Téléphonie mobile : des églises transformées en antennes-relais

Une antenne-relais cachée dans le clocher : c'est ce qui se multiplie en France. Révolte des associations de santé publique, des écologistes, des curés et – en général – de tous ceux qui veulent résister au matérialisme mercantile :

 

D'autant que ces antennes dans le clocher sont imposées aux églises par les maires, ce qui viole les accords issus des lois de 1905 ! « Dès lors que l'église est affectée au culte, cette décision nécessite l'accord du prêtre en charge de la paroisse qui dispose du pouvoir de police dans l'édifice », reconnaît le ministre de l'Intérieur (lettre du 18 juin 2009, en réponse à une question du sénateur Jean-Louis Masson). Mais rien n'y fait, constate Le Monde : « Selon l'Association française des opérateurs de téléphonie mobile (AFOM), environ 2% des 50 000 antennes qui quadrillent le territoire y sont installées. En quête de "points hauts" - châteaux d'eau, silos, etc. -, SFR, Bouygues et Orange se voient souvent proposer le clocher par les maires eux-mêmes.»

« Engagés depuis le 4 juillet dans un "AlterTour" destiné, entre autres, à réaliser des contrôles électromagnétiques, des militants écolo-associatifs [s'indignent] de cette utilisation d'un "monument à visée spirituelle par des opérateurs téléphoniques à visée commerciale", ajoute Le Monde.

Les militants écologiques sont donc en train de nouer des contacts avec les diocèses.

Applaudissons à cette alliance d'un type nouveau, qui correspond à ce qu'il faudrait faire dans de nombreux domaines pour résister au bulldozer du matérialisme mercantile.

Protestation des évêques de France, protestation personnelle du cardinal archevêque de Lyon, Mgr Barbarin ! Mais sans succès. Les téléphonistes sont les plus forts. Les seuls forts...

Dans la France de 2009, les politiciens couvrent la religion de compliments théoriques, mais les gens d'affaires lui écrasent les orteils.

Les installations d'antennes dans les clochers se poursuivant à fond de train, un courant de résistance se dessine dans le clergé. Ainsi à Lyon. Curé de la paroisse Saint-Polycarpe de la Croix-Rousse, alerté à temps par le collectif Non aux antennes téléphoniques de l'église du Bon Pasteur, le dynamique (et remarquablement écologique) père Michel Durand a pu écrire à la mairie qu'il refusait une antenne dans son église « au nom de la protection sanitaire de mes ouailles ». Mais dans de nombreuses autres paroisses du Rhône (par exemple), le curé a été mis en présence du fait accompli : ignorant avoir un recours dans les deux mois suivant l'affichage des travaux, et sous la pression résolue du maire, il a laissé l'opérateur téléphonique poser l'antenne. On lui a dit « c'est comme ça et pas autrement », témoigne une conseillère municipale en Alsace...

« C'est comme ça et pas autrement » : ultima ratio de l'époque face aux droits des citoyens en général, et des croyants en particulier.

Et qu'est-ce qui « est comme ça » ? La situation. L'engrenage. La livraison de la société aux multinationales.

Face à ce défi, l'heure vient de s'allier. Tous ceux qui résistent – quelles que soient leurs origines philosophiques et spirituelles – doivent désarmer mutuellement et tourner leurs énergies dans la même direction. Cessons de nous tromper de siècle.