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19/09/2009

Catholiques, divorce, remariage, "femmes prêtres" etc : du sondage Sofres à l'émission de Jeanneney

121108_canada1[1].jpgSi les Français connaissent si peu le contenu de la foi catholique, c'est largement de la faute... des catholiques :


 

 

Dans son émission de ce matin à France Culture, Jean-Noël Jeanneney (sectaire dès qu'il s'agit de catholicisme) exhumait un sondage affirmant que 80 % des Français voudraient le mariage des prêtres et de l'ordination de femmes.

C'était en marge d'un autre sondage, publié avant-hier et concernant autre chose : selon cette enquête Sofres, « les Français se déclarant catholiques divorcent autant que la moyenne de leurs compatriotes (17 %) et se remarient dans les mêmes proportions (5 %) ; les catholiques pratiquants réguliers (qui vont à la messe au moins une à deux fois par mois) divorcent moins (13 %) ; 80 % des Français ne comprennent pas l'interdiction de communier qui frappe les divorcés remariés et ils sont 85 % chez les pratiquants occasionnels ».

Que valent ces sondages ? Rien, pour une raison objective : les Français ignorent à peu près tout de la religion catholique. Il leur est donc difficile d'exprimer un avis. Si on les questionne à son sujet, ils répondent – instinctivement – en appliquant l'idéologie sociale séculière : parité obligatoire et « non aux discriminations ».  Réflexe logique...

Le point illogique est que 85 % des « pratiquants occasionnels » ne comprennent pas que les divorcés remariés s'excluent eux-mêmes de la communion eucharistique. Ils devraient connaître les données de ce problème, parce que l'Eglise catholique les explique nettement (sans cacher qu'il s'agit de situations douloureuses) :

 

Catéchisme de l'Eglise catholique

 

<< 1644 / L’amour des époux exige, par sa nature même, l’unité et l’indissolubilité de leur communauté de personnes qui englobe toute leur vie : " ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair " (Mt 19, 6 ; cf. Gn 2, 24). " Ils sont appelés à grandir sans cesse dans leur communion à travers la fidélité quotidienne à la promesse du don mutuel total que comporte le mariage " (FC 19). Cette communion humaine est confirmée, purifiée et parachevée par la communion en Jésus-Christ donnée par le sacrement de Mariage. Elle s’approfondit par la vie de la foi commune et par l’Eucharistie reçue en commun. […]

1646 / L’amour conjugal exige des époux, de par sa nature même, une fidélité inviolable. Ceci est la conséquence du don d’eux-mêmes que se font l’un à l’autre les époux. L’amour veut être définitif. Il ne peut être " jusqu’à nouvel ordre ". [...]

1647 / Le motif le plus profond se trouve dans la fidélité de Dieu à son alliance, du Christ à son Église. Par le sacrement de mariage les époux sont habilités à représenter cette fidélité et à en témoigner. Par le sacrement, l’indissolubilité du mariage reçoit un sens nouveau et plus profond.

1648 / Il peut paraître difficile, voire impossible, de se lier pour la vie à un être humain. Il est d’autant plus important d’annoncer la bonne nouvelle que Dieu nous aime d’un amour définitif et irrévocable, que les époux ont part à cet amour, qu’il les porte et les soutient, et que par leur fidélité ils peuvent être les témoins de l’amour fidèle de Dieu. Les époux qui, avec la grâce de Dieu, donnent ce témoignage, souvent dans des conditions bien difficiles, méritent la gratitude et le soutien de la communauté ecclésiale (cf. FC 20).

1649 / Il existe cependant des situations où la cohabitation matrimoniale devient pratiquement impossible pour des raisons très diverses. En de tels cas, l’Église admet la séparation physique des époux et la fin de la cohabitation. Les époux ne cessent pas d’être mari et femme devant Dieu ; ils ne sont pas libres de contracter une nouvelle union. En cette situation difficile, la solution la meilleure serait, si possible, la réconciliation. La communauté chrétienne est appelée à aider ces personnes à vivre chrétiennement leur situation, dans la fidélité au lien de leur mariage qui reste indissoluble (cf. FC 83 ; CIC, can. 1151-1155).

1650 / Nombreux sont aujourd’hui, dans bien des pays, les catholiques qui ont recours au divorce selon les lois civiles et qui contractent civilement une nouvelle union. L’Église maintient, par fidélité à la parole de Jésus Christ (" Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l’égard de la première ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère " : Mc 10, 11-12), qu’elle ne peut reconnaître comme valide une nouvelle union, si le premier mariage l’était. Si les divorcés sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu. Dès lors ils ne peuvent pas accéder à la communion eucharistique, aussi longtemps que persiste cette situation. Pour la même raison ils ne peuvent pas exercer certaines responsabilités ecclésiales. La réconciliation par le sacrement de pénitence ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et se sont engagés à vivre dans une continence complète.

