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06/08/2009

"Bonus aux traders", le retour : BNP, 1 milliard d'euros ! Goldman Sachs, 20 milliards de dollars ! Le casino fou recommence comme avant la crise

Nouvelle preuve en faveur de la « gouvernance de la mondialisation » et du retour du politique, prônés par l'encyclique :


 

« Bonus : les banques remettent ça », titrent les journaux. « Comme les banques américaines redevenues bénéficiaires, la BNP Paribas reprend ce système de primes déconnecté de l'économie réelle et qui a précipité la récente crise, sans que les injonctions du gouvernement sur la limitation des bonus aient été entendues ... »

C'est un bras d'honneur au G 20 d'avril (Londres), qui avait demandé aux banques « d'éviter de récompenser le court-termisme et la prise de risque ».

Commentaire de François Sergent (Libération, 6 août) :


<<  Paul Krugman, prix Noël d'économie, parlait des banques de Wall Street. Il aurait pu parler de BNP Paribas et de la France. « L'économie américaine va mal, disait-il, néanmoins Goldman Sachs vient de publier des profits records et se prépare à payer des bonus gigantesques. Cela nous montre que Goldman Sachs est très bonne dans ce qu'elle fait. Malheureusement, ce qu'elle fait est mauvais pour l'Amérique. » Comme Goldman Sachs [1], BNP Paribas est extrêmement bénéficiaire, mais ces gains et ces bonus profitent-ils à l'économie réelle ? On sait que la crise est largement due à une financiarisation de l'économie transformée en casino sans rapport avec la création de richesse. Tout devient produit financier et profite aux banques et aux traders. Les bonus, tels qu'ils sont calculés, entretiennent cette fiction économique. Sans risque, puisqu'il y a toujours l'Etat derrière en cas de problèmes. Une grande partie des gains claironnés par BNP Paribas provient ainsi de Fortis, une banque belge achetée à bas prix. Quand BNP Paribas réalise des plus-values, le contribuable belge comme le français se retrouve perdant. Aujourd'hui, le patron de BNP Paribas dit vouloir « attendre fin 2010 pour décider du remboursement » des concours offerts par l'Etat » […] Plutôt que de récompenser des traders devenus chasseurs de prime, ne vaudrait-il pas mieux utiliser ces provisions pour rembourser les Français qui ont secouru BNP Paribas quand ça allait mal ?  >>



Pour justifier les bonus (aussi choquants soient-ils pour les citoyens), les banquiers disent : « Sans cela nos traders iraient chez la concurrence. »

C'est en effet un risque, à supposer qu'un manque à gagner pour BNP-Paribas soit nécessairement un manque à gagner pour la France.

Et si vraiment il faut empêcher nos jeunes caramboleurs d'aller chez Goldman Sachs, seule une gouvernance internationale pourrait empêcher ça  : « La question du risque de fuite des traders est bien réelle, et c'est pour cela que les discussions sur les bonus doivent avoir lieu au niveau international », expliquent les chroniqueurs économiques... Encore une preuve en faveur de cette « gouvernance de la mondialisation » proposée par Benoît XVI dans Caritas in veritate ! [2]

 

 

 

[1] cf ici notre note du 30/07.

[2] Proposition qui scandalise les libéraux parisiens. On voit pourquoi...

Commentaires

B 16 ET ATTALI

> En effet, une gouvernance de la mondialisation par le biais d'une "Autorité politique reconnue par tous" selon les termes de B16 est indispensable.
Curieusement, dans son livre "une brève histoire de l'avenir", le très libéral Jacques Attali parlait justement d'une telle Autorité qu'il nommait l'hyperdémocratie. Selon lui une telle structure viendrait après le désordre créé par la mondialisation ultralibérale.
Je ne suis pas attalien pour deux sous, néanmoins je trouve son analyse intéressante et son livre aussi (malgré une vision du monde bien à lui...).

