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15/04/2009

Temps nouveaux : la relocalisation de l’économie !

JI0530[1].jpgC’est :

a) inéluctable,

b) catholique,

c) incompatible avec l’idéologie libérale…


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http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/04/13/genevie...

 

Dans Le Monde du 14 avril, une page sur la relocalisation d’entreprises françaises à travers l’expérience de la marque rochelaise des arts de la table Geneviève Lethu. L’enquête constate que la fabrication en Chine expose à la contrefaçon et à la malfaçon. Mais le point le plus intéressant, c’est celui-ci :

<<  Le PDG de l'entreprise […] assure que les prix de fabrication et de transport ont, par ailleurs, considérablement augmenté dans "la plus grande manufacture du monde" […]  Forte d'un réseau de plus de 120 magasins dans le monde, de l'Europe aux Etats-Unis, en passant par le Japon et la Corée du Sud, cette marque typiquement française reprend donc le chemin du "made in France" ou du "made in Europe" : "En revenant en Europe il y a trois ans, nous avons anticipé des problèmes que beaucoup rencontrent aujourd'hui." >>.

Pionnière de la relocalisation, l’entreprise Geneviève Lethu refait travailler les tisserands des Vosges, les couteliers de Thiers, les chromistes de Limoges, les potiers provençaux. Ca n’a pas été sans difficultés ("il n'est pas facile de trouver en France des sous-traitants compétents, tant le tissu industriel est sinistré "), mais le nouveau PDG y est parvenu  ("il a dû travailler très en amont avec eux pour maintenir des prix de marché corrects").  La firme s’y retrouve sur le plan commercial :

<< L'étiquette "made in France" ou "made in Europe" fait partie intégrante de la stratégie de la marque. "Les Américains ou les Australiens n'ont pas besoin de nous pour acheter chinois. Ce qu'ils veulent, c'est du "typical french"…>>

Cette dernière réflexion (la portée commerciale du typical french) paraît pur bon sens. Mais depuis les années 1990, le bon sens était proscrit : il était contraire à l’idéologie assénée par les business schools, chaîne de formatage des cerveaux  au service du capitalisme « global ». Le bon sens économique était aussi incorrect que le bon sens sociologique, éthique, anthropologique. Bien peu nombreux étaient ceux qui critiquaient cette doctrine d’Ubu ; ils annonçaient qu’elle mènerait à l’abîme après avoir plongé les travailleurs dans le désespoir… Parmi ces Cassandre, la plus cohérente dans l'analyse était l’Eglise catholique, et les salons parisiens l'accusaient d'être  « fermée »  à la Nouvelle Economie comme aux Nouvelles Moeurs et à un grand nombre d’autres Nouveautés. (Tout cela faisant système, soulignait le Vatican  - mais personne ne voulait s’en apercevoir).

Aujourd’hui ces « nouveautés » tombent en morceaux, les unes après les autres. Hélas c’est au prix de douleurs humaines insupportables, comme le montent les suicides pour raisons économiques - voir ici la note d'hier…

La véritable nouveauté, dans les années qui viennent, sera la redécouverte du bon sens. En économie, cela veut dire : renoncer à la production de masse uniformisée et délocalisée. La réalité va nous y obliger, avec le pic de pétrole qui rendra les transports toujours plus coûteux. On va devoir renouer avec la production équilibrée et « proche ». L’économie de proximité ! Quoi de plus contraire à la théorie néolibérale des années 1990 ?  Mais quoi de plus écologique, si l’on prolonge l’effort vers un réajustement de la production pour la ramener aux dimensions de l’homme et à ses véritables besoins, ainsi qu'au respect des ressources (limitées) de la planète ?  

Voilà ! Je sais que quelques-uns vont dire : il revient à ses dadas, l’économie, l’écologie, le social. Ce sont des dadas que je partage avec Jean-Paul II, Benoît XVI et la conférence épiscopale française. L’économie, l’écologie, la justice, la guerre et la paix [1]tous ces problèmes sont liés ; cette cohérence est l’objet même de la doctrine sociale de l’Eglise ; un catholique n'a pas le droit de l'esquiver.