1651 / A l’égard des chrétiens qui vivent en cette situation et qui souvent gardent la foi et désirent élever chrétiennement leurs enfants, les prêtres et toute la communauté doivent faire preuve d’une sollicitude attentive, afin qu’ils ne se considèrent pas comme séparés de l’Église, à la vie de laquelle ils peuvent et doivent participer en tant que baptisés : on les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce de Dieu (FC 84). >>

 

Voilà ce qu'est la foi catholique vis-à-vis ces situations, douloureuses pour les divorcés remariés et pour les communautés paroissiales. Deux attitudes sont possibles :

- revendiquer que l'Eglise « s'adapte » (non sans conséquences pour la foi : mais la foi et la parole du Christ sont-ils le premier souci des revendicateurs ?) ;

- vivre ces situations dans la fidélité à la foi ; démarche difficile, mais vivable, contrairement à ce qu'affirment les médias en toute méconnaissance de cause. J'en ai connu des exemples impressionnants parmi mes proches relations. Ils sont plus nombreux qu'on ne croirait.

Pourquoi n'en parle-t-on pas ? Parce qu'ils sont discrets.

Il y a aussi une autre raison : si l'Eglise catholique est actuellement incomprise des Français, dans ce domaine comme dans presque tous les autres, c'est (en partie) parce que les catholiques français ont donné l'impression, de 1970 à la fin des années 1980, de ne plus trop croire eux-mêmes en ce qui est leur trésor et leur raison d'être : la présence réelle eucharistique. Si l'eucharistie n'est pas le Christ en personne, alors la communion n'est qu'un signe d'amitié entre nous – et on serait injuste et méchant de la refuser à qui que ce soit ; mais si l'eucharistie est le Christ en personne, elle ne fait qu'un avec sa parole – en tous domaines, y compris à propos du mariage... [1]

Notre carence pédagogique en la matière a pris fin, mais la chute d'audience de l'Eglise en France a sérieusement diminué l'impact de ses explications. D'où l'ignorance des pratiquants occasionnels, ceux qui ne viennent qu'aux mariages et aux enterrements. D'où aussi l'urgence de la nouvelle évangélisation.



Revenons à l'émission de France-Culture. L'invité était le médiéviste Jacques Dalarun [2] : il a su contourner les questions partiales de Jeanneney, mais celui-ci a donné une fois de plus sa mesure en affirmant que le refus des « femmes prêtres » est le propre de Benoît XVI (alors que c'est une constante du christianisme depuis les origines [3]). Pourquoi cette constante ? Pourquoi les Eglises orthodoxes non plus n'acceptent-elles pas d'ordonner des femmes ? Parce que les orthodoxes comme les catholiques ont la présence réelle eucharistique ? Alors où est le lien entre cette eucharistie et la masculinité ? Vastes questions, auxquelles les théologiens latins et orientaux apportent depuis toujours des réponses solides et dénuées de misogynie ; mais l'émission n'a pas permis de le savoir. Selon la sous-culture médiatique, rien de ce que fait l'Eglise catholique ne saurait avoir de raisons objectives pour aujourd'hui : tout vient de sa persistance « à maintenir des tabous du Moyen Âge ». Nous vivons une époque de grande intelligence.

 

_________________

[1]  Soyons clairs : ceux qui exigent que l'Eglise change dans ce domaine, sont également ceux qui disent que l'eucharistie n'est pas la présence réelle et que la messe n'est pas le sacrifice du Christ : tout se tient. On le constate aussi à propos de la revendication du « sacerdoce des femmes ».

[2] spécialiste de l'érémitisme dans l'Ouest de la France (Robert d'Arbrissel), des expériences religieuses féminines dans l'Italie des XIIIe et XIVe siècles, et de François et de Claire d'Assise.

[3]  Les pasteurs n'étant pas des prêtres (cf la question de ce qu'est l'eucharistie), l'existence de nombreuses femmes pasteurs n'est pas un argument.

 

 

 

Commentaires

BORN AGAIN ?

