23/04/2009
Et maintenant, un « Grenelle des antennes » ! Mais si le portable était dangereux pour la santé, que feraient les pouvoirs publics ?
Vu le poids des intérêts financiers en jeu, on attend le résultat avec curiosité :
Médias :
<< Le ministère français de la Santé lance ce jeudi son "Grenelle des antennes", table ronde destinée à répondre aux inquiétudes grandissantes concernant les dangers éventuels de la téléphonie mobile. Objectif de la réunion, selon ses organisateurs : "Traiter le problème des antennes-relais et des téléphones portables, qui posent des questions en termes de santé publique". Une quarantaine de représentants d'opérateurs, d'institutions de santé, d'associations de défense de l'environnement et de consommateurs, d'élus et des pouvoirs publics sont attendus autour de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot et des secrétaires d'Etat Chantal Jouanno (Ecologie) et Nathalie Kosciusko-Morizet (Economie numérique).
Le "Grenelle" de jeudi répond au voeu exprimé par le Premier ministre après les condamnations de Bouygues Telecom et SFR à démonter des antennes que certains accusent de provoquer maux de tête et autres problèmes articulaires. Lundi, une vingtaine d'habitants de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ont déposé une plainte collective contre Orange pour "trouble anormal du voisinage" en exigeant le démontage de trois antennes-relais.
Pour certains scientifiques, ces dernières sont moins dangereuses que les téléphones portables, que les médecins recommandent d'utiliser avec parcimonie et loin des enfants. Le "Grenelle" devrait étudier la question du seuil d'exposition aux ondes. La norme européenne est de 61 volts par mètre pour la téléphonie mobile, un chiffre que des associations comme Robin des Toits voudraient voir ramené à 0,6 volts.
Avant même le début de la réunion, les Verts ont dénoncé dans un communiqué un gouvernement qui "se fait l'avocat des intérêts financiers des industriels contre la santé des citoyens et le principe de précaution".
Patrice Halimi, secrétaire général de l'Association Santé et Environnement France (Asef), souligne que "le problème n'est pas 'est-ce qu'on téléphone ou pas', mais dans quelles conditions". "C'est comme pour votre voiture : elle peut aller à 200 km/h mais vous n'avez pas le droit de la pousser jusque-là, ce qui ne vous empêche pas vous déplacer", note le chirurgien basé à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui s'étonne d'ailleurs qu'aucun médecin n'ait été invité au "Grenelle".
Un autre défi de la table ronde du ministère consistera à réconcilier les pouvoirs publics avec une opinion échaudée par les mensonges des autorités après l'accident de Tchernobyl en 1986 ou des affaires du type amiante ou lignes à haute tension. "On est dans une zone de flou où la dimension irrationnelle est très forte", note Luc Rouach, président de SDnum, qui commercialise des antennes-relais pour acheminer du haut débit dans des endroits où il n'est pas très performant. Ce professionnel dit avoir vu fleurir des collectifs anti-antennes depuis deux ou trois ans. "Les gens disent qu'il y a assez d'antennes comme ça, que s'ils ont choisi de vivre à la campagne, ce n'est pas pour être envahis par tout ça." Lui-même recommande de multiplier les antennes moins puissantes, regroupées sur un nombre limité de pylônes.
Patrice Halimi souhaite pour sa part "une reprise en main publique" du problème des antennes-relais "avec des localisations, des puissances et une réflexion, afin de ne pas en rester à la loi de l'offre et de la demande". "Si in fine dans 20 ou 30 ans on se rend compte qu'il n'y a aucune nocivité, nous n'aurons fait aucune erreur. On ne sera pas là à se dire: 'Mon Dieu si on avait su'."
Au 31 décembre 2008, la France comptait plus de 58 millions de clients aux services de la téléphonie mobile. Les trois principaux opérateurs sont Orange, SFR et Bouygues Telecom. >>
Commentaire
Ce formidable marché fait la loi pour l’instant : cf. le dernier scandale, celui des petits abonnés à la télé sur iPhone qui reçoivent des factures terrifiantes. On dira : qui peut avoir envie de recevoir la télé jusque dans les transports en commun ? Réponse, qu’on peut trouver navrante : une bonne part des 58 millions de consommateurs de téléphonie mobile. Impressionnant bassin de chalandise... Face à cela, les pouvoirs publics ont fait jusqu’ici ce que l’argent attendait d’eux : ils ont tout laissé à la « loi de l’offre et de la demande » (euphémisme), c’est-à-dire à la pression du marketing sur les foules. S’il se confirmait que la multiplication des antennes-relais présente des inconvénients sérieux, non seulement sur les paysages qu’elles salopent, mais sur la santé des gens, les pouvoirs publics se sentiraient pris en tenaille entre : a) l’argent, b) la panique sécuritaire. Que choisir ? Dans ces cas-là on sait la réponse : le gouvernement prend la tangente. Il fait un Grenelle. Deux Grenelle. Trois Grenelle. Bientôt un Grenelle par semaine. (A propos, où en est le « Grenelle de la mer » ouvert il y a quinze jours ?). Le Grenelle parle, occupe trois minutes au 20-heures, puis on l’oublie et on passe à autre chose. Le « Grenelle des antennes » étant cornaqué par Mme Bachelot, les garanties élémentaires de suivi sont encore moins réunies que lors des autres Grenelle.