La cohérence est la chose la plus difficile à faire admettre. Les politiciens aussi ont du mal avec le sens du bien commun, comme le regrette le PDG de la société Geneviève Lethu : « Plutôt que de débloquer beaucoup d'argent pour venir en aide aux chômeurs, il pourrait être plus logique d'aider les entreprises à fabriquer français ou européen », dit-il au Monde. Mais  « il regrette amèrement qu'aucun homme politique ne l'ait appelé pour reprendre cette idée... »

  


[1]   Même si des catholiques refusent de voir que l’OTAN new look est conçue pour des actions que la conscience chrétienne ne peut admettre… Lors de l’agression occidentale contre un pays détenteur de ressources naturelles rares, le pape, une fois de plus, condamnera cette guerre. L’entendra-t-on ? ‘L’homme de droite se satisfait du brouillard pourvu qu’il y entende battre un tambour’, disait je ne sais qui en 1900.

 

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Commentaires

DEPUIS AU MOINS LEON XIII

> Dadas que vous ne partagez pas seulement avec Jean-Paul II et Benoît XVI, mais avec tous les Papes depuis au moins Léon XIII et avec le Concile Vatican II.

Écrit par : Michel de Guibert | 15/04/2009

DESINDUSTRIALISATION

> J'espère que votre optimisme est fondé - cela dit l'espérance est une vertu catholique , n'est-ce pas ?
Du point de vue qui est le mien (une petite ville du midi), je peux dire que le coût humain et économique des délocalisations est réel et que un gros problème se profile à l'horizon comme vous l'écrivez : "il n'est pas facile de trouver en France des sous-traitants compétents, tant le tissu industriel est sinistré ".
Il faut y ajouter deux aspects méconnus : les meilleurs cadres et ingénieurs sont partis vers le tertiaire (on commence à voir poindre des problèmes sinon de compétences du moins d'imagination, de souplesse, de créativité industrielle) - et à la base les jeunes qui s'orientent vers le travail manuel en atelier ou en usine sont trop souvent les "échecs" du système scolaire ...
Comme le dit mon époux : les problèmes du porte-avions ou d'airbus sont typiques d'une société en voie de désindustrialisation rapide ...

Écrit par : cathy | 15/04/2009

ECONOMISTES CHRETIENS ?

> Eh bien voici une bonne nouvelle qui nous change un peu de l'avalanche de catastrophes vécue ces derniers temps. Le problème économique soulevé est immense, entre les nécessités impératives du court terme (dans une situation donnée, sauver d'urgence une entreprise étouffée par une concurrence exacerbée et dogmatique) et les nécessités impératives du long terme (construire une économie humaine, performante et au service de la société...) qui sont souvent contradictoires. Je crains qu'il manque encore une analyse profonde, suivie d'un travail intellectuel de refondation économique. La doctrine sociale de l'Eglise fournit de précieux outils théoriques, mais pas de solutions pratiques puisqu'elle laisse à chacun la liberté des choix contingents. Des économistes proposent une analyse intéressante des causes de la catastrophe actuelle, mais n'apportent aucune solution s'éloignant des poncifs habituels, néo-libéraux ou interventionnistes. Quelqu'un comme Généreux (Cf "La Dissociété") aboutissent à de surprenantes conclusions de retour à l'idéologie, dans un esprit partisan éloigné de la vision chrétienne, alors que leur analyse est souvent pertinente. Quels sont les économistes catholiques qui contribuent à ce débat, sans langue de bois, sans poncifs éculés, sans idéologie ? J'aime assez les analyses brillantes de Liberté politique, de F. de Lacoste-Lareymondie ou de J.Bichot. Donnez nous quelques pistes, quelques ouvrages qui traitent d'économie dans cet esprit, qui proposent des idées concrètes. Vous en savez sans doute plus que nous sur ces points !

Écrit par : Edouard | 15/04/2009

TIMIDE REAPPARITION DU BON SENS

Enfin ! Cette (re)découverte de l'eau chaude pourrait nous faire sourire si elle n'avait pas fait autant de dégâts. Je suis en relation très fréquente avec mes clients industriels qui constatent actuellement des comportements très différents de ceux qu'on a connus ces dernières années, et notamment des réactions positives tant de la part des fournisseurs (prenant en compte les difficultés de trésorerie de leurs clients) que des clients donneurs d'ordres qui font des efforts pour passer des commandes à des PME qui peinent à atteindre leur point mort. J'y vois, pour ma part, le fait que cette crise est d'une ampleur sans mesure avec celles qui l'ont précédée. Par contre, les grandes mesures de soutien censées venir en appui du système bancaires sont presque officiellement destinées exclusivement aux entreprises en parfaite santé financière...
Autre signe de ce changement de mentalité: un client du secteur tertiaire, issu du milieu "haute finance", a lâché, alors que nous déjeunions ensemble, que le plan de soutien aux banques aurait sans doute été mieux employé s'il avait été à destination des PME. Si le bons sens commence à toucher même les gens intelligents, l'Espérance va pouvoir sortir du cadre surnaturel !

