est la base vitale pour qu'un enfant se construise bien.

A Blanche: vous résumez très bien mon propre parcours. Prof du public ayant fait 10 ans de zep en collège et lycée, je vous comprends très bien. La tentation du privé m'a aussi effleuré mais j'ai vite réalisé que cela ne changerait pas les problèmes. Moi aussi, j'en ai marre d'une instruction laminée par le matérialisme-mercantile, des gosses cassés par le système ou par ses conséquences (divorce, etc;). J'ai été tenté par l'idée de faire mon école, avec une vision chrétienne mais, comme je l'ai déjà dit, la question du financement m'a arrêté (je ne veut pas d'une école ghetto de bcbg dans laquelle il y aurait deux ou trois prolos histoire de faire bien). Alors, qu'en est-il du "mal être" pour parler moderne? Epuisé et vidé, jai eu une mutation pour un petit collège rural et j'ai décidé, pour l'instant, d'envoyer paître le système. J'applique les programmes mais je les élargis ou les approfondis pour corriger l'aspect politiquement correct du parfait citoyen consommateur. Et il y a des choses que je ne fais pas. Bien sur, ma programmation s'en ressent, ainsi que mes inspections (d'ailleurs, merci les Environnement Numériques de Travail qui depuis la rentrée nous fliquent car nous sommes obligés d'y faire figurer le contenu de nos cours presque en temps réel). Alors, c'est évident que c'est une goutte d'eau dans l'océan, mais je ne pense pas que l'on puisse faire plus dans le système actuel et si j'arrive à faire réfléchir quelques élèves, c'est déjà ça.
Quant au privé pour mes enfants, je viens de les en retirer suite à deux affaires qu'ils ont subi, dont une délicate et qui furent traitées de façon hypocrite et lâche. Cela fut d'autant plus douloureux pour nous que ma femme s'était très investie bénévolement dans la catéchèse de ces établissements, ainsi que dans leurs activités périscolaires. Nous en avons retiré une impression de démission et de compromission avec le système ambiant qui nous a dégoûté. Alors je ne pense pas que l'herbe soit plus verte dans le privé.
Ma femme qui fait partie d'un groupe de prière des mères et elle m'apprend peu à peu un de leur axe central: le lâcher prise ou comment tout remettre à Dieu et le laisser faire. C'est long et difficile (pour moi) mais efficace et libérateur.Voici leur site http://www.prieredesmeres.com. Vous y trouverez peut-être des pistes.
En tout cas, gardez courage. Beaucoup d'enfants ne rencontrent jamais d'adultes leur parlant vrai.Il faut continuer.

Écrit par : vf, | 02/10/2009

> Certes, ce n'est pas abordable pour les familles modestes, tout comme l'école catho classique. Mais c'est possible pour les classes moyennes. Pour le contrat d'association, je peux vous assurer que l'ecole de mon fils n'est pas entravée dans son projet éducatif.

Écrit par : Guillaume de Premare, | 02/10/2009

merci à Vf

> ...pour votre témoignage. Cela ne peut être en mesure de me "rassurer" mais au moins d'y voir plus clair ainsi que de me sentir moins isolée, d'achever de me persuader que ce n'est pas moi qui suis folle (ou bien si, mais alors, à l'aune de cette "sagesse humaine" contre laquelle St Paul nous met en garde)
ça doit être la vocation ppale de ce blog du reste, et j'en remercie chaque jour du fond de mon coeur Patrice de Plunkett (et ses "blogonautes" si attachants)
blanche

Écrit par : blanche | 03/10/2009

COLÈRE

> Alors si ce n'est pas ouvert à tous, c'est un ghetto pour favorisés. CSP+ ou classes moyennes, cela reste fermés aux petits et ce n'est pas acceptable si l'on se dit catholiques. Veuillez me pardonner ma colère, mais j'en ras le c.l des classes moyennes cathos qui sont en fait des petits bourgeois qui ne pensent qu'à leur fesses. Vous voulez des écoles chrétiennes pour préserver votre progéniture de la pollution ambiante, mais pour vous, cette pollution est autant celle du système (et c'est acceptable) que celles des classes sociales pour vous corrompues ou socialement infréquentables (et là, je n'ose pas vous écrire ce que je pense). Relisez l'Evangile et ce qu'il dit à propos des petits. Personnellement, je préfère couler à bord du vaisseaux de l'E.N que d'utiliser une de vos barques socialement favorisées. Vous me rappelez ces gens des AFC qui m'avaient rétorqué que lorsqu'on a pas les moyens, on ne fait pas d'enfants. Ce n'est pas comme cela qu'on évangélisera et que l'on portera le message du Christ. L'urgence de notre époque est autant de sortir du système économique matérialiste-mercantile que du système social qu'il à engendré. On pleure parce que nos paroisses se vident mais on n'a pas encore compris qu'elles se vident parce qu'il n'y pas d'amour, de fraternité. Vous faites la même chose avec l'école. Vous réservez cela à ceux qui peuvent payer, les autres, ben tant pis, c'est du dommage collatéral comme on dit. Alors, oui, cela m'énerve car ce n'est pas comme cela que l'on rebâtira des communauté chrétiennes si l'on s'exclut dès l'école. Il n'y a plus riche ni pauvre, ni homme libre, ni esclave dit l'apôtre. Alors, quand, nous chrétiens, allons mettre en oeuvre ce que dit l'apôtre?