> J'ai écouté l'émission que vous citez et j'ai beaucoup aimé le ton et les précisions apportées par le médiéviste Jacques Dalarun. Il a su donner des réponses très argumentées sur un ton calme et serein qui doit prendre appui sur de solides connaissances.
Merci pour ce rappel du catéchisme qui me permet de prendre connaissances de positions qu'en fait j'ignorais complètement !
Sujet de méditations pour l'homme que je suis, divorcé depuis 8 ans.
Pour info, j'ai décidé de renouer avec l'Eglise en participant à une pastorale de "recommençants" sur Toulouse. :-)

Écrit par : omicron | 19/09/2009

NE PAS VIVRE EN VASE CLOS

> Je suis bien d'accord. A nous catholiques d'expliquer notre foi. Mais il faudrait aussi que le catéchisme censé formé les jeunes cathos soit réellement catholique et pas une espèce de vulgate humanitaro-sociale. J'ai un mauvais souvenir de ma préparation à la confirmation passée à "réfléchir" sur le monde du travail et la solidarité. Bien sur, cela date maintenant (c'était dans les années 70). Mais de nos jours, quand je vois ce que mes enfants font au "KT" comme on dit, je comprends le vide culturel des cathos actuels. Les catéchèses des jmj en 97 ont eu un succès monstre. Pourquoi on ne les retrouve pas dans nos paroisses? Pourquoi les dynamiques lancées depuis quelques années restent centrées sur quelques communautés et quelques centres urbains sans redescendre dans les paroisses? Et si l'évangélisation commençait par transmettre cette dynamique dans les paroisses et les diocèses à l'écart? Et s'il fallait que les membres de ces communautés aillent témoigner dans nos paroisses? Je connais un certain nombre de gens, très cathos comme il faut mais qui ne jurent que par Paray-le-monial et les Béatitudes (si je me rappelle bien). OK, mais ils ne s'investissent pas dans la paroisse. Ils font leurs sessions à Paray, se ressourcent et c'est tout. On les voit le dimanche à la messe et puis ciao. Somme-nous vraiment chrétiens si on vit en vase clos? Comment témoigner et transmettre notre foi si on se contente d'aller dans une communauté et de s'y trouver bien?

Écrit par : vf | 19/09/2009

PRIMITIVE EGLISE

> Dans la primitive Eglise les catéchumènes (postulants au baptême, en cours d'initiation au mystère chrétien) n'assistaient qu'à la première partie de la célébration (la Parole) et sortaient avant la consécration. A plus forte raison ne participaient-ils pas à la communion eucharistique ! On ne pouvait pas mieux souligner le fait que communier exige d'être pleinement chrétien, formé à toutes les "vérités de la foi" et adhérant à celles-ci. Alors qu'aujourd'hui certains (hélas nombreux) voudraient que l'eucharistie soit distribuée à tout le monde, croyants ou non. Je ne parle même pas de la question de "l'état de grâce", mais là je crois que le pire est passé et que les paroisses font de nouveau un effort d'explication pour remettre en lumière la nécessité du sacrement de réconciliation avant d'accéder à la communion. Ce qui amène les catholiques à redécouvrir l'idée qu'ils peuvent, mais si, mais si, commettre objectivement des "péchés" envers Dieu : autre chose que des "erreurs" ou des "actes manqués" freudiens...

Écrit par : Marie-Noëlle | 19/09/2009

UN ENSEMBLE INTELLECTUEL ET SPIRITUEL

> Oui, tout est lié dans le catholicisme : c'est un ensemble intellectuel et spirituel où tout se déduit "organiquement". Les gens d'aujourd'hui ne le savent pas. C'est parce que qu'on ne le leur a pas dit. Ni à leurs parents... Responsabilité criminelle de la génération catholique de l'après-concile : alors que Vatican II avait demandé qu'on explique mieux (plus clairement et fortement) les choses essentielles de la foi, cette génération les a mises au placard pour raconter n'importe quoi à la place : une soupe de psychanalyse de bazar, complaisante, démagogique. Ne pas s'étonner alors que les églises se soient vidées. Quand on voit de la camelote, on quitte le magasin.

Écrit par : Paul Morin | 19/09/2009

SUBJECTIVISME DE MASSE

> Le pire est qu'il y a des personnes, aujourd'hui encore, et quelque fois avec des responsabilités ecclésiales ou dans des journaux catholiques, pour rejeter l'évidence et dire qu'aucune faute n'a été commise en 1970-1980. Ceux-là voudraient nous faire croire qu'on a eu raison de placardiser la foi et de la remplacer par une "prise en compte de la complexité" (dit un journal que je ne veux pas nommer pour ne pas tomber dans la polémique). Boniment ! Se rallier au subjectivisme de masse et aux moeurs de marketing matérialiste-mercantile n'est pas "prendre en compte la complexité", c'est se mettre aux ordres de Mammon. Un point c'est tout, comme dirait l'autre.

