12/08/2009
Les évangéliques et les catholiques : pour un dialogue clair et net
À lire, sur le très intéressant blog de Henrik Lindell : http://www.dieu-et-moi.com/thematiques/interviews/160-pat...
Et aussi : http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=6&sr...
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00:24 Publié dans Livre : "EVANGELIQUES" | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : christianisme
Commentaires
COMPLEXE
> H. Lindell évoque l'article de La Croix sur le livre de PP. J'ai lu les deux et je ne trouve pas que La Croix soit si polémique. Il y a une réserve posée par l'auteure de cet article (après une série d'évaluations positives du livre d'ailleurs), mais qui marque seulement un désaccord d'interprétation sur la crise du catholicisme officiel français 1970-1980. L'auteure appelle "prise en compte de la complexité" ce que PP appelle "panne spirituelle". Mais n'est-ce pas la même chose vue de deux façons différentes ? En 1970-1980 on a aplati la pensée et la foi chrétiennes pour pouvoir les glisser sous la porte de la société d'alors. A l'époque il s'agissait de plaire à un socialisme laïque qu'on prenait pour "horizon indépassable de l'avenir" ; ensuite le grand mythe marxiste a disparu, on a donc déchanté et rebaptisé les "valeurs d'aujourd'hui" d'un nouveau nom : "complexité" (= relativisme, libéralisme). Mais "socialisme" ou "complexité libérale", il s'agissait toujours de l'idéologie séculière dominante dans la société, à laquelle on voulait sacrifier la foi et la pensée de l'Eglise... D'où ce que PP appelle "panne spirituelle" !
On sent d'ailleurs l'auteure de l'article un peu gênée parce que la sympathie du livre envers les "évangéliques de gauche" écolo-anticapitalistes aux USA, empêche de le soupçonner d'intentions intégristes. L' idée de PP est d'unir "foi plénière" et "contestation économique et sociale" : une sorte de "papisme de gauche" capable d'agir avec un "évangélisme de gauche" ? En tout cas pas le "conservatisme" que Golias voulait encore lui attribuer au moment des "scandales" Benoît XVI en mars.
Pardon de gloser. Je dis ce que la critique d'H. Lindell envers La Croix m'inspire.
Écrit par : Sophie | 12/08/2009
MARIE ET LES EVANGELIQUES
> Bravo pour cette interview. Je souscris à tout ! Dieu vous bénisse et que le monde vous entende (ou vous lise !).
A propos de Marie, pourriez-vous conseiller à la protestante évangélique que je suis un livre sur la théologie mariale qui me permette de bien saisir la position catholique. Je sais bien qu'il n'est pas question de mariôlatrie dans l'église romaine mais ce que j'ai lu (Sesboué, Laurentin) ne m'aide pas à comprendre, au moins intellectuellement cette "doctrine". Vittorio Messori a écrit une enquête sur Marie qui correspond semble-t-il à ce que je recherche, mais cet ouvrage n'a pas été traduit en français. Auriez vous une idée?
Merci d'avance et encore bravo pour votre engagement à rendre le christianisme occidental, dans ses différentes versions (comme disait R.Rémond) compréhensible et cohérent et attirant.
Bien à vous,
Edmée, la protestante évangélique de service
[ De PP à EC - Je vous suggère :
- Catéchisme de l'Eglise catholique, points 963 à 975 : "La maternité de Marie envers l'Eglise" - "Le culte de la sainte Vierge" - "Marie, icône eschatologique de l'Eglise" ;
- Dictionnaire théologique de Louis Bouyer (Desclée 1990), articles "Marie" et "Mariologie" ;
- Josef Ratzinger, "La foi chrétienne hier et aujourd'hui" (Cerf 2005), 2e partie, ch. 2 : "Le déploiement de la profession de foi au Christ dans les articles christologiques", section 1 : "Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie" ;
- Josef Ratzinger, "Voici quel est notre Dieu" (Plon 2000), 2e partie, ch. 6 : "La Mère de Dieu", avec éclairages tenant compte du regard protestant ;
- Josef Ratzinger : "Marie, première Eglise" (Médiaspaul 1998) et "La fille de Sion" (Parole et silence 2002) ;
- Ignace de la Potterie, "Marie dans le mystère de l'Alliance" (Desclée 1988, coll. "Jésus & Jésus-Christ") ;
- Catéchisme pour adultes (des évêques de France), Cerf-Desclée-Mame 1991, ch. 5, section "La Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l'Eglise".
