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26/09/2009

Benoît XVI en Tchéquie, bastion anti-religieux

Le pape prend date pour l'avenir :


 

Arrivant en République tchèque alors que l'Europe centrale célèbre les 20 ans de la chute du communisme, Benoît XVI s'est forcément associé à ce coup d'oeil au passé : « Je m'unis à vous et à vos voisins en rendant grâce pour votre libération de ces régimes oppressifs », a-t-il déclaré sur le tarmac de l'aéroport de Prague. Cependant il avait précisé aux journalistes, dans l'avion : « Ces pays ont particulièrement souffert sous la dictature, mais dans la souffrance sont apparus des concepts de liberté qui sont d'actualité et doivent être mis en oeuvre encore plus aujourd'hui. » Car, avait-il précisé, « la liberté ce n'est pas la permissivité ; la liberté est liée aux grandes valeurs de la vérité, de l'amour et de la solidarité... » Façon de critiquer (vingt ans après la disparition du soviétisme) les résultats spirituels, intellectuels et moraux du matérialisme libéral à l'occidentale.

Les chiffres sont parlants : la Tchéquie est certes le bastion de l'anticatholicisme en Europe centrale (je n'ai vu nulle part d'églises aussi désertes que lors de mes séjours à Prague après 1990), mais cette caractéristique s'est transformée en irréligion de masse depuis la fin du communisme ; entre le recensement officiel de 1991 et celui de 2001, le pourcentage de Tchèques se déclarant « sans confession » était monté de 39 % à 59 % ; celui des croyants était tombé de 43,9 % à 32, 2 % ; celui des athées affichés avait atteint 40 %. Or cette tendance se retrouve dans les autres pays d'Europe centrale : même dans la si catholique Pologne, où le nombre des séminaristes et des pratiquants est en baisse.

L'évolution s'explique en grande partie par la pression socio-économique installée depuis la fin des années 1990 : diffusant partout les normes de comportement individualistes dictées par le consumérisme, elle écrase – selon la formule du pape – « les grandes valeurs de la vérité, de l'amour et de la solidarité ».

Ce constat achève de disqualifier l'utopie des années 1990, selon laquelle la libéralisation de la société irait de pair avec la vision chrétienne de l'existence.

Il ne surprend pas Benoît XVI – pas plus que Jean-Paul II (le Polonais) avant lui. Les papes ne se font aucune illusion sur le système économique libéral, ainsi que l'encyclique Caritas in Veritate vient de le manifester à nouveau.

Cette lucidité n'est pas pessimiste : la visite du chef de l'Eglise catholique dans l'anticatholique Tchéquie est, pour lui, l'occasion d'un témoignage ensemençant l'avenir. L'objectif romain est de rechristianiser les sociétés qui ont dérapé dans le matérialisme relativiste : celles de l'Europe centrale autant que celles de l'Ouest.

 

19:41 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : christianisme

Commentaires

OPTIMISME

> L'optimisme de Benoit XVI est lucide et nous pouvons le partager. La foi religieuse recule partout dans les pays riches. Mais la vie sans horizon transcendant est-elle vivable longtemps ? Le pape fait le pari que non. Pari pascalien. L'avenir risque de surprendre nos
M. Homais médiatiques.

Écrit par : Aspar, | 26/09/2009

LES PAYS-BAS COMME LA TCHEQUIE

> Après la Tchéquie, il faut que Benoît XVI vienne aux Pays-Bas: c'est un des pays d'Europe les moins religieux (entre 40 et 60 % d'athées) et où le "libre arbitre" est le plus développé - au point que l'euthanasie des enfants y est permise.
"O Marie aide les chrétiens des Pays Bas à être aujourd'hui témoins de la résurrection comme les apôtres de ton Fils."
Jean-Paul II - 1985

Écrit par : Jovanovic, | 27/09/2009

MATERIALISMES

> La déchristianisation de la République tchèque, de cette partie de l'ancienne Tchécoslovaquie car il en va différemment de la Slovaquie, est antérieure à l'oppression communiste, laquelle a eu des effets plus délétères que dans les pays où l'Eglise était forte.
Le matérialisme consumériste risque d'avoir raison des uns et des autres, et peut-être plus brutalement dans ces pays qui ont souffert de l'oppression communiste et qui risque de passer presque sans transition du matérialisme athée officiel au matérialisme pratique des sociétés libérales consuméristes...

Écrit par : Michel de Guibert, | 28/09/2009

BERNANOS

> Il ne me paraît pas pertinent de parler en terme d'optimisme ou de pessimisme. Famille chrétienne, dans son dernier numéro, reprend une phrase très drôle de Bernanos: "l'optimiste est un imbécile heureux; le pessimiste est un imbécile malheureux" ! L'Espérance c'est autrechose justement et cela nous sort de la logique mondaine qui ne nous ouvre que ces deux possibilités: être un imbécile heureux ou être un imbécile malheureux

Écrit par : B.H., | 28/09/2009

[ Evangéliser c'est parler avec les gens d'aujourd'hui : or nos médias accusent les papes successifs de "pessimisme" ("vision pessimiste de l'homme"), et ce grief s'est répandu massivement dans l'opinion - on le vérifie dès qu'on rencontre le grand public. Il est donc nécessaire de partir de cet état de choses, pour aider les gens à se clarifier les idées. D'où l'expression : "cette lucidité n'est pas pessimiste". ]

Écrit par : PP, | 29/09/2009

@ B.H.

> Le même Bernanos disait : "L'espérance, c'est le désespoir surmonté".

Écrit par : Michel de Guibert, | 30/09/2009

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