Écrit par : Damien | 06/08/2009

LES AGRICULTEURS

> Et pendant ce temps, on demande aux agriculteurs de rembourser leurs aides...

Écrit par : Ren' | 06/08/2009

ARROGANCE ET FOLIE

> On se demande si une certaine arrogance ne relève pas d'une inconscience confinant à la folie !!
Qu'attendent les clients de BNP Paribas pour remercier leur banque en lui claquant la porte au nez !!!

Écrit par : Philippe | 06/08/2009

MAIS COMMENT PROTESTER ?

> C'est complètement irréaliste, ce décalage entre la réalité et ces profits engrangés par les banquiers, j'en suis parfaitement consciente ainsi que beaucoup d'autres personnes...
Le problème est : comment manifester contre ce genre de procédés ?
On a l'impression que, peu importe à quel point nos voix se font entendre contre cela, cela ne changera pas, le système continuera à se maintenir en place, peu importe les dégâts occasionnés sur les hommes et notre planète.
Cependant tôt ou tard, une situation aussi injuste comme celle ci provoquera des réactions qui seront violentes, car à l'échelle des inégalités observées.
Ces réactions violentes, j'en ai bien peur, feront certainement plus de mal que de bien, comme beaucoup de révolutions (pour ne pas dire toutes...).
Alors, comment peut on désamorcer une situation qui, tôt ou tard, deviendra explosive ?
Comment pouvons nous agir, nous, simples citoyens, pour faire réellement avancer les choses ?
Merci d'avance pour les réponses !

Écrit par : Théa | 07/08/2009

ILLOGIQUE

> La nuit portant conseil, je complète le message précédent ("arrogance et folie") en soulignant la difficulté à percevoir une logique dans les mesures prises (en France et ailleurs)pour sauver les banques cet hiver.
En gros on nous explique que les banques étant absolument nécessaires au fonctionnement des autres entreprises, eles ne doivent pas faire faillite - à la différence de toute autre entreprise qui peut disparaître en ruinant ses actionnaires et licenciant tout son personnel. Bref une banque n'est pas une boulangerie. Thèse en elle-même discutable.
Mais je vois que nous allons plus loin : si aux USA c'est une activité de crédits qui est à l'origine de la crise (les subprimes et le manque de rigueur des banques hypothécaires), en Europe c'est bien la légèreté des "traders" (traduction française : "spéculateurs") agissant en plein accord avec leurs dirigeants (soit complices soit incompétents) qui a provoqué la crise bancaire et l'intervention de l'Etat pour sauver le crédit.
On aurait pu s'attendre à ce que les banques aidées renoncent aux activités spéculatives à haut risque - et ausi à ce qu'elles changent leurs dirigeants.
Je ne vois qu'il n'en est rien. Pourquoi ?
Quelqu'un a écrit sur ce blog ou ailleurs que politiques, banquiers et fonctionnaires étaient tous liés entre eux (mafia de l'inspection des finances par exemple)... peut-être.
En tout cas, je voudrais nous inviter tous - et particulièrement vous cher M de Plunkett- à mesurer l'impact de nos critiques antilibérales. Car au final, le "retour de Keynes" aboutit à ce paradoxe : au nom de Keynes, on justifie la nationalisation des pertes - tandis que les profits restent privés et les dirigeants sont tenus pour définitivement irresponsables ...
Dans la récente encyclique, j'ai vu de belles choses sur l'exigence éthique. Je crois qu'il faudrait commencer par là - et développer par exemple l'idée de responsabilité des dirigeants.
Philippe


