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25/07/2009

Téléphonie mobile : des églises transformées en antennes-relais

Faisceau-dcee5.gifUne antenne-relais cachée dans le clocher : c'est ce qui se multiplie en France. Révolte des associations de santé publique, des écologistes, des curés et – en général – de tous ceux qui veulent résister au matérialisme mercantile :


 

D'autant que ces antennes dans le clocher sont imposées aux églises par les maires, ce qui viole les accords issus des lois de 1905 ! « Dès lors que l'église est affectée au culte, cette décision nécessite l'accord du prêtre en charge de la paroisse qui dispose du pouvoir de police dans l'édifice », reconnaît le ministre de l'Intérieur (lettre du 18 juin 2009, en réponse à une question du sénateur Jean-Louis Masson). Mais rien n'y fait, constate Le Monde : « Selon l'Association française des opérateurs de téléphonie mobile (AFOM), environ 2% des 50 000 antennes qui quadrillent le territoire y sont installées. En quête de "points hauts" - châteaux d'eau, silos, etc. -, SFR, Bouygues et Orange se voient souvent proposer le clocher par les maires eux-mêmes

« Engagés depuis le 4 juillet dans un "AlterTour" destiné, entre autres, à réaliser des contrôles électromagnétiques, des militants écolo-associatifs [s'indignent] de cette utilisation d'un "monument à visée spirituelle par des opérateurs téléphoniques à visée commerciale", ajoute Le Monde.

Les militants écologiques sont donc en train de nouer des contacts avec les diocèses.

Applaudissons à cette alliance d'un type nouveau, qui correspond à ce qu'il faudrait faire dans de nombreux domaines pour résister au bulldozer du matérialisme mercantile.

Protestation des évêques de France, protestation personnelle du cardinal archevêque de Lyon, Mgr Barbarin ! Mais sans succès. Les téléphonistes sont les plus forts. Les seuls forts...

Dans la France de 2009, les politiciens couvrent la religion de compliments théoriques, mais les gens d'affaires lui écrasent les orteils.

Les installations d'antennes dans les clochers se poursuivant à fond de train, un courant de résistance se dessine dans le clergé. Ainsi à Lyon. Curé de la paroisse Saint-Polycarpe de la Croix-Rousse, alerté à temps par le collectif Non aux antennes téléphoniques de l'église du Bon Pasteur, le dynamique (et remarquablement écologique) père Michel Durand a pu écrire à la mairie qu'il refusait une antenne dans son église « au nom de la protection sanitaire de mes ouailles ». Mais dans de nombreuses autres paroisses du Rhône (par exemple), le curé a été mis en présence du fait accompli : ignorant avoir un recours dans les deux mois suivant l'affichage des travaux, et sous la pression résolue du maire, il a laissé l'opérateur téléphonique poser l'antenne. On lui a dit « c'est comme ça et pas autrement », témoigne une conseillère municipale en Alsace...

« C'est comme ça et pas autrement » : ultima ratio de l'époque face aux droits des citoyens en général, et des croyants en particulier.

Et qu'est-ce qui « est comme ça » ? La situation. L'engrenage. La livraison de la société aux multinationales.

Face à ce défi, l'heure vient de s'allier. Tous ceux qui résistent – quelles que soient leurs origines philosophiques et spirituelles doivent désarmer mutuellement et tourner leurs énergies dans la même direction. Cessons de nous tromper de siècle.

 

16:32 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : christianisme

Commentaires

> Laissons la place au Saint Esprit, diraient les charismatiques qui ont un fil direct avec lui !

Écrit par : Michel de Guibert | 25/07/2009

MAIRES ET PRIVE

> La compromission des maires avec le privé est en effet insupportable : "vélib" subventionné par de nouveaux espaces publicitaires, bus, trams, abribus vendus à ClearChannel et JCDecaux, et maintenant "manne" des revenus mobiles.
En revanche, il me semble avoir déjà vu de l'éclairage public adossé à un mur d'église, ou bien un raccord téléphonique ou une ligne basse tension. La couverture mobile n'est-elle pas une commodité dont la disponibilité est garantie par des licences que délivre l'Etat ?
Une antenne cachée dans un clocher n'est-elle pas moins laide qu'un amas de tuyaux gris sur le toit plat d'un immeuble ?
Je suis content d'avoir une bonne couverture mobile et je communie quand même :-D

Écrit par : Renaud | 25/07/2009

RATIONNEL

> Que les églises soient détournées de leur rôle est choquant. Que cela soit fait sans l'autorisation de l'Église encore plus.
Mais invoquer l'écologie ou la protection sanitaire des fidèles, c'est sombrer dans l'obscurantisme...
En effet d'un point de vue scientifique on n'a à ce jour rien à reprocher à ces antennes.
Surfer sur des peurs irrationnelles n'a rien à voir avec une véritable écologie. Tant l'Église que l'écologie doivent être rationnelles.