Écrit par : vf, | 03/10/2009

TOUT SIMPLEMENT MARRE

> L'aspect financier est un gros blocage à ces écoles hors-contrat, certes...
Mais, au-delà de cet aspect, la multiplication de ces écoles (y compris celles n'ayant pas de motivation confessionnelles) doit forcément faire réfléchir le système, non ? Cela devrait faire bouger les choses à un moment ou à un autre ? Si les gens comprennent que ce n'est pas pour faire un "entre-soi" mais un "autrement" à encourager, parce que les personnes qui les fondent en ont tout simplement marre du système...
En France c'est difficile, mais ailleurs, comment ça se passe, au niveau de la liberté d'instruction ?

Écrit par : Laurence, | 04/10/2009

@ Vf

1. D’accord
Je comprends votre colère, mais nous nous sommes mal compris ou je me suis exprimé trop brièvement ou maladroitement. Mon propos était juste de constater (pour approuver votre objection très juste), qu'en effet l'école privée (qu'elle soit "classique" ou de "parents") n'est pas accessible aux plus pauvres mais aux classes moyennes et +, non de m'en satisfaire (j’aurais sans doute du le préciser). Comme vous, j'aimerais que ce ne soit pas le cas. J'ai émis l’idée d’une "Fondation pour l'école" qui rassemblerait des fonds pour financer des écoles et distribuer des bourses.
2. Pas d’accord
Vous m’attribuez des intentions un peu rapidement : « des classes sociales pour vous corrompues ou socialement infréquentables » dites-vous. Ai-je parlé de cela ? Je veux bien concéder avoir un grand nombre de défauts, y compris ce qu’on pourrait appeler des « défauts de classe », mais vous me prêtez des intentions alors que vous ne connaissez pas ma vie, ni ce que j’ai dans les tripes. Vous m’associez par ailleurs à l’idée qu’il faudrait avoir de l’argent pour avoir des enfants. Vous avez touché un point sensible : je suis le dernier d’une famille de 10 enfants sans fortune et cette idée m’est par nature insupportable. Je l’ai parfois entendue pour mes parents (« des inconscients qui ont 10 enfants sans avoir de fortune »), et plus souvent encore pour l’une de mes sœurs qui en a 8. Je peux vous assurer que dans ces familles, si vous avez un problème avec un enfant ou des problèmes d’argent, on ne vous rate pas : « Voilà ce que c’est que d’avoir tant de gosses. » A croire qu’on s’en réjouirait presque…
Voici pour ma défense. Je n’en fait pas toute une affaire, mais j’avais envie de me défendre un peu…vous comprendrez.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 05/10/2009

A Guillaume de Prémare:

> Pardonnez ma colère et si je vous ai blessé, excusez m'en. Lorsque je parle de classes sociales infréquentables,ce sont des propos que j'ai entendu dans le bouche de gens favorisés qui fréquentaient l'école privée ou j'avais mes enfants. Quant à la nécessité d'avoir de l'argent pour avoir des enfants, c'est une phrase que l'on m'a jetée à la figure au congrès des AFC à Lourdes (qui m'a laissé un souvenir amer). Alors, oui, et je vous en redemande pardon, j'ai fait un peu trop vite l'amalgame entre vos propos sur les catégories sociales pouvant bénéficier de ce type d'école et ceux n'y ayant pas accès. Sans raconter ma vie, je suis assez sensible sur ce thème et j'ai du mal avec un certain milieu catho bourgeois qui ostracise facilement ceux qui ne sont pas de leur monde. Mais je vais faire un effort pour arracher ma poutre de l'oeil. Mille excuse encore.

Écrit par : vf, | 05/10/2009

@ vf

> Merci cher vf, et rassurez-vous, je sors avec le sourire de ces vifs échanges que j’apprécie. Un blog est le lieu idéal pour « sortir un peu les tripes », quitte à tempérer dans un second temps, ce que vous avez fait. Une virile fraternité ne se construit pas à coups de mièvreries convenues ! J’accepte tout à fait votre geste de réconciliation… et gardez votre belle colère : la colère nourrit les âmes transparentes, le cynisme pourrit les âmes noires…

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 06/10/2009

A guillaume de Prémare:

> merci de votre pardon. Mon tempérament n'est pas toujours facile à concilier avec une démarche de charité :)

Écrit par : VF, | 06/10/2009

LES PARENTS

> L'école de la Rochefoucauld constitue un excellent laboratoire : il y a deux ans, crise grave qui a conduit le diocèse à suspendre la mise à disposition d'un aumônier tant que l'école n'aura pas clarifié son projet pastoral. Cette année, c'est l'aumônier de Henri IV qui arrive à la Roche, pour reprendre en main la situation, avec un nouveau curé pour la paroisse SPGC. Et son prédécesseur retrouve une mission digne de son charisme, à Stan.
Comment a t'on pu éviter le pire ? Par la mobilisation des parents. Près de 200 parents ont exprimé avec clarté, détermination et sérénité leur attachement à une vraie pastorale digne de l'enseignement de l'Eglise, de Jean-Paul II et Benoît XVI plutôt qu'une dérive relativiste où la proposition du Christ constituait une simple option "à consommer avec modération".
Ce qui s'est passé à la Roche est exemplaire à la fois du risque de voir une école que l'on pouvait penser sans problèmes partir à la dérive, et de la capacité d'un groupe de parents déterminés à éviter le pire.

Écrit par : Schmitt, | 12/10/2009

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