[ De PP à P. :
- La critique du libéralisme serait défectueuse si elle se bornait à justifier la nationalisation des pertes !
- Elle dit bien autre chose : qu'il faut tourner la page des vingt-cinq dernières années et rétablir le politique dans sa mission de gouverner la société ; tâche abandonnée depuis les années 1980-90 à l'économique, qui s'en est laissé délester par le financier, avec le résultat que nous voyons.
- Bien sûr l'encyclique appelle les dirigeants économiques à redécouvrir leur responsabilité personnelle. Mais :
a) elle appelle aussi le politique à ressusciter,
b) elle ne cache pas que les structures posent un problème en elles-mêmes, disitnct des comportements individuels.
Les individus, en effet, ont beau jeu de dire : "Je suis d'accord avec vous mais que puis-je faire contre les règles du jeu ? si je ne les suis pas, mon entreprise disparaîtra."
Il faut donc changer les règles du jeu. Cela va bien plus loin que de bricoler des petites réparations postkeynésiennes. C'est une véritable révolution du modèle économique et des modes de vie qu'il faut accomplir. Et elle ne sera pas possible sans le politique, à l'échelon international aussi bien que national... ]

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Écrit par : Philippe | 07/08/2009

LE SCANDALEUX ESTABLISHMENT FINANCIER

> Et ça continue : ce matin 7 août, on apprend que la Société générale aussi ! (mais elle refuse d'indiquer les sommes provisionnées par les bonus). Plus : à la SG, l'ex-patron de Kerviel, Jean-Pierre Mustier, est accusé par l'Autorité des marchés financiers d'avoir commis un délit d'initié en vendant des actions de la banque avant qu'elles ne chutent en Bourse !
Comme dit Joffrin : "L'irresponsabilité sociale dont fait preuve l'establishment financier donne désormais le vertige. Voilà des dirigeants dont les excès ont provoqué la plus forte récession depuis la guerre, jeté à la rue des centaines de milliers de salariés et provoqué l'apparition de déficits abyssaux dans les comptes des grands Etats [...] Les voilà qui reprennent, comme si de rien n'était, le cours de leurs pratiques scandaleuses."

Écrit par : Girolamo | 07/08/2009

RIEN

> Et que fait Bercy ? Le Monde du 7 août : "Christine Lagarde a demandé à la Banque de France et à la Commission bancaire d'établir un rapport (!!!) 'd'ici à la fin de l'année' (!!!) sur ces pratiques." En clair : on ne fera rien. Discours boursouflés sur la finance folle, mais en pratique rien, un pet de lapin. C'est signé.

Écrit par : Torbenn | 07/08/2009

à TORBENN

> Certes, mon petit vieux, mais on n'a jamais vu autant de "cathos" dans un gouvernement. Sympa, non ? Peu importe ce qu'ils font ou non, l'important c'est qu'ils y soient, n'est-ce pas ? l'avenir de nos chères familles !

Écrit par : Shame | 07/08/2009

PAS ETONNANT

> Une preuve de plus de l'impuissance du politique sur l'économique. Même quand le G20 parle à l'unisson ! (ce qui est assez rare pour être souligné)
Malheureusement tout ça ne m'étonne pas, à aucun moment une proposition d'un changement en profondeur n'a été envisagé par nos gouvernements. Le système n'ayant pas été remis en question, il n'est pas étonnant que la machine ultralibérale se remette en marche.

Écrit par : Vincent | 07/08/2009

UNE REUNION DU COMMENTAIRE

" Nicolas Sarkozy s'est emparé vendredi de la question de la rémunération dans les banques en pleine controverse sur les bonus à la BNP Paribas, alors que les principaux acteurs du secteur ont profité d'une réunion à Matignon pour de nouveau clamer leur bonne foi... Interrogé par l'AFP après la rencontre, le secrétaire national du PS à l'économie Michel Sapin a ironisé sur ce qu'il a qualifié de "réunion de l'inaction et du commentaire". "On en est toujours au même point: des mots, des recommandations, des engagements, là où il faudrait de la régulation", a déploré le député de l'Indre. "