Etc ! ]
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Écrit par : Edmée Cazanoles | 13/08/2009
RATZINGER
> PP, ce que vous dites à H. Lindell au sujet des théologies de la libération va dans le sens de Joseph Ratzinger, 1986, "Instruction sur la liberté chrétienne et la libération", chapitre V : "Pour une praxis chrétienne de la libération".
Il paraît qu'il y aurait des catholiques qui ignoreraient toujours ce document, 23 ans après ! ce serait navrant.
Écrit par : Churubusco, | 15/08/2009
> Oui, c'est navrant, il y en a. Ceux qui ne lisent que Le Figaro.
Écrit par : déci, | 15/08/2009
"ENLISEMENT À DROITE"
> Bonne pioche, Déci. 'Le Monde' de ce week-end confirme :
" La carte du catholicisme a toujours recoupé la géographie du vote de droite. Cette évolution semble s'être renforcée ces dernières années. Ce tropisme conservateur se traduit par une proximité pour les partis de droite plus marquée que chez l'ensemble des Français : 30,6 % se sentent proches de l'UMP (39 % chez les pratiquants), contre 25 % des Français. Au sein de la famille conservatrice, la droite souverainiste et l'extrême droite bénéficient d'une prime, souligne l'étude de l'IFOP : FN et MPF (de Villiers) confondus emportent 11,8 % de leur préférence (13, 8 % chez les "messalisants"), contre 10,3 % pour l'ensemble des Français.
La proportion des catholiques pratiquants dans l'électorat FN s'est notablement renforcée. Alors que la "droite catho" fut longtemps un des segments de l'électorat le plus réfractaire aux discours d'extrême droite, elle a amorcé un virage en 2002. "L'électorat catholique vieillit, se droitise et se radicalise", souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint de l'IFOP.
Et si la mutation de l'UDF en MoDem n'a pas entraîné de désaffection de l'électorat centriste (12,9 % des pratiquants lui conservent ses voix), la proportion des voix de gauche, en revanche, est en recul : l'électorat des "cathos de gauche" pèse dorénavant 21 %, soit 15 points de moins que la moyenne nationale. "L'orientation à droite a tendance à se renforcer", conclut M. Fourquet. "
Écrit par : D. Ridder, | 15/08/2009
GLAUQUE
> Glauque ! Un milieu de vieux en désaccord avec leur propre Eglise sur des questions de société qui sont le test du christianisme vécu !!! C'est vraiment ça le catholicisme français ?
Écrit par : Sophie, | 15/08/2009
A Sophie,
> C'est bien triste à dire, mais je crois qu'il y a du vrai dans cet article du Monde...
Écrit par : Feld, | 15/08/2009
DIALOGUER NETTEMENT AVEC LES EVANGELIQUES
> Merci pour cette lumineuse interview !
Je souhaitais partager une expérience vécue hier soir, au Foyer Evangélique Universitaire de Grenoble: j'avais été invité à une étude biblique par un camarade, petit-fils de missionnaire américain. A Grenoble, Suisse voisine oblige, les communautés protestantes sont nombreuses et très diverses. J'ai été très heureux de vivre ces temps de prière dans une atmosphère chaleureuse ; ce sont des instants profonds comme ça qui font désirer l'unité des chrétiens...
... cependant, je me suis rendu compte que mon œcuménisme enthousiaste naïf n'était pas vraiment partagé. Le mot "catholique" irrite certains, qui répondent "idolâtrie de la messe" et "fausse tradition". A cet étudiant je disais que les évangéliques avaient beaucoup à apporter aux catholiques : il m'a répondu que les papistes, eux, n'avaient rien à leur apporter.
Tous ne sont pas comme ça, mais ces réactions m'ont vivement intéressé. Et si l'œcuménisme c'était d'abord bien se connaître soi-même en tant que chrétien catholique, évangélique... et d'admettre des grandes différences entre nous ? D'où la nécessité, dixit PP, d'un dialogue "clair et net"!
Jovanovic
[ De PP à J. :
- Une grande partie des évangéliques (très peu formés en théologie et en histoire du christianisme) croient, de bonne foi, que ceux qui n'ont pas vécu leur propre expérience
(p. ex. pentecôtiste) n'ont jamais "rencontré Christ", donc sont de pseudo-chrétiens. Pour eux c'est une donnée objective, incontournable, irréfutable.
- On ne peut y répondre qu'en les amenant à s'interroger sur les nombreuses demeures dans la maison du Père, et sur l'Esprit qui souffle où Il veut,
- et en leur demandant s'ils n'ont pas un peu l'impression de surévaluer leurs "oeuvres" (chose rhédibitoire pour un protestant), quand ils installent, au centre de tout, l'expérience émotionnelle qu'ils ont vécue et qu'ils revivent à volonté dans les assemblées...