Écrit par : Girolamo | 19/09/2009

à GIROLAMO

> "Aux ordres de Mammon" exactement. C'est une chose qui me surprend chez ceux qui se disent les "catholiques réformateurs" ou "chrétiens critiques" : ils se croient "de gauche" alors qu'ils sont acquis aux moeurs libérales-libertaires, le "nouvel esprit du capitalisme" dont il était question dans ce blog récemment.

Écrit par : Claire | 19/09/2009

JEAN 6, 53

> Oui, mais enfin Jésus n'est pas venu pour les bien-portants, mais pour les pécheurs (Matthieu 12, 10 ; Marc 2, 17 ; Luc 5, 31) et c'est lui qui nous dit : "Je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui mangera de ce pain vivra à jamais. (...) Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous." (Jean 6, 53).

Écrit par : Michel de Guibert | 19/09/2009

> M. de Guibert, vous donnez tort à la règle constante de l'Eglise sur l'accession à l'eucharistie ?

Écrit par : Marie-Noëlle | 19/09/2009

> Ne confondons pas communion fréquente avec bradage du sacrement.

Écrit par : Beuzec | 19/09/2009

> Marie-Noëlle, je ne fais pas du juridisme et je ne donne pas tort à l'Évangile de Jésus Christ. Quant à la question de l'état de grâce, je vous répondrai comme Jeanne d'Arc à l'évêque Cauchon : "Si je n'y suis, Dieu m'y mette. Et si j'y suis, Dieu m'y garde !"

Écrit par : Michel de Guibert | 19/09/2009

CHER VF...
> ...Je déplore, comme vous, que de nombreux chrétiens engagés le soient surtout... vis-à-vis de leur milieu et de leur(s) communauté(s) d'appartenance. Vivre en vase clos n'est pas vivre en chrétien, c'est clair. La nouvelle évangélisation est une priorité, mais...n'est-il pas déjà trop tard ? Dans 50 ans tout au plus, notre pays sera majoritairement musulman (pour d'autres, tels la Belgique ou les Pays-Bas, j'ai bien peur que cela se passe bien avant). En raison de la quasi-disparition des chrétiens fervents en France, nous manquons, si je puis m'exprimer ainsi, d'anti-corps face à l'islamisation (de moins en moins) silencieuse de notre pays. A la fin du processus, le noyau qui restera sera bien obligé de vivre replié sur lui-même...
J'ai beau me dire que la foi n'est pas attachée à une nation particulière, que l'expression "Fille aînée" ne renvoie à rien, je n'arrive pas à me me faire à l'idée qu'un jour la terre de France appartiendra à Allah...Et que mes enfants seront réduits à vivre dans la dhimmitude.
Question : a -t-on vu, dans l'histoire, un exemple où la Foi ait pu renaître (sans "bain de sang" préalable), sur un territoire qui était majoritairement musulman ? Comme le dit très bien Daniel-Ange, en substance, là où l'Islam fleurit, l'Eglise ne repousse plus jamais...
Feld

[ De PP à F. - Alors cette société aura eu ce qu'elle mérite, et l'Eglise fleurira ailleurs dans le monde... ]

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Écrit par : Feld, | 20/09/2009

LA FOI N'EST PAS UN PATRIMOINE GENETIQUE

> Mon cher Feld, d'une part, ce qui m'intéresse est ce qui se passe maintenant, pas dans 30 ou 50 ans car c'est aujourd'hui que nous semons. Ensuite, si l'islam prospère, c'est bien parce que les chrétiens lui laissent la place, d'où ma remarque sur le repli social et communautaire à l'intérieur de l'Eglise. Il ne s'agit pas d'envisager de vivre comme les Coptes d'Egypte dans 50 ans, mais de voir l'Eglise de France (et d'Europe?) se dessécher et se vider notamment à cause d'une mentalité égoïste et frileuse de nombre de chrétiens qui ne pensent qu'à leur petit confort spirituel. Quand je vois des chrétiens évangéliques, je me dis qu'ils sont bien plus chrétiens que nous catholiques, du moins sur le plan de la vie fraternelle et du témoignage (le reste, théologie etc, ne relève pas de cette discussion). Vous savez, en ce moment je repense souvent à la parabole du jeune homme riche. Et je constate que bien souvent, on fait comme lui. On est plein d'enthousiasme, on veut suivre le Christ mais quand il nous dit:" donnes-toi entièrement, vend ce que tu as et suis-moi", là on repart triste car nous aussi, nous avons de grands biens que l'on a du mal à quitter (biens matériels mais aussi confort social ou spirituel, habitudes devenues encroûtement, réflexes mentaux figés, etc.). La question n'est pas de savoir si Notre-Dame sera une mosquée dans 50 ans, la question est de savoir pourquoi nous n'évangélisons pas ? La foi n'est pas un patrimoine génétique, elle est une évangélisation à chaque génération nouvelle. La preuve, la génération 68 ne l'a pas fait et regardez où nous en sommes.