Écrit par : Mikael | 07/08/2009

LE PAPE, LE POLITIQUE ET NOUS

> Je suis choqué par l'arrogance irresponsable des banquiers mais j'ai du mal à comprendre votre conseil : "a) elle appelle aussi le politique à ressusciter, ".
En effet, la politique est surtout fait d'accords (voire de compromis) entre hommes politiques, lobbies divers et hauts fonctionnaires. Or on voit bien que mme Lagarde et ses services (à commencer par la direction du Trésor) sont d'accord avec les banquiers pour tolérer l'intolérable !
J'ai plutôt compris que le Saint-Père appelait d'une part à la prise en compte de l'éthique et d'autre part à l'importance du bien commun.
Concrètement je crois que c'est à nous citoyen de manifester notre indignation et d'appeler au réveil de l'éthique et du bien commun !!
Comment ? par exemple en écrivant à Nicolas Sarkozy (il y a un gros service du courrier à l'Elysée : toutes les lettres sont lues et une synthèse en est adressée au Président) et en demandant à chacun d'entre nous d'écrire au président de la baqnue qu'il utilise. Voire en fermant son compte à la BNP ou à la SG (pour ceux qui en ont un) !
Enfin on a l'impression que certains capitalistes et certains ministres sont marxistes : le gouvernement est institué pour protéger l'enrichissement continu des plus riches !!! merci Mitterrand, Delors, Fabius... qui ont libéralisé les banques entre 83 et 86 !!
Philippe


[ De PP à P :
- Donc nous sommes d'accord.
- En effet, le bien commun est la mission du politique, et de lui seul ! (C'est ce que voulait dire la boutade de De Gaulle : "La politique (du pays) ne se fait pas à la corbeille" (de la Bourse).
- Et "LE" politique (l'outil du bien commun) n'est pas du tout "LA" politique (le job des politiciens) ! Les politiciens trahissent en permanence le politique. Ils n'en ont aucun sens. C'est encore ce que voulait dire de Gaulle quand il parlait de ceux qui "cuisent leur petite soupe sur leur petit feu dans leur petit coin".
- Bien entendu c'est à nous, citoyens, de faire connaître notre sentiment et notre volonté. Mais cette volonté doit déboucher sur une résurrection du politique, qui est mort pour l'instant. Sans lui, le bien commun ne peut prévaloir. ]

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Écrit par : Philippe | 07/08/2009

à PHILIPPE

> Relisez l'encyclique Caritas in Veritate :

Point 24 : « Aujourd'hui, fort des leçons données par l'actuelle crise économique où les pouvoirs publics de l'Etat sont directement impliqués dans la correction des erreurs et des dysfonctionnements, une évaluation nouvelle de leur rôle et de leur pouvoir semble plus réaliste ; ceux-ci doivent être sagement reconsidérés et repensés pour qu'ils soient en mesure, y compris à travers de nouvelles modalités d'exercice, de faire face aux défis du monde contemporain. A partir d'un rôle mieux ajusté des pouvoirs publics, on peut espérer que se renforceront de nouvelles formes de participation à la politique nationale et internationale qui voient le jour à travers l'action des organisations opérant dans la société civile... »
Autrement dit, le pape invite les citoyens à agir pour aider les pouvoirs publics à se mettre à la hauteur des nouveaux enjeux. Il ne dit pas que les organisations de la société civile peuvent remplacer les pouvoirs publics.

Point 41 : « L'autorité politique a une signification plurivalente qui ne peut être négligée, dans la mise en place d'un nouvel ordre économico-productif, socialement responsable et à dimension humaine […] L'économie intégrée de notre époque n'élimine pas le rôle des Etats, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque. La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l'Etat. Lié à la solution de la crise actuelle, son rôle semble destiné à CROÎTRE, tandis qu'il récupère nombre de ses compétences... L'articulation de l'autorité politique au niveau local, national et international est, entre autres, une des voies maîtresses pour parvenir à orienter la mondialisation économique. C'est aussi le moyen pour éviter qu'elle ne mine dans les faits les fondements de la démocratie. »

