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02/07/2009

Contre la phobie de la surpopulation : les "décroissants" condamnent "l'humanicide"

Les écologistes anticapitalistes radicaux, à l'offensive contre le malthusianisme :


 

 

Les Cahiers de l'IEESDS (www.decroissance.org) sont une tribune de la contestation la plus radicale : celle qui inscrit l'écologie dans une critique du capitalisme productiviste et de la globalisation ultralibérale.

Leur numéro 3 s'intitule : La décroissance contre Malthus. C'est une offensive contre l'idée de « réduction de la popula-tion humaine ». Cette « réduction » est prônée : 1. par la fraction délirante des écologistes qui rêve d'une planète sans humains, 2. par les idéologues ultralibéraux des pays riches. (Noter que ces deux extrêmes ont le même mépris de l'homme). Or les « décroissants » – qui sont les écologistes radicaux, donc les vrais – récusent le malthusianisme, et cette cohérence de leur part doit être notée et comprise : surtout par ceux des chrétiens qui avaient tendance (par manque d'information) à assimiler l'écologie radicale à l'écologie dite « profonde », souvent anthropophobe.

 

Quelques extraits du Cahier de l'IEESDS



De Vincent Cheynet :

 -

<< La préservation de la vie terrestre ne justifie pas tout. Des valeurs la dépassent. Nous voici renvoyés à une question de morale fondamentale. Les valeurs qui spécifient notre condition ne peuvent pas être sacrifiées au nom de la vie sur terre. Il en va de notre humanité. Certes, l'écologie est très importante, et tout doit être fait pour préserver la nature qui conditionne notre possibilité d'habiter ce monde ; en revanche, la préservation de la nature ne justifie pas le renoncement aux valeurs qui doivent présider à notre vie. L'humain n'est pas un paramètre dont on peut disposer et que l'on peut mettre sur le même plan qu'une automobile ou même un animal. C'est même notre capacité à refuser les "indifférenciations barbares" humain/animal, adulte/enfant, mort/vivant, humain/machine ou humain/marchandise, qui conditionne une bonne part de notre degré de civilisation...>>



De Bruno Clémentin, contre le théoricien libéral Thomas R. Malthus, 1766-1834, qui parlait (An Essay on the Principle of Population) de « la nécessité d'un contrôle constant, fort et suivi, de la population en fonction des subsistances » :



<< Quand on commence à traiter scientifiquement de quantités de vivant, ça finit toujours par déraper. On finit par parler de « parc humain », et en toute bonne foi de « variable » et de « paramètre ». On additionne et surtout on retranche. […] Il faut se demander si les malthusiens ne sont pas finalement les derniers conservateurs et, face à cette peur de manquer, quelque peu réactionnaires. Si la peur du partage n'est serait pas leur ultime conviction.  >>




De Paul Ariès (article De l'humanisme à l'humanicide) :



<< Ce n'est pas un hasard si les Etats-Unis conduisent, depuis la première conférence mondiale de la Population tenue à Bucarest en 1974, un véritable « jihad » contre la « surpopulation » au nom de la défense de la croissance économique. Alors qu'elle fut, par les mêmes courants, longtemps considérée comme un avantage économique, une trop forte démographie est considérée désormais comme un obstacle au développement durable. Ce discours pédophobe est d'abord celui des enfants de la société de consommation : une société qui choisit systématiquement de privilégier la production des richesses économiques contre sa propre reproduction. La priorité est accordée à la consommation des objets, puis à la consommation de la nature, des autres, de soi-même et enfin de l'humanité elle-même [1]...

<< Les milieux de l'écologie seront également toujours très divisés au regard de cette question, avec notamment un courant nord-américain qui, après les succès de librairie de Paul Ehrlich (La Bombe P, 1972), fera des émules y compris en France avec Cousteau, Bouthoul, Dumont, et, plus proche de nous, Yves Cochet. […] Ce point de vue antinataliste américain est à mettre en relation avec la conception d'une nature sauvage comme source inépuisable d'énergie vitale et de puissance pour une petite élite. Cet écologisme est souvent celui d'une nature pensée en dehors de l'humanité elle-même...

<< Il n'y a pas trop d'humains mais trop d'automobilistes... c'est-à-dire que la planète peut nourrir 12 milliards d'humains mais pas avec notre mode de vie ; le problème n'est pas celui du « trop d'humains » mais celui du trop de productivisme. [ Notre mode de vie conduit à la mondialisation du malthusia-nisme occidental, selon les travaux de scientifiques comme Christian Godin ('La fin de l'humanité', Champ-Vallon 2003) ] : dans ce domaine particulièrement vital, cette thèse souligne que la société de consommation conduit à choisir la production de richesses économiques avant même notre propre reproduction...