Écrit par : vf, | 20/09/2009

PAS D'ISLAMISATION DE LA FRANCE

> à feld - Je vois mal pourquoi vous craignez une islamisation de la France. Selon toute apparence, l'islam ne se porte guère mieux que le christianisme dans notre pays, sinon pire... Ce sont plutôt l'athéisme et l'agnosticisme qui se répandent. La présence de l'islam en France fonctionne davantage comme un marqueur identitaire pour les immigrés de fraîche date (les Français d'origine chinoise se comportent de manière similaire). Mais qu'en est-il vraiment de la vitalité des communautés? il est tout de même frappant que la plupart des conversions soient motivées par des projets de mariage ! ce n'est pas avec des considérations aussi terre à terre que la France s'islamisera.
D'ailleurs, nous devons probablement nous attendre à une baisse conséquente des convictions religieuses dans les pays de culture islamique eux-mêmes, pour les générations à venir. Le libéralisme, qui est un puissant facteur d'incroyance, travaille de plus en plus ces sociétés. L'islamisme lui-même peut être compris comme une réaction significative aux mutations en train de s'opérer. Ajoutons encore que l'islamisme est en train de creuser sa propre tombe. C'est ma conviction personnelle; il va jouer le même rôle de détachement religieux que les guerres de religion et la politique de catholicisation forcée menée par Louis XIV en France. Nous verrons bien si une telle évolution profitera ou non à l'annonce de l'Evangile ; restons modestes.
Je ne veux pas nier l'authenticité de la foi vécue par certains musulmans français. Mais de là à voir en eux les avant-gardes d'un islam qui se substituerait à la défunte chrétienté, il y a un pas que je me garderai de franchir...

Écrit par : Blaise, | 20/09/2009

ATHEISME = "OPPRESSION BOURGEOISE"

Je ne peux m’empêcher de penser à cette déclaration lapidaire de John Milbank, dans une interview :
"L’athéisme c’est l’oppression bourgeoise; l’athéisme c’est l’opium du peuple."
Quelques lignes plus haut, il affirmait :
"Selon moi, la modernité c’est le libéralisme, le libéralisme c’est le capitalisme – l’économie politique – et le capitalisme c’est l’athéisme et le nihilisme. Ne pas voir cela, ou plutôt ne pas le voir suffisamment, c’est le déficit critique du marxisme."
Autrement dit, l’athéisme est intrinsèquement lié à nos sociétés libérales. La Nouvelle Evangélisation doit par conséquent s’accompagner d’une remise en cause radicale de l’état présent des choses. Ce qu’a d’ailleurs fait Jean-Paul II de son vivant, lorsqu’il dénonçait les "structures de péché". L’islam de France est confronté aux mêmes difficultés que les catholiques. Donc n’idéalisons pas sa position.
Blaise

[ De PP à B. - Je souscris entièrement à cela. ]

Écrit par : Blaise, | 20/09/2009

À PEINE EQUIPES

> On peut être pour ou contre le bien-fondé de l'enseignement de l'Eglise à propos du mariage : après tout les Orthodoxes ont une position différente à ce sujet de celle des Catholiques, puisqu'ils admettent la possibilité d'un remariage.
Il est très permis aux catholiques d'avoir un cerveau et de s'en servir, du moment que leur unique préoccupation est la recherche de la vérité pour elle-même.
En revanche, que des catholiques ne "comprennent" pas la position de l'Eglise, voire souhaiteraient qu'elle se conforme aux moeurs de la société, voilà qui est une grave anomalie et une insulte à l'intelligence. Cela signifie que ces chrétiens, ces spectres en fait, n'entendent rien de leur propre religion et qu'ils ne savent pas même ce qu'ils font. Qu'est-ce qui différencie en fin de compte ces catholiques des non-croyants ? Il vaudrait mieux qu'ils cessent leur hypocrisie en cessant de s'appeler catholique. Il est vrai que la plupart de nos concitoyens sont à peine équipés pour suivre les feuilletons comme "Plus belle la vie", alors leur demander d'ouvrir un catéchisme...