Écrit par : Fulup | 07/08/2009

LE CHRETIEN ET L'HISTOIRE

> C'est proprement désespérant...mais en même temps tellement prévisible...
On a l'impression que quoi que l'on fasse, le mystère d'iniquité prospère... Quelque chose m'obsède. Je me demande vraiment pourquoi, au cours des siècles, les mouvements de "réveil" spirituel ont toujours été des feux de paille (le dernier en date, la nouvelle évangélisation initiée par JPII, est en train de se perdre dans les sables). Alors que le Mal prospère sans peine, Satan inventant des pièges toujours de plus en plus subtils et efficaces pour perdre les hommes. N'est-ce pas parce que la liberté de l'homme , si elle est un obstacle à l'action de Dieu, est un tremplin pour celle du démon ? En gros, depuis la Chute, la Bête fait ce qu'elle veut, Dieu fait ce qu'il peut. Certes, le logos a accepté de prendre sur lui tous les péchés des hommes, pour que l'humanité soit sauvée. Mais qui en est (ou a été) vraiment conscient de cela ? Qui pourra être sauvé à la suite du Christ ? A la fin des temps, peut-être Dieu règnera-t-il sur une assemblée des élus...clairsemée (quelques centaines de milliers de personnes peut-être...ceux qui auront persévéré jusqu'au bout, sans avoir été séduits in fine par Satan).
Sincèrement, j'ai du mal à voir en l'affirmation "Christ maître de l'Histoire" autre chose qu'une fadaise. N'est-ce pas l'Adversaire qui accorde la puissance sur cette terre (comme l'intéressé le rappelle lors de l'épisode des tentations au désert) ?
Pardonnez-moi. En ce moment, je suis violemment tenté au niveau de la foi.
Feld


[ De PP à F. :
La foi ne paraît en porte-à-faux que si l'on raisonne selon une eschatologie "démographique", comme si tout allait se jouer à la dernière minute, comme si le retour du Christ allait être une sorte de descente-constat sur commission rogatoire : "à cette heure, combien êtes-vous sur terre à avoir gardé la foi ?"
Des chrétiens imaginent ainsi la fin des temps. Cette façon de voir est un héritage du dogme calvinien de la prédestination positive et négative (le nombre des élus et des damnés fixé d'avance par Dieu) : d'où impossibilité de prier pour les défunts, etc.
Ce n'est pas la vision catholique. Pour celle-ci, la solidarité de tous dans le Corps du Christ permet de prier pour les défunts ; elle permet aussi de concevoir le rôle des chrétiens sur cette terre comme celui d'un "monastère planétaire", une communauté d'orants pour le salut de tous et pour "la Création tout entière" en proie "aux douleurs de l'enfantement" (Romains 8, 22). L'histoire humaine n'est qu'un segment enveloppé à l'infini par l'éternité, qui est hors du temps et infiniment plus que le temps : d'où la faculté surnaturelle offerte au croyant, de s'unir dans le Christ, par delà le temps et l'espace, au rachat (par le Christ) de toute l'humanité passée, présente et à venir, comme le fait comprendre la Nouvelle Alliance.
Ce plan spirituel est inséparable de la charité active ("nourrir les affamés", etc) : sous cet angle, les chrétiens de la planète ont aussi un rôle social.
C'est en ce sens - celui de l'économie du salut universel s'adressant à chacun - que le Christ est "maître de l'Histoire" ! Evidemment pas au sens où il tirerait les ficelles des événements humains ! Sinon que deviendraient la liberté et la responsabilité des hommes, sans laquelle le christianisme (et la Première Alliance avant lui) ne sont pas pensables ?
Le réalisme et la foi catholique ne se contredisent pas : ils marchent ensemble. Ce qui ne tenait pas debout, c'était le système politico-providentialiste bricolé au XVIIe par Bossuet et au XIXe par les théoriciens catholiques en proie au traumatisme post-1793... Pensées faibles parce que "trop humaines", finalement antinaturelles parce que non surnaturelles. ]