Le Dr Halimi a raison : pour ne pas laisser une question potentiellement dangereuse aux mains du marché, ce qui serait de la folie, il faudrait une « reprise en main publique » : une réflexion sérieuse, conduite sérieusement par l’Etat. Comme dans tous les domaines ! Mais pour ça, il faudrait que l’Etat ressuscite. Il faudrait donc ressusciter l’idée du bien commun. Donc s’arracher au marigot néolibéral où nous sommes enlisés depuis vingt ans.
11:03 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
TERRORISME ?
> Compte tenu de l'évolution et du témoignage récent des pouvoirs publics sur leur appréciation stricte - très étroite voir fermée - de la liberté d'opinion et d'expression, il est probable que ceux qui décréteraient la dangerosité des téléphones portables soient poursuivis pour terrorisme.
Écrit par : Qwyzyx | 23/04/2009
SCIENTIFIQUES
> Il est vrai qu'il est vraiment étonnant de n'avoir pas invité de scientifiques. Il me semble que leur présence est indispensable. Eux seuls peuvent apporter des éléments de réponse, même si des zones d'ombre demeurent.
Maintenant, au vu des renseignements qui filtrent, si danger il y a, il viendrait plus des téléphones que des antennes, car les antennes, on en est quand même à plusieurs mètres contrairement au téléphone qui est collé à l'oreille.
Si un jour on établit une dangerosité certaines de ces ondes, ça va drôlement changer nos vies. Il faudra renoncer aux téléphones portables mais également aux téléphones sans fil utilisés dans nos habitations, aux ordinateurs, aux téléviseurs, aux fours micro-ondes, aux néons et aux lampes à économie d'énergie. Quand je vois les réticences (pour ne pas dire plus) qu'a provoquées l'interdiction de fumer dans les lieux publics alors qu'on est sûr à 100% et depuis longtemps de la nocivité du tabac...
Écrit par : Barbara | 23/04/2009
DEJA CLOS
> D'ailleurs quand on lit les infos sur AOL, l'aspect premier souligné est bien la "réponse aux inquiétudes grandissantes dans la population". Il ne s'agit pas d'étudier objectivement si antennes et téléphones seraient nuisibles à la santé... Comme si le débat était déjà clos.
Écrit par : F Lecoufle | 23/04/2009
> Moi, je n'ai pas peur. La France est un des pays les mieux armés au monde, non mais !
Écrit par : Feld | 27/04/2009
SONT-ELLES NOCIVES ?
> Bonjour, je suis ingénieur télécom et :
- il me semble évident que les ondes de téléphones portables et d'antennes sont gravement nocives pour la santé.
- le prouver scientifiquement est délicat : les scientifiques compétents en électromagnétisme des ondes n'ont normalement pas de compétences en biologie humaine, et inversement ; et le sujet est beaucoup trop complexe pour établir des certitudes indéniables.
- les études sur populations sont difficilement parlantes car le nombre de paramètre jouant sur la santé humaine est trop important pour pouvoir en tirer des affirmations définitives.
- la seule étude qui en vaudrait la peine, à mon sens, porterait sur l'évolution de la localisation des tumeurs aux cerveaux, pour définir si les tumeurs situés près des oreilles sont en augmentation relativement à toutes les localisations possibles des tumeurs du cerveaux. Deux avantages : il s'agit d'une étude simple, et si résultats il y a, ils sont parlants et indéniablement liés au mobile.
- la difficulté est ensuite au niveau des solutions : il faut savoir qu'on ne peut pas réduire l'intensité des ondes (du mobile ou des antennes) sans augmenter le nombre d'antennes. Ou bien pour réduire le nombre d'antennes il faut augmenter l'intensité des ondes. On tourne en rond.
- il existe des solutions, difficiles à mettre en place, mais réalistes face à nos besoins de communications et à l'urgence vis à vis de notre santé, en voici les principales :
* interdire tous les forfaits illimités.
* limiter très fortement le nombre d'heures de forfait pour les enfants et adolescents (il leur reste le sms qui est beaucoup moins nocif)
* interdire les antennes à proximité d'écoles.
PS : sur les quelques sujets connexes :
- le micro-onde à mes yeux est inoffensif car les ondes ne peuvent physiquement pas sortir du micro-onde sauf si la porte est gravement endommagée ; et pour ce qui concerne les aliments chauffés, l'agitation moléculaire redescent rapidement.
- Par contre pour ce qui est des téléphones sans-fil de nos domiciles, il me semble qu'eux aussi sont nocifs (surtout maintenant avec les "communications illimitées vers les fixes"). Il est vrai que la base d'un téléphone sans-fil est moins loin à atteindre que l'antenne pour un téléphone portable, mais personnellement le sans-fil, comme le mobile, me font tous les deux très mal dès que je les utilisent trop, et c'est très net (je décroche j'ai mal, je raccroche la douleur s'arrête).
- Enfin un autre sujet pas si éloigné que cela des ondes des mobiles : les ondes des réseaux wifi. Là aussi j'y suis nettement sensible. Là non plus il n'existe pas de solution miracle, mais un progrès serait assurément fait s'il était imposé aux fabricants de boitiers (neufbox, freebox etc) de poser un interrupteur activant ou désactivant la fonction wifi facilement, car le wifi étant intégré au boitier, on ne peut même plus l'arrêter sans débrancher la "box" et donc son téléphone fixe ! Alors que la fonction wifi n'est absolument pas nécessaire pour que le téléphone marche.
- et le CPL (courant porteur) : ce n'est pas une solution car les câbles électriques s'ils sont utilisé pour communiquer par CPL émettent aussi largement leurs doses d'ondes
Écrit par : isabelle | 30/04/2009
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