Écrit par : Louis | 26/07/2009

MOBILISER

> Jésus avait déjà chassé les marchands du temple, il y a deux mille ans...
Mais il y a deux mille ans, la situation était totalement différente. Jésus chassait des marchands qui profitaient de l'aspect sacré du temple pour attirer le chaland. Jésus chassait des marchands qui bénéficiaient de la foule qui s'agglutinait dans le temple pour vendre en quantité.
Deux mille ans après, les marchands n'ont plus de respect pour le temple sacré. Ils ne savent même plus ce qu'est une église.
Deux mille ans après, les églises ne sont plus une zone passante mais juste un point haut pour des antennes relais.
Les opérateurs telecoms se trompent sans doute de siècle. Pire, ce sont surtout les clients qui n'osent pas faire le pas vers un nouveau siècle.
L'entreprise n'a pas conscience de son rôle dans la société; Léon Harmel est bien loin.
Le salarié reste passif et cherche sa vocation dans les loisirs individuels et égoïstes; "ora et labora" ne dépasse pas la sphère bénédictine.
Le client est un roi insatisfait qui est sous le joug d'un matraquage qu'il ne maîtrise pas; la société libérale peut aussi rendre esclave.
Le citoyen ne sait pas où chercher de la transcendance; les églises mettent du temps à se remplir à nouveau.
Patrice de Plunkett a raison en appelant à une mobilisation qui dépasserait les clivages religieux, politiques et philosophiques. L'espérance, la transcendance, le besoin immatériel ont besoin de voix.

Écrit par : beniouioui | 27/07/2009

CEPENDANT

> L'imposition par le maire n'est pas acceptable et d'ailleurs comme vous le soulignez est sans doute illégale.
Cependant, le problème des antennes relais est principalement celui de l'insertion au paysage. Il me semble que les choses ne sont pas aussi simple qu'exprimé dans votre billet. Les demandes doivent être vues au cas par cas et il ne peut y avoir de position de principe sur ce sujet.
Dans mon département le diocèse, consulté par l'administration, a refusé le principe d'antennes dans les clochers. Résultat: des installations bien moins discrètes voir carrément scandaleuses (pylône) à 2 pas ou dans le champ de vision d'édifice réligieux remarquable.
Par ailleurs l'histoire ne dit pas qui touche le loyer ? Ce loyer, bien négocié, peut représenter une rente non négligeable pour une paroisse et je ne vois pourquoi elles devraient s'en priver.

Écrit par : marco | 27/07/2009

NOUS-MEMES

> Refuser les antennes-relais à l'intérieur des clochers des églises ? Oui bien sûr ! Mais, avant d'incriminer les "téléphonistes" il convient de s'interroger aussi sur les raisons pour lesquelles la reconnaissance du caractère sacré des églises s'est érodé. A ce titre, on reconnaîtra simplement que nous n'avons pas toujours contribué à maintenir cette reconnaissance en ne refusant pas systématiquement :
- le bric à brac sur et autour des autels (chacun saura dresser une liste en fonction de son expérience)
- les panneaux colorés dans le choeur, même confectionnés par les enfants du caté
- les concerts de musique profane
- le big bazar de certaines cérémonies
- la réquisition des églises parisiennes pour des évènements type "nuits blanches" à Paris, pas toujours pour le meilleur...

Écrit par : Thomas | 28/07/2009

> On reçoit moins d'ondes quand on est plaçé en-dessous de l'antenne.:-)

Écrit par : ast | 30/07/2009

JURISPRUDENCE

> Je vous signale un commentaire d'une décision de la CAA de Versailles commentée dans l'AJDA à propos des antennes relais : "Antennes relais de téléphonie mobile : une jurisprudence plus évolutive qu'il n'y paraît". AJDA 2009 p. 768 et s. a/s CAA Versailles 15 janvier 2009 - commune de Saint Denis, n°07VE01770

Écrit par : Patrick | 06/08/2009

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