Écrit par : Marius, | 20/09/2009

VOCATION DE LA FRANCE

> Réponse à Feld : l'expression "fille aînée" de l'Eglise ne renvoie pas à rien.
1. La France reçoit sa vocation à Reims en 496 : relire le testament de saint Rémi et les (nombreux) écrits des papes sur la France.
2. L'infidélité n'annule pas la vocation : la fidélité peut succéder à l'infidélité.
3. Garder l'espérance et relire saint Pie X :
« Dieu garde pour la France sa prédilection. La France ne cesse point d'être la Fille Aînée de l'Eglise. » « Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation. »
« Un jour viendra, et nous espérons qu'il n'est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d'une lumière céleste et entendra une voix qui lui répètera : "Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ?" Et sur la réponse : "Qui es-tu Seigneur ?" La voix répliquera : "Je suis Jésus que tu persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon, parce que dans ton obstination, tu te ruines toi-même." Et elle, tremblante et étonnée, dira : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?" Et lui : "Lève-toi, lave tes souillures qui t'ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l'Eglise, nation prédestinée, vase d'élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre. »

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 21/09/2009

LE CHEMIN

> Qu'il est dur, le chemin des catholiques dont le mariage a été un échec et qui vivent leur foi "à côté". C'est mon cas. Engagée dans une paroisse à une oeuvre de charité, faisant un pélerinage comme bénévole à Lourdes tous les ans, allant à la messe le dimanche, et tout cela sans communion. Grâce m'est donnée de continuer à aimer l'Eglise, d'aimer cette vie de foi un peu particulière, tue la plupart du temps pour ne pas générer de réaction.
Oui, il est dur, ce chemin privé de communion. Mais là où il sera encore plus difficile à parcourir, c'est quand viendra la fin. Il ne me sera pas donné de pouvoir communier avant de me présenter devant le Père. Et l'onction des malades, je ne devrai pas y avoir droit non plus, je pense ! Et ça, croyez-moi, c'est VRAIMENT le plus difficile à imaginer. J'en arrive à espérer avoir perdu la raison à cet ultime instant pour taire l'angoisse qui monte.
Natalie

[ De PP à N. - Parlez-en avec un prêtre compétent. Je ne crois pas que votre angoisse ait la moindre raison d'être ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Natalie, | 22/09/2009

à NATALIE

> Nathalie, sans me mêler de ce qui ne me regarde pas, vous ne dites pas si vous êtes remariée car si ce n'est pas le cas, vous pouvez communier. J'ai une amie proche qui est dans cette situation et qui, ne s'étant jamais remariée peut tout à fait vivre en pleine communion sa foi. Seuls les divorcés remariés ou ceux vivants en cohabitation sont exclus de la communion.

Écrit par : vf, | 22/09/2009

VIE SPIRITUELLE DES DIVORCES REMARIES

> Bonjour,
voici le site "la spiritualité pour les divorcés remariés" d'un théologien catholique, Arnaud Dumouch, qui propose aux divorcés remariés les deux voies de sanctification possible.
lien : http://publicain1.free.fr/
Extrait :
Laquelle de ces deux voies choisir ? Choisissez en priorité celle de l'amour fidèle. On le voit, elle est un appel du Christ, dans la fidélité à votre conjoint parti, à une condition: qu'elle ne soit pas source pour vous de fierté ou d'aigreur. Elle n'a de valeur que comme une sorte de vocation à un amour qui sera épanoui dans l'autre monde : "Qui peut comprendre, qu'il comprenne!"
Si vous ne le pouvez pas, choisissez la voie de l'humilité. Elle est vraiment une voie de bénédiction proposée par le Christ. Mais saurez-vous prendre dans la joie et sans révolte votre place dans l'église, loin des sacrements et proche de Dieu ? Elle n'a de valeur que si vous imitez le publicain: "Mon Dieu, aie pitié... "

Il me semble que le site vaut la peine d'être parcouru.
Bien amicalement,
Isabelle

Écrit par : Isabelle Meyer, | 24/09/2009

QUELQUES DIZAINES

> Sur le fait que nos contemporains occidentaux ne connaissent et comprennent rien à notre Foi : entendu récemment dans la bouche d'une de mes condisciples de Sciences Po avec un nom très "catholique vieille-France" : "Ca existe encore des catholiques qui croient au Paradis et à l'Enfer ?" et après ma réponse affirmative (et effarée) : "hé ben j'les plains".
A mettre en relation avec ces sondages indiquant qu'une majorité de "chrétiens" français ne croit pas à la Résurrection du Christ.
Il faut donc tout reprendre à zéro. Evidemment gardons l'Espoir. Quelques dizaines d'hommes et l'Esprit ont déjà converti un Empire, nous pouvons le refaire.