Écrit par : Arnaud de Latrollière | 15/04/2009

NIAISEUX SANS FRONTIÈRES

> Quand on pense aux imbéciles heureux qui disaient il y a encore peu d'années que la globalisation c'était chrétien "parce que le christianisme non plus ne connaît pas de frontières" !! Et que "partout dans tous les domaines le progrès commence dès qu'on décloisonne" !!! Et ça leur tenait lieu de religion !!!! Un peu facile !!!!!

Écrit par : Plöt | 15/04/2009

LAOGAI

> Chaque fois que je vois made in China, je m'interroge si l'ouvrier y a travaillé de "son plein gré". A la différence de la Chine, le Laogai n'existe pas en Europe.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Laogai

Écrit par : Annie | 15/04/2009

A CHEVAL LES GARS

> "Voilà ! Je sais que quelques-uns vont dire : il revient à ses dadas, l’économie, l’écologie, le social."
Oui, et c'est pour ces 'dadas' que je vous lis.
Continuez !

Écrit par : PMalo | 15/04/2009

DADAS

> Mais ce sont vos dadas qu'on vient voir ici.
Et quand on repart, on regrette de n'avoir pas apporté assez de sucres et de quignons de pain pour les nourrir. Aucun d'entre eux n'est un mauvais cheval.

Écrit par : rackam | 15/04/2009

LE LIBERALISME EST MAUVAIS

> ok et d'accord pour l'intégralité de votre message.
ce n'est pas en soi que le capitalisme est fondamentalement mauvais, c'est le capitalisme libéral qui l'est.
dans le capitalisme, la notion de liberté d'entreprendre est manifestement bonne, à la seule et unique condition qu'elle n'asservisse pas l'homme à son bien strictement personnel au dédain de ce qui se passe à coter de lui;
non, c'est dans le partage :
de son métier, de sa valeur ajoutée, de son expérience, de ses profits, étant donné son devoir d'état,....l'homme entreprenant peut faire germer un modèle de vie qui accoutume l'homme à l'effort pour gagner son pain; ses enfants pourront le prendre pour modèle;
la vie de prière doit accompagner l'ouvrage.
en revanche le capitalisme éffréné, de l'argent pour l'argent, sans le souci des siens où des autres, est la perdition du système.
rappelez-vous les hommes de la parabole du talent : le dernier rend son du à son Seigneur, qui le punit en prison parce qu'il "aurait du mettre ce talent à la banque, qui aurait rapporté des intérêts" !!!
c'est aux bons fruits que l'on reconnaitra le bon arbre, et aux mauvais fruits que l'on reconnaitra le mauvais arbre.
ce talent placé à la banque aurait permis d'enrichir son maitre, qui disposant d'une somme multipliée par deux, aurait pu la distribuer à plusieurs autres personnes.
cette vue théologique de la parabole du talent est peu connue où peu reprise, dans l'orientation du sens du placement bancaire, et pourtant, elle exprime aussi, un angle de vue dans ce monde de la finance, celui que je cotoie quotidiennement; mon travail
je suis garant des biens que l'on me confie, je me dois de les faire fructifier positivement, avec un brin d'économie solidaire en plus si c'est possible, mais jamais je ne dois dédaigner la richesse d'un homme, car "qui suis-je" pour critiquer ses biens?
n'est-ce pas au christ de dicter à mes clients, la bonne utilisation de leur argent? moi je n'ai qu'un vulgaire rôle "d'économisateur", le christ pourvoit dans le coeur de ces hommes (mes clients) le sens profond que doit avoir ces biens.
tous d'ailleurs prennent des risques inconsidérés pour eux, leurs familles, leurs banques, et .....embauchent !
reste à moi de prêcher d'une manière où d'une autre, l'évangile de jésus christ, mais j'admire le courage de ces hommes;
le système qui coule, c'est le système de ceux qui ne prennent aucun risque, mais qui déjà ont des primes prévues, le jour où ils quitteront l'entreprise : ils jouent avec l'argent des autres sans aucun risque, ça c'est le libéralisme !....et ils n'embauchent pas, ils débauchent toujours, et rendent miséreux leurs salariés.

Écrit par : jean christian | 15/04/2009

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