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09/07/2009

G8 : Oxfam intervient dans le même sens que Benoît XVI

tomates[1].jpgL'ONG de solidarité Nord-Sud interpelle le G8 sur l'aggravation de la faim dans le monde en raison des changements climatiques et de leurs répercussions sur la production agricole. Cette intervention va dans le même sens que l'encyclique :


Médias :

<< La faim chronique pourrait se généraliser dans nombre de régions du globe et devenir "la tragédie humaine déterminante de ce siècle", s'alarme Oxfam International dans ce rapport intitulé Qu'est-il arrivé aux saisons ?

Si les pays riches situés dans les zones tempérées, comme l'Europe du Nord et une grande partie des Etats-Unis, bénéficieront d'une élévation modérée des températures et de pluies plus abondantes, les régions plus chaudes, plus pauvres et beaucoup plus peuplées de la planète risquent de subir de plein fouet une crise alimentaire consécutive à des denrées plus chères et à des productions plus aléatoires, souligne l'ONG.

En effet, dans ces pays pauvres, les changements climatiques vont perturber les cycles productifs saisonniers et entraîner des pertes de récoltes et des phénomènes récurrents de sécheresse et d'inondations qui vont ravager les zones agricoles, prédit Oxfam.

Du coup, des millions de personnes vivant dans ces zones de rareté alimentaire et de famine vont devoir renoncer à leurs productions agricoles traditionnelles, ce qui pourrait provoquer des émeutes de la faim, des phénomènes de migrations massives et de possibles conflits pour le contrôle des ressources en eau, ajoute l'organisation humanitaire basée en Grande-Bretagne.

Oxfam International veut attirer l'attention des pays les plus riches et les plus puissants de la planète sur l'urgence à agir et à parvenir à un accord sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre d'ici la conférence mondiale sur le climat prévue à Copenhague prévue en décembre.

Lors du sommet de L'Aquila, les dirigeants du G-8 doivent notamment aborder la question de la sécurité alimentaire et des changements climatiques.

Dans les régions tropicales, les paysans ont déjà commencé à mettre en place de nouvelles cultures dans la mesure où une hausse de la température moyenne d'un degré Celsius dans ces pays peut rendre les cultures traditionnelles non viables. Exemples de cultures vulnérables: le riz aux Philippines ou le maïs en Afrique..

Pour Oxfam, des mesures peuvent et doivent être prises pour accroître la production de denrées alimentaires : "Le potentiel agricole de la planète est exploité à moins de 60%. Il y a encore suffisamment de terres pour nourrir tout le monde, même avec un niveau démographique mondial de 9,2 milliards d'habitants, chiffre actuellement avancé par les Nations unies pour 2050", souligne l'ONG spécialisée dans la lutte contre la pauvreté et les injustices. >>

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[NDLR – Benoît XVI le souligne aussi dans l'encyclique, où il traite ce sujet dans la même perspective qu'Oxfam. Aucun chipotage, aucune glose conservatrice ne peut masquer cet angle « mondial » de la pensée papale : il est essentiel. Quant à la mise en exploitation des 40 % d'espaces cultivables encore disponibles, elle ne doit pas être détournée au profit des pays riches (land grabbing), et elle exige un planification par la communauté internationale, selon le mot de Benoît XVI dans l'encyclique].

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Commentaires

L'ANALYSE DU SECOURS CATHOLIQUE

> De François Soulage, président du Secours Catholique, sur l’encyclique CARITAS IN VERITATE publiée mardi 7 juillet par le pape Benoît XVI :

" L’encyclique de Benoît XVI revient largement sur le contenu de l’encyclique Populorum Progressio de Paul VI. Le fait de consacrer une large part à l’explicitation de l’encyclique elle-même et de son rapport avec le Concile Vatican II et particulièrement la Constitution pastorale Gaudium & Spes, est tout à fait réconfortant car cela montre, pour l’Église, une continuité dans la prise de conscience que les questions de développement sont essentielles. Cette encyclique est optimiste et signe d’espérance.