- A partir de là, il devient possible de discuter : donc de témoigner de ce qu'est l'eucharistie pour un catholique croyant. ("Idolâtrie ? Au contraire, parce que..." etc).
- Une fois découvert que, par rapport au protestantisme, le catholicisme est finalement aussi (voire plus) respectueux de l'antériorité de la grâce et du fait "qu'à Dieu tout est possible", la porte du dialogue s'ouvre vraiment. ]
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Écrit par : Jovanovic | 11/09/2009
UN COMMENTAIRE EVANGELIQUE DE HENRIK LINDELL
> Oui (à PP), vous dites hélas vrai. Comme tant d’autres évangéliques, j’ai honte et je souffre quand j’entends ce genre de témoignages. Que Jovanovic pardonne ce frère évangélique à Grenoble qui n’a apparemment pas compris le protestantisme qu’il prône. Est-il trop immature ou seulement orgueilleux ? Une chose est sûre, toute bonne relation interconfessionnelle mène non seulement à une meilleure compréhension de l’autre, mais aussi de soi-même. Et trop d’évangéliques ignorent et méprisent les autres chrétiens, souvent parce qu’ils n’ont pas l’habitude de dialoguer avec eux. (On pourrait dire la même chose des catholiques et des luthéro-réformés, à mon avis, mais là n’est pas le sujet.)
Sans vouloir justifier ce phénomène, mais en guise de comprendre, il me semble qu’il faut prendre en compte des facteurs historiques lourds. L’Eglise catholique a été trop longtemps perçue par beaucoup d’évangéliques comme un appareil autoritaire, qui exclut et stigmatise les protestants. N’oublions jamais que c’est bien au sein de l’évangélisme historique, aux Etats-Unis, que l’idée moderne des libertés religieuses et la séparation Eglise/Etat a pris forme concrètement. Et ce n’est pas rien. Par ailleurs, il est à craindre que beaucoup d’évangéliques souffrent de certaines expériences vécues au sein du catholicisme moderne ou contemporain. Ainsi le « dessèchement spirituel » dans une partie de l’Eglise catholique en France dans les années 70 et 80 et dont parle souvent PP (à juste titre, à mon avis). Ainsi le mépris des bienpensants à l’égard des charismatiques, malgré la volonté de beaucoup d’entre eux de cultiver le dialogue interconfessionnelle. Ainsi des vrais désaccords sur le rôle des laïcs par rapport à celui des prêtres et du magistère, ce que ce dernier a toujours un mal fou à gérer. Ainsi l’impression chez beaucoup d’évangéliques que l’Eglise catholique ne s’intéresse pas suffisamment à la Bible, à la spiritualité et même à la vie communautaire locale. A cela, il faut ajouter l’inculture générale en matière de protestantisme évangélique au sein de l’Eglise catholique. Qu’on distribue un exemplaire du livre sur les évangéliques de PP à toute personne qui occupe un poste de responsabilité au sein de l’Eglise catholique !
Si l’on veut que ces évangéliques intolérants changent, il faut faire exactement ce que vous suggérez : être patient car « il y a un temps pour tout », essayer de comprendre comment ils fonctionnent (en l’occurrence, je crois qu’ils sont moins dominés par « l’émotion » que par une sorte de psychorigidité qui les fait ignorer l’esprit au bénéfice de la lettre), inviter les évangéliques à découvrir leur propre christianisme qu’ils pensent si bien connaître en leur parlant de l’Histoire de l’Eglise, notamment des Pères (beaucoup d’évangéliques n’y connaissent tout simplement rien). Sachez que nombre d’évangéliques ont évolué vers une meilleure compréhension de l’Eglise catholique à force de parler à des personnes comme vous. Le fait de parler sérieusement de la grâce est une excellente idée, puisqu’on est (ou devrait être) pratiquement d’accord, contrairement à ce que pensent trop d’évangéliques. Après, on pourrait aborder plus sereinement l’eucharistie et d’autres points où l’on a des compréhensions divergentes.
Le problème critique est celui de l’organisation du forum. Où dialoguer ? Qui prend l’initiative et pourquoi ? Ces dialogues sont-ils suffisamment promus et facilités par les structures officielles de nos Eglises ?
Merci à PP d’accepter, sur son blog, ce dialogue.
Henrik Lindell
Écrit par : Henrik | 12/09/2009
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