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Écrit par : Feld | 07/08/2009

A FULUP

> L'encyclique parle de l'Etat. certes mais qu'elle espèce d'Etat ? si pour vous l'Etat c'est la direction du trésor (dont les cadres n'ont qu'un but : aller gagner le maximum d'argent dan s le minimum de temps dans une grande banque)et Mme Lagarde (ex avocate de grands groupes américains) alors je vois mal cet Etat favoriser "la mise en place d'un nouvel ordre économico-productif, socialement responsable et à dimension humaine".
Je crois plutôt comme le dit le Saint-père que "de nouvelles formes de participation à la politique nationale et internationale qui voient le jour à travers l'action des organisations opérant dans la société civile ".
Bref c'est aux citoyens de s'organiser pour faire bouger les technocrates et les pantins qui font semblant de gouverner. Il s'agit en clair d'éliminer les lobbies tout-puissants (à commencer par l'association française des banques) et de subordonner le bien particulier au bien commun.

Écrit par : Philippe | 09/08/2009

à Philippe

> Mais enfin pourquoi voulez-vous que j'aie des idées idiotes ? n'y a-t-il que vous d'intelligent ? je vous cite l'encyclique, cela prouve que je suis dans son esprit et pas un stipendié de la Direction du Trésor ! Il faudrait quand même que les catholiques arrêtent de se comporter avec misanthropie les uns envers les autres ! A la fin !

Écrit par : Fulup, | 09/08/2009

NE PAS ATTENDRE

> je ne pense pas que vous ayez des idées idiotes et je ne crois pas être plus intelligent (mais peut-être mieux informé que d'autres sur ce qu'est réellement le ministère des finances). Je suis désolé de vous avoir blessé ! Mais simplement je voulais vous inviter (nous inviter tous d'ailleurs) à ne pas attendre que le sens des responsabilités (éthique et bien commun) vienne tout seul à nos dirigeants (élus et fonctionnaires bien trop proches des lobbies financiers et bancaires - sans parler du show biz...). Je pense qu'une mobilisation civique serait utile - et qu'un peuple indifférent au bien commun et à l'éthique ne doit pas s'attendre à ce que ses dirigeants adoptent des attitudes morales.
Bref je suis dubitatif quand on parle de l'"Etat" comme s'il s'agissait d'une entité supra-humaine par nature capable de se distantier des intérêts particuliers et de définir une vision et une action liée à l'intérêt général.
Nous sommes plus dans les années 60 : De Gaulle est bien mort, hélas. Ce qui n'interdit pas aux citoyens dans une saine mobilisation démocratique de prendre part au débat - bien au contraire.

Écrit par : Philippe, | 09/08/2009

A PdP,

> Merci pour ces éclaircissements.
Quand j'évoque le petit nombre des élus, je ne pense pas du tout à la théorie calviniste de la prédestination. Je veux simplement dire que, pour moi, les chances d'être sauvés sont tellement faibles (au moment de la mort, Satan doit tout faire pour nous attirer à lui, en provoquant un sursaut d'orgueil), nonobstant le souhait divin que tous soient sauvés, qu'il ne faut certainement pas préjuger de son salut !
Dieu est hors du temps, lequel est enrobé dans l'éternité, pour reprendre votre expression. Mais c'en est presque à se tirer une balle dans la tête ! Ma vie n'est pas encore terminée, je peux encore choisir entre la Vie éternelle et la damnation. Mais, dans l'éternité, Dieu sait déjà ce que sera mon choix ! Cela dépasse l'entendement.
Et, dans ces conditions, le fait que le Christ évoque clairement l'échec de sa mission, si je puis m'exprimer ainsi (Le Fils de l'Homme trouvera-t-il la foi, quand il reviendra dans sa gloire ?) n'est pas spécialement rassurant...
Feld