Pour le Pape, il y a urgence à prendre en compte la question d’un développement plus durable, moins technique, plus spirituel et au service de l’homme. C’est l’orientation actuelle du Secours Catholique telle qu’elle vient d’être approuvée par sa récente Assemblée Générale. Mais il est important aussi de prendre en compte les changements qui se sont produits depuis l’encyclique de Paul VI. Ainsi par exemple, le rôle des États est modifié. Aujourd’hui nous connaissons la dérégulation du monde du travail, l’affaiblissement des réseaux de protection sociale, les difficultés pour les organisations syndicales dont le rôle est essentiel pour mieux prendre en compte les situations nouvelles du monde du travail.

C’est parce que ce rôle des États est modifié que le Pape appelle à une « autorité politique mondiale » qui permettrait d’intervenir sur des situations telles que les paradis fiscaux, la régulation financière, les abus spéculatifs. Le plaidoyer du Secours Catholique qui porte notamment sur ces questions, se trouve ainsi conforté.

On y lit la dénonciation des effets délétères sur l’économie réelle d’une finance spéculative, les conséquences d’un développement économique sur l’accroissement d’une misère déshumanisante. Cela est l’occasion d’appeler à une plus grande fraternité entre les hommes et entre les peuples.

Sur la crise elle-même, s’il y a des regrets sur le rôle qu’ont joué quelques grandes entreprises multinationales dans les pays en développement, il faut y ajouter, selon le Secours Catholique, l’influence néfaste des comportements cupides et égoïstes à l’intérieur même du monde financier, qui ont conduit à la crise financière puis à la crise économique et sociale, avec son cortège de misère et d’exclusion qu’il constate tous les jours dans ses accueils.

A la lecture de l’encyclique, on sent la nécessité de dénoncer les causes de la misère et de mettre en avant les moyens de la combattre. Le Pape invite tout chrétien à vivre la charité « selon sa vocation et selon ses possibilités d’influence au service de la polis, de la Cité. C’est là la voie institutionnelle –politique peut-on dire aussi- de la charité qui n’est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est directement en rapport avec le prochain » (§7). L’action institutionnelle du Secours Catholique s’inscrit pleinement dans cette perspective qui vise à permettre à chaque personne d’accéder aux droits qui lui sont destinés.

Nous noterons cependant un point fort et nouveau : le rôle de l’entreprise. Ce rôle a changé ; le marché n’est plus garant des équilibres. L’activité économique ne peut tout résoudre par la logique marchande. Il faut donc introduire les principes de gratuité et de don, ce qui conduit le Pape à prôner le développement d’entreprises non tournées vers le profit mais vers des buts mutualistes et sociaux, et plus généralement de retrouver le sens de la coopération, de l’économie solidaire et des fondations. C’est le rôle dévolu aux entreprises associatives membres du réseau « Tissons la solidarité ».

Il indique en particulier combien serait utile que l’entreprise ne soit plus entièrement soumise à celui qui investit en elle, mais plutôt soumise au regard conjoint de l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise : employés, usagers, consommateurs, environnement, afin d’éviter les mécanismes de spéculation et de recherche du profit à court terme. En réhabilitant l’entreprenariat « non profit », le Pape prend une attitude qui semble nouvelle dans l’Eglise.

Reconnaissant le rôle essentiel des migrants dans leur pays d’accueil, il rappelle, et c’est pour le Secours Catholique une conviction qui chaque jour est mise en œuvre à Calais, dans les centres d’accueil, au sein des Cités de l’ACSC, au CEDRE à Paris, dans les Voyages de l’espérance : « tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toutes circonstances » (§62).

Cette encyclique, toute entière tournée vers le développement, dénonce les risques majeurs des changements climatiques, de la raréfaction de l’eau, des conflits intergénérationnels ; elle nous invite avec insistance à modifier nos styles de vie.

Ce texte est ainsi marqué par trois expressions fortes :
- Notre monde doit retrouver le sens de la fraternité entre les hommes et entre les peuples.
- La charité en vérité est un principe qui prend une forme opératoire par deux critères d’orientation de l’action morale : la justice et le bien commun.
- Le développement intégral de l’homme implique une dimension spirituelle au-delà de la croissance d’ordre matériel.

François SOULAGE
Président National du Secours Catholique
7 juillet 2009 "

Écrit par : L'analyse du Secours catholique, | 09/07/2009

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