Écrit par : Jean | 24/09/2009

à Jean :

> Je n'ose même pas penser à ce que cette personne mettait derrière les termes "paradis" et "enfer"... Peut-être des nuages avec un grand soleil, ou de grandes flammes ? Les mots de la foi sont souvent remplis d'images non remises à jour depuis des siècles, chez beaucoup de gens. A nous de leur redonner vie.

Écrit par : Laurence, | 25/09/2009

LE CONTRE-EXEMPLE ANGLICAN

> A entendre les médias et plusieurs "catholiques", l'Eglise doit s'adapter à la société et aux nouvelles moeurs. ... Or, il existe déjà une Eglise où les femmes sont ordonnées prêtres, où le divorce, la contraception et l'avortement sont permis, où les couples homosexuels peuvent être bénis par les ministres du culte, où le pape n'est pas le vicaire de Dieu sur Terre: c'est l'Eglise anglicane, et elle perd des milliers de croyants...
Pour un bobo venu assister à la 'Holy communion' de la cathédrale épiscopalienne (anglicane américaine) de Paris "parce que ici, les homosexuels sont acceptés", combien de prêtres, d'évêques et de fidèles reviennent au catholicisme et à l'exigence de l'intelligence baptisée ?

Écrit par : Jovanovic, | 25/09/2009

à Laurence :

> Vous avez raison, et j'ai essayé d'expliquer aux personnes présentes la signification profonde de ces termes en me basant sur mes lectures de Joseph Ratzinger (cf. le recueil "Credo pour aujourd'hui, aux Presses du Châtelet) et de passages de l'Encyclique "Sauvés dans l'Espérance" (paragraphes 41 à 48 sur Le Jugement)) : la plus grande souffrance de l'enfer est bien évidemment l'éloignement volontaire définitif et total d'avec Dieu, l'épreuve du Purgatoire est, je pense, la rencontre avec Jésus, qui nous rend pleinement conscient de nos fautes et de nos manques, etc. Quand au Paradis, je pense que la conception qu'en a l'occidental moyen sans culture religieuse est, ironiquement, beaucoup plus proche de la conception musulmane du paradis (c'est à dire une description très prosaïque et anthropomorphique (la simple continuation des plaisirs terrestres, des rivières de miel, des eunuques qui amènent les plats, etc)) que de la conception chrétienne (qui pose que l'existence dans le Paradis, c'est à dire le Royaume de Dieu, est absolument indescriptible et impossible à restreindre à des critères humains [ cf. Mt, 22, 23-33, où les Sadducéens tentent de nier la Résurrection et la Vie Eternelle en avançant des considérations pratiques terrestres ("qui sera l'époux d'une veuve 7 fois mariés ?"), Jésus leur montrant que cet "argument" n'a aucun sens ]. La seule chose que l'on sait du Paradis, et qui doit suffire à l'Espérance chrétienne est que l'on y sera avec Jésus (cf. Lc, 23, 43).
Evidemment, le fait que la conception du Paradis qu'ont les personnes qui n'ont aucune foi soit celle de l'islam et non du christianisme me semble une indication très claire que l'islam est une création purement humaine (son enseignement correspond, on le voit, au résultat naturel et courant de l'imagination d'un homme) tandis que le christianisme est une Révélation Divine (l'enseignement de Jésus, Dieu incarné, sur le Paradis va à l'encontre des conceptions humaines et les "foules qui écoutaient en furent fortement frappées" (Mt, 22, 33)).
En l'espèce, néanmoins, j'ai eu l'impression que ce qui était parfaitement incompréhensible pour ma camarade était que des hommes puissent vivre en ayant en permanence la perspective de peut-être se retrouver en enfer. C'est là, je pense, une idée très courante. L'occidental moyen est absolument horrifié à l'idée de la souffrance. La jouissance maximum est le seul but acceptable, et a contrario, la souffrance, quelle qu'elle soit, quelle qu'en soit l'intensité, la durée, la cause,..., est absolument incompréhensible, inacceptable et terrifiante. Par conséquent, la simple idée d'un "lieu de souffrance perpétuelle" est un non-sens et une monstruosité pour un occidental moyen. J'ai d'ailleurs constaté que l'enfer est utilisé par les personnes anti-chrétiennes (journalistes, bobos, mes profs,...) comme un moyen d'instiller l'horreur, non pas du péché, mais du christianisme (que penser d'une religion qui professe "ça" ?).
Evidemment, l'incompréhension de l'occidental moyen à l'égard de l'enfer vient de ce qu'il inverse les termes du problème : il part de l'enfer, en est horrifié, point. Le chrétien ne part pas de l'enfer, mais du Jugement, où le Christ jugera comment nous avons exercé notre liberté, notre responsabilité. Certains (les saints) auront toujours mis le Christ au cœur de leur vie. D'autres l'auront toujours volontairement rejeté. Et (sans doute l'immense majorité) auront toujours conservé une place pour Lui, pour la Vérité et l'Amour, tout en chutant un nombre incalculable de fois, et devrons devenir pleinement conscient de leurs fautes avant de rejoindre l'Amour (je paraphrase "Sauvés dans l'Espérance"). Ce qui compte dans notre vie terrestre n'est pas au fond le résultat de ce Jugement (qui par définition n'est pas encore posé), mais savoir que nos vies ont un sens, que nos actes ont une valeur, et que Celui qui jugera nos actes et nos vies n'est pas un dieu orgueilleux et impersonnel, mais notre frère Jésus le Christ, qui est mort et Ressuscité pour nous et qui veut que tous les hommes soient sauvés.
(Commentaire un peu long, je m'en excuse...)
Jean