[ De PP à F :
- Que tout ça dépasse notre entendement montre (par défaut) que c'est la vérité... Si c'était à la mesure de notre entendement, c'est que nous aurions inventé ces choses...
- Ce que le Christ évoque (quand il dit : "le Fils de l'Homme trouvera-t-il la foi quand il reviendra") ne peut pas être "l'échec de sa mission" : parce que sa mission est une victoire de toute manière. Et parce que le sort total de l'humanité ne se jouera pas dans les cinq dernières minutes de la dernière génération ! Toute prière d'aujourd'hui retentit vers l'amont et l'aval et dans l'éternel.
- Comment voulez-vous que cette perspective soit "à se tirer une balle dans la tête" ? Au contraire : vous découvrirez dans l'éternité que des gens que vous ne connaissiez pas (et qui vivaient avant vous, ou qui allaient vivre après vous) ont prié pour votre salut. C'est plutôt du bonheur, et d'une espèce sans équivalent...
- Je ne crois pas que le sort éternel d'un individu se joue dans son agonie, au moment où ses facultés mentales font naufrage. Les balances éternelles sont autrement plus amples, et les prières de toute la planète chrétienne mettent le doigt sur votre plateau. "Chacun de nous est un membre de ce corps..."
- L'hérésie majeure est l'individualisme. C'est de lui que vient le désespoir, qui est la tentation majeure.
- Le libéralisme est individualiste ; "le libéralisme est un péché" ("el liberalismo es pecado"), disait le brave don Felix Sardà y Salvany en 1880.]

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Écrit par : Feld, | 10/08/2009

A PdP

> Merci encore pour vos éclaircissements. La communion des saints, c'est quelque chose de très beau. J'ai moi-même vécu une expérience très troublante de prière à effet "rétroactif" (je n'arrive pas trouver de terme plus adéquat). Je n'en ai encore jamais témoigné publiquement.

Écrit par : Feld | 13/08/2009

RETROACTIF ?

> Cher Feld, sans rentrer dans des détails trop personnels, pouvez-vous nous expliquez ce que vous entendez par "effet rétroactif"? J'ai déjà du mal avec la communion des saints, alors si on mélange billard et prière, je suis cuit lol.

Écrit par : vf | 14/08/2009

Cher vf,

> Pour vous expliquer, il faut que je rentre un peu dans le détail. Donc voilà ... Cet évènement s'est déroulé il y a une quinzaine d'années, alors que j'étais étudiant en droit, dans une ville moyenne de province. Dans ma faculté, il y avait un "étudiant", enfin plutôt un garçon inscrit depuis une bonne décennie, originaire d'Europe de l'Est, qui vivait (apparemment plutôt bien) de trafics divers et variés. Un jour, dans le Sud de la France, on retrouve son corps...les mains attachées dans le dos et une balle dans la nuque. Un corps dans un très sale état, d'après les journaux.
Le jour où cette mort m'a été annoncée, je me trouvais à Lourdes, en pèlerinage avec mon diocèse. Tout en trouvant cette démarche complètement absurde (la mort du gars remontait à plusieurs semaines), je me suis senti poussé à prier à la grotte, pour le salut de son âme, en demandant à Marie de le prendre avec elle. Après tout, me suis-je dit, je suis peut être la seule personne à, à la fois, connaître N... et me trouver en ce jour en ces lieux. J'ai donc prié (je crois même l'avoir fait l'après-midi, puis la nuit).
Juste après être revenu dans ma chambre, quelque chose m'est tombé dessus sans prévenir.... un immense accès de déprime, une envie irrésistible de mettre fin à mes jours. Je crois que la tourmente a duré plusieurs heures. De fait, je n'ai pu m'empêcher de penser, après coup, que ma prière n'avait peut-être pas été un acte totalement neutre...C'est complètement fou, non ?

Écrit par : Feld, | 15/08/2009

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