<< Thomas R. Malthus […] recommande aussi, face au développement des aides sociales, de cesser d'aider les pauvres […] Ce qui est nouveau [aujourd'hui], c'est qu'avec l'accentuation du capitalisme et de la mondialisation, cette haine du pauvre s'est métamorphosée en haine des humains. […] Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est qu'il n'existe plus aujourd'hui de frontière très nette entre les lobbies néomalthusiens « recommandables » et les délires des groupes humanicides […] Ces groupes ne sont pas tant dangereux parce qu'ils fantasment sur l'élimination des humains, mais parce qu'ils ont pour objectif de désacraliser l'humanité... Ce masque anti-humain sert en fait à passer en contrebande des thèses antisociales et antidémocratiques. Elles préparent un recours à des solutions autoritaires […] Elles détournent les militants égarés du vrai combat : en finir avec la domination des uns sur les autres et de tous sur la planète. Ces groupes pédophobes font l'impasse sur les grands enjeux du moment : comment apprendre à se nourrir autrement pour se nourrir tous, comment se soigner autrement pour se soigner tous, ou, selon le mot de Gandhi, comment « vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre ». >>



Voilà ce que pensent les véritables radicaux. Qu'on ne répète plus en boucle les slogans écolophobes des années 1990...



____________

[1] Les « nouvelles moeurs » (« consommation des autres et de soi-même ») sont le produit de notre système écono-mique, au même titre que le saccage de l'environnement (« consommation de la nature ») et l'idéologie antipopulation (« consommation de l'humanité elle-même »). On ne peut PAS critiquer les nouvelles moeurs et accepter – voire soutenir – le capitalisme productiviste. Ce serait séparer l'effet de la cause.

 

 

Commentaires

SAISISSANT

> C'est saisissant ! Voilà de véritables remarques dignes d'intérêt, à mille lieux des gesticulations des "amis des bêtes" ou du révisionnisme climatique. N'oublions pas que le complexe du manque et la peur de l'encombrement de l'espace sont chez les humains des facteurs de guerres depuis toujours.

Écrit par : Jovanovic | 02/07/2009

MALTHUS ET LES NAZIS

> "Il n'y a qu'un seul humain de trop sur cette terre ; c'est Monsieur Malthus" (Proudhon).
Je rajouterai simplement que les nazis eux aussi justifièrent leurs vues expansionnistes et génocidaires par la nécessité d'accroitre leur "espace vital" et de ne conserver sur terre qu'une élite "utile", le tout en liaison avec des idéologies panthéistes douteuses, mettant le culte de la nature au centre.
SPQR

[ De PP à S. - Encore se trompe-t-on en attribuant aux nazis un "panthéisme". Dans l'idéologie nazie, le paganisme était remplacé par le nihilisme (du mythe aryen) ; c'était un volontarisme hystérique, une "économie de Caïn", destructrice pour l'environnement autant que pour l'humanité. Il suffit de lire le journal de Goebbels (édité chez Tallandier) pour s'en rendre compte... Ceux qui répandent que l'écologie a une parenté avec le nazisme, disent délibérément une chose fausse. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : SPQR | 02/07/2009

UNE LEGENDE

> Je suis de l'avis de PP : la légende d'un nazisme "religion de la nature" ne repose que sur quelques images et elles sont fausses. Fêtes païennes de la moisson ? Il n'y en a presque pas eu. Cérémonies forestières ? Non plus, sauf dans les romans de Michel Tournier ! Etc; la réalité concrète du IIIe Reich, ce furent les usines de production folle, les autoroutes, le culte délirant de la technique, et finalement une destruction monstrueuse. Lire à ce sujet certaines pages du journal de guerre de Jünger, qui analyse lucidement la réalité démoniaque du nazisme.
D'accord aussi avec PP pour dire que ceux qui accusent l'écologie d'avoir des racines communes avec le nazisme, ont des raisons troubles d'être anti-écologistes ! Je pourrais en citer des exemples célèbres.

Écrit par : Szbrodj | 02/07/2009

> Je pense comme vous là-dessus. Il y a dans le journal de Goebbels (tome 2, 1942) un passage instructif où l'on voit Hitler dire son horreur de la neige : il n'en supporte plus le contact physique, ni même l'évocation. Pourquoi ? parce que les premiers revers ont commencé sur le front de l'Est, et que la neige russe a paralysé les grandioses moteurs des chars et des avions, les superbes mécanismes des mitrailleuses sophistiquées, etc. Voilà le fond de la pensée du chef du IIIe Reich en ce qui concernait la nature.

Écrit par : PP | 02/07/2009

AUTRE EPOQUE

> Mettons le nazisme à part : on est dans une autre époque, celle du tout-privatisé, non plus celle du parti-Etat et de la police politique qui frappe la nuit. Le zéro-éthique existe dans les deux cas, mais le cas actuel est bien plus difficile à discerner pour de bons bourgeois habitués à penser que le mal c'est l'Etat et que si ça ne vient pas de l'Etat, ça ne peut pas être un mal ! D'où sans doute la difficulté dudit bon bourgeois à entendre les papes quand ils parlent de la crise de 2008-2009, née d'un monde où les Etats ne sont plus que des domestiques de la banque.

Écrit par : maxoud | 02/07/2009

RESPONSABLES

> Je me souviens d'un bon mot de François Cavanna: "Hitler pissait trois fois par jour, moi aussi."
Les parents responsables qui limitent volontairement les naissances en tenant compte simplement des limites de notre environnement, ne sont pas nazis ou ennemi de l'homme. Aujourd'hui, être un homme responsable et donc respectueux des autres, c'est mesurer son empreinte écologique, ne pas idolâtrer la science, pratiquer au moins le principe de précaution.
Le rôle des religions devrait être de remplacer la prédation mais les chefs religieux finissent souvent par justifier le pire: le meurtre, le supplice, les croisades, les guerres "with God on our side."
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Écrit par : Stéphane Lagasse / | 02/08/2010

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