[ De PP à J. - Ne vous excusez pas, c'est nous qui vous remercions. ]

Écrit par : Jean, | 26/09/2009

C'est vrai qu'on est tenté d'imaginer l'après-vie. C'est humain, non ?
Et je comprends tout à fait qu'entre un feu qui ne s'éteint pas (avec au surplus, un "shoot" de haine éternel, donc sans "descente") et une messe qui n'en finit pas, on puisse hésiter...
Au moment de la mort, on doit peut-être être tenté de cette façon...
Feld

[ De PP à F. - Sauf que s'imaginer l'éternité comme "une messe qui n'en finit pas", c'est pour le moins inadéquat, compte tenu des limites humaines de la liturgie paroissiale ! Du moins si l'on prend le mot "messe" au sens de : performance verbale et musicale d'un groupe d'être humains. (non au sens mystique). ]

Cette réponse s'adresse a

Écrit par : Feld, | 27/09/2009

QU'IL SOIT VIDE

> Souhaitons que l'enfer soit vide...
Il nous faut avec Urs von Balthasar : "Espérer pour tous" !
Citons Sainte Catherine de Sienne : "Comment supporterai-je, Seigneur, qu'un seul de ceux que tu as faits comme moi à ton image et ressemblance, aille se perdre et s'échappe de tes mains ? Non, en aucun cas je ne veux qu'un seul de mes frères se perde, un seul de ceux qui me sont unis par une identique naissance pour la nature et pour la grâce."

Écrit par : Michel de Guibert, | 28/09/2009

@ Feld

> Je trouve au contraire qu'une messe belle et bien célébrée nous donne un avant-goût de l'éternité.
Comme disent les orthodoxes, la divine liturgie, c'est "le ciel qui descend sur la terre".
Il est vrai qu'une messe belle et bien célébrée qui dure 2 heures m'a toujours paru plus courte qu'une messe d'une 1/2 heure bâclée !

Écrit par : Michel de Guibert, | 28/09/2009

> Même Hitler, cher Michel de Guibert ?

Écrit par : vf, | 28/09/2009

MÊME LUI

> Même Hitler cher VF ! Le Christ est mort aussi pour lui ! Et pour tous les salopards de tous les temps. Mais ce type d'argument est difficile à invoquer dans une conversation avec tout un chacun... J'ai toujours beaucoup surpris les collégiens de la classe de mon épouse lorsque je leur expliquait que d'aussi sympathiques personnages que Lénine, Staline, Mao, Hitler, etc. auraient du, s'ils avaient été jugés, bénéficier de la présence d'un avocat. Baden Powell disait que dans le pire des hommes il y avait au moins 5% de bon... Alors, évidemment, même Hitler et tous ses petits camarades du XXe siècle !

Écrit par : Edouard, | 28/09/2009

> Même Judas, cher vf !

Écrit par : Michel de Guibert, | 28/09/2009

QUI Y EST ?

> L'enfer montré aux petits bergers de Fatima n'était pas vide. La question est-elle : qui y est (Hitler, Pol Pot etc.) ? Ou la question est-elle : est-ce une possibilité pour moi ? A titre personnel, je mentirais si je disais que je vivais sans aucune espèce de crainte de l'enfer... oui je le crains.
Question subsidiaire : notre manque d'ardeur apostolique n'est-il pas en partie lié au fait que nous avons du mal à croire qu'aujourd'hui même des âmes se perdent ?

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 